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Il faut bien commencer un jour

Dimanche 28 août 2016

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Il faut bien commencer un jour… Certains s’étonnaient que la rubrique « Politique » ne fût vide…

En ce 28 août 2016, la rentrée est déjà faite pour certains, se prépare pour d’autres même si, pour votre serviteur, on peut parler de sortie…

 

En tout état de cause, sur le terrain politique, la rentrée est faite. Les « universités d’été » – dont on se demande bien ce qu’elles ont à voir avec l’université – se suivent à la notable exception de celle du P.S. qui a cru bon – et comment l’en blâmer – d’annuler la sienne sentant trop bien en quoi elle aurait pu être un point de ralliement de la contestation de la « loi travail ». Petit panorama de notre vie politique hexagonale en cette fin d’été 2016…

 

À droite, Sarkozy vient de se déclarer et fait feu de tout bois pour exister et concurrencer l’extrême-droite.

 

Poubelles du FN.jpg

 

 

L’affaire du « burkini » – cette aimable tenue directement importée des salons de la dernière mode islamiste – lui a fourni l’occasion de faire de la surenchère.

 

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On notera, au passage, que « la blonde » – Marine Le Pen – n’a quasiment rien dit de cette affaire. Elle sait qu’elle n’en a nul besoin. Ceux qui la suivent n’ont aucun doute quant à ses convictions sur le sujet… Et, donc, Sarkozy en est à mettre à son programme l’interdiction de tout signe religieux dans l’espace public. Adieu, donc, les crucifix, les cornettes, les soutanes, les kippas et j’en passe… non seulement sur les plages mais, si on le suit, dans la rue, les bibliothèques, le métro, etc. Le Conseil d’État vient de dire tout le mal qu’il pensait de l’arrêté du maire de Villeneuve Loubet et gageons qu’il ne manquera pas de faire le même sort à tous ceux qui lui ressemblent (Nice, Cannes, etc.). Cet arrêt du C.E. est dans la droite ligne de la jurisprudence et chacun comprend qu’il s’agit, pour les maires des villes concernées, de Sarkozy et ses amis, de faire une pure opération démagogique en vue de 2017, sans risque d’ailleurs de voir jamais aboutir une telle interdiction. La France est en effet signataire de conventions internationales qui, à commencer par la Déclaration des Droits de l’Homme, obère tout espoir de voir le pays arriver à de telles extrémités. À noter toutefois qu’un  sondage de l’IFOP fait état de deux français sur trois favorables à l’interdiction du burkini. Signe, s’il en était besoin, que la visibilité excessive de certains signes religieux identifiés comme « islamistes » fait plus que chatouiller la laïcité partagée depuis plus d’un siècle et, ce, au lendemain d’attentats qui ont durement marqué le pays (Nice, Rouen).

En tout état de cause, partis en vacances avec la question sociale et la contestation de la « loi travail », on se retrouve au sortir avec deux attentats islamistes et une surenchère délirante de mesures sécuritaires dont l’affaire du burkini n’est que la pointe émergée. La question va donc être de voir si, passées les rudes chaleurs de l’été, le pays va revenir à un débat portant sur les questions sociales ou si, Sarkozy et d’autres avec lui, Marine Le Pen bien sûr, vont réussir à ce que le débat de la présidentielle de 2017 tourne autour des affaires d’identités, heureuses ou malheureuses, de « racines chrétiennes », etc.

Tout le monde, à droite, ne semble pas d’avis de suivre Sarkozy dans sa tentative de surenchère, à commencer par son principal rival à la primaire de la droite, Alain Juppé. Soucieux sans doute de peaufiner son image de modéré, le « meilleur d’entre nous », comme disait Jacques Chirac, sait qu’il n’a nul intérêt à faire la « course à l’échalote » avec l’excité à talonnettes. Il sait aussi que la primaire de la droite dépendra en grande partie de l’honnêteté qui présidera à son organisation. Et, sur ce plan, n’étant pas exactement « le dernier poulet de l’année », il sait qu’il a tout à redouter d’un scrutin qui serait réduit au « noyau dur », aux plus excités de l’UMP, pardon, LR. Les sondages, encore eux, le donnent le plus souvent loin devant Sarkozy mais quelle valeur leur accorder quand l’inconnue principale de la primaire est l’étendue du corps électoral qui consentira à se déplacer le moment venu. Ce jour, paraît d’ailleurs un  sondage du Figaro qui les place « à égalité ». Mais quelle confiance faire aux sondages du Figaro ?.. En tout état de cause, la bataille est lancée. Elle sera vraisemblablement sanglante, comme le fut en son temps celle qui opposa Balladur à Chirac. On peut certes ne pas s’y intéresser, au motif que seul le sort de la gauche nous intéresse mais la vérité oblige à dire que, sauf à ce que le cours des choses bifurque, celui qui sortira vainqueur de cette primaire de droite a de fortes chances de se retrouver à l’Élysée en mai 2017. Surtout si c’est Juppé car il bénéficiera des voix du centre là où Sarkozy fait, lui, le pari de chasser très à droite, rappelant en cela la ligne Buisson et au risque de susciter la candidature d’un Bayrou qui est en embuscade. Mais, sur ce terrain « buissonnier », on sait que c’est du réchauffé et il ne va pas de soi que le pillage de voix de Le Pen qui lui avait donné, en son temps, la victoire puisse fonctionner cette fois-ci. Ceux et celles qui au cours des derniers scrutins ont porté leurs suffrages sur l’extrême-droite ne semblent plus attirés par les rodomontades de Sarkozy. Ils ont déjà donné…

À gauche – même si le terme et surtout le champ politique qu’il recouvre est aujourd’hui problématique – c’est un champ de ruines. Hollande et Valls ont tout fait pour rendre irréconciliables « les deux gauches ». L’affaire de la déchéance de nationalité suivie immédiatement par la « loi travail » de Myriam El Khomri (dont on sait aujourd’hui que Valls était le véritable pilote) et l’usage du 49.3 qui en a suivi ont rendu plus que difficile toute tentative de réconciliation, fût-ce électorale.

 

49-3.jpg

 

La « primaire de gauche », c’est-à-dire celle organisée par le P.S., voit se multiplier les candidatures dissidentes (Gérard Filoche, Marie-Noëlle Lienemann voire Arnaud Montebourg…) pendant que le parti se vide de ses adhérents et après qu’il a perdu tous les scrutins depuis 2012. Le « socialisme municipal » est en état de mort clinique, ce qui signifie que nombre d’adhérents du P.S. ont dû « retourner au turbin ». Les conseillers dans les ministères se recasent à qui mieux mieux, signe le plus sûr que l’armature de ce qui reste de ce parti ne se fait aucune illusion quant au résultat de l’élection de 2017. Reste alors le débat « à la gauche de la gauche ». JLM (Jean-Luc Mélenchon) fait la course en tête. Ayant compris que cette affaire de « primaire de gauche » était un piège à c…, il a, dès le mois de février, décidé de « forcer la main » de ses « amis » en « proposant sa candidature », arguant du fait que participer à la « primaire de la gauche » signifiait s’effacer devant son vainqueur, Hollande, par exemple, et signant ainsi, à l’occasion, la mort du « Front de gauche ». Le P.C.F. et son secrétaire national, Pierre Laurent, a beau ne pas apprécier la démarche, il peine à faire accepter l’idée que la « gauche » pourrait tergiverser jusqu’en novembre ou décembre pour se trouver un candidat. Nul ne pense sérieusement qu’une candidature d’un Pierre Laurent, Clémentine Autain voire d’un André Chassaigne – pour sympathiques qu’ils fussent – puisse faire autre chose qu’un faible score à un chiffre. Certains communistes, derrière Marie-George Buffet, en ont d’ores et déjà pris acte et ça tangue au parti, comme on dit. Et, pendant que tout ce petit monde tergiverse, JLM fait campagne. Aujourd’hui en « pique-nique » de « La France insoumise » à Toulouse, nul doute que sa candidature s’imposera à « gauche de la gauche », ne serait-ce que par nécessité de voir toute cette contestation et ce mécontentement se cristalliser lors du scrutin de 2017. Alors, bien sûr, le chantage au 21 avril ne manquera pas de s’exercer et les hiérarques du P.S., aidés en cela par toute la presse dite de gauche – Libération, Le Monde, L’Obs, etc. – ne manqueront pas d’en user et d’en abuser. Mais c’est une arme à double tranchant car si, d’aventure, les intentions de vote pour JLM parvenaient à dépasser celle du candidat du P.S., ce sont alors eux qui seraient en porte-à-faux et sommés de s’expliquer et d’être « unitaires ». Ce sont eux qui pourraient alors être accusés de faire perdre la gauche. On en est certes pas là, mais dans le « billard à trois bandes » que constitue cette élection cardinale qu’est l’élection présidentielle dans ce qu’est devenu la Ve République, l’avenir n’est pas forcément écrit. La colère qui monte dans ce pays se cherche un chemin. Une partie d’entre elle va vers « la blonde », une autre se cherche… L’ensemble rejette la « classe politique » et toute sa consanguinité. Le sentiment de ne pas être représenté se conjugue avec le déclassement que subit une part importante du pays, l’ensemble des laissés pour compte de la mondialisation. L’Europe, dont LR et le PS n’ont eu de cesse de chanter les louanges, est discréditée. La difficulté pour JLM n’est donc pas tant de déplaire au médiacrates europhiles et libéraux (pléonasme) que d’arriver à se faire entendre de ceux à qui son discours prétend s’adresser, les « gueux », les « sans dents ». Cette bataille-là est très loin d’être gagnée. Les obstacles, les coups bas, la désinformation vont se multiplier. Réussiront-ils comme en 2012 ? Une chose est sûre, le coup du meeting du Bourget – « Mon ennemi, c’est la finance » – n’y suffira pas. Mais, si le pari de JLM de se retrouver en tête de la gauche au soir du 1er tour n’est pas perdu, loin de là, cela ne garantit nullement que le candidat arrivé en tête de la gauche soit au second. En l’état actuel des forces, et a fortiori si le candidat de la droite est Alain Juppé,  on peut se retrouver in fine à devoir choisir entre « la blonde » et le candidat de la droite classique. Autrement dit, quinze ans plus tard, avec un nouveau 21 avril ! Il faut donc, non seulement que JLM soit en tête de la gauche mais « sur le podium » à deux places. Ce qui suppose un effondrement du P.S., bien sûr et qui s’en plaindra, mais aussi et surtout de parvenir à capter une part non négligeable des voix « populaires » qui, pour certaines et dans le souci de « renverser la table » se portent actuellement vers l’extrême-droite. L’exercice, on le comprend, est bien difficile et périlleux sachant qu’il est évidemment hors de question d’en rabattre sur les sujets identitaires qui font le miel de Marine… Il lui faudra donc « sortir du lit » naturel de la gauche qui parle pour l’essentiel aux « bac+5 » et, de ce point de vue, la fin du « pique-nique » de Toulouse est probablement un signe… La Marseillaise suivie de l’Internationale ont en effet conclu un discours qui convoquait tour à tour Sénèque et Marc Aurèle.

 

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Un bien beau discours, d’ailleurs, comme souvent avec JLM, parlant au cœur et à l’esprit, à la façon d’un Jaurès en son temps, un Jaurès qui, tout agrégé de philosophie qu’il fut, était capable, faut-il le rappeler, tout à la fois de philosopher savamment et de parler et de se faire élire des mineurs de Carmaux. C’est d’un tel exemple qu’il faut s’inspirer. Les conditions historiques ne sont certes pas les mêmes mais les souffrance du peuple aujourd’hui n’ont pas à « rougir » de celles d’antan. Il n’y a plus de mineurs, la « classe ouvrière », avec la désindustrialisation du pays, a fondu comme neige au soleil mais 60 % des citoyens de ce pays sont ouvriers ou employés, c’est-à-dire connaissent les fins de mois difficiles, la précarité, l’absence de perspective pour eux et leurs enfants. C’est à ceux-là en priorité que JLM doit s’adresser et, disons-le, si l’on perd quelques voix parmi les bobos, on s’en remettra… Aux échecs, cela revient à sacrifier un pion, pas davantage.

@ suivre…



28/08/2016
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