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Politique


« Rien ne sera plus comme avant »… Et si c’était pire…

Dimanche 10 mai 2020

 

  1. Coronavirus, confinement, etc.
  2. États-Unis : Bernie Sanders se retire, Donald Trump au pouvoir jusqu’en 2024.

 

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Presque trois mois de silence, cela mérite bien quelques explications. Effet de sidération, probablement. Lassitude également. Bref, pendant que tant de monde, confiné, a profité de ces trois mois pour s’épancher, silence ici. Silence rompu donc, aujourd’hui, en cette veille de « déconfinement contrôlé ». Nous allons essayer de faire le point et rattraper le temps perdu… Nous en étions restés à ce qui semble aujourd’hui rangé au rayon de la préhistoire, à savoir la réforme des retraites, les municipales et les primaires démocrates aux USA. On voit bien aujourd’hui combien tout cela est loin même si, s’agissant du dernier point, le pire est à craindre…

 

  1. Coronavirus, confinement, etc.

 

Beaucoup annonçaient une crise économique issue de la reconstitution de la bulle financière. Et voilà qu’un malheureux virus, le « Covid-19 », de la famille des « Coronavirus », initialement actif dans une province chinoise devenue maintenant célèbre, le « Wuhan » (11 millions d’habitants), va précipiter le monde dans une des pires récessions jamais connues. Comment un virus qui a, aujourd’hui, infecté un peu moins de 4 millions de personnes et tué moins de 270 000 personnes a-t-il pu conduire à confiner la moitié de l’humanité et ainsi plonger le monde dans l’abîme, c’est là un grand mystère qu’il va bien falloir, à un moment ou à un autre, tenter d’expliquer. Et d’aucuns de comparer avec, par exemple, la grippe saisonnière, « l’influenza », qui touche chaque année entre trois et cinq millions de personnes et, accessoirement, en tue presque 500 000, autrement dit le double du nombre de victimes actuellement recensées du Covid-19… S’agissant de ces victimes, sous réserve d’inventaire, on sait qu’elles ont au 2/3 plus de 65 ans et qu’aux 2/3 on est en présence de « comorbidité », autrement dit que les personnes décédées souffraient également d’autres maladies telles le diabète, les maladies cardio-vasculaires, les cancers, etc. Ajoutons au passage que la « parité » n’est pas respectée puisque 55 % des personnes décédées sont des hommes ce qui, croisé avec la statistique sur l’âge, dénote d’une forte morbidité chez les hommes de plus de 75 ans…

 

Quoi qu’il en soit, et s’agissant de notre pays, après que le gouvernement a, par la voix de sa ministre de la santé d’alors, Agnès Buzyn, expliqué que nous ne craignions rien et que, de toute façon, le pays était prêt, on a vu ce même gouvernement changer totalement son fusil d’épaule et décider que chacun devait désormais rester chez soi, ce qui revenait à empêcher le virus de circuler et, ce faisant, à empêcher la population de se fabriquer des anticorps. Les mêmes ont alors expliqué que porter des masques ne servait à rien pour, aujourd’hui, en cette veille de déconfinement, les rendre obligatoires. Bref, un canard sans tête qui a fait de nécessité vertu puisqu’en fait, on a aujourd’hui parfaitement compris que le choix fait de confiner la population ne tenait qu’au fait que notre système de santé avait été mis dans l’incapacité de faire face au choc et que, parallèlement, les stocks de masques avaient été drastiquement réduits au motif que c’était là un coût insupportable et qu’il suffisait, si le besoin s’en faisait sentir, de les commander… à la Chine !

 

Au rayon des victimes « collatérales » de la pandémie, outre les personnes physiques dont il a été dit un mot plus haut, on peut, sans exagérer, mettre la démocratie. Car, enfin, porter atteinte à l’une des plus fondamentales libertés qu’est la liberté de circuler, n’est pas rien. Assigner à résidence toute la population, lui interdire tout mode d’expression, y compris celui d’afficher son désaccord avec la politique gouvernementale via des banderoles aux fenêtres, lui interdire d’enterrer ses morts ou d’aller visiter ses proches à l’agonie, lui infliger des centaines de milliers d’amendes – 15,5 millions de contrôles et 915 000 PV de 135 € – voilà aussi un bilan édifiant de la période écoulée. On n’ose à peine souligner ce qu’il est advenu de la vie parlementaire tant il est vrai qu’avec la chambre « bleu horizon » que nous avons, il n’y avait de toute façon rien à espérer…

 

Autre victime « collatérale », la liberté de prescrire des médecins. En l’occurrence, l’interdiction faite aux 226 000 praticiens de prescrire… de la chloroquine. Et, chacun l’aura compris, on aborde ici l’affaire du remède promu par le professeur Raoult de l’IHU de Marseille, autrement dit l’association azithromycine-hydroxychloroquine . Que le sieur Didier Raoult soit l’un des meilleurs spécialistes mondiaux d’infectiologie ne fait aucun doute. Qu’il ne corresponde pas exactement à l’idée que l’on se fait volontiers de ce à quoi doit ressembler un « professeur de médecine », n’en fait pas davantage. Loin du costume-cravate et du ton doucereux, on pense avoir à faire avec lui à une sorte de barde breton… Que l’homme ne soit pas politiquement « sûr », c’est-à-dire, comme l’immense majorité de ses collègues, plutôt classé à droite est une assurance dès lors que l’on regarde ceux qui le soutiennent (Christian Estrosi ou Renaud Muselier). Mais, bon, quand on sait que dans ce milieu et dans cette génération, être proche du PS vous faisait passer pour un dangereux gauchiste… Bref, Didier Raoult a été déclaré trublion, fraudeur, etc. Et, comme à ce qui touche à tout débat sur la période en cours, il a été mis à l’écart, ridiculisé dans les médias mainstream. Que n’avait-il osé dire que cette pandémie était comparable à une grippe ! Ce en quoi, il semble avoir eu tort puisque le nombre de décès occasionnés est très inférieur à ce que le pays connaît chaque année, sans qu’on s’en émeuve… Que dans un pays qui se dit démocratique il soit impossible d’entendre des avis divergents, est désormais un constat. Disons-le, on n’en est guère surpris puisque depuis la crise des Gilets jaunes, c’est désormais une évidence.

 

Autre terrain de « mésentente », l’école. Et autre victime collatérale, le bac. Gageons que même si les élèves ont « lâché l’affaire » depuis février, cela n’empêchera pas le taux de réussite du bac 2020 d’être au moins égal, et en réalité probablement supérieur, à celui des années précédentes. Pour l’avoir vécu « in-situ », il revient à l’aimable rédacteur de cette chronique de faire état de cette expérience circonscrite au seul département de la Réunion en 2003. Alors que l’ensemble des professeurs des lycées, collèges et lycées professionnels s’étaient mis en grève à partir du mois de mars, le taux de réussite de l’ensemble des baccalauréats avait, cette année-là, atteint un niveau jamais atteint et, au passage, dépassé la moyenne nationale… Ou comment faire la démonstration que moins les élèves ont cours, mieux ils réussissent (voir ici). C’est évidemment ce qui va se passer cette année sur l’ensemble du territoire national avec, au passage, la fin des épreuves écrites et orales, anonymes, au profit d’un baccalauréat passé intégralement en contrôle continu et des notes qui se sont arrêtées à la mi-mars ! Dans ce contexte, l’actuelle polémique sur la réouverture ou pas des classes est une aimable plaisanterie. Elle ne sont rouvertes qu’au volontariat et au seul motif de permettre aux parents de retourner travailler. Il s’agit donc simplement d’user de nos enseignants que comme simples gardiens d’élèves...

 

Un mot de l’hôpital public. Déjà mal en point avant la crise, mis à rude épreuve par un afflux de malades hors de proportion de ce qu’il est capable d’absorber, la crise a eu le mérite de lui permettre de retrouver, paradoxalement, les moyens de fonctionner hors de l’administration tatillonne qu’il doit subir en temps normal. Ainsi a-t-on pu entendre nombre de soignants – médecins, infirmières, aides-soignantes, etc. – se féliciter d’avoir retrouvé durant cette période une liberté dont ils n’avaient plus l’expérience depuis bien longtemps : solidarité, mobilisation de toutes les énergies et mise en retrait des services administratifs, autrement dit de ces directions d’hôpitaux et Agences régionales de santé qui n’ont d’yeux que pour leurs tableaux Excel et ne songent qu’à faire des économies. Seulement voilà, passée l’alerte, les tableaux Excel reviennent. Les témoignages se multiplient sur ces enquêtes diligentées par la hiérarchie administrative hospitalière sur leur activité durant les deux mois écoulés. Autrement dit, et alors que la population, chaque soir à 20 h, applaudit « la première ligne », ceux et celles qui étaient de fait en dernière ligne entendent reprendre la main. Une plaie ! Ces gens-là sont une véritable plaie ! Ce sont les mêmes qui ont diligenté l’abandon des stocks de masques FFP2, fait des coupes sombres dans les dépenses de santé, qui vont aujourd’hui essayer de reprendre ce qu’ils ont dû un moment lâcher. Ils devraient néanmoins se méfier. Les deux mois écoulés ont permis à l’ensemble des personnels de santé de retrouver solidarité, fraternité et sens du métier pour lequel ils s’étaient engagé. Ils ont montré à l’ensemble du pays qu’on pouvait compter sur eux, qu’ils étaient capable de se donner sans compter. Il ne va pas être simple de les faire entrer dans le rang sans qu’ils songent à user de cette popularité pour appuyer là où ça fait mal : les salaires, les conditions de travail, le management, etc.

 

Enfin, au rayon des dégâts collatéraux, comment passer sous silence la récession qui s’abat. Et, avec elle, son lot de chômeurs. Alors, certes, le gouvernement, instruit de l’expérience de 2008, a choisi de dépenser sans trop compter. On se souviendra à l’occasion du débat sur la nécessaire réforme des retraites au motif qu’il manquait une dizaine de milliards… Et, en regard, on voudra comparer avec ce qui vient d’être dépensé au seul motif de la compensation du chômage partiel. On parle ici de 60 milliards ! Et c’est évidemment sans compter avec les autres mesures. Payées comment ? Avec de la dette supplémentaire, bien sûr. Seulement, chacun l’a compris, la « reprise » ne va pas de soi. On n’arrête pas impunément une machine économique deux mois durant sans qu’il on coûte, beaucoup… Et se posera donc la question évidente : qui va payer ?

 

Et ceci nous donne l’occasion de revenir sur un autre « dégât collatéral » de cette crise, l’UE. Si cette crise a fait une démonstration éclatante, c’est bien que « l’Europe », entendez l’Union européenne, n’est que pur fantasme. Le rêve des fédéralistes de tout poil vient de prendre une grosse claque car c’est dans l’adversité que l’on juge de la réalité de ces choses-là. Et le constat est clair : les frontières se sont reconstituées comme jamais depuis cinquante ans, Schengen a volé en éclats et chaque nation a géré la crise comme elle l’entendait. On peut, par exemple noter que la Suisse qui, comme chacun le sait est hors-UE, s’est en gros alignée sur la position française : confinement, etc. tandis que la Suède faisait, avec succès, le pari inverse. Quant à l’Allemagne, elle reste l’Allemagne. Et la Cour de Karlsruhe vient de le rappeler avec fracas en demandant à l’UE de justifier des 1000 milliards de reprise de dettes qu’elle avait opérés (voir ici). Au point de d’aucuns s’inquiètent. Car la crise à venir va être rien moins que gigantesque et ces deux mois passés ont apporté la preuve qu’il n’y avait rien à attendre de l’Europe. Chacun va gérer « au mieux » et sans le moindre souci de ce qu’il advient de ses voisins et « amis ». L’Italie est évidemment à suivre de près car même si Matteo Salvini est passé à la trappe, l’absence totale de solidarité de l’Europe à son endroit est rien moins que dévastatrice. Et même si le gouvernement italien actuel est réputé bien disposé à l’endroit de l’UE, ce qu’elle vient de connaître conduit une grande partie du peuple italien à considérer que cette Europe-là est au mieux inutile, au pire nuisible. La France, l’Italie, l’Espagne, bref, l’Europe du Sud va voir ses déficits exploser et va devoir affronter une crise sociale sans précédent. L’Allemagne et ses satellites ne vont évidemment pas accepter la mutualisation des dettes. Les économies vont donc diverger encore davantage et, dans un tel contexte, va se poser l’existence même de la monnaie unique. C’est donc à une crise de l’Europe et de son emblème, l’euro, que l’on va assister. Faute de penser la dislocation du système, c’est donc dans les pires conditions qu’on devra devoir l’affronter. Des vallées de larmes en perspective… un chômage de masse comparable à celui qui a suivi la crise de 29, des millions de gens plongés dans la pauvreté et, au sommet, des dirigeants qui sont incapables d’imaginer la moindre solution. Car comment imaginer que ceux-là même qui ont mis leurs peuples dans une telle m… puissent les en tirer ?

 

On entend beaucoup dire que le monde d’après ne pourra être le même que celui d’avant. Et les écolos de tout poil de nous expliquer que cette crise va être l’occasion de « revoir les fondamentaux »… Mais, les mêmes, sont bien incapables de nous expliquer par quel miracle une tel changement de cap pourrait advenir. C’est qu’en effet les forces qui dominent, qui ont fait en sorte que l’ensemble de la production, sa quasi intégralité, et pas seulement les masques, a été délocalisée, qui ont fait en sorte que la finance prenne le dessus sur toute autre considération, n’ont nulle intention d’en rabattre. Alors, certes, on peut imaginer que dans notre « beau pays », on prendra la peine de reconstituer le stock de masques en les faisant fabriquer… en Roumanie, par exemple, en Europe dans le meilleur des cas. Mais, pour le reste ? Qui peut raisonnablement espérer que l’industrie textile revienne ? Comment remettre en cause la division internationale du travail que 50 années de globalisation a établie ? Quant aux partisans de la décroissance censée répondre à la « crise écologique », comment vont-ils pouvoir la vendre avec quelque chance de succès quand la décroissance que l’on connaît aujourd’hui se traduit par un tel flot de misère ? Autrement dit, quels affects va-t-on pouvoir mobilier pour faire en sorte que le monde de demain soit non seulement différent de l’actuel, mais enviable ? Avec quels objectifs ? Avec quelles forces sociales à mobiliser pour y parvenir ? Et pour faire quoi ? Quoi de différent, de fondamentalement différent ? On mesure à l’aune de l’ampleur des questions posées que loin d’avoir les réponses le rédacteur est dans un profond scepticisme quant à la chance de voir « le monde d’après » n’être autre chose que pire que celui d’avant…

 

  1. États-Unis : Bernie Sanders se retire, Donald Trump au pouvoir jusqu’en 2024.

 

Nous nous étions quittés en février avec un Bernie Sanders susceptible de remporter les primaires démocrates aux USA. Depuis, le vent a tourné. Celui que l’on avait cru dans les choux, Joe Biden, a réussi à mobiliser en sa faveur tout ce que le camp démocrate compte de modérés, de timorés et, en premier lieu hélas, et comment ne pas le déplorer, la « communauté afro-américaine » au seul motif, semble-t-il, que Joe Biden ayant été le vice-président de Barak Obama, le « premier président noir des USA », cela lui valait onction… Ajoutons qu’il se dit que le fait que Bernie Sanders fut juif lui aurait également nuit au sein de cette même communauté que l’on sait travaillée par les évangélistes de tout poil… Bref, faisant le constat de sa défaite annoncée, Bernie Sanders a rendu son tablier. On notera au passage qu’Élizabeth Warren, donc beaucoup considéraient que son programme était proche de celui de Bernie Sanders, a refusé après son propre abandon toute aide ou tout ralliement à celui-ci et, ce faisant, a plié le match. Une sorte de Benoît Hamon local, en quelque sorte…

 

De ce fait, donc, Joe Biden devrait être le candidat démocrate en novembre et, l’histoire se répétant et n’ayant aucune raison de ne pas le faire vu la stupidité des démocrates, Donald Trump sera réélu « dans un fauteuil ». Gageons que les casseroles Ukrainiennes de Biden ressortiront opportunément… Cherry on the cake, on vient d’apprendre qu’une ancienne assistante parlementaire, Tara Reade, a porté plainte contre Joe Biden pour harcèlement sexuel pour des faits présumés s’être passés en 1993 (voir ici). Quel que soit le devenir de cette plainte, après l’épisode #MeToo, cela devrait priver Joe Biden d’un certain nombre de voix démocrates. Et comme son programme a peu de chance de convaincre les partisans de Bernie Sanders, on sent que l’affaire est à peu près aussi mal voire plus mal engagée qu’avec Hillary Clinton. Le monde va donc devoir faire avec Donald pendant encore cinq ans. Une éternité. Merci aux « modérés » démocrates de ce cadeau… Ne reste plus à espérer que le fou furieux ne nous déclenche pas une guerre avec la Chine. Car manifestement, l’Empire s’inquiète de se voir rattrapé par la Chine. Et, comme on le sait, qui veut noyer son chien… Après les ADM de Saddam Hussein, voici donc venu le temps du virus chinois conçu dans quelque laboratoire du Wuhan. Et, comme avec les ADM, l’administration Trump prétend avoir des preuves… preuves qu’elle se garde bien de divulguer, ce que les chinois, à juste titre demandent. Espérons que cette manœuvre ne soit qu’à seule fin électorale, que rien de fâcheux ne soit entrepris d’ici l’élection de novembre et que celle-ci passée, la tension retombe. Il ne manquerait plus qu’une guerre d’une telle ampleur éclate…

 

@ suivre…

 

 


10/05/2020
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La macronie dans tous ses états…

Dimanche 16 février 2020

 

  1. Réforme des retraites : ça passe mal…
  2. Municipales à Paris : Griveaux se retire…
  3. Bernie, envers et contre tout… l’establishment démocrate.

 

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  1. Réforme des retraites : ça passe mal…

 

Le pouvoir a mis en place une procédure accélérée, autrement dit un temps limité d’examen de la loi sur les retraites au Parlement sans que nul ne soit en son sein à même d’expliquer la nécessité d’une telle procédure puisque, s’agissant d’une réforme d’une telle ampleur, on sait que les suédois ont mis dix ans pour le faire… Tout le monde dès lors a bien compris que dans sa « verticalité » assumée, le pouvoir entendait user du parlement comme d’une simple chambre d’enregistrement ce qui, au vu de la majorité qui y siège, est parfaitement conforme au rôle qu’elle entend jouer… Procédure accélérée, donc, à commencer par l’examen du texte par une seule commission, dite « spéciale », qui réunit en son sein des élus siégeant dans différentes commissions de l’assemblée qui, dans la cadre d’une procédure d’examen normale eussent dû se réunir séparément, allongeant d’autant l’examen préalable de la loi (Affaires sociales, Affaires étrangères, Développement durable, Défense, Lois, Affaires économiques, Finances, Affaires culturelles et éducation).

 

Mais l’opposition, essentiellement de gauche et, plus précisément, « insoumise » ne l’entendait pas de cette oreille. Fort d’une expérience que nombre de députés « marcheurs » n’ont pas, ce sont donc pas moins de 22 000 amendements, dont 19 000 provenant du seul groupe « insoumis » qui ont été déposés. Bien évidemment, nombre de ces amendements étaient de pure forme et n’avaient d’autre but que de ralentir l’examen de la loi dans la commission spéciale. Ceux qui les ont déposés ne s’en sont d’ailleurs pas caché. Mais, néanmoins, et quoique la présidente de la commission, Brigitte Bourguignon, ait décidé de réduire à une minute au lieu de deux l’intervention des députés dans la commission, il a été donné au citoyen l’occasion de mesurer le vide abyssal, l’inculture crasse des députés « marcheurs » sur la question soumise à l’examen, celle des retraites. Incapables de répondre aux questions financières qui leur étaient posées, ne connaissant manifestement rien à l’histoire sociale de ce pays, bref, une armée de « godillots » n’ayant de cesse de tripoter leur téléphone portable et incapables de répondre aux questions et objections qui leur étaient posées et soulevées. Ainsi, et par exemple, dans le cadre du « système universel », était-il mis en avant que la valeur du point serait indexée sur l’évolution des salaires. Soit… Mais, dans le détail, des membres de la commission ont levé un lièvre : cette indexation se ferait sur un indice du « salaire moyen » qui n’existe pas. Seule réponse du ministre en charge : on va le créer. Ce qui revient à dire que l’INSEE, organisme indépendant, serait prié de répondre aux commandes du gouvernement. Et, bien évidemment, si le pouvoir recourt à cet indice « à créer », c’est qu’il est bien plus défavorable aux salariés que l’indice « moyen » prévu…

 

 

Ce qui apparaît clairement, en particulier via les dérogations successives que le gouvernement accorde ici et là – police, armée, Banque de France, etc. – c’est que la réforme, outre de n’être pas « universelle » comme il le prétend, va abaisser significativement le niveau des pensions. Sinon, pourquoi prévoir des dérogations ? S’il était vrai que le nouveau régime de retraite dit « à points » était plus favorable que l’existant, pourquoi accorder des dérogations ? Autre écueil, l’étude d’impact. Comme chacun le sait, elle est obligatoire et ce que l’on a vu, c’est une étude d’impact de plus de mille pages donnée aux parlementaires quatre jours avant l’examen en commission dont le Conseil d’État dit lui-même qu’elle est peu fiable, tronquée et biaisée. C’est qu’en effet, et par exemple, tous les calculs faits dans cette étude le sont sur la base d’un « âge d’équilibre » qui ne bouge pas. Or, par ailleurs, on sait que précisément, cet « âge d’équilibre » fixé à 65 ans dans l’étude d’impact a pour vocation à croître jusqu’à 66 voire 67 ans, entraînant ainsi des décotes toujours plus importantes que celles prévues par l’étude d’impact. Enfin, le seul fait de fixer un plafond à 14 % du PIB est évidemment en contradiction avec l’affichage du gouvernement de ne pas baisser les pensions puisque, démographie oblige, le nombre de retraités ayant vocation à croître, la part de chacun d’eux ne pourra dès lors que baisser… Il se trouve en outre que, étude faite, cette part du PIB devrait même décroître jusqu’à 12,6 %.

 

Autre gros souci dénoncé par les opposants à la réforme, le fait de demander au parlement de voter une loi « gruyère », autrement dit une loi dont des aspects essentiels sont renvoyés à de futures ordonnances, c'est-à-dire jamais soumis à l’examen du parlement. Ainsi, et par exemple, peut-on lire dans le texte gouvernemental cette “perle” : « Le présent article habilite ainsi le Gouvernement à déterminer par ordonnance les règles de transition en matière d’âge de départ à la retraite et d’âge d’équilibre applicables aux anciens assurés des régimes spéciaux » ; ou encore, sur les pensions de réversion : « une ordonnance précisera les modalités de garantie des droits pour les conjoints divorcés ». Ce sont ainsi 29 ordonnances qui sont prévues par la loi. Le seul argument du gouvernement pour ces « trous », c’est qu’ils sont laissés à la discussion des « partenaires sociaux » ce qui, dans une démocratie parlementaire, reviendrait à donner aux « partenaires sociaux » le soin de légiférer… On croit rêver ! Que les députés godillots n’y trouvent rien à redire ne surprend guère en Vème République et en particulier avec la majorité en place. Mais enfin, quand même. Si l’on peut convenir que le « dialogue social » peut permettre de trouver des équilibres via des négociations préalables, pourquoi ce dialogue n’a-t-il pas eu lieu durant les deux années passées. À quoi a servi la commission Delevoye ? En outre, et quoi qu’il en soit, le « législateur » devrait rester le Parlement censé représenter le « peuple souverain ». On voit bien par là qu’on marche cul par-dessus tête. Des mensonges avérés – l’étude d’impact -, une loi « à trous » remplis par des ordonnances à la seule main du gouvernement. Peut-on sérieusement ici parler de « démocratie » dès lors que la « séparation des pouvoirs » y est si manifestement contredite ?

 

Enfin, s’agissant des catégories les plus impactées par le nouveau dispositif, figurent en bonne place les fonctionnaires, spécialement ceux qui n’ont pas ou peu de primes, à savoir les enseignants. Rappelons aux néophytes que la retraite de tout fonctionnaire est actuellement calculée sur la base de leur rémunération acquise durant les six derniers mois, rançon du faible niveau de rémunération dont ils ont été gratifiés tout au long de leur carrière. Le deal implicite passé entre l’État et ses agents étant, on vous paye mal durant toute votre période d’activité mais par le biais de ce mode de calcul, on vous assure une retraite « décente », c’est-à-dire avec un taux de remplacement égal à 75 % pour une carrière complète (43 ans de cotisation). Outre que peu de fonctionnaires peuvent se targuer d’une « carrière complète » compte-tenu du fait qu’entrant dans la carrière à plus de 23 ans (Bac+5 pour les enseignants des 1er et 2nd degré), ils ne l’obtiennent dans le système actuel qu’en partant à 66 ans… le fait de calculer la pension sur la base de l’intégralité de la carrière au lieu des « six derniers mois », revient à prendre comme base de calcul la moyenne de leur rémunération sur l’ensemble de leur carrière, ce qui est évidemment très défavorable. N’ayant pas ou fort peu de primes – contrairement à d’autres ministères, tel celui des Finances – le ministre Blanquer met en avant une « revalorisation » des salaires qui aurait vocation à compenser le manque à gagner. Mais, dès lors que l’on prend cette promesse au sérieux, tous les calculs faits montrent que le nouveau système de pensions aboutirait à une baisse de l’ordre de 30 %, et que, pour la compenser, il faudrait augmenter les salaires dans des proportions évidemment hors de portée : 600 €/mois, en moyenne x 850 000, autrement dit plus de six milliards par an ! Les discussions qui se sont ouvertes au ministère en début de semaine montrent qu’on est très très loin du compte puisque les tableaux distribués aux organisations syndicales font état d’un maximum de 120 € pour les seuls « petits échelons » (de 1 à 4) autrement dit pour ce que l’on appelle les « débuts de carrière ». C’est donc là une vaste blague, un écran de fumée auquel seuls les plus naïfs peuvent accorder crédit. En outre, l’avis rendu par le Conseil d’État indique fort logiquement que nul gouvernement ne peut engager l’État sur des promesses de cet ordre. Règle élémentaire de gestion publique, en effet, le budget de l’État se vote chaque année au Parlement et celui-ci ne peut, séparation des pouvoirs oblige, avoir les mains liées par une quelconque promesse gouvernementale, un quelconque engagement portant sur plusieurs années, a fortiori sur plusieurs mandatures.

 

L’affaire se présente donc fort mal pour le pouvoir en ce sens que plus le temps passe moins c’est clair de sorte que tous les sondages faits auprès « d’échantillons représentatifs » font état de la volonté de deux sondés sur trois de voir cette loi retirée, ce projet de réforme abandonné. Disons-le, le gouvernement n’est guère aidé. En dépit de l’aide des médias mainstream, des éditorialistes de service, tous les élus LREM présents sur le plateaux sont d’une indigence crasse et se font enfoncer jusqu’aux tréfonds. Ils n’y entendent manifestement rien et se contentent de nier les faits, de quelque interlocuteur ou institutions qu’ils proviennent, y compris le Conseil d’État, au point que l’on voit des animateurs de plateaux qui vont jusqu’à perdre patience… Un bonheur…

 

Sur le terrain social, évidemment, après l’arrêt de la grève à la RATP et la SNCF, ça devient plus difficile. Mais ce que l’on voit, ce sont néanmoins chaque jour des initiatives bruyantes, des permanences et des réunions publiques de députés LREM murées et perturbées, des avocats rejoints par des experts-comptables – catégories peu suspectes de gauchisme échevelé – faisant des manifestations voire même, s’agissant des avocats, une grève qui bloque l’institution judicaire, l’ensemble des barreaux de France, y compris celui de Paris ou d’Aix-en-Provence, votant massivement pour la reconduction de la grève. Quant au front syndical, actant son impossibilité à obtenir une généralisation de la grève, il est conduit à user de « temps forts » dont le passé a prouvé l’inefficacité. Mais que faire d’autre, que d’attendre un réveil du plus grand nombre et de maintenir la flamme en attendant ?

 

D’autres secteurs se manifestent bruyamment, en particulier celui de la Santé. L’hôpital public est dans un tel état de déshérence que de nombreux « patrons » ont entamé une « grève administrative » et se répandent dans les médias pour dénoncer le manque criant de moyens, spécialement de personnels, l’incapacité dans laquelle ils sont mis d’assurer leurs missions. La ministre Buzyn est évidemment à la peine. N’a-t-elle pas présenté il y a peu un « plan de sauvetage » qui, manifestement n’a servi à rien. Dans ce secteur aussi, donc, les manifestations succèdent aux manifestations et le fait que la réforme des retraites impacte l’ensemble de ces agents qui relèvent de la Fonction publique hospitalière n’est évidemment pas fait pour faire retomber la pression.

 

 

S’agissant du Parlement, le projet de loi, faute d’avoir pu être examiné dans sa totalité par la « commission spéciale », revient en l’état ce 17 février, autrement dit tel que le gouvernement l’avait déposé à la Chambre. La « guerre des amendements » va évidemment reprendre de plus belle. Et, bien évidemment, face à cette obstruction, d’aucuns songent à la « LBD parlementaire », selon le mot du député Quatennens, autrement dit le « 49-3 », cet article de la Constitution qui permet de faire valider une loi sans vote, dès lors que le gouvernement « engage sa responsabilité » devant le Parlement. Grand avantage de cette procédure : on fait taire le Parlement qui n’a comme seule solution de « faire sauter le gouvernement » avec, derrière, le risque de se voir dissous par le Chef de l’État ou d’acquiescer à la loi qu’il ne peut examiner, amender, voter.

Le « 49-3 » n’a pas bonne presse dans l’opinion car chacun pressent qu’il s’agit là rien moins que d’un viol du Parlement. François Hollande, avec Manuel Valls comme Premier ministre, en ont ainsi usé à propos de la loi El Khomri. On sait combien il leur en a cuit ultérieurement… La macronie fait savoir, pour le moment, que telle n’est pas son intention. Pour le moment… Mais, dès lors que le calendrier prévu ne pourra être tenu – vote définitif au début de l’été – après la « navette parlementaire », qu’en ira-t-il ?

 

Du côté de l’opposition, du moins à gauche, se fait jour une proposition référendaire disant en substance au pouvoir que si leur réforme est aussi bonne qu’ils le prétendent, qu’ils soumettent la loi à un référendum autrement dit, que le peuple soit souverain ! Le lecteur tenté de soutenir cette initiative peut le faire ici. Le journal L’Humanité a fait réaliser un sondage par l’IFOP les 11 et 12 février derniers sur cette affaire auprès d’un échantillon « représentatif par la méthode des quotas (sexe, âge, profession) » de 1 001 personnes « en âge de voter ». Les marges d’erreur sont classiques et sont de 3 pts pour des résultats variant entre 40 % et 60 %. En d’autres termes, si, par exemple, 56 % des personnes interrogées répondent favorablement à une question, cela signifie qu’il y a 95 % de chances qu’entre 53 et 59 % des gens y soient favorables. Résultat du sondage (que l’on peut retrouver ici) : « Deux tiers des Français (67%) seraient favorables à l’organisation par le président de la République d’un référendum sur la réforme des retraites » et « Si ce référendum était organisé, 56% des Français inscrits voteraient Non à l’instauration d’un système universel de retraites par points, tel que proposé par le président de la République et le gouvernement. » (résumé IFOP ici)

 

Le gouvernement, instruit des précédentes expériences référendaires, en particulier celle de 2005 sur le TCE, ne va évidemment pas y recourir. Et, ceci, l’opposition le sait parfaitement. Mais le refus du pouvoir est évidemment lu dans l’opinion comme un aveu de faiblesse, d’autant que cela vient après l’épisode Gilets Jaunes avec son RIC. Le pouvoir n’a désormais qu’une seule ligne : tenir envers et contre tout, au risque d’injurier l’avenir, c’est-à-dire comme François Hollande avant lui, de se voir dans l’impossibilité de représenter en 2022 ou, pire, de perdre en 2022 face à une Marine Le Pen qui sait se faire discrète sur tous les sujets sociaux (et même si c’est la première personnalité de l’opposition à avoir proposé un référendum sur les retraites). Ses députés brillent par leur absence ou, a minima, par leur silence à l’Assemblée nationale. Elle sait qu’elle n’a rien besoin de dire, le rejet d’Emmanuel Macron suffira à lui permettre de percer le plafond. Nul doute que dans la tête des « décideurs » qui ont mis Emmanuel Macron à l’Élysée, la question se pose. Mais peut-être, comme en d’autres temps, la bourgeoisie de ce pays fera-t-elle le choix du RN, seul à même de « remettre de l’ordre »…

 

  1. Municipales à Paris : Griveaux se retire…

 

Tout le monde connaît l’histoire… Benjamin Griveaux, ex-bébé Strauss-Kahn, devenu « marcheur » et, un temps même « porte-parole du gouvernement » avant qu’il ne décide de le quitter pour faire campagne à Paris, se voit contraint de lâcher l’affaire. En cause, une diffusion sur les réseaux sociaux du sieur Griveaux en train de se masturber via une vidéo envoyée à une personne qui n’était pas son épouse… Comme le dit aimablement Serge July : quel con ! On peut effectivement penser que dès lors que, comme Benjamin Griveaux, on n’a de cesse de mettre en avant sa femme, ses enfants, etc. ce genre de publicité fait tache.

 

Si l’ensemble de la classe politique, à l’unisson, clame son dégoût pour la méthode employée à son endroit, il n’est pas sûr que le pays suive… Beaucoup rigolent, souvent grassement. Ce n’est ainsi pas vraiment par hasard que reparaît sur les réseaux cette aimable affiche, un rien prémonitoire…

 

 

Il s’avère, en outre, que celui par lequel le « scandale » s’est fait jour est un réfugié politique russe, ennemi de Vladimir Poutine et, accessoirement, ami d’Ukrainiens fort peu recommandables…

 

 

Le trublion russe, un certain Piotr Pavlenski, ci-dessus en compagnie d’un néo-nazi ukrainien, est connu pour ses provocations et, s’agissant de l’affaire Griveaux, assume les faits au nom de la « transparence ». Il vient d’être mis en examen et nul doute qu’il espère ainsi disposer d’une tribune…

S’agissant des voies et moyens par lesquels cette aimable vidéo s’est retrouvée sur les réseaux, d’aucuns suggèrent qu’en fait la personne destinataire de la « non coupable » vidéo serait la compagne actuelle de notre réfugié russe…

 

Bref, passons. On peut regretter que notre vie politique tombe si bas mais on peut aussi ne pas grimper aux rideaux à l’idée qu’un personnage aussi méprisant se soit fait piéger lui qui, il y a peu, n’hésitait pas dans Paris-Match à évoquer le couple qu’il forme avec Julia Minkowski, la mère de ses enfants… (voir ici ou )

 

 

Reste, après l’épisode peu reluisant Griveaux, à repartir à la conquête de Paris… cette ville dans laquelle la macronie espère faire oublier son cuisant échec annoncé aux municipales. On ne peut pas dire que ça se bouscule au portillon pour reprendre le flambeau. Outre que le programme élaboré par les « marcheurs » pour la capitale ne suscitait guère d’enthousiasme, tel ce déménagement de la Gare de l’Est et sa transformation en « Central Park » (voir ici), la perspective de se voir « prendre une tôle » n’est pas forcément ce qui motive le plus… Benjamin Griveaux, avant l’affaire, était placé dans les sondages en 3ème position derrière Anne Hidalgo et Rachida Dati. Un sondage récent non publié le plaçait même en 4ème position derrière le candidat d’EELV. Reprendre le flambeau dans ces conditions relève donc d’une gageure. Après moult réunions, consultations, etc. il semble que la macronie parisienne, sans doute fortement et vivement conseillée par l’Élysée, ait choisi celle qui suscite le courroux dans les hôpitaux, Agnès Buzyn. On a envie de dire : bon choix ! Ou plutôt, de voir là une façon élégante d’exfiltrer la ministre honnie, celle qui a été incapable de faire revenir le calme dans les hôpitaux… Une chose est sûre, Buzyn ou tout autre de cette camarilla, court au casse-pipe. Alors, bien sûr, on se consolera en macronie en se disant que le personnel hospitalier parisien n’habite depuis bien longtemps plus à Paris intra-muros. Ils n’en ont pas les moyens… Et, donc, se rassurer en se disant que « boboland » n’est pas infirmière ou aide-soignante… qu’une suave Buzyn peut convaincre les « modérés », les vieux en particulier, qui résident à Paris. On peut… mais, bon, c’est pas gagné, comme on dit…

 

  1. Bernie, envers et contre tout… l’establishment démocrate.

 

Nos médias de cours l’avaient enterré suite à ses ennuis de santé. Bernie Sanders était fini, out ! Ceux qui, il y a quatre ans, avaient décidé que le meilleur adversaire d’Hillary Clinton était Donald Trump – entendez, le plus facile à battre – avaient donc décidé que face à lui, en 2020, il fallait un candidat « modéré », entendez une Clinton-bis. Et qui de mieux que Joe Biden ? Seulement voilà, les cercles qu’ils fréquentent préfèrent privilégier la méthode Coué au raisonnement politique et à l’information. Rien, jamais, ne leur sert de leçon. Aussi ont-ils été fort étonnés de voir Bernie Sanders arriver en tête du nombre de suffrages obtenus aux Caucus de l’Iowa et, dans la foulée, le même arriver en tête tant en nombre de voix que de délégués à la convention aux primaires du New-Hampshire. Voyant leur favori, Joe Biden, s’effondrer, heureusement, ces deux primaires ont mis en avant un illustre inconnu, disposant de tous les attributs pour leur plaire, Pete Buttigieg : Études secondaires dans une « boite privée » catholique, St-Joseph de South Bend, suivies de Harvard et Oxford, consultant en stratégie chez McKinsey & Co, jeune (38 ans) et… homosexuel affiché. Un rêve, un bonheur ! Et, bien sûr, avec un tel profil, on aura compris que c’est un « modéré », autrement dit quelqu’un dont le programme se résume à remplacer Donald Trump sans rien changer pour le reste. Bien évidemment, les milliardaires de la Silicon Valley sont aux anges. Voilà leur nouveau héros ! Tout aussi évidemment, on comprend qu’avec un tel profil, ceux qui ont lâché le Parti démocrate dans la Rust Belt n’ont aucune chance de revenir au bercail. En clair, qu’après Hillary Clinton, si d’aventure le Parti démocrate venait à se choisir un tel candidat, Donald Trump peut dormir tranquille…

 

 

L’alternative, c’est bien sûr Bernie Sanders. Il se dit « socialiste », ce qui résonne chez nous quasi comme une injure après François Hollande, sachant qu’aux USA, « socialiste » est quasi synonyme de « communiste » mais, en fait, Bernie Sanders est un simple « social-démocrate » comme les États-Unis en ont connus, autrement dit quelqu’un qui se propose de « partager » davantage dans le pays qui donne le « la » au capitalisme mondial et dans lequel les inégalités n’ont jamais été aussi criantes (les 1 % les plus riches possèdent 25 400 milliards de dollars, 63 % de la richesse totale du pays). Il propose ainsi de taxer les grandes fortunes via un impôt sur les successions supérieures à 3,5 millions de dollars, un doublement du salaire minimum (7,25 $/h aujourd’hui), une taxation des transactions financières afin d’assurer la gratuité des études des lycéens et étudiants, etc. Du Delano Roosevelt moderne, en quelque sorte… Sur le terrain de l’immigration, les « no-borders » seront déçus puisque s’il refuse la construction du mur avec le Mexique que Donald Trump se propose de construire, il entend surveiller la frontière mexicaine avec des moyens technologiques (caméras thermiques, caméras à haute résolution et capteurs de mouvement) tout en élargissant les conditions d’attribution des permis de séjour aux migrants et en régularisant les « sans papiers ». Par ailleurs, il propose d’annuler un certain nombre d’accords de libre-échange tel l’Alena ou le Partenariat transpacifique et trouve scandaleux le statut des relations commerciales accordées à la Chine en 2000. Bien évidemment, un tel programme ne peut que déplaire à l’establishment démocrate entièrement soumis à Wall Street et aux GAFAM. Il faut donc s’attendre à ce que, comme en 2016, celui-ci réagisse. Il dispose pour ce faire de moyens de poids, l’argent étant évidemment le premier d’entre eux. Ils peuvent donc abonder largement le budget du petit chouchou qui s’est révélé lors des primaires de l’Iowa mais ils disposent aussi d’une autre carte, celle du milliardaire Michael Bloomberg. Si d’aventure Buttigieg se révélait trop faible, nul doute que Bloomberg ferait l’affaire. De lui, rien à craindre. Parti tard en campagne, il a décidé de faire l’impasse sur toutes les primaires qui précédent le « Super Tuesday », le 3 mars, date à laquelle se tiennent des primaires conduisant à la désignation de la moitié des délégués de la convention démocrate qui désignera le candidat. Riche à en crever, comme on dit, il entend user de cette richesse personnelle pour « acheter l’élection », comme l’en accuse Bernie Sanders et Elizabeth Warren. Bernie Sanders n’est pas sans le sou, loin de là. Il n’est personnellement pas riche – on ne s’enrichit pas en étant simple sénateur – mais il dispose d’un réseau de soutiens qui collecte de petites sommes – 27 $ en moyenne – et dispose d’un « trésor de guerre » d’environ 100 millions de dollars. En d’autres termes, ce sont plus de trois millions de personnes qui ont versé ! Comme on le sait, en outre, en 2016, il a souffert de sa mauvaise image auprès des « minorités ». De ce point de vue, le soutien sans faille que lui apporte la charismatique députée Alexandria Ocasio-Cortez pourrait, au moins auprès des « latinos », lui donner un avantage nouveau. On a appris en outre, cette semaine, que le maire de New York, Bill de Blasio, celui-là même qui a succédé à Michael Bloomberg en 2013, le soutenait. Bref, Wall Strett, la Silicon Valley ont du mouron à se faire. Et, avec eux, tous les milliardaires… dont Donald Trump fait partie. Disons-le, s’il est une élection qui concerne le monde entier, c’est bien celle-là… Que les USA changent de pied, et la face du monde en sera changée !

 

@ suivre…

 


16/02/2020
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Réforme des retraites : vers un passage en force

Jeudi 30 janvier 2020

 

  1. Réforme des retraites : vers un passage en force
  2. Plan de paix Trump-Netanyahu : no chance !
  3. L’Angleterre est une île

 

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  1. Réforme des retraites : vers un passage en force

 

Les journées d’actions se succèdent avec un succès tout aussi inégal que désormais méprisé par les médias mainstream. Le coronavirus qui sévit en Chine est désormais le centre de toutes leurs attentions. Ainsi de cette journée du 24 janvier qui, comme on le voit sur la photo ci-dessous, a réuni à Paris des centaines de milliers de personnes avec, faut-il le remarquer, aucun affrontement avec la police, un cortège ininterrompu entre la Place de la République et celle de la Concorde. Comme c’est désormais l’habitude, les chiffres fournis par le ministère de l’intérieur, volontiers repris par les médias, divergent singulièrement de ceux des organisateurs. Ici, 249 000 vs 1,3 million ! Et, s’agissant du cortège parisien, 31 000 vs 400 000 ! Outre l’absence d’incidents, on notera la diversité des secteurs mobilisés ce jour. Des cheminots, des traminots, bien sûr, mais aussi des avocats, des profs, des danseuses de l’Opéra, etc. Absents, depuis le début du mouvement, les étudiants et les lycéens, autrement dit les premiers intéressés à cette réforme avec ce constat affligeant qu’ils semblent anesthésiés, convaincus que de retraite ils n’auront point et que leur seule chance est de « sauver leurs fesses » sur le mode individuel qui sied si bien à cette génération et qui leur a été si consciencieusement enfoncé dans le crâne…

 

Manifestation parisienne du 24 janvier sur le quai des Tuileries à Paris

 

S’agissant de « l’opinion », la cause semble entendue : deux tiers des français désapprouvent la réforme, estiment qu’elle devrait être retirée. Sans que, bien sûr, cela n’émeuve la macronie ou les éditocrates qui la servent… de sorte que le gouvernement, fort du constat que rien ne l’oblige à reculer, que la grève reste limitée, que le temps passant, les secteurs les plus combatifs – SNCF et RATP pour l’essentiel – en sont à reprendre le travail, il prévoit un examen en « procédure accélérée » au parlement avec, s’il le fallait, un 49-3 dont la Vème République a le secret…

 

Le Conseil d’État, consulté « pour avis », a eu six jours pour le rendre. Il est assassin pour le pouvoir. La « noble institution », plus haute juridiction administrative, faut-il le rappeler, et pas vraiment à ranger au rayon des officines gauchisantes, souligne les failles de ce qui lui a été soumis : « Étude d’impact » jugée « insuffisante » pour « certaines dispositions », ne répondant pas « aux exigences générales d’objectivité et de sincérité » et manquant de « précision », pour, notamment, « vérifier que cette réforme est financièrement soutenable ». « Le Conseil d’État constate que les projections financières ainsi transmises restent lacunaires et que, dans certains cas, cette étude reste en deçà de ce qu’elle devrait être ». Et de poursuivre : « Il incombe au gouvernement de l’améliorer encore avant le dépôt du projet de loi au Parlement, en particulier sur les différences qu’entraînent les changements législatifs sur la situation individuelle des assurés et des employeurs, l’impact de l’âge moyen plus avancé de départ à la retraite […] sur le taux d’emploi des seniors, les dépenses d’assurance-chômage et celles liées aux minima sociaux ». Quant à la procédure suivie, l’institution estime qu’elle n’a pas été en mesure de « mener sa mission avec la sérénité et les délais de réflexion nécessaires pour garantir au mieux la sécurité juridique de l’examen auquel il a procédé ». Et de noter : « Cette situation est d’autant plus regrettable que les projets de loi procèdent à une réforme du système de retraite inédite depuis 1945 et destinée à transformer pour les décennies à venir un système social qui constitue l’une des composantes majeures du contrat social ». S’agissant de la clarté et de la lisibilité du nouveau système résumé par la slogan gouvernemental « chaque euro cotisé ouvre les mêmes droits pour tous », le Conseil d’État estime que « le choix d’une détermination annuelle de chacun des paramètres du système […] aura pour conséquence de limiter la visibilité des assurés proches de la retraite sur les règles qui leur seront applicables ». En clair, personne ne saura à quelle sauce il sera mangé ! Quant aux promesses du ministre de l’Éducation nationale sur une revalorisation des primes des enseignants destinée à compenser le manque à gagner du nouveau système, le jugement est sévère : « Sauf à être regardées, par leur imprécision, comme dépourvues de toute valeur normative, ces dispositions (sont) contraires à la Constitution ». Rien moins !

 

Autre problème, la promesse faite par le Président de la République de mettre à la disposition de chaque citoyen un simulateur. Le citoyen a appris depuis ce qu’il convenait de faire de cette promesse : le simulateur ne sera fonctionnel que bien après l’adoption prévue de la loi ! Dans un an, dit-on… Tout juste le gouvernement se contente-t-il de mettre en ligne 70 « cas-types » ayant pour seul but de montrer des gagnants sans le moindre souci de représentativité. En outre, tous les calculs faits tablent sur une stabilité de l’« âge d’équilibre » à 65 ans quand tout montre que, précisément, celui-ci a vocation à évoluer avec l’espérance de vie, autrement dit à croître vers 67 ans. Tout ceci est donc un pur et simple montage destiné aux « gogos ».

 

Bref, chacun aura compris que tout ceci n’est qu’artifice. Et, « cherry on the cake », la réforme soumise au vote du parlement sera à l’image du gruyère, pleine de trous au motif que ce seraient les « partenaires sociaux » qui, ultérieurement, les rempliraient et que des ordonnances viendraient alors les sanctionner. On croit rêver ! Bien évidemment, outre que les négociations entre les « partenaires sociaux » se résumeront à un « dialogue constructif » entre le MEDEF et la CFDT et son appendice UNSA, sans que l’on soit d’ailleurs certain que ces compères-là parviennent même à s’entendre, le parlement, dont la représentativité est une pure blague, votera tout cela « en cadence » sans y trouver à redire.

 

Du côté du « mouvement social », après la reprise du travail par les cheminots de la SNCF et les agents de la RATP, d’aucuns doutent, et pas forcément les plus les plus modérés. Ainsi Olivier Besancenot, ci-devant postier et porte-parole du NPA, qui laisse à penser que, faute d’un rebond significatif des secteurs qui, jusque-là, sont restés dans l’expectative, ce mouvement va à l’échec (voir ici le débat Besançenot-Ruffin organisé par Mediapart). Avec, bien sûr, derrière, tous les risques que cela suppose et que nous avions ici même soulignés. Qui peut en effet aujourd’hui penser que le chantage exercé en 2017 fonctionnera à nouveau ? Dans l’hypothèse d’un remake « Macron – Le Pen », qui peut sérieusement garantir que « la blonde » ne va pas gagner ? Personne ! Quant à « la gauche », quelles que soit les pincettes avec lesquelles il faut prendre le concept, on voit mal dans l’état actuel de ses divisions, de son influence, ce qui pourrait l’amener au second tour. À peu près d’accord sur rien, en dehors de vagues promesses écologiques à l’usage de la petite-bourgeoisie désormais plus soucieuse de la planète que du sort qui lui est fait et qui ont peu de chances de convaincre les couches populaires qu’elle a abandonnées depuis si longtemps, il est fort à parier qu’elle se retrouve dans la situation de l’Angleterre aujourd’hui, avec une Marine Le Pen en guise de Boris Johnson…

 

Alors, bien sûr, on peut se rassurer en se disant que l’avenir n’est écrit nulle part, on peut croiser les doigts, mettre des cierges, invoquer les mânes des anciens, etc. On peut… En tout état de cause et sauf à ce que de larges secteurs se mettent en mouvement, le gouvernement se prépare à passer en force via une « procédure accélérée » qui n’aura pour seul objectif que de mettre tous les mécontents – autrement dit deux français sur trois – devant le fait accompli et de « passer à autre chose », le vote de la loi faisant office d’éteignoir. Le Sénat, à majorité LR, n’en pourra mais et, de toute façon, n’a aucun moyen de peser sur la loi, l’Assemblée nationale ayant la main après une pseudo-phase de concertation entre les deux chambres.

 

Les élections qui viennent, municipales comme on sait, seront sans doute difficiles pour la macronie. Mais leur proximité aura l’avantage de servir le « passons à autre chose » tant attendu du pouvoir. Les commentateurs vont pouvoir se lancer dans de longues exégèses des résultats, les grandes villes étant censées à leurs yeux représenter le pays tout entier et, ce, d’autant mieux qu’eux-mêmes y vivent… Bref, un non-événement politique en vue. Passé ce cap, le pouvoir ne va évidemment pas s’arrêter en si bon chemin. Instruit de l’échec du mouvement social actuel, il pourra se livrer au pires exactions sans opposition tangible jusqu’à 2022. Bien évidemment, les rancœurs accumulées n’ayant trouvé aucun terrain d’expression politique d’ici là ne feront que s’accumuler. Et 2022, à l’image de ce qui s’est passé aux États-Unis avec Trump ou au Royaume-Uni avec Boris Johnson, risque fort d’être le lieu de la vengeance de ces millions de français que le pouvoir aura cru bon de mépriser et d’ignorer…

 

  1. Plan de paix Trump-Netanyahu : no chance !

 

Donald Trump, tout à son affaire de complaire aux groupes religieux chrétiens fondamentalistes qui soutiennent Israël, vient de dévoiler son « plan de paix » pour le Moyen-Orient. Quand on le voit soutenu pour la circonstance par Benyamin Netanyahou, « Bibi », on comprend que la paix n’est pas pour demain. Reconnaissance de l’ensemble des colonies juives que condamne le droit international, souveraineté d’Israël sur l’ensemble de la vallée du Jourdain, reconnaissance de Jérusalem comme capitale de l’État hébreu, les palestiniens devant se contenter des faubourgs Est qui sont en dehors de la ville et séparée de celle-ci par la « clôture de séparation », autrement dit par le mur qu’Israël a érigé depuis 2002, interdiction à cet éventuel État d’avoir la maîtrise de son espace aérien, démilitarisation de la Bande de Gaza et, bien sûr et sans surprise, renoncement à tout retour des « réfugiés » issus des guerres de 1948-1949 et 1967. Bref, un « non plan de paix » en infraction avec l’ensemble des résolutions votées à l’ONU. Quant à la continuité de cet improbable État palestinien, elle serait assurée par des tunnels, des routes et des ponts…

 

 

Nul ne parie sérieusement un shekel, un dollar ou un euro sur ce plan de paix. Tout le monde a compris que son seul intérêt est de voir les USA reconnaître l’existant ou, comme le dit crûment le « journal de révérence » dans son édition du 30 janvier, de « donner carte blanche à Israël », autrement dit de valider la situation insupportable faite aux palestiniens. Et tout le monde a compris aussi que Trump est en campagne électorale. Il s’agit pour lui, on le sait, de s’assurer du soutien sans faille de l’ensemble de ces culs-bénits intégristes qui font la pluie et le beau temps dans le Middle-Ouest. On cherchera vainement à expliquer rationnellement comment de tels chrétiens peuvent rêver d’un « Grand Israël » et en quoi cela ferait advenir le retour du messie que les uns et les autres appellent de leurs vœux… sans que ce soit le même. Tout ceci dépasse l’entendement. Une chose est sure, quelle que soit la lassitude de la population palestinienne, sa volonté de faire la paix, rien dans ce plan n’a une quelconque chance de lui apparaître comme un quelconque espoir. Pour que chacun en soit assuré, voici une carte de ce que serait l’État palestinien si le plan de Trump s’appliquait…

 

 

  1. L’Angleterre est une île

 

C’est par cette phrase qu’André Siegfried introduisait sa leçon à Sciences po dans les années 1950… et le feuilleton du Brexit ne fait que le confirmer. Les députés britanniques viennent de faire leurs adieux au Parlement européen, une page se tourne. Boris Johnson sort grand vainqueur de ces trois années de tergiversations. Les partisans du Remain en sont pour leurs frais et son opposition travailliste est affaiblie comme jamais. Faute d’avoir su renouer avec les couches populaires dont il a été, des décennies durant, le représentant politique, le parti travailliste a préféré tergiverser sur cette question, livrant sur la question du Brexit un discours inaudible quand Boris Johnson n’avait de cesse de marteler, contre l’avis d’une partie de ses troupes, que c’était là la seule question qui vaille. Les partisans du Remain voulaient un nouveau référendum. Ils l’ont eu, ce sont les dernières élections générales et son résultat est sans appel. Les citoyens britanniques n’apprécient guère que l’on veuille remettre en question le vote qu’ils ont exprimé. Or c’est précisément ce que proposait le Labour. Ils ne lui ont pas pardonné. Jeremy Corbyn, faute de l’avoir compris et tout à son affaire de concilier la chèvre et le chou au sein de son parti, en paie le prix. Se concilier le « boboland » travailliste fut une erreur majeure. Boris Johnson, lui, et quoique son parti fut tout aussi divisé sur la question, a fait le choix contraire. Il y est allé à fond et a ainsi obtenu une majorité absolue au parlement en conquérant des circonscriptions que le parti travailliste avait depuis près d’un siècle… Une déroute, une vraie déroute ! De celles dont on ne se remet pas ou très très difficilement.

 

Les adieux du Parlement européen aux députés britanniques

 

Alors, bien sûr, le Royaume-Uni va maintenant se lancer dans de longues négociations commerciales, avec l’UE bien sûr, mais aussi les USA, la Chine, etc. Et, évidemment, la crainte légitime que l’on peut avoir, c’est de voir s’installer aux portes de l’Europe, de l’autre côté du Channel, un paradis fiscal de plus. On a déjà dans l’UE, l’Irlande, le Luxembourg, les Pays-Bas… Un de plus en vue, donc, à nos portes. Bien évidemment, les eurobéats de tout poil auront à cœur de nous montrer le coût pour le pays de cette sortie de l’UE. En attendant, chez nous, il en est qui s’inquiètent, ce sont tous ces pêcheurs bretons qui risquent de se voir interdits de pêcher dans les eaux du Royaume… Notons quand même, d’ores et déjà, que la catastrophe qui nous était annoncée au lendemain du référendum de 2016 ne s’est pas produite. Quant à l’idée simpliste selon laquelle le Royaume-Uni n’aurait pour seule porte de sortie que de s’aligner inconditionnellement sur les USA de Donald Trump, la voilà déjà démentie avec l’affaire de la 5G et de Huawei. Bref, tous ceux qui ignorent de quel bois se chauffe l’Angleterre vont se mordre les doigts. Sans doute Boris Johnson n’est-il pas exactement le « gendre idéal » façon Macron et consorts… mais ce pays en a vu d’autres et pendant que nos européistes jouent la carte de la mondialisation heureuse dont l’UE est la pointe avancée, les USA de Trump et le Royaume-Uni de Johnson dessinent une autre voie. Qu’elle ne soit pas pavée de roses ne fait aucun doute mais comme le souligne volontiers Emmanuel Todd, la pointe avancée du capitalisme est et reste le monde anglo-saxon. C’est lui qui avec Reagan-Thatcher a ouvert la voie au « néo-libéralisme » dans les années 80 et cette page se referme aujourd’hui. Manifestement, nos « élites » ne l’ont pas compris et il leur en cuira. Et à nous avec eux…

 

@ suivre…

 

 


30/01/2020
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Déclin ou rebond : deux mois décisifs

Vendredi 10 janvier 2020

 

Déclin ou rebond : deux mois décisifs

 

  1. Réforme des retraites… déclin ou rebond ?
  2. Moyen-Orient : la politique du pire à l’œuvre

 

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  1. Réforme des retraites… déclin ou rebond ?

 

39ème jour, si l’on compte bien, que le pays est en ébullition, du moins cette partie du pays qui ne consent pas au sort que lui promet le pouvoir avec la mise en place d’une réforme « systémique », la « retraite à points » conjuguée à une réforme « paramétrique », l’âge « pivot » de 64 ans.

 

Nous n’allons pas revenir ici sur les arguments qui s’opposent, ils sont connus et aucun de ceux qu’avance le pouvoir sur les bienfaits de la réforme ne résiste à l’évidence : tous perdants, ou presque… En tête de ces perdants, et ce sont bien sûr les plus mobilisés, les « régimes spéciaux », SNCF, RATP, danseurs de l’Opéra, etc. Parmi eux, le pouvoir a pris soin de mettre de côté les « corps habillés », policiers et militaires et on comprend trop bien pourquoi puisque ce sont les seuls à être armés, ce sont les derniers remparts du pouvoir ainsi que l’a montré la séquence Gilets Jaunes… Le pouvoir a d’ailleurs quelque peine à expliquer que sa réforme vendue comme « progressiste », « juste », « sociale », etc. doit être appliquée à tous… sauf à ceux-là. Parmi les perdants, bien sûr, les fonctionnaires et tout particulièrement les enseignants qui sont à la fois mal payés et n’ont de surcroît que fort peu de primes de sorte que l’inclusion de ces dernières dans le nouveau mode de calcul serait sans grand effet. Le ministre Blanquer a beau expliquer que leurs carrières seraient revalorisées en sorte qu’il ne perdraient rien, le gel de la valeur du point qui sert de base au calcul de leur rémunération étant gelé depuis dix ans, ce gel étant reconduit en 2020, la promesse fait sourire... jaune. Les revaloriser à hauteur du manque à gagner sur les retraites reviendrait à devoir les augmenter de 40 %. Chacun a bien compris que c’était hors de question…

 

Et puis, il y a tous les autres, tous ceux qui sont dans le secteur privé à qui l’on essaie de faire croire qu’un calcul de leur retraite sur l’intégralité de leur activité serait meilleure que sur les 25 meilleures années. Sauf à être totalement demeuré, nul ne peut sérieusement le croire…

 

Cerise sur le gâteau, on apprend que les plus hauts revenus, ceux des hauts cadres, ceux qui gagnent plus de 10 000 €/mois, 120 000 €/an, verraient leurs cotisations réduites au-delà à hauteur de 2,81 % au titre de la « solidarité » au lieu des actuels 22 % pour un plafond de 27 000€/mois, 324 000 €/an, à l’AGIRC. On parle ici d’environ 300 000 actifs. Conséquences d’un tel dispositif : la part patronale, 60 %, actuellement payés par leur patron, disparaîtrait ce qui, outre le bénéfice réalisé par leurs patrons, creuserait un trou dans les régimes complémentaires. Et, bien sûr, tous ceux hauts cadres n’auraient alors pour seule solution pour compenser le manque à gagner que de se tourner vers des systèmes par capitalisation. Et ça tombe bien, puisque la loi PACTE, récemment votée par le parlement en avril 2019, a prévu de défiscaliser ces mêmes cotisations. De sorte que l’on comprend mieux pourquoi arrive sur le devant de la scène BlackRock et son patron, Larry Flink, reçu en grande pompe le 10 juillet dernier par Emmanuel Macron dans le « salon Murat » et, accessoirement, pourquoi le représentant de BlackRock France, Jean-François Cirelli, énarque pantoufleur passé par la direction de GDF-Suez devenu Engie, s’est vu gratifié de la Légion d’Honneur en ce début d’année. Coût de la mesure : 3 milliards d’euros en année pleine ! Des « smarties » pour BlackRock, comme dit a osé le dire Agnès Pannier-Runacher sur BFMTV (voir ici, 14ème minute de l’interview).

 

Emmanuel Macron reçoit Larry Flink, patron de BlackRock, le 10 juillet 2019 dans le "salon Murat"

 

Bref, par-delà la propagande gouvernementale que relaient complaisamment les médias, on commence à mieux cerner les objectifs de la réforme. Un « haut du panier » qui, à l’image de ce qu’est déjà sa vie aujourd’hui, s’exonère de la règle commune et va se réfugier dans les fonds de pension au prix d’une « solidarité » ridiculement faible et une baisse du niveau des pensions pour la multitude que sanctifie la règle du plafonnement du coût des pensions à 14 % du PIB alors que la démographie va irrémédiablement augmenter le nombre de pensionnés.

 

Le pouvoir, « maître des horloges », a décidé de laisser pourrir le mouvement. Premier temps : arriver jusqu’à la période des fêtes de fin d’année réputées être un étouffoir de mouvement social. On fait traîner, on convoque quelques réunions « de concertation » sans grand objet, etc. Seulement voilà, ceux qui sont en mouvement n’entendent pas « plier les gaules ». SNCF et RATP continuent le mouvement entraînant des dégâts sévères dans le commerce en cette période décisive pour eux. Grèves et manifestations continuent et, passé le discours de nouvel an du chef de l’État, déjà oublié tant la performance fut aussi inutile que ridicule, c’est reparti avec une « journée nationale » du 9 janvier qui réunit à travers tout le pays des centaines de milliers de manifestants.

 

Manifestation parisienne, 9 janvier 2020

 

Selon une règle maintenant bien établie, les médias ont choisi de se focaliser sur la manifestation parisienne, lieu de violences, pour ignorer celles qui, en province, sont tout à la fois fournies et sans heurts. À Paris, le préfet Lallement est à la manœuvre et, comme il fallait s’y attendre, tout a été fait pour que cela dégénère : très grosse présence policière, charges policières d’une rare violence, nassages, gazages et tabassages en règle, la routine. BFMTV, CNews, etc. ne retiendront bien sûr du défilé parisien que ces images de violence et prendront un malin plaisir à ne mettre en exergue que les 16 policiers blessés en ignorant soigneusement tous ces manifestants gravement blessés par la police… S’agissant des chiffres, le mot d’ordre de l’essoufflement a été abondamment diffusé. 42 000 manifestants à Paris… loin, très loin de la réalité, bien sûr. Quant aux retraites, un seul point en débat, l’âge pivot, la CFDT et les « mesures d’équilibre » avec, sur les plateaux, et dans le meilleur des cas, des représentants de la CFDT et de l’UNSA venus débiter leurs filets d’eau tiède alors même qu’ils brillaient par leur absence tout au long de la journée. On ne s’étonnera pas dès lors de voir la cote de confiance en ces médias dégringoler toujours plus…

 

Reste que, passée cette journée, la question qui se pose est de savoir si l’on est en présence d’une déclin ou d’un rebond. Si nul ne peut raisonnablement dire que le mouvement s’éteint, que cette journée du 9 janvier fut un échec, il reste que les secteurs mobilisés restent ceux du début du mouvement, SNCF et RATP pour l’essentiel, et que le manque à gagner pour tous ces grévistes ne va pas manquer de peser lourdement. C’est d’ailleurs là-dessus que compte le gouvernement. Même si, on l’a bien compris, cette réforme des retraites n’est pas, et de loin, qu’une question de « régimes spéciaux », le fait que seuls les salariés de ces régimes soient en grève est évidemment une faiblesse de ce mouvement. Comme en 1995 avec la réforme Juppé, il semble que l’on soit en présence d’une « grève par procuration » et que la « généralisation » du mouvement ne se produise pas. Alors, bien sûr, des « caisses de solidarité » pour les grévistes ont été ouvertes. Elles ont un certain succès. Celle de la CGT a, par exemple, reçu plus de deux millions d’euros. Mais, pour importantes que soient ces sommes, elles sont très loin de couvrir le manque à gagner des grévistes dont on sait, par ailleurs que, comme une grande partie de la population, ils ne roulent pas sur l’or. Le pouvoir sait tout cela et en joue sciemment, avec cynisme. Et, afin de donner le signal de fin de partie, il est prévu que le projet de loi, actuellement au Conseil d’État pour avis, soit présenté en Conseil des ministres le 24 janvier, puis examiné successivement par une « commission spéciale de l’Assemblée » à partir du 3 février puis, dans le cadre d’une procédure accélérée, à partir du 17 février, avec une seule lecture à l’Assemblée nationale comme au Sénat et un vote définitif en mars. Faire vite, donc, en renvoyant la plupart des points épineux au rayon des décrets d’application et sans, bien sûr, que ne soit réalisé un simulateur fiable permettant aux citoyens de mesurer l’impact de la réforme, sans que ne soit produite une étude d’impact que demande, par exemple et à grands cris, la CFE-CGC, syndicat majoritaire des cadres. Bref, un passage en force destiné à éteindre l’incendie sur le principe du fait accompli, celui de la loi votée.

 

Du côté des opposants à la réforme, CGT, FO, Solidaires et FSU, pour l’essentiel, on joue gros. Perdre, une fois de plus, serait sans doute une fois de trop. Cela signerait leur incapacité à s’opposer au rouleau compresseur libéral « en marche » dans le pays depuis 1983. Compter sur un mouvement qui parviendrait à passer le cap du mois de mars serait un bien piètre calcul. On a certes vu, dans le passé, une loi devoir être abrogée, celle du CPE en 2006. Mais, outre que la France d’aujourd’hui n’est plus celle d’alors, la jeunesse brille aujourd’hui dans ce mouvement par son absence. Hier, jour de manifestation nationale, les étudiants passaient sagement leurs partiels et les lycéens étaient en cours, du moins ceux dont les professeurs n’étaient pas en grève et les autres ne se montrèrent pas. Bref, du côté de la jeunesse, le gouvernement sait pouvoir dormir tranquille. Quant aux Gilets Jaunes, et quoi qu’il en coûte de la constater, nul ne peut nier que, pour l’essentiel, ils ont repris le cours de leur vie et que seule une petite fraction d’entre eux, celle qui n’est pas allergique au mouvement syndical, se montre encore dans les manifestations. Le « mouvement social », conscient des enjeux, organise donc des manifestations ce samedi 11 janvier avec l’espoir que les salariés du secteur privé  sauront, un samedi, sans donc qu’il leur en coûte, se mobiliser. Et, dans la foulée, a été convoquée une nouvelle journée d’action ce mardi 14. À l’unisson du tempo qu’inflige le pouvoir, le rythme s’accélère et on devrait savoir sous peu sur quel pied danser. À noter que la CFDT et l’UNSA, les « réformistes », entendez ceux qui ont pour tout viatique de grappiller des miettes, viennent de voir l’âge pivot de 64 ans figurer en toute lettres tant dans le projet de loi soumis au Conseil d’État et transmis aux caisses de Sécurité sociale. Ils ont l’air malins… Cela les conduira-t-il à rejoindre le mouvement ? On peut l’espérer mais aussi sérieusement en douter. Quant aux « troupes » qu’elles mobiliseraient alors, ils est fort à parier qu’elles seraient squelettiques. Rien à attendre de cette camarilla si ce n’est sa très étrange et constante vocation à servir le pouvoir en place sans qu’il n’en coûte rien à celui-ci…

 

Sur le plan politique, donc, une seule échéance a désormais dans ce pays une réelle importance, l’élection présidentielle. En clair, 2022. Si d’aventure le mouvement social en cours devait être défait comme l’ont été les mineurs anglais en 1984-1985, le pire est à craindre. La « gauche » est dans un tel état de délabrement, ses divisions sont si profondes que l’ensemble de ceux qui auront été défaits, Gilets Jaunes et « mouvement social » pour simplifier, ne cherchera alors à « renverser la table » qu’à travers un vote Le Pen ou en se réfugiant dans l’abstention. Le « bloc bourgeois » tel que théorisé par Bruno Amable et Stefano Palombarini (voir ici), qui a gagné en 2017 avec Emmanuel Macron, ne peut alors que s’effriter. Et, à l’inverse, comme cela s’est vu aux USA avec l’élection de Donald Trump, ou comme cela vient de se voir lors des élections générales au Royaume-Uni, ceux qui s’y opposent cristalliseront leur vote sur le seul élément apparaissant comme capable de les porter, celui de Marine Le Pen. De ce point de vue, les élections européennes ont été un avertissement. Avec un très fort taux d’abstention, certes, mais qui, dans une hypothèse de second tour Macron-Le Pen, a de fortes chances de se voir reproduire. Qui, au terme d’un quinquennat aussi catastrophique, sera encore sensible au chantage à l’œuvre en 2017 ? La petite-bourgeoisie « éduquée », les C++ de boboland, sans doute. Mais le gros des troupes ? Ce qui se joue en ce moment n’est donc rien moins que le résultat de l’élection de 2022. Avançons ici un pronostic : si le mouvement actuel est défait, Marine Le Pen dirigera ce pays en 2022. Croisons donc les doigts et faisons en sorte qu’une telle aventure nous soit épargnée. C’est maintenant ou jamais !

 

  1. Moyen-Orient : la politique du pire à l’œuvre

 

Comme dans une série télé, on a appris que le « perruqué » qui préside actuellement aux destinées de l’Empire, Donald Trump, avait choisi de « liquider » par voie de drone le général Qassem Soleimani, chef des Gardiens de la Révolution, héros de l’Iran tant par la place qu’il occupait dans le pouvoir iranien que par la lutte qu’il a menée contre les djihadistes en Irak et en Syrie. Les réactions au Moyen-Orient ont été à la hauteur de l’événement. Des millions de personnes ont accompagné la dépouille funèbre du général tant en Iran, bien sûr, qu’en Irak, en Syrie ou au Liban. Comme on y est maintenant habitué, l’Empire nous a servi une sombre histoire de menaces qu’aurait fait peser le général. Comme pour les AdM en 2002 en Irak… Personne n’est dupe. Tout porte à croire que, dans la guerre larvée que les USA livrent à l’Iran, le Commander in Chief ait décidé de l’assassinat du général au seul motif de l’occasion qui lui en était donnée et en vue des prochaines élections US, façon d’appeler à resserrer les rangs autour de lui face à un ennemi dont ses électeurs peineraient sans doute à situer le pays sur une carte du monde. Bien évidemment, côté iranien, il était hors de question de rester sans réagir. Il fut donc procédé à des tirs de missiles sur des bases américaines en Irak, non sans les avoir prévenues au préalable afin d’en limiter l’impact. Nul ne sait si ces tirs ont eu quelque effet notable, les américains faisant en sorte que rien ne filtre. En tout état de cause, suffisamment faible pour que la menace de Donald Trump en retour de frapper 52 sites iraniens, dont certains « de très haut niveau et très importants pour l'Iran et pour la culture iranienne » n’ait pas à être sérieusement examinée. Résultat politique de l’opération : le pouvoir iranien, plus précisément les défenseurs les plus intransigeants du pouvoir théocratique, alors qu’ils étaient en difficulté sur le terrain social, en grande partie du fait des conséquences de l’embargo US, se voient renforcés et les « modérés » se voient marginalisés. En Iran comme ailleurs, quand le pays est attaqué, on sert les rangs et les critiques sont priés de se taire.

 

Du côté des réactions internationales, alors que cet assassinat est évidemment un acte de guerre, on notera l’embarras des européens et, comme d’habitude, leur lâcheté puisque leur seule réaction a été de demander à l’Iran de ne pas réagir… On imagine la réaction d’Emmanuel Macron si d’aventure un drone iranien dégommait un des plus hauts généraux français… Bref, comme d’habitude, ils sont en dessous de tout dès lors qu’il s’agit de l’Oncle Sam à qui, décidemment, il ne faut surtout pas déplaire même s’il est dirigé par quelqu’un qui, chez nous, serait classé à l’extrême-droite.

 

Hommage des iraniens au général Soleimani

 

Bien évidemment, cet assassinat ne réduira nullement l’influence de l’Iran dans la région. Paradoxalement, et alors que cette influence se voyait contestée dans certains pays comme au Liban avec le Hezbollah, la contestation qui la visait se voit réduite là aussi au silence. On peut ne pas être fan du régime iranien, lui trouver bien des travers, ne pas goûter la théocratie en place depuis la prise de pouvoir des mollahs chiites à Téhéran en 1979, mais ne pas suivre tous ces néoconservateurs dans leurs entreprises guerrières visant à établir la démocratie à coup de bombes. Pas plus qu’à Cuba, en Irak, en Syrie où en Afghanistan les « droits de l’Homme » - fussent-ils mâtinés de « droits des femmes » - au nom desquels ces guerres ont été menées n’ont apporté le moindre progrès. Chaque fois, les pays ont été détruits, la situation des populations s’est aggravée et les seuls bénéficiaires de ces aventures ont été les marchands d’armes. On notera d’ailleurs que Donald Trump vient de demander au Congrès d’abonder le budget militaire du pays de quelques 22 milliards de dollars, le portant à 738 milliards de dollars en 2020. Somme vertigineuse qui, évidemment, n’est pas perdue pour tout le monde… À noter, pour ceux à qui ces chiffres ne parlent guère, que le budget militaire de la Chine est de 178 milliards de dollars, celui de la Russie est de 61 milliards, celui de l’Arabie Saoudite est de 50 milliards et le nôtre de 42. Au total, les dépenses militaires US représentent la moitié des dépenses mondiales du secteur. On notera que si les principaux candidats démocrates appellent à la réduction de ce budget militaire, les représentants de ce parti au Congrès ont néanmoins donné leur aval à l’augmentation de budget demandée par Trump et, ceci, juste après qu’il a réduit drastiquement le budget des coupons alimentaires. Où l’on voit qu’ici comme ailleurs, ce sont les pauvres qui payent la facture.

 

@ suivre…

 


10/01/2020
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Un moment décisif

Vendredi 13 décembre 2019

 

  1. Sur la réforme des retraites, l’épreuve de force est engagée
  2. Boris Johnson gagne son pari

 

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  1. Sur la réforme des retraites, l’épreuve de force est engagée

 

Si les manifestations du 5 décembre furent incontestablement massives – 800 000 manifestants selon le ministère de l’intérieur, 1,5 millions selon la CGT – celles du 10 décembre furent bien moins fournies – 340 000 manifestants selon le ministère de l’intérieur, 885 000 selon la CGT, ce 10 décembre étant, comme chacun le sait, la veille du 11, autrement dit du jour auquel le 1er ministre devait présenter sa réforme des retraites devant le CESE.

 

Cette moindre participation a-t-elle contribué à ce que le gouvernement se croie autorisé à ne rien lâcher ou bien a-t-il été fidèle à une logique maintenant bien établie de ne rien lâcher quoi qu’il arrive, on ne saura ici trancher. En tout état de cause, ceux et celles qui ont cru devoir rester chez eux ce 10 décembre ont fait un bien piètre pari… Ainsi, donc, et dans ce contexte, le 1er ministre, Édouard Philippe, a choisi de se mettre tout le monde à dos en combinant tout à la fois réforme « systémique » – le système « à points » – et « paramétrique » via la reprise d’une proposition du rapport Delevoye d’introduire « l’âge pivot » de 64 ans, requalifié pour la circonstance d’« âge d’équilibre » qui sonne mieux… Ce faisant, il ne laissait aux syndicats « réformistes », CFDT et UNSA, aucune marge de manœuvre puisque, comme l’a rappelé Laurent Berger, le « patron » de la CFDT, favorable rappelons-le à la retraite « à points », l’âge pivot de 64 ans était une « ligne rouge »…

 

Ceux et celles d’entre vous qui veulent entrer dans le détail des mesures anoncées par le 1er ministre pourront utilement le faire en visionnant l’émission qu’a diffusé Le Média TV le 11 décembre au soir via son épidode #5 de « Marche ou Grève ». Chaque mesure y est disséquée par les deux invités du jour, l’économiste « atterré » Christophe Rameaux, maître de conférences à Paris I, et Agathe, porte-parole du collectif Nos Retraites. L’émission est ici. Elle dure 1 h 15.

 

Par-delà le caractère très technique des mesures anoncées, il faut s’interroger sur ce choix qui a été fait non seulement de ne rien céder sur le caractère « systémique » de la réforme – nul n’attendait qu’ils décidassent alors d’y renoncer – mais sur ce choix fait par le pouvoir de reprendre cette affaire d’âge pivot dont ils savaient pertinemment qu’il fâcherait leurs alliés syndicaux, CFDT et UNSA. N’est-ce pas là le moyen d’user d’une vieille ruse consistant à mettre d’abord la barre très haut pour ensuite en rabattre à la marge - l'âge pivot - et permettre ainsi de faire passer l’essentiel - la retraite "à points" - tout en permettant ainsi à ses alliés de crier victoire ? En d’autres termes, ne faut-il pas s’attendre à ce que, suite au succès de la prochaine mobilisation du 17 décembre à laquelle appellent l’ensemble des organisations syndicales, Jupiter, dans sa grande mansuétude, annonce qu’il remballe sa mesure d’âge pivot, suite à quoi la CFDT et l’UNSA crieront victoire ne laissant sur le front que les seules organisations qualifiées d’« extrêmistes » – CGT, Solidaires, FSU – à la veille des congés de Noël. On peut même imaginer que le 1er ministre, Édouard Philippe, se saisisse de ce recul pour expliquer qu’il s’agit là pour lui d’un désavœu, qu’il choisit donc de démissionner, ce qui lui permet de se présenter aux municipales de sa bonne ville du Havre…

 

Une chose est sure à cette heure, tous les sondages sortis depuis le confirment : Édouard Philippe n’a pas convaincu les français et le soutien au mouvement reste massif et ne cesse de progresser.

 

Sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour Le Figaro et France Info du 12 décembre

 

Si les opposants à cette réforme peuvent se satisfaire de ce désavoeu, ils devraient toutefois être prudents. En effet, dans ce même sondage, 63 % des personnes interrogées se disent favorables à la disparition des « régimes spéciaux » (SNCF et RATP en éfigie) et à la mise en place d’un régime universel unique. Or, malheureusement, les seuls secteurs mobilisés visibles sont précisément et pour l’essentiel les cheminots de la SNCF et les employés de la RATP. S’il est vrai que les enseignants se sont fortement mobilisés, leur grève n’a, on le sait trop bien depuis de nombreuses années, que peu de poids. Il y a beau temps que le pays a accepté de voir ses enfants privés de cours, y compris pendant des mois… Le scénario décrit plus haut d’un Emmanuel Macron revenant sur cette affaire d’âge pivot n’en prend dès lors que plus de vraissemblance puisque dès lors, la grève à la SNCF et la RATP durant les congés de Noël n’apparaîtra alors que comme relevant d’un « jusqu’au boutisme catégoriel » et le gouvernement ne manquera pas d’user de cet argument pour rejeter sur eux les difficultés des citoyens du pays à rejoindre leur famille durant les fêtes de fin d’année et le manque à gagner des commerçants en cette période décisive pour eux.

 

La période qui va du 17 décembre au 21 décembre – date de début des congés scolaires de Noël – va donc être décisive. Les opposants à la réforme « systémique » parviendront-ils à éviter que le débat sur les retraites ne porte que sur les « régimes spéciaux » de la SNCF et la RATP ou bien la propagande gouvernementale réussira-t-elle à faire porter la responsabilité du blocage sur les seuls grévistes de ces secteurs, telle va être la seule question qui vaille durant ces quelques jours.

 

Quelques remarques :

 

1. Le gouvernement, en totale contradiction avec ses principes, vient d’accorder à l’ensemble des forces de police – et pas seulement aux seuls CRS, par exemple – le bénéfice de la conservation de leur régime spécial. Idem avec l’armée et les pompiers… Difficile pour lui d’expliquer alors que ce nouveau système de retraite est un grand progrès social si c’est pour, « en même temps », en exonérer les seules forces qui le protègent depuis plus d’un an, la police… Mais, comme on le sait, ces gens-là ne sont pas une contradiction près. L'essentiel n'est-il pas de ne pas fâcher les « corps habillés », c’est-à-dire armés, fut-ce au prix d'une entorse au principe de "l'universalité" ?...

 

2. Jean-Paul Delevoye est, de fait, « débranché ». On vient en effet d’apprendre que le « Haut Commissaire aux retraites » a « oublié » d’informer la HATVP (Haute autorité à la Transparence de la Vie Publique) de sa fonction d’administrateur de l’IFPASS (Institut de formation de la profession de l’assurance ) – un lobby des assurances – depuis 2016 et, qu’en outre, il émargeait depuis 2017 à raison de 5 638,38 €/mois comme président du think-tank Parallaxe, lobby en charge de la promotion de l'enseignement privé, en totale contradiction avec l’article 8 de la Constitution qui stipule, en son article 23, que « Les fonctions de membre du Gouvernement sont incompatibles avec l’exercice de tout mandat parlementaire, de toute fonction de représentation professionnelle à caractère national et de tout emploi public ou de toute activité professionnelle ». Qu’à cela ne tienne, l’intéressé a annoncé qu’il rembourserait les sommes perçues indûment. Bien évidemment, nulle poursuite ne sera engagée contre lui… Selon que vous serez puissant ou misérable… En tout état de cause, Jean-Paul Delevoye a rempli son office. Qu’il soit maintenant obligé de quitter le gouvernement n’a, disons-le, qu’un faible intérêt politique au regard des enjeux de la période. Le parlement n’étant rien d’autre qu’une chambre d’enregistrement, que ce soit lui ou n’importe qui d’autre qui réponde à peu près n’importe quoi aux députés appelés à légiférer en janvier ne changera absolument rien quant au vote des playmobils LREM…

 

3. Le gouvernement s’emploie à « déminer » secteur par secteur. Ainsi est-il donné de voir Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, faire le tour des plateaux télé et radio pour expliquer que, certes, la réforme des retraites va avoir un impact significatif sur le niveau de pension des enseignants mais qu’il y remédiera par des primes avec, accessoirement, une révision de leur charge de travail, entendez en les alourdissant… Outre qu’avec un point d’indice gelé depuis près de huit ans et prévu pour le rester durant le reste du quiquennat, la promesse a quelque peu du plomb dans l’aile, le souci c’est qu’il faudrait que l’État consacrât 10 milliards/an supplémentaires pour annuler l’effet de la réforme. En effet, les calculs montrent que les enseignants vont perdre jusqu’à 30 % de leur pension dans cette affaire (2 600 €/mois en moyenne en 2017). Pour annuler cet effet délétère, il faudrait donc augmenter les quelques 815 000 enseignants de 1 300 €/mois durant leur activité et, de cela, bien sûr, il ne saurait être question. Emmanuel Macron l’a d’ailleurs dit sans embage lors d’une réunion récente à Rodez le 12 octobre dernier. Dès lors, on voit mal comment les « discussions » avec les organisations syndicales qui commencent ce jour au ministère auraient quelque vertu émoliante. Reste à voir si les enseignants sauront se mobiliser au-delà des simples « temps forts » auxquels les convient leurs organisations syndicales pour s’inscrire dans un mouvement autre que catégoriel, un mouvement d’ensemble dépassant le seul cadre des « régimes spéciaux » dont, finalement, avec tous les fonctionnaires, ils relèvent.

 

  1. Boris Johnson gagne son pari

 

Les élections générales destinées à renouveler le Parlement viennent de se tenir au Royaume-Uni ce 12 décembre. Une seule question a été au centre des débats : Brexit or not Brexit. Le 1er ministre en place, Boris Johnson, a fait campagne sur ce seul thème l’agrémentant de mesures sociales significatives telles la fin de l’austérité, l’embauche de 50 000 infirmières et de l’argent pour le NHS, ainsi que la préservation du pouvoir d’achat des classes populaires et moyennes et même, cherry on the cake, la limitation des cadeaux fiscaux aux riches… En face, Jeremy Corbyn, le Mélenchon local, a mis en avant un programme social très ambitieux en rupture totale avec tout ce que le parti travailliste a fait depuis Tony Blair : renationalisation du rail, de l’eau et de la Poste, injection de milliards dans l’Éducation, la Santé et le ferroviaire, « révolution industrielle verte » pour répondre à « l’urgence climatique », haut-débit pour tous avec la nationalisation du géant des télécommunications, BT (British Telecom), etc. Mais sur la question centrale de la campagne, autrement dit sur le Brexit, empêtré dans les contradictions de son parti, dans le souci sans doute de ne pas le faire exploser, soucieux de ne pas se couper des couches éduquées boboisantes favorables au Remain, il a choisi la ligne consistant à proposer de négocier un nouvel accord de sortie avec l’UE et de le soumettre au vote des Britanniques dans les six mois lors d'un référendum qui leur offrirait aussi le choix d’y rester. Ce faisant, et en dépit de la qualité de son programme social, il s’est coupé d’une fraction significative des couches populaires qui, comme on le sait, ont massivement voté en faveur du Brexit. Espérant ainsi ménager la chèvre et le chou, il est devenu inaudible de ces couches de la population qui ont longtemps constitué la base du parti. De sorte qu’en ce 13 décembre, son parti vient de subir la plus grande défaite de son histoire en perdant 42 sièges au Parlement britannique avec, en bonne logique britannique, un Jeremy Corbyn qui n’a eu comme seul choix que d’annoncer qu’il quittait la direction du parti travailliste.

 

 

 

On notera qu’avec cette élection et la victoire sans appel du SNP (Scottish National Party) en Écosse – 48 sièges sur 59 – sur une position anti-Brexit, le Royaume-Uni risque de se désunir. Fort de sa victoire, Nicola Sturgean, la chef du SNP, a d’ores et déjà relancé la perspective d’un second référendum d’indépendance de l’Écosse. Idem en Irlande-du-Nord avec la défaite des « unionistes » et, donc, la question, là aussi, de lâcher le Royaume-Uni pour se rattacher à l’Irlande… et rester dans l’UE.

 

On peut évidemment regretter un tel résultat, penser que le Royaume-Uni, l’ensemble de sa population, en particulier la plus pauvre, aurait eu un bien meilleur avenir avec le programme de Jeremy Corbyn qu’avec celui de Boris Johnson. Mais force est de constater que la ligne « écolo-sociale » a du plomb dans l’aile, qu’il ne suffit pas d’avoir un très beau programme écolo-social si, « en même temps », on est incapable de répondre clairement aux questions qui traversent le pays. Ici, clairement, la campagne s’est jouée sur le Brexit et, faute de répondre clairement à l’aspiration des moins éduqués, des moins fortunés, de sortir de l’UE, Jeremy Corbyn a perdu. Qu’on ne s’y trompe pas, ces élections britanniques s’inscrivent dans la ligne de celle qui a mené Donald Trump à la Maison Blanche. Elles en sont une réplique. Et tout porte à croire que notre pays risque fort de connaître le même sort en 2022, autrement dit un second tour Macron-Le Pen dont, cette fois, la « blonde » pourrait bien sortir vainqueur. La « gauche » est en miettes et son seul espoir qu’incarnait la France insoumise s’est montrée incapable lors des élections européennes de clarifier sa position. Ayant fait le choix, avec une Manon Aubry, de ne chercher que le vote de la petite-bourgeoisie éduquée, il a, comme Jeremy Corbyn, lâché la proie pour l’ombre, avec le succès que l’on sait… Et rien dans ce que nous connaissons aujourd’hui ne conduit à penser que ces mêmes couches ne choisiront pas de « renverser la table » en se portant sur Marine Le Pen, comme l’on fait leurs homologues britanniques avec Boris Johnson ou Étatsuniennes avec Donald Trump, l’impopularité notoire de l’actuel occupant de l’Élysée jouant cette fois pleinement.

 

Il ne reste que peu de temps pour redresser la barre. Si d’aventure le « mouvement social » devait être défait dans le combat qu’il livre actuellement sur les retraites, on voit mal ce qui pourrait alors conjurer ce sombre pronostic. Croisons les doigts…

 

@ suivre…

 

P.S. : on me signale un post de Jean-Luc Mélenchon (voir ici) intitulé « Corbyn : la synthèse mène au désastre ». Effectivement, mais c’est un peu court Méluche

 


13/12/2019
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