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Trois de chute ! À qui le tour ?

Dimanche 4 décembre 2016

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Sujets traités :

  1. Fillon vainqueur, sans surprise…
  2. Dès qu’on gratte un peu…
  3. Hollande renonce ;
  4. Des leaks, encore des leaks
  5. Italie : Matteo Renzi sur la sellette ;
  6. Paris et la fermeture de la voie sur berges : la fronde prend de l’ampleur ;
  7. Enquête TIMSS – Le niveau en Mathématiques s’écroule ;
  8. Nécrologie.

 

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Hollande-Sarkozy-Juppé.jpg

 

1. Fillon vainqueur, sans surprise…

 La rubrique de la semaine passée avait été mise en ligne avant que ne soit connu le résultat de la primaire LR. Au demeurant, il fut sans surprise et conforme en tout point au report de voix des candidats éliminés de sorte que François Fillon fut déclaré vainqueur avec 2/3 des voix. Alain Juppé, défait, fit ses adieux émus… et l’on passa aux choses sérieuses, c’est-à-dire, en interne à LR, la mise à la main de Fillon du Parti et, pour le pays, à l’examen de ce que contenait le programme de François Fillon…

 

2. Dès qu’on gratte un peu…

Dès le résultat connu, donc, se fit jour un besoin pressant d’inventaire, déjà… Que contenait le programme de Fillon ? Et, rapidement, les media se focalisèrent sur le « programme de santé » du désormais « candidat de la droite et du centre », c’est-à-dire le détricotage complet de la Sécurité sociale dont les remboursements seraient circonscrits aux « maladies graves et de longue durée », le reste, tout le reste, étant relégué aux mutuelles et aux assurances privées. À la clé, bien sûr, une santé « à l’américaine », c’est-à-dire coûteuse en général et ne couvrant que ceux qui peuvent se le permettre, autrement dit laissant sur le carreau tous les pauvres du pays, des millions de personnes qui cesseront d’aller consulter au risque, d’ailleurs, de voir des maladies bénignes se transformer en coûteuses maladies graves…

Ce point du programme de François Fillon, élu comme on l’a vu par une armée de nantis vieillissants, sera évidemment au centre de la campagne électorale future. Difficile de remettre en cause le « pacte républicain » issu de 1945 qui est, sur ce point au moins, fortement ancré dans l’inconscient collectif. Peu nombreux, même à droite, sont ceux qui sont prêts à admettre le « tant pis pour eux » qui est à la base de ce programme. Les opposants à Fillon ne manqueront donc pas d’exploiter cette faille et, parmi ces opposants, une candidate n’hésitera pas : Marine Le Pen. Si d’aventure ces deux-là devaient se retrouver face à face au second tour, il n’est pas certain, là aussi, que le désormais  « favori des sondages » gagne…

C’est d’ailleurs ce que François Bayrou, dès mardi soir, déclare : « Les choix que je découvre dans le projet que présente François Fillon sont des choix qui me paraissent dangereux pour l’alternance et pour le pays. », en foi de quoi il déclare réfléchir à se présenter en 2017…

Et puis, comme souvent, dès que, comme François Fillon aujourd’hui, on passe au-dessus des radars, on attire l’attention et remontent à la surface des éléments que l’on aurait préféré voir cachés…

Ainsi, commence à se savoir que François Fillon, qui n’a de cesse de se vanter de « connaître le terrain », n’a en fait jamais rien fait d’autre que de la politique. Ce qui revient à dire que sa « connaissance du terrain » n’est, en réalité, que le résultat de ses visites guidées faites ici et là par le MEDEF et ses adhérents…

Et puis, commence à circuler la photo du château de François Fillon… et se pose alors une question simple : comment assure-t-il un tel train de vie ? Les élus ne sont certes pas totalement à la rue, mais quand même… Et Le Canard Enchaîné de cette semaine exhume une « société de conseil » dont l’unique bénéficiaire est François Fillon, société qui n’a aucun salarié et qui rapporte à François Fillon la modique somme de 18 000 €/mois ! Société de conseil qu’il a omis de mettre dans sa déclaration de patrimoine au motif que, lorsqu’il a été élu député de Paris, « elle n’avait pas encore de chiffre d’affaire ». En foi de quoi, et sentant sans doute que cela faisait quelque peu désordre, il vient de le faire dimanche dernier… En tout cas, ajoutée à sa modeste indemnité parlementaire avec ses avantages annexes, on commence à mieux comprendre… et on comprend surtout que François Fillon, l’homme intègre et droit, fait tout en austérité, est en fait subventionné par ceux qui veulent bien profiter de ses aimables conseils… et on se doute que ce sont les mêmes qui lui font faire les visites ici et là au cours de ses déplacements. Il se dit aussi, à l’occasion, que ces rémunérateurs « conseils » proviendraient, pour une part, de l’étranger. Et, du coup, mais c’est évidemment mesquin, on se demande si la radicalité du programme de Fillon n’aurait pas tout à voir avec ses accointances coupables… et si ses positions en matière de politique étrangère sont et seront tout à fait détachées de ces basses contingences… En tout état de cause, les « boules puantes » ne vont pas manquer et celle-là va faire mal car il va être très difficile d’expliquer aux français – et pas seulement aux vieux qui ont voté à la primaire – qu’il faut à tout prix travailler plus en gagnant moins, supprimer l’impôt sur la fortune quand soi-même, sans profession, on est tout à fait à l’abri dans d’aussi douteuses conditions… Nul ne sait qui va récupérer la mise mais, là encore, on sent bien que « la blonde » ne va pas hésiter à se présenter comme le rempart à ce néo-libéral tout au service des riches et des puissants… Dévastateur !

 

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3. Hollande renonce…

Et de trois… Après Sarkozy et Juppé, c’est au tour de François Hollande de disparaître. On savait qu’il devait annoncer sa décision en décembre et certains disaient même que ce serait le 1er du mois, jour d’ouverture des inscriptions à la primaire du PS. C’est ce qui fut fait par une déclaration solennelle à l’Élysée en ce mercredi soir, drapeau tricolore en toile de fond…

 

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Mine grave, le discours qui prit d’abord la forme d’un rappel des bienfaits du quinquennat, CICE et loi El Khomri compris, ne reconnut qu’une seule erreur, la déchéance de nationalité, pour se conclure, manifestement peiné, par l’annonce du renoncement.

Les commentateurs patentés n’ont eu de cesse de nous détailler par le menu le grand secret ayant entouré cette décision… ce dont tout le monde se fiche. Mais il faut bien justifier de son existence… Quant aux raisons qui l’ont motivée, que n’a-t-on entendu… Après nous avoir répété sur tous les tons qu’il allait y aller, les mêmes nous expliquent que, finalement, c’est là un acte « gaullien »… En fait, il eut pu y aller… avec la quasi certitude de perdre et, tout d’abord, de perdre à la primaire du PS, ce qui eut quand même fait tache dans la sortie et eut quelque peu manqué de dignité. La réalité, donc, n’est pas que François Hollande s’est, à cette occasion, rehaussé, c’est qu’au vu des récents sondages de « popularité », il ne lui était tout simplement plus possible de gagner la moindre bataille. Son renoncement à se présenter n’est donc, en fait, qu’un constat d’impuissance.

De sorte que se profile une « primaire de la gauche » qui se tiendra les 22 et 27 janvier avec, en vedettes, un Arnaud Montebourg tout en opposition à l’orientation qui a prévalu durant la fin du quinquennat et un Manuel Valls qui, tout en étant l’un des initiateurs de cette politique a poussé François Hollande vers la sortie que l’on sait. On peut donc s’attendre à ce que ce dernier démissionne conjointement au dépôt de son acte de candidature à la primaire du PS. On notera au passage que Manuel Valls que tout accuse dans le renoncement de François Hollande, craignant le procès en trahison, attend que la nouvelle soit digérée pour faire acte de candidature. Petite manœuvre  de com’ bien en accord avec la façon dont lui et ses amis ont toujours pensé que se faisait la politique. Petite manœuvre qui n’empêchera pas le procès en responsabilité de ce quinquennat désastreux. Il lui sera quand même difficile de dire « c’est pas moi, c’est l’autre » comme avait réussi, en son temps, à le faire Sarkozy avec Chirac…

Les conséquences à gauche ne sont pas minces. Ni Jean-Luc Mélenchon ni Emmanuel Macron n’ayant à l’évidence l’intention de participer à cette primaire, comment le « peuple de gauche » va-t-il réagir ? Va-t-il, comme en 2012, y participer massivement ou bien laisser tous ces candidats se départager dans un entre-soi dont Valls a toute chance de bénéficier, Arnaud Montebourg étant handicapé par la multiplicité des candidatures « contestataires » (Benoît Hamon, Marie-Noëlle Lienemann, Gérard Filoche, etc.)

Ironie d’une histoire pas encore tout à fait écrite, on arriverait donc à cette étrange situation où, Hollande et Sarkozy étant out, serait proposé aux Français de choisir entre leurs premiers ministres, Valls et Fillon, ce que Florian Philippot a fort justement et par anticipation qualifié de « doublures ». Ou comment faire du neuf avec du vieux… comment, une fois encore, proposer de choisir entre la peste et le choléra.

Et, à supposer que, par la grâce du système à deux tours de la primaire, ce soit Arnaud Montebourg qui en sorte vainqueur, comment va se résoudre cette équation au sein de l’électorat de gauche d’un Montebourg, ancien ministre des finances de François Hollande face à un Mélenchon qui agrège sur lui l’ensemble de tous ceux, et ils sont nombreux, qui se sont jurés de ne plus jamais voter PS ?

Un image, en passant, de la décennie Hollande-Sarkozy : c’est Paris MatchLe poids des mots, le choc des photos – en 2005 qui la résume…

 

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Hollande dans ses œuvres, une bonne blague probablement… À noter, sous le bras droit de Sarkozy, ce titre : « DONALD TRUMP. Rencontre avec le plus flamboyant des milliardaires new-yorkais ». Amusant dans le contexte, non ?

 

4. Des leaks, encore des leaks

Après Wikileaks, Luxleaks, Bahamasleaks, voici donc venu le temps des « Football leaks »… Une fois encore, c’est là le résultat du travail effectué par le réseau European Investigative Collaboration que relaie dans notre pays Mediapart. 2 To de documents confidentiels révélant les coulisses du foot business d’où il ressort, entre autres, que de très célèbres joueurs de foot, non contents de gagner des montagnes de fric en tapant dans un ballon font, de surcroît et alors que qu’ils jouissent déjà d’une fiscalité extra-ordinaire, tout pour ne pas ou peu payer d’impôts dans le pays qui les héberge. Ainsi est-ce le cas de Ronaldo vis-à-vis de l’Espagne, pays que l’on sait en grave crise, ayant un taux de chômage encore inconnu chez nous et qui fait de l’austérité tous azimuts pendant que sa jeunesse est obligée de s’expatrier. Bien évidemment, Ronaldo est bien incapable de faire de tels montages et l’affaire montre que derrière l’arbre Ronaldo se cache la forêt des agents tel le portugais Jorge Mendes qui en a aussi fait profiter l’entraîneur du Real, José Mourinho. On parle de 188 millions d’euros qui, via l’Irlande, la Suisse, les Îles vierges britanniques et le Panama échappent à l’impôt dont 31 pour le seul Ronaldo.

Par delà cette affaire de « footeux », de « foot business », on comprend à l’occasion que la « lutte contre les paradis fiscaux », dont on nous a expliqué à l’envi qu’ils n’existaient plus, a encore de beaux jours devant elle. Et on observe, une fois encore, qu’au sein même de l’Europe, perdurent des paradis fiscaux comme le Luxembourg, l’Irlande, les Îles britanniques, le Lichtenstein, Monaco, etc. Et, bien sûr, on aura garde de ne pas oublier la Suisse qui, sans faire partie de l’Europe communautaire, est encore et toujours de la partie. De sorte qu’il est difficile de croire et de faire croire au « bon peuple » que les hiérarques européens, tels Junker qui a organisé la fraude fiscale au Luxembourg ou Barroso émargeant chez Goldman-Sachs, se seraient reconvertis dans la lutte contre cette fraude. En ce domaine comme en d’autres, le coup du braconnier embauché comme garde-chasse est amusante mais peu convaincante…

 

Ronaldo.jpg

 

 

5. Italie : Matteo Renzi sur la sellette

C’est ce dimanche que les italiens votent au referendum que leur a proposé Matteo Renzi. Nous avions, il y a deux semaines de cela, attiré l’attention sur cette consultation dont tout laisse à penser qu’elle se transformera en un plébiscite à l’encontre de Matteo Renzi.

La presse, monopolisée par la primaire de la droite, en avait peu ou pas parlé et ce n’est qu’à quelques jours de la consultation qu’elle a consenti à s’y intéresser. Ainsi, le « journal de révérence », Le Monde, nous a-t-il livré, dans son édition du 2 décembre, une tribune libre de Paolo Flores d’Arcais, ci-devant philosophe et dirigeant de la revue « MicroMega » classée à gauche. Vous trouverez ici cette tribune dans laquelle le philosophe explique toutes les bonnes raisons qu’il y a à désapprouver la réforme proposée par Renzi.

Bien évidemment, il est tout à fait vraisemblable de penser que ces bonnes raisons ne seront pas forcément celles qui auront motivé le choix des italiens ce dimanche et que Matteo Renzi va payer le prix de sa politique libérale dont le « Jobs act » est la mesure emblématique. C’est Matteo Renzi lui-même qui, à ses risques et périls, plutôt que de faire porter le débat sur le contenu de la réforme, a choisi de transformer cette consultation en plébiscite. En tout état de cause, et avant que le résultat n’en soit connu, les media mainstream entament déjà le concert habituel des pleureuses, criant au loup « populiste », présentant le M5S, le mouvement de Pepe Grillo, comme le parangon de la droite extrême et l’antichambre de l’enfer. Il est à craindre que, comme pour le Brexit, plus ils le joueront sur ce mode, plus l’électeur rétif le comprendra comme un chantage et aura envie de n’y pas céder.

Avant que ne s’applique la règle de non publication de sondages deux semaines avant le scrutin, règle enviable chez nous, les sondages donnaient 8 points d’avance au NON. Nous saurons ce soir ou demain matin si cette « photographie » se confirme ou si, au contraire, Matteo Renzi aura su renverser la vapeur durant la quinzaine écoulée.

Pour autant, et quel que soit le résultat final, la réalité, c’est qu’en Italie comme ailleurs, quand on fait de la politique, il faut en faire vraiment et pas seulement quand arrive une échéance électorale et sur le mode du chantage. On ne peut impunément conduire une politique antisociale sans attendre, en retour, des réactions hostiles. Si, en outre, cette politique est menée par un gouvernement qui se prétend « de gauche », comment s’étonner ensuite que cette réaction profite au camp adverse, dans sa version la plus détestable le plus souvent. Un constat, on le comprendra, qui ne concerne évidemment pas que le florentin Matteo Renzi…

 

6. Paris et la fermeture de la voie sur berges rive droite : la fronde prend de l’ampleur

Tout à sa volonté de complaire aux bobos parisiens intra-muros, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a décidé de « piétonniser »  la voie Georges Pompidou, autrement dit de la fermer à la circulation automobile et alors que cet axe est le dernier permettant aux automobilistes de traverser la capitale en un temps raisonnable. Le conseil municipal du 26 septembre a entériné la mesure au mépris de différents rapports affichant des craintes quant aux conséquences d’une telle mesure, tant en termes de temps de transport que de pollution.

De premières enquêtes menées par le comité d’évaluation mis en place par le Région, présidée par Valérie Pécresse, firent, dans un premier temps, état d’une hausse du temps de parcours de trois minutes et demie le matin et neuf minutes le soir, toute chose supposées acceptables. Depuis, ce même comité indique que le temps de transport a doublé en ce qu’il fallait désormais compter, pour parcourir les 2,6 km, 16 minutes le matin au lieu de 7 en 2015. Mais le plus important est évidemment ailleurs : ce sont tous ceux qui se sont résolus à user d’autres trajets qui, de ce fait, se trouvent singulièrement encombrés. Bien évidemment, sur le terrain de la pollution, tous ces embouteillages ne sont pas inoffensifs et, en tout état de cause, font monter le niveau global de pollution émise. L’autre aspect, c’est le message politique envoyé à la banlieue : Paris ne veut pas de vous ! En gros, les gueux, restez loin de nous, restez chez vous ! Et, bien sûr, le message implicite est doublé d’une accusation d’incivisme en ce que tous ces gens seraient coupables de ne pas user des transports en commun. Là aussi, les banlieusards en question savent à quoi s’en tenir : le réseau est à bout de souffle. Aux heures de pointe, tant matin que soir, il faut être armé d’une bonne dose de patience pour supporter tout à la fois des rames bondées et des retards récurrents. En clair, non contents de devoir habiter loin de leur lieu de travail, rien n’est fait pour leur faciliter la vie pour la gagner. La gentrification qui s’est opérée au cours des dernières décennies a des effets délétères quant au lien social. Et la relégation à la périphérie de la ville lumière tant des populations d’origine immigrée que des classes moyennes appauvries a des traduction électorales qui, toutes, posent la « gauche de droite » comme représentante des gagnants des centres-villes contre les perdants de la périphérie. La droite menée par Valérie Pécresse l’a bien compris et à sa suite, ce sont 168 maires d’Île-de-France qui viennent de signer une lettre ouverte (voir ici) à destination d’Anne Hidalgo dans laquelle ils expliquent et dénoncent les effets de la fermeture de cet axe stratégique sur la vie de leurs administrés et s’associent au recours en annulation que Valérie Pécresse a déposé contre la fermeture de la voie sur berges. Nul doute que l’actualité reviendra sur cette affaire dans les mois qui viennent.

 

Voie sur berges.jpg

 

7. Enquête TIMSS – Le niveau en Mathématiques s’écroule.

Il y a deux semaines de cela (voir § 5. Le niveau monte ici publié le lundi 21 novembre 2016), nous faisions état du niveau inquiétant de nos élèves en orthographe et nous interrogions alors sur la réalité de ce niveau censé monter selon les dires de deux sociologues célèbres. Les enquêtes PISA, non exemptes de critiques, on l’a dit, se suivent et témoignent, à leur façon, de ce phénomène. A été publiée ce 29 novembre une enquête réalisée tous les quatre ans depuis 1995 par l’IEA (International Association for Educational Achievement) nommée TIMSS (Trends in International Mathematics and Science Study) dont l’objet est d’évaluer les connaissances des élèves en Mathématiques et en Sciences. Cette année, l’étude porte en particulier sur les Mathématiques en CM1 et Terminale S et 57 pays et 5 « unités territoriales » y ont participé. C’est la première fois en vingt ans que la France, pour sa part, a participé à l’évaluation des élèves de CM1.

Qu’en retenir ? Que ce soit en CM1 ou en Terminale S, les élèves français « sont dans les choux » ! La France a, certes, une école mathématique de renommée mondiale mais, manifestement, cela a peu à voir avec ce qui se fait à l’école primaire ou au lycée. Comme le souligne un article du Point, « Près de 45 % des élèves français sont dans le groupe le plus faible des pays européens, alors que seuls 11 % font partie de celui des meilleurs. L'école française est donc certes inégalitaire, mais ne se distingue pas pour autant par le niveau de son élite. » Avec une moyenne de référence de 500 points, en Mathématiques, nos élèves obtiennent un maigre 488 points (à égalité avec le Qatar et la Turquie) quand le pays arrivé en tête, Singapour, obtient 618 points et que les pays « occidentaux » obtiennent 525 points. En sciences, résultat du même calibre : la France obtient 487 points quand Singapour, toujours en tête, en obtient 590.

Le ministère de l’Éducation nationale minimise l’affaire, s’abstient de donner quelque détail que ce soit (voir ici) et nous livre une page « agit prop » de la plus belle eau sur le mode « on est malades mais en voie de guérison grâce à la merveilleuse politique menée par la ministre Najat Valaud-Belkacem »…

Des scientifiques invités sur l’antenne de France inter ce mercredi matin ne se sont pas privés de souligner que ces résultats n’avaient à leurs yeux rien de bien étonnant, les élèves actuels étant davantage formés à une culture scientifique de type journalistique qu’à faire réellement des sciences et, encore plus, des Mathématiques. Et, effectivement, de nos jours, en Terminale S, que ce soit en SVT ou en Sciences physiques, on survole, on touche à tout mais on ne construit rien de sérieux et on évite soigneusement toute difficulté. Même constat en Mathématiques : ayant voulu « démocratiser » les séries scientifiques, on a détruit la Terminale C jugée trop élitiste au profit d’une Terminale S dont le niveau en Mathématiques, y compris pour les élèves qui prennent l’option au Bac, font qu’on est vraisemblablement bien en-dessous du niveau des élèves de Terminale D d’antan. Un élève sur deux étant orienté en S à l’issue de la classe de seconde, que l’on a conçue comme indifférenciée, il fallait bien en rabattre. Chaque nouvelle réforme des programmes en a été l’occasion et tout ceci s’est conjugué avec des pertes horaires élèves qui n’ont évidemment pas aidé, pertes horaires destinées à dégager du temps « interdisciplinaire », à savoir les TPE qui, pour la majorité des élèves, consistent à faire du copier-coller qu’un jury local, forcément généreux, validera d’une note au moins supérieure à 14 ; note qui comptera via les points attribués au-dessus de 10 dans le total du Baccalauréat (comme les options). Bien évidemment, conjointement, tout est fait pour que les résultats au Baccalauréat, premier grade universitaire, soient sans cesse à la hausse. Que le résultat de 81,3 % de réussite enregistré dans le fou rire général en 1968 (vs 62 % en 1967 et 67,6 % en 1969) soit aujourd’hui totalement écrasé – 91,4 % ! – n’est jamais questionné puisque le but est précisément de démontrer que tous ces renoncements n’en sont pas et que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes… Chaque inspecteur se charge, le cas échéant, de rappeler les récalcitrants à l’ordre et chaque correcteur est appelé à la plus grande bienveillance. Ceux qui résistent au traitement ont alors des raisons de craindre pour leur avancement et, de toute façon, ne seront plus convoqués à l’avenir. Au demeurant, reconnaissons-le, la résistance sur le terrain est faible, d’autant plus faible qu’enseignent maintenant ceux qui n’ont connu que cela… Ici, comme ailleurs, on juge avec ce qu’on a… Tout ça fait fortement penser au Gosplan de la défunte Union soviétique quand, à chaque niveau de la hiérarchie, on dépassait systématiquement les objectifs du Plan, ne pas le faire étant alors considéré comme un échec et, donc, une trahison passible du Goulag… et ainsi arriver… à la famine !

À l’école primaire, et alors qu’a été élevé le niveau de recrutement des professeurs des écoles au niveau master, là aussi, les résultats interrogent et de mauvaises langues expliquent la faiblesse des résultats en Mathématiques enregistrés par l’enquête  TIMSS par le recrutement des professeurs des écoles issus, dans leur grande majorité, des filières littéraires de l’enseignement secondaire. Quand on sait que ces élèves « littéraires » ont abandonné tout contact avec les Mathématiques en fin de 2nde, discipline dans laquelle ils étaient déjà, pour la plupart, en très grande difficulté et pour laquelle ils avaient, en fait, abandonné tout effort bien avant, on peut légitimement penser que l’explication n’est pas totalement farfelue et a même quelque vraisemblance. Comment expliquer des fractions auxquelles on n’a jamais rien compris ou une proportionnalité que l’on ne maîtrise pas, faire résoudre des problèmes et expliquer la solution que l’on a soi-même pas trouvée ? Bien sûr, là aussi, on se gardera de tirer les leçons de l’abandon de la filière L option Mathématiques qui faisait que des élèves littéraires avaient 5 h de Mathématiques par semaine en 1ère et en Terminale sur la base de programmes quasi identiques à leurs camarades de la filière ES (Sciences économiques). Afin de faire quelques économies, difficultés de recrutement dans cette discipline aidant, on a préféré supprimer cette filière au profit d’une option sans contenu que peu d’élèves ont pris au demeurant. On en paie aujourd’hui le prix mais, ici comme ailleurs, jamais on ne remettra en cause ces nocives réformes qui s’empilent, se stratifient, chaque nouvelle réforme ne faisant, en fait, que valider la précédente pour en accentuer les travers.

La « gauche » au pouvoir est dans la contemplation de son action telle la dernière réforme du collège faite envers et contre l’avis de la quasi totalité du corps enseignant et qui va aggraver les dérives enregistrées ci-dessus. La droite, pour sa part, préfère porter le fer sur les programmes d’Histoire et le « récit national » et n’envisage, pour tout remède, que de confier davantage d’autonomie aux chefs d’établissement, c’est-à-dire à ceux qui, précisément, soit n’ont jamais vu de classe autrement qu’en y étant élève, soit ont tout fait pour n’en plus voir, sans doute parce qu’il y réussissaient trop bien… Bref, à une armée d’incompétents notoires qui, de surcroît, se sont mis en tête de se transformer en « manager », pensant ainsi sans doute se mettre en valeur…

Pendant ce temps, à Singapour, à Shanghai, dans toute l’Asie du Sud-Est, on avance, on forme des bataillons de scientifiques et d’ingénieurs de pointe, on recrute des professeurs en les payant correctement, etc. La Trahison des Clercs, titre d’un essai de Julien Benda qui visait, en 1927, tous ces intellectuels, tant de droite que de gauche, qui préféraient servir une idéologie au détriment des valeurs cléricales que sont supposées être le beau et le juste. La Trahison des Clercs vaut aujourd’hui largement pour tous ces normaliens devenus inspecteurs généraux qui n’ont de cesse de fouler aux pieds ce qui leur a si bien réussi et promeuvent pour satisfaire le Gosplan gouvernemental le bidonnage généralisé qui sanctionne des programmes aussi ineptes qu’inconsistants. Les victimes se comptent par millions et, bien sûr, ce ne sont pas dans les milieux favorisés que le mal fait le plus de dégâts comme en témoigne, sans qu’on en fasse guère de publicité, la baisse de la part d’enfants d’ouvriers et d’employés reçus dans les Grandes Écoles. Ainsi, en 1995, l’étude menée par Claude Thélot et Michel Euriat montrait-elle déjà que, si l’on se concentre sur le recrutement du « top 4 » (École Polytechnique, ENS, HEC et ENA), la part des enfants d’origine « populaire » était passée de 29 % en 1950 à 9 % en 1990. Des études plus récentes montrent que ce constat ne s’est pas amélioré, loin de là (voir ici). Faute de se donner les moyens d’inverser cela, les seules mesures envisagées furent anecdotiques tel le recrutement parallèle, sans concours donc, d’enfants issus des « quartiers défavorisés » que mit en place le directeur de l’IEP de Paris, ami de Sarkozy et DSK, ami intime de Guillaume Pépy, Conseiller d’État, Richard Descoings qui, pour la seule année 2010, s’était fait attribuer la modique somme de 637 000 euros ! Manifestement, et s’agissant de ce personnage, le mot trahison n’est pas galvaudé. Quand on sait qu’il fut le héro de la bien-pensance socialiste que propagent à l’envi Le Monde et Libération, cela relative leurs critiques du système éducatif et leur enthousiasme quant aux réformes récentes conduites par les ministres de l’Éducation, telle Najat Valaud-Belkacem pour la plus récente d’entre elles.

 

Richard Descoings.jpg

 

Ne reste plus dès lors, et pour enfoncer un peu plus le clou, qu’à attendre les résultats de PISA qui nous seront livrés sous peu. Nous en reparlerons à l’occasion…

 

8. Nécrologie

* Ousmane Sow est mort…

Une fois n’est pas coutume, sortons de la politique pour saluer celui qui fut « le » sculpteur africain, le sculpteur des grands hommes, le sénégalais Ousmane Saw décédé en ce 1er décembre 2016 à l’âge de 81 ans.

Chacun pourra trouver ici davantage d’informations sur sa vie et son œuvre. Nous nous contenterons ici de l’illustrer…

 

Ousmane Sow 1.jpg

 

Ousmane Sow 2.jpg

Ousmane Sow 3.jpg

 

* Et Gotlib aussi…

Celui qui a fait se bidonner des générations d’adolescents, Marcel Gottlieb, dit Gotlib, est mort en ce dimanche.

Une seule façon raisonnable de lui dire merci, celle-ci :

 

Rubriqueabrac.jpg

@ suivre…



04/12/2016
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