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La macronie dans tous ses états…

Dimanche 16 février 2020

 

  1. Réforme des retraites : ça passe mal…
  2. Municipales à Paris : Griveaux se retire…
  3. Bernie, envers et contre tout… l’establishment démocrate.

 

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  1. Réforme des retraites : ça passe mal…

 

Le pouvoir a mis en place une procédure accélérée, autrement dit un temps limité d’examen de la loi sur les retraites au Parlement sans que nul ne soit en son sein à même d’expliquer la nécessité d’une telle procédure puisque, s’agissant d’une réforme d’une telle ampleur, on sait que les suédois ont mis dix ans pour le faire… Tout le monde dès lors a bien compris que dans sa « verticalité » assumée, le pouvoir entendait user du parlement comme d’une simple chambre d’enregistrement ce qui, au vu de la majorité qui y siège, est parfaitement conforme au rôle qu’elle entend jouer… Procédure accélérée, donc, à commencer par l’examen du texte par une seule commission, dite « spéciale », qui réunit en son sein des élus siégeant dans différentes commissions de l’assemblée qui, dans la cadre d’une procédure d’examen normale eussent dû se réunir séparément, allongeant d’autant l’examen préalable de la loi (Affaires sociales, Affaires étrangères, Développement durable, Défense, Lois, Affaires économiques, Finances, Affaires culturelles et éducation).

 

Mais l’opposition, essentiellement de gauche et, plus précisément, « insoumise » ne l’entendait pas de cette oreille. Fort d’une expérience que nombre de députés « marcheurs » n’ont pas, ce sont donc pas moins de 22 000 amendements, dont 19 000 provenant du seul groupe « insoumis » qui ont été déposés. Bien évidemment, nombre de ces amendements étaient de pure forme et n’avaient d’autre but que de ralentir l’examen de la loi dans la commission spéciale. Ceux qui les ont déposés ne s’en sont d’ailleurs pas caché. Mais, néanmoins, et quoique la présidente de la commission, Brigitte Bourguignon, ait décidé de réduire à une minute au lieu de deux l’intervention des députés dans la commission, il a été donné au citoyen l’occasion de mesurer le vide abyssal, l’inculture crasse des députés « marcheurs » sur la question soumise à l’examen, celle des retraites. Incapables de répondre aux questions financières qui leur étaient posées, ne connaissant manifestement rien à l’histoire sociale de ce pays, bref, une armée de « godillots » n’ayant de cesse de tripoter leur téléphone portable et incapables de répondre aux questions et objections qui leur étaient posées et soulevées. Ainsi, et par exemple, dans le cadre du « système universel », était-il mis en avant que la valeur du point serait indexée sur l’évolution des salaires. Soit… Mais, dans le détail, des membres de la commission ont levé un lièvre : cette indexation se ferait sur un indice du « salaire moyen » qui n’existe pas. Seule réponse du ministre en charge : on va le créer. Ce qui revient à dire que l’INSEE, organisme indépendant, serait prié de répondre aux commandes du gouvernement. Et, bien évidemment, si le pouvoir recourt à cet indice « à créer », c’est qu’il est bien plus défavorable aux salariés que l’indice « moyen » prévu…

 

 

Ce qui apparaît clairement, en particulier via les dérogations successives que le gouvernement accorde ici et là – police, armée, Banque de France, etc. – c’est que la réforme, outre de n’être pas « universelle » comme il le prétend, va abaisser significativement le niveau des pensions. Sinon, pourquoi prévoir des dérogations ? S’il était vrai que le nouveau régime de retraite dit « à points » était plus favorable que l’existant, pourquoi accorder des dérogations ? Autre écueil, l’étude d’impact. Comme chacun le sait, elle est obligatoire et ce que l’on a vu, c’est une étude d’impact de plus de mille pages donnée aux parlementaires quatre jours avant l’examen en commission dont le Conseil d’État dit lui-même qu’elle est peu fiable, tronquée et biaisée. C’est qu’en effet, et par exemple, tous les calculs faits dans cette étude le sont sur la base d’un « âge d’équilibre » qui ne bouge pas. Or, par ailleurs, on sait que précisément, cet « âge d’équilibre » fixé à 65 ans dans l’étude d’impact a pour vocation à croître jusqu’à 66 voire 67 ans, entraînant ainsi des décotes toujours plus importantes que celles prévues par l’étude d’impact. Enfin, le seul fait de fixer un plafond à 14 % du PIB est évidemment en contradiction avec l’affichage du gouvernement de ne pas baisser les pensions puisque, démographie oblige, le nombre de retraités ayant vocation à croître, la part de chacun d’eux ne pourra dès lors que baisser… Il se trouve en outre que, étude faite, cette part du PIB devrait même décroître jusqu’à 12,6 %.

 

Autre gros souci dénoncé par les opposants à la réforme, le fait de demander au parlement de voter une loi « gruyère », autrement dit une loi dont des aspects essentiels sont renvoyés à de futures ordonnances, c'est-à-dire jamais soumis à l’examen du parlement. Ainsi, et par exemple, peut-on lire dans le texte gouvernemental cette “perle” : « Le présent article habilite ainsi le Gouvernement à déterminer par ordonnance les règles de transition en matière d’âge de départ à la retraite et d’âge d’équilibre applicables aux anciens assurés des régimes spéciaux » ; ou encore, sur les pensions de réversion : « une ordonnance précisera les modalités de garantie des droits pour les conjoints divorcés ». Ce sont ainsi 29 ordonnances qui sont prévues par la loi. Le seul argument du gouvernement pour ces « trous », c’est qu’ils sont laissés à la discussion des « partenaires sociaux » ce qui, dans une démocratie parlementaire, reviendrait à donner aux « partenaires sociaux » le soin de légiférer… On croit rêver ! Que les députés godillots n’y trouvent rien à redire ne surprend guère en Vème République et en particulier avec la majorité en place. Mais enfin, quand même. Si l’on peut convenir que le « dialogue social » peut permettre de trouver des équilibres via des négociations préalables, pourquoi ce dialogue n’a-t-il pas eu lieu durant les deux années passées. À quoi a servi la commission Delevoye ? En outre, et quoi qu’il en soit, le « législateur » devrait rester le Parlement censé représenter le « peuple souverain ». On voit bien par là qu’on marche cul par-dessus tête. Des mensonges avérés – l’étude d’impact -, une loi « à trous » remplis par des ordonnances à la seule main du gouvernement. Peut-on sérieusement ici parler de « démocratie » dès lors que la « séparation des pouvoirs » y est si manifestement contredite ?

 

Enfin, s’agissant des catégories les plus impactées par le nouveau dispositif, figurent en bonne place les fonctionnaires, spécialement ceux qui n’ont pas ou peu de primes, à savoir les enseignants. Rappelons aux néophytes que la retraite de tout fonctionnaire est actuellement calculée sur la base de leur rémunération acquise durant les six derniers mois, rançon du faible niveau de rémunération dont ils ont été gratifiés tout au long de leur carrière. Le deal implicite passé entre l’État et ses agents étant, on vous paye mal durant toute votre période d’activité mais par le biais de ce mode de calcul, on vous assure une retraite « décente », c’est-à-dire avec un taux de remplacement égal à 75 % pour une carrière complète (43 ans de cotisation). Outre que peu de fonctionnaires peuvent se targuer d’une « carrière complète » compte-tenu du fait qu’entrant dans la carrière à plus de 23 ans (Bac+5 pour les enseignants des 1er et 2nd degré), ils ne l’obtiennent dans le système actuel qu’en partant à 66 ans… le fait de calculer la pension sur la base de l’intégralité de la carrière au lieu des « six derniers mois », revient à prendre comme base de calcul la moyenne de leur rémunération sur l’ensemble de leur carrière, ce qui est évidemment très défavorable. N’ayant pas ou fort peu de primes – contrairement à d’autres ministères, tel celui des Finances – le ministre Blanquer met en avant une « revalorisation » des salaires qui aurait vocation à compenser le manque à gagner. Mais, dès lors que l’on prend cette promesse au sérieux, tous les calculs faits montrent que le nouveau système de pensions aboutirait à une baisse de l’ordre de 30 %, et que, pour la compenser, il faudrait augmenter les salaires dans des proportions évidemment hors de portée : 600 €/mois, en moyenne x 850 000, autrement dit plus de six milliards par an ! Les discussions qui se sont ouvertes au ministère en début de semaine montrent qu’on est très très loin du compte puisque les tableaux distribués aux organisations syndicales font état d’un maximum de 120 € pour les seuls « petits échelons » (de 1 à 4) autrement dit pour ce que l’on appelle les « débuts de carrière ». C’est donc là une vaste blague, un écran de fumée auquel seuls les plus naïfs peuvent accorder crédit. En outre, l’avis rendu par le Conseil d’État indique fort logiquement que nul gouvernement ne peut engager l’État sur des promesses de cet ordre. Règle élémentaire de gestion publique, en effet, le budget de l’État se vote chaque année au Parlement et celui-ci ne peut, séparation des pouvoirs oblige, avoir les mains liées par une quelconque promesse gouvernementale, un quelconque engagement portant sur plusieurs années, a fortiori sur plusieurs mandatures.

 

L’affaire se présente donc fort mal pour le pouvoir en ce sens que plus le temps passe moins c’est clair de sorte que tous les sondages faits auprès « d’échantillons représentatifs » font état de la volonté de deux sondés sur trois de voir cette loi retirée, ce projet de réforme abandonné. Disons-le, le gouvernement n’est guère aidé. En dépit de l’aide des médias mainstream, des éditorialistes de service, tous les élus LREM présents sur le plateaux sont d’une indigence crasse et se font enfoncer jusqu’aux tréfonds. Ils n’y entendent manifestement rien et se contentent de nier les faits, de quelque interlocuteur ou institutions qu’ils proviennent, y compris le Conseil d’État, au point que l’on voit des animateurs de plateaux qui vont jusqu’à perdre patience… Un bonheur…

 

Sur le terrain social, évidemment, après l’arrêt de la grève à la RATP et la SNCF, ça devient plus difficile. Mais ce que l’on voit, ce sont néanmoins chaque jour des initiatives bruyantes, des permanences et des réunions publiques de députés LREM murées et perturbées, des avocats rejoints par des experts-comptables – catégories peu suspectes de gauchisme échevelé – faisant des manifestations voire même, s’agissant des avocats, une grève qui bloque l’institution judicaire, l’ensemble des barreaux de France, y compris celui de Paris ou d’Aix-en-Provence, votant massivement pour la reconduction de la grève. Quant au front syndical, actant son impossibilité à obtenir une généralisation de la grève, il est conduit à user de « temps forts » dont le passé a prouvé l’inefficacité. Mais que faire d’autre, que d’attendre un réveil du plus grand nombre et de maintenir la flamme en attendant ?

 

D’autres secteurs se manifestent bruyamment, en particulier celui de la Santé. L’hôpital public est dans un tel état de déshérence que de nombreux « patrons » ont entamé une « grève administrative » et se répandent dans les médias pour dénoncer le manque criant de moyens, spécialement de personnels, l’incapacité dans laquelle ils sont mis d’assurer leurs missions. La ministre Buzyn est évidemment à la peine. N’a-t-elle pas présenté il y a peu un « plan de sauvetage » qui, manifestement n’a servi à rien. Dans ce secteur aussi, donc, les manifestations succèdent aux manifestations et le fait que la réforme des retraites impacte l’ensemble de ces agents qui relèvent de la Fonction publique hospitalière n’est évidemment pas fait pour faire retomber la pression.

 

 

S’agissant du Parlement, le projet de loi, faute d’avoir pu être examiné dans sa totalité par la « commission spéciale », revient en l’état ce 17 février, autrement dit tel que le gouvernement l’avait déposé à la Chambre. La « guerre des amendements » va évidemment reprendre de plus belle. Et, bien évidemment, face à cette obstruction, d’aucuns songent à la « LBD parlementaire », selon le mot du député Quatennens, autrement dit le « 49-3 », cet article de la Constitution qui permet de faire valider une loi sans vote, dès lors que le gouvernement « engage sa responsabilité » devant le Parlement. Grand avantage de cette procédure : on fait taire le Parlement qui n’a comme seule solution de « faire sauter le gouvernement » avec, derrière, le risque de se voir dissous par le Chef de l’État ou d’acquiescer à la loi qu’il ne peut examiner, amender, voter.

Le « 49-3 » n’a pas bonne presse dans l’opinion car chacun pressent qu’il s’agit là rien moins que d’un viol du Parlement. François Hollande, avec Manuel Valls comme Premier ministre, en ont ainsi usé à propos de la loi El Khomri. On sait combien il leur en a cuit ultérieurement… La macronie fait savoir, pour le moment, que telle n’est pas son intention. Pour le moment… Mais, dès lors que le calendrier prévu ne pourra être tenu – vote définitif au début de l’été – après la « navette parlementaire », qu’en ira-t-il ?

 

Du côté de l’opposition, du moins à gauche, se fait jour une proposition référendaire disant en substance au pouvoir que si leur réforme est aussi bonne qu’ils le prétendent, qu’ils soumettent la loi à un référendum autrement dit, que le peuple soit souverain ! Le lecteur tenté de soutenir cette initiative peut le faire ici. Le journal L’Humanité a fait réaliser un sondage par l’IFOP les 11 et 12 février derniers sur cette affaire auprès d’un échantillon « représentatif par la méthode des quotas (sexe, âge, profession) » de 1 001 personnes « en âge de voter ». Les marges d’erreur sont classiques et sont de 3 pts pour des résultats variant entre 40 % et 60 %. En d’autres termes, si, par exemple, 56 % des personnes interrogées répondent favorablement à une question, cela signifie qu’il y a 95 % de chances qu’entre 53 et 59 % des gens y soient favorables. Résultat du sondage (que l’on peut retrouver ici) : « Deux tiers des Français (67%) seraient favorables à l’organisation par le président de la République d’un référendum sur la réforme des retraites » et « Si ce référendum était organisé, 56% des Français inscrits voteraient Non à l’instauration d’un système universel de retraites par points, tel que proposé par le président de la République et le gouvernement. » (résumé IFOP ici)

 

Le gouvernement, instruit des précédentes expériences référendaires, en particulier celle de 2005 sur le TCE, ne va évidemment pas y recourir. Et, ceci, l’opposition le sait parfaitement. Mais le refus du pouvoir est évidemment lu dans l’opinion comme un aveu de faiblesse, d’autant que cela vient après l’épisode Gilets Jaunes avec son RIC. Le pouvoir n’a désormais qu’une seule ligne : tenir envers et contre tout, au risque d’injurier l’avenir, c’est-à-dire comme François Hollande avant lui, de se voir dans l’impossibilité de représenter en 2022 ou, pire, de perdre en 2022 face à une Marine Le Pen qui sait se faire discrète sur tous les sujets sociaux (et même si c’est la première personnalité de l’opposition à avoir proposé un référendum sur les retraites). Ses députés brillent par leur absence ou, a minima, par leur silence à l’Assemblée nationale. Elle sait qu’elle n’a rien besoin de dire, le rejet d’Emmanuel Macron suffira à lui permettre de percer le plafond. Nul doute que dans la tête des « décideurs » qui ont mis Emmanuel Macron à l’Élysée, la question se pose. Mais peut-être, comme en d’autres temps, la bourgeoisie de ce pays fera-t-elle le choix du RN, seul à même de « remettre de l’ordre »…

 

  1. Municipales à Paris : Griveaux se retire…

 

Tout le monde connaît l’histoire… Benjamin Griveaux, ex-bébé Strauss-Kahn, devenu « marcheur » et, un temps même « porte-parole du gouvernement » avant qu’il ne décide de le quitter pour faire campagne à Paris, se voit contraint de lâcher l’affaire. En cause, une diffusion sur les réseaux sociaux du sieur Griveaux en train de se masturber via une vidéo envoyée à une personne qui n’était pas son épouse… Comme le dit aimablement Serge July : quel con ! On peut effectivement penser que dès lors que, comme Benjamin Griveaux, on n’a de cesse de mettre en avant sa femme, ses enfants, etc. ce genre de publicité fait tache.

 

Si l’ensemble de la classe politique, à l’unisson, clame son dégoût pour la méthode employée à son endroit, il n’est pas sûr que le pays suive… Beaucoup rigolent, souvent grassement. Ce n’est ainsi pas vraiment par hasard que reparaît sur les réseaux cette aimable affiche, un rien prémonitoire…

 

 

Il s’avère, en outre, que celui par lequel le « scandale » s’est fait jour est un réfugié politique russe, ennemi de Vladimir Poutine et, accessoirement, ami d’Ukrainiens fort peu recommandables…

 

 

Le trublion russe, un certain Piotr Pavlenski, ci-dessus en compagnie d’un néo-nazi ukrainien, est connu pour ses provocations et, s’agissant de l’affaire Griveaux, assume les faits au nom de la « transparence ». Il vient d’être mis en examen et nul doute qu’il espère ainsi disposer d’une tribune…

S’agissant des voies et moyens par lesquels cette aimable vidéo s’est retrouvée sur les réseaux, d’aucuns suggèrent qu’en fait la personne destinataire de la « non coupable » vidéo serait la compagne actuelle de notre réfugié russe…

 

Bref, passons. On peut regretter que notre vie politique tombe si bas mais on peut aussi ne pas grimper aux rideaux à l’idée qu’un personnage aussi méprisant se soit fait piéger lui qui, il y a peu, n’hésitait pas dans Paris-Match à évoquer le couple qu’il forme avec Julia Minkowski, la mère de ses enfants… (voir ici ou )

 

 

Reste, après l’épisode peu reluisant Griveaux, à repartir à la conquête de Paris… cette ville dans laquelle la macronie espère faire oublier son cuisant échec annoncé aux municipales. On ne peut pas dire que ça se bouscule au portillon pour reprendre le flambeau. Outre que le programme élaboré par les « marcheurs » pour la capitale ne suscitait guère d’enthousiasme, tel ce déménagement de la Gare de l’Est et sa transformation en « Central Park » (voir ici), la perspective de se voir « prendre une tôle » n’est pas forcément ce qui motive le plus… Benjamin Griveaux, avant l’affaire, était placé dans les sondages en 3ème position derrière Anne Hidalgo et Rachida Dati. Un sondage récent non publié le plaçait même en 4ème position derrière le candidat d’EELV. Reprendre le flambeau dans ces conditions relève donc d’une gageure. Après moult réunions, consultations, etc. il semble que la macronie parisienne, sans doute fortement et vivement conseillée par l’Élysée, ait choisi celle qui suscite le courroux dans les hôpitaux, Agnès Buzyn. On a envie de dire : bon choix ! Ou plutôt, de voir là une façon élégante d’exfiltrer la ministre honnie, celle qui a été incapable de faire revenir le calme dans les hôpitaux… Une chose est sûre, Buzyn ou tout autre de cette camarilla, court au casse-pipe. Alors, bien sûr, on se consolera en macronie en se disant que le personnel hospitalier parisien n’habite depuis bien longtemps plus à Paris intra-muros. Ils n’en ont pas les moyens… Et, donc, se rassurer en se disant que « boboland » n’est pas infirmière ou aide-soignante… qu’une suave Buzyn peut convaincre les « modérés », les vieux en particulier, qui résident à Paris. On peut… mais, bon, c’est pas gagné, comme on dit…

 

  1. Bernie, envers et contre tout… l’establishment démocrate.

 

Nos médias de cours l’avaient enterré suite à ses ennuis de santé. Bernie Sanders était fini, out ! Ceux qui, il y a quatre ans, avaient décidé que le meilleur adversaire d’Hillary Clinton était Donald Trump – entendez, le plus facile à battre – avaient donc décidé que face à lui, en 2020, il fallait un candidat « modéré », entendez une Clinton-bis. Et qui de mieux que Joe Biden ? Seulement voilà, les cercles qu’ils fréquentent préfèrent privilégier la méthode Coué au raisonnement politique et à l’information. Rien, jamais, ne leur sert de leçon. Aussi ont-ils été fort étonnés de voir Bernie Sanders arriver en tête du nombre de suffrages obtenus aux Caucus de l’Iowa et, dans la foulée, le même arriver en tête tant en nombre de voix que de délégués à la convention aux primaires du New-Hampshire. Voyant leur favori, Joe Biden, s’effondrer, heureusement, ces deux primaires ont mis en avant un illustre inconnu, disposant de tous les attributs pour leur plaire, Pete Buttigieg : Études secondaires dans une « boite privée » catholique, St-Joseph de South Bend, suivies de Harvard et Oxford, consultant en stratégie chez McKinsey & Co, jeune (38 ans) et… homosexuel affiché. Un rêve, un bonheur ! Et, bien sûr, avec un tel profil, on aura compris que c’est un « modéré », autrement dit quelqu’un dont le programme se résume à remplacer Donald Trump sans rien changer pour le reste. Bien évidemment, les milliardaires de la Silicon Valley sont aux anges. Voilà leur nouveau héros ! Tout aussi évidemment, on comprend qu’avec un tel profil, ceux qui ont lâché le Parti démocrate dans la Rust Belt n’ont aucune chance de revenir au bercail. En clair, qu’après Hillary Clinton, si d’aventure le Parti démocrate venait à se choisir un tel candidat, Donald Trump peut dormir tranquille…

 

 

L’alternative, c’est bien sûr Bernie Sanders. Il se dit « socialiste », ce qui résonne chez nous quasi comme une injure après François Hollande, sachant qu’aux USA, « socialiste » est quasi synonyme de « communiste » mais, en fait, Bernie Sanders est un simple « social-démocrate » comme les États-Unis en ont connus, autrement dit quelqu’un qui se propose de « partager » davantage dans le pays qui donne le « la » au capitalisme mondial et dans lequel les inégalités n’ont jamais été aussi criantes (les 1 % les plus riches possèdent 25 400 milliards de dollars, 63 % de la richesse totale du pays). Il propose ainsi de taxer les grandes fortunes via un impôt sur les successions supérieures à 3,5 millions de dollars, un doublement du salaire minimum (7,25 $/h aujourd’hui), une taxation des transactions financières afin d’assurer la gratuité des études des lycéens et étudiants, etc. Du Delano Roosevelt moderne, en quelque sorte… Sur le terrain de l’immigration, les « no-borders » seront déçus puisque s’il refuse la construction du mur avec le Mexique que Donald Trump se propose de construire, il entend surveiller la frontière mexicaine avec des moyens technologiques (caméras thermiques, caméras à haute résolution et capteurs de mouvement) tout en élargissant les conditions d’attribution des permis de séjour aux migrants et en régularisant les « sans papiers ». Par ailleurs, il propose d’annuler un certain nombre d’accords de libre-échange tel l’Alena ou le Partenariat transpacifique et trouve scandaleux le statut des relations commerciales accordées à la Chine en 2000. Bien évidemment, un tel programme ne peut que déplaire à l’establishment démocrate entièrement soumis à Wall Street et aux GAFAM. Il faut donc s’attendre à ce que, comme en 2016, celui-ci réagisse. Il dispose pour ce faire de moyens de poids, l’argent étant évidemment le premier d’entre eux. Ils peuvent donc abonder largement le budget du petit chouchou qui s’est révélé lors des primaires de l’Iowa mais ils disposent aussi d’une autre carte, celle du milliardaire Michael Bloomberg. Si d’aventure Buttigieg se révélait trop faible, nul doute que Bloomberg ferait l’affaire. De lui, rien à craindre. Parti tard en campagne, il a décidé de faire l’impasse sur toutes les primaires qui précédent le « Super Tuesday », le 3 mars, date à laquelle se tiennent des primaires conduisant à la désignation de la moitié des délégués de la convention démocrate qui désignera le candidat. Riche à en crever, comme on dit, il entend user de cette richesse personnelle pour « acheter l’élection », comme l’en accuse Bernie Sanders et Elizabeth Warren. Bernie Sanders n’est pas sans le sou, loin de là. Il n’est personnellement pas riche – on ne s’enrichit pas en étant simple sénateur – mais il dispose d’un réseau de soutiens qui collecte de petites sommes – 27 $ en moyenne – et dispose d’un « trésor de guerre » d’environ 100 millions de dollars. En d’autres termes, ce sont plus de trois millions de personnes qui ont versé ! Comme on le sait, en outre, en 2016, il a souffert de sa mauvaise image auprès des « minorités ». De ce point de vue, le soutien sans faille que lui apporte la charismatique députée Alexandria Ocasio-Cortez pourrait, au moins auprès des « latinos », lui donner un avantage nouveau. On a appris en outre, cette semaine, que le maire de New York, Bill de Blasio, celui-là même qui a succédé à Michael Bloomberg en 2013, le soutenait. Bref, Wall Strett, la Silicon Valley ont du mouron à se faire. Et, avec eux, tous les milliardaires… dont Donald Trump fait partie. Disons-le, s’il est une élection qui concerne le monde entier, c’est bien celle-là… Que les USA changent de pied, et la face du monde en sera changée !

 

@ suivre…

 



16/02/2020
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