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Hillary ou Donald ?

Dimanche 6 novembre 2016

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Sujets traités :

  1. J-2 pour les élections américaines : va-t-on vers une surprise ?
  2. Blocage du rachat d’entreprises allemandes par les chinois ;
  3. Dominique de Villepin et la politique étrangère de la France ;
  4. Big Brother se met en place ;
  5. Le PCF se refuse à soutenir Jean-Luc Mélenchon ;
  6. Primaires de la droite (suite) ;
  7. « Nuit debout » des policiers, ça continue…

 

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1. J-2 pour les élections américaines : va-t-on vers une surprise ?

Le compte-à-rebours arrive à sa fin et on saura dans la nuit de mardi à mercredi à quoi s’en tenir sur la personne qui occupera le bureau ovale pour les quatre prochaines années. On le sait, même si les media s’en font peu l’écho, l’enjeu est bien plus large que cela puisque cette élection conduira au renouvellement de l’ensemble des 435 députés de la chambre des représentants pour deux ans et un peu plus du tiers des 100 sénateurs (34) pour six ans. Sans parler de dix gouverneurs élus pour quatre ans et de très nombreuses élections locales (maires, juges, shérifs, etc.)

La démocratie américaine étant ce qu’elle est, on sait que le pouvoir de la présidence est très limité dès lors qu’il ne dispose pas d’une majorité au congrès. La mandature Obama est de ce point de vue édifiante puisque « le premier président noir », comme aiment à le désigner les media, n’a disposé, en fait, d’une majorité que durant ses deux premières années et que suite aux élections intermédiaires de 2010, il a dû composer avec un congrès hostile à majorité républicaine peu disposée au compromis. À ceux et celles qui veulent voir ceci « en acte », il est vivement conseillé de revoir l’excellente série télévisée « The West Wing » diffusée chez nous sous le nom de « À la Maison Blanche ».

Et, donc, à deux jours du scrutin, il est frappant de constater que tous les sondages se font l’écho d’une remontée de Donald Trump, certains le plaçant même en tête. Attention toutefois à ne pas confondre notre mode d’élection à la présidentielle au suffrage direct avec celui qui a cours là-bas puisque, tel ce qui se pratique chez nous aux municipales parisiennes, les électeurs américains ne votent nullement directement pour un candidat mais, au sein de chaque État, pour des « grands électeurs » qui auront, eux, la charge d’élire le Président des USA avec la règle du « winner take all » qui prévaut dans 48 des 50 États ; ce qui rend la prévision difficile puisqu’un candidat majoritaire en voix peut parfaitement être minoritaire dans le collège des grands électeurs. Ainsi, donc, et s’agissant des 538 grands électeurs, la Californie avec ses 39 millions d’habitants en dispose de 55 (soit 1,41 / million d’habitants) tandis que le Wyoming, par exemple, avec ses 600 000 habitants, en a 3 (soit 5,12 par million d’habitants). D’où l’importance accordée aux « swing states », c’est-à-dire ces États qui, au fil du temps, sont susceptibles de voter démocrate ou républicain selon les circonstances. Pour mémoire, on parle ici du Colorado (9 grands électeurs), Floride (29), Iowa (6), Michigan (16), Nevada (6), New Hampshire (4), Ohio (18), Pennsylvanie (20), Wisconsin (10), Virginie (13) et Caroline du Nord (15).

 

Carte anamorphique USA.jpg

Carte "anamorphique" du nombre de délégués :

la taille de chaque État est proportionnelle au nombre de grands électeurs de celui-ci.

 

En tout état de cause, la remontée de Trump dans les sondages en inquiète plus d’un, surtout de ce côté de l’Atlantique où l’ensemble des media et de la classe politique se déclare favorable à Hillary. Leur crainte est de voir se répéter aux USA le même phénomène qu’a vécu la Grande-Bretagne avec le Brexit. De ce point de vue, la sociologie du vote Trump n’est pas sans rappeler celui du Brexit, la « mondialisation heureuse » ayant l’immense avantage de n’être heureuse que pour le 1% supérieur tandis que le salaire moyen du reste de la population stagne voire régresse, que les emplois disparaissent et que les basses classes de la société se voient concurrencées par un nombre croissant d’immigrés peu revendicatifs. La volte-face opérée par le directeur du FBI sur l’affaire des méls non sécurisés d’Hillary Clinton est-elle le signe d’un changement de pied d’une partie des classes dirigeantes ou un simple couac individuel, voilà une question qui en taraude plus d’un… l’homme n’étant pas réputé faire partie des républicains extrémistes façon Tea Party puisqu’il a été nommé à ce poste par Barak Obama avec l’aval des élus républicains. Autant dire que les derniers jours de campagne vont être intenses ; que les meetings vont se multiplier, en priorité dans les « swing states » qui font l’élection. On sait qu’Hillary Clinton puise sa force dans le vote des « minorités », noire en particulier, et chez les femmes tandis que Trump fait un tabac auprès des « cols bleus », hommes blancs de préférence. La grande inconnue est, comme chaque fois, la participation au scrutin selon un gradient qui veut que plus on est aisé, plus on vote. Autre inconnue, et de taille, comment vont se comporter les électeurs de Bernie Sanders ? Même si celui-ci a apporté son soutien à Hillary Clinton sans barguigner, on sait que le vote Clinton ne fait pas florès parmi ses soutiens. Ainsi a-t-on pu entendre Susan Sarandon annoncer qu’elle ne voterait pas par solidarité féminine pour Hillary Clinton, même pour empêcher l’élection de Donal Trump au motif qu’Hillary « a le soutien des néoconservateurs, de la presse et des réseaux », sa préférence allant pour Jill Stein, la candidate du parti écologiste qui, de son côté affirme qu’il leur est donné à choisir « entre un protofasciste et une reine de la corruption ». Cette position, on le sait, n’est pas seulement personnelle mais reflète bien les affres de la gauche américaine sommée de devoir choisir entre la peste Hillary et le choléra Trump. Un débat qui n’est pas sans rappeler ce que nous avons vécu en France et que nous risquons de revivre sous peu en 2017… Verdict, donc, a priori et sauf épisode recomptage façon Floride en 2000, mercredi à l’aube…

 

2. Blocage du rachat d’entreprises allemandes par les Chinois

La nouvelle n’a pas fait les gros titres ou si peu : le gouvernement allemand vient de décider de bloquer le rachat par les chinois d’Aixton, un fabricant d’équipements pour l’industrie électronique. Cette tentative de rachat intervient après 37 autres et, outre-Rhin, il semble que l’on s’en agace… Bizarrement, le chœur habituel des libéraux de tout poil s’est fait discret. Quand c’est un homme politique français qui le propose, les quolibets volent, quand c’est Angela Merkel, silence radio… La voix de son maître, en quelque sorte. Et tant pis pour les règles merveilleuses du marché libre et non faussé et autres billevesées à l’usage des idiots utiles. Alors, bien sûr, les allemands ont pris le soin d’expliquer qu’il s’agissait de problèmes de sécurité de l’opération. La très probable vérité est que les germains  commencent sérieusement à s’interroger sur la pérennité de leur appareil productif, les chinois se faisant fort de racheter les entreprises pour mieux s’approprier les brevets avant de rapatrier la production chez eux. Or, contrairement à la France qui n’a plus grand chose à vendre, les allemands ne doivent une partie de leur excellente santé économique qu’au fait qu’ils sont les plus importants fabricants de machines outils, ces machines à partir desquelles peut se construire la production elle-même. Laisser partir à l’encan ce secteur, c’est mettre en danger la survie du pays. Contrairement à notre pays, la classe politique allemande, dans un consensus qui ne se dément pas, estime que le pays n’est pas une entité à jeter aux orties et, donc, que se protéger des raids chinois est un choix politique possible. Dans le même temps, chez nous, nos PDG à parachutes dorés et golden hello organisent le dépeçage des entreprises qu’ils dirigent en se servant, au passage, de copieuses indemnités et autres retraites chapeau. Il se dit qu’on a la classe politique et les dirigeants qu’on mérite. Jusqu’à quand notre peuple le supportera-t-il et comment s’exprimera le dégoût que tous ces affairistes inspirent, voilà la seule question qui vaille et la montée de la droite extrême n’est sans doute pas étrangère à ce qu’il faut bien appeler par son nom : trahison !

 

Aixton.jpg

 

 

3. Dominique de Villepin et la politique étrangère de la France

L'ancien Premier ministre publie, le 9 novembre, ses « Mémoires de paix pour temps de guerre » (Grasset) et, pour cette occasion, était l'invité de Patrick Cohen sur la matinale de France inter ce 3 novembre. On peut ne pas être un fan absolu de Dominique de Villepin. Son passage à Matignon fut en effet marqué par un certain nombre de mesures contestables, la privatisation des autoroutes et le CPE étant, de ce point de vue, des fautes majeures. Pour autant, il faut lui reconnaître en matière de politique étrangère une hauteur de vue bien peu partagée de nos jours par nos gouvernants « aux petits pieds », que ce soit Nicolas Sarkozy avec son intervention catastrophique en Lybie ou François Hollande avec sa politique d’interventions militaires tous azimuts que même les américains ont renoncé à suivre en Syrie. L’interview donnée ce mardi fut, de ce point de vue, édifiante en particulier quand il explique, en gros, que faire usage de la force armée sans visées politiques et stratégiques, ainsi que la France opère depuis longtemps maintenant, est contre-productif et aggrave les maux auxquels on prétend porter remède. Ainsi prend-il en exemple l’intervention de la France au Mali qui, faute de régler le problème touareg, aboutira simplement à occuper des militaires trois années durant sans effet réel autre que d’avoir empêché la prise de Bamako pour un temps et transféré le problème islamiste de quelques centaines de km. Ainsi en va-t-il de la Syrie où la France se refuse à faire de la diplomatie au profit de positions « morales » inopérantes et, là aussi, contre-productives avec Vladimir Poutine. On se souvient, à ce propos, de cette incroyable diplomatie française invitant Vladimir Poutine à discuter pour, dans le même temps, demander à ce qu’il soit traduit devant le TPI !... Ceux et celles qui veulent écouter cette interview peuvent la télécharger ici. C’est décapant, en particulier quand Dominique de Villepin explique à Patrick Cohen que c’est se faire plaisir que de dénoncer les victimes civiles que font les bombardements russes en Syrie et s’illusionner de penser que de tels « dégâts collatéraux » ne concernent que l’aviation russe et non la France et la coalition ailleurs…

 

Mémoires de paix pour temps de guerre.jpg

 

On est évidemment tenté de rapprocher les positions de Dominique de Villepin avec celles affichées par l’ancien ministre des affaires étrangères de François Mitterrand, Hubert Védrine ou, plus récemment, les positions d’un Jean-Luc Mélenchon que la presse bien-pensante cloue régulièrement au pilori pour ces raisons. On notera qu’à droite, il se trouve des responsables pour afficher des positions de même nature tel François Fillon et quelques autres. On peut, en regard, s’inquiéter du flou des positions d’Alain Juppé qui, quoique très au fait de ces enjeux stratégiques, ne semble pas vouloir conduire une politique étrangère très différente de FH. Si, et c’est à craindre, Hillary Clinton devait être élue mardi prochain, l’interview donnée par le chef d’État major de l’armée américaine, le général Mark Milley, (voir ici ou téléchargeable ici) augure d’un très sombre avenir…

 

4. Big Brother se met en place

On sait que Big Brother fait référence au célèbre livre de George Orwell, « 1984 ». On se souvient des cris d’orfraie qui ont accompagné de ce côté de l’Atlantique le Patriot Act voté aux USA suite au 11 septembre 2001, nos responsables politiques, en tout cas à gauche, n’ayant pas de mots assez durs pour dénoncer ces intolérables atteintes aux libertés et jurant leurs grands dieux que chez nous, jamais… C’est là, on le sait, le propre de l’opposition socialiste de jouer les pères la pudeur quand ils sont dans l’opposition pour ensuite se transformer en ce que l’on fait de pire au royaume des faucons quand ils sont au pouvoir. Pour ceux qui auraient oublié : Guy Mollet et la guerre d’Algérie ou François Mitterrand dénonçant la Ve République dans son « Coup d’État permanent » pour ensuite être le plus monarchique des présidents de la république… Ainsi, donc, sur le terrain de la sécurité, de la « lutte contre le terrorisme », etc. le pouvoir « socialiste » vient de se surpasser en faisant passer, par décret, la constitution d’un méga fichier dans lequel chacun d’entre nous a vocation à figurer dès lors qu’il aura une carte d’identité ou un passeport. Ce méga fichier est évidemment censé nous protéger du terrorisme contre lequel, chacun le sait, d’après Manuel Valls, « nous sommes en guerre »… La liste des informations qu’il compilera est sans précédent (article 2), tout comme la liste des organismes habilités à s’y connecter (article 3) au point que la CNIL, dont le caractère révolutionnaire ne saute pas immédiatement aux yeux, s’en inquiète. On se souvient que la droite au pouvoir, en 2010, avait tenté une opération similaire via un projet de loi alors censuré par ce repaire de gauchistes qu’est le Conseil constitutionnel. Après cet épisode peu glorieux, on pouvait espérer que la « gauche » nous épargnerait la chose. Que nenni ! Mieux encore, puisque c’est en catimini qu’elle opère via ce décret qui n’aura donc pas l’heur d’être discuté par nos « représentants du peuple ». Reste donc, à défaut d’un éclair de lucidité chez nos gouvernants de la gauche de droite, qu’un recours devant le Conseil d’État. Quoi qu’il advienne de cette éventuelle suite judiciaire, retenons qu’une fois encore cette gauche ou réputée telle prépare le terrain, met en place les outils permettant à un pouvoir « musclé » de mettre la population en coupe réglée. Ajoutons, pour finir, qu’à supposer que ce méga fichier ne serve qu’à des policiers bien intentionnés, ce dont on peut quand même douter, la sécurité de tels fichiers est, de toute façon, problématique. Le monde regorge de hackers habiles auxquels peu de sites résistent comme en témoignent à l’envi les multiples sociétés et offices gouvernementaux qui en ont fait les frais de par le monde et y compris aux USA...

 

Décret 2016-1460.jpg

 

5 Le PCF se refuse à soutenir Jean-Luc Mélenchon 

On savait le PCF mal à l’aise avec la présidentielle qui s’annonce, tiraillé entre deux positions : présenter un candidat du parti ou se rallier à un candidat hors parti, certains lorgnant sur Arnaud Montebourg quand d’autres, derrière Marie-George Buffet, avaient déjà choisi de le faire sur le nom de Jean-Luc Mélenchon.

Le temps passant, l’échéance avançant, il fallait trancher. La direction du parti, derrière son Secrétaire national, Pierre Laurent, a donc convoqué ce week-end, l’instance suprême, la Conférence nationale, sorte de mini-congrès réunissant, outre les membres du Conseil national et les députés et sénateurs, les délégués des sections départementales ; Pierre Laurent affichant d’emblée sa préférence pour un soutien à la candidature de Jean-Luc Mélenchon.

À la surprise de nombreux observateurs, en opposition à la proposition de Pierre Laurent, la majorité (54 %) a opté pour une candidature issue des rangs du PCF, la proposition de soutien à JLM recueillant 44 % des suffrages exprimés. Même si cette position se devra d’être validée, ou pas, par un vote direct des adhérents du parti, il est fort à parier que l’on se dirige vers une candidature PCF à la prochaine présidentielle, André Chassaigne, chef de file des députés communistes, tenant la corde sur ce créneau.

 

André Chassaigne.jpg

 

On notera qu’Arnaud Montebourg s’est félicité immédiatement de cette position, comme si, in fine, il pouvait lui-même être le candidat du parti…

La messe est donc quasiment dite et il faut s’interroger sur les causes et les conséquences de cette position…

1. On savait que nombre de cadres du PCF avaient peu goûté les critiques exprimées par JLM lors des élections intermédiaires (municipales et régionales) et encore moins apprécié qu’il fasse cavalier seul en se déclarant candidat à la présidentielle dès le mois de février, sans la moindre concertation avec le PCF, donc, et signant l’arrêt de mort du Front de gauche.

2. On sait également que la question de fond pour ces cadres n’est pas tant la présidentielle – qu’ils estiment perdue pour la gauche et à laquelle ils savent d’emblée qu’ils ne dépasseront pas les 2 % – mais l’étape d’après où va se jouer pour lui une bonne partie de sa capacité à survivre à travers la permanence d’un groupe à l’Assemblée nationale et, ce n’est pas peu, les moyens afférents.

3. La perspective affichée par JLM et son mouvement de la « France insoumise » de présenter des candidats aux législatives dans chacune des circonscriptions posait un souci évident à ses élus sortants qui risquaient fort de ne pas apparaître comme les candidats « naturels » de ce mouvement auquel le PCF ne participe pas.

4. De sorte que l’on peut penser que la majorité des cadres a préféré affaiblir l’ogre JLM et son mouvement qui jouit actuellement d’une dynamique évidente avec, comme pour les municipales et les régionales, aux législatives de juin 2017 un espoir de négocier avec le PS pour « sauver les meubles ».

5. Dans le camp de JLM, on imagine la déception puisque se dessine, à gauche, une multiplicité de candidatures peu propice au « rassemblement ». Citons, pour mémoire, une candidature EELV qu’on connaîtra dans les jours prochains, Philippe Poutou pour le NPA, Nathalie Artaud pour LO. Si l’on y ajoute le candidat du PCF et celui du PS, on voit qu’il va être difficile d’éviter l’éparpillement des voix et sa conséquence déjà vécue en 2002 d’un second tour opposant Marine Le Pen au candidat sorti gagnant de la primaire de la droite.

 6. On savait que JLM était à la peine dans sa quête de signatures d’élus – il en faut 500 pour pouvoir être candidat à la présidentielle – et il est évident que la candidature autonome du PCF est, de ce point de vue, une très mauvaise nouvelle pour lui, chaque élu du PCF étant prié de réserver sa signature au candidat du parti et ayant pour consigne de ne signer pour aucun autre.

7. La question des 500 signatures qui conditionne non seulement la possibilité d’être candidat mais, préalablement, le prêt des banques pour la campagne va donc se poser avec une acuité que l’équipe réunie autour de JLM ne soupçonnait sans doute pas. Nul doute que, dans un tel contexte, les appels à la générosité des « insoumis » sera relancée avec force.

8. Enfin, mais est-ce vraiment important ? Le PCF va-t-il survivre à cette aventure ? La moyenne d’âge des adhérents est déjà, en soi et depuis longtemps maintenant, très élevée au point qu’un Pierre Laurent, avec ses 59 printemps, peut apparaître comme un « jeunot ». C’est dire ! Il n’est pas impossible que la « minorité » qui s’est exprimée lors de ce CN signe l’arrêt de mort de ce PCF moribond en rejoignant le seul mouvement qui, à gauche, semble avoir quelque avenir, la « France insoumise ». C’est évidemment là pour ces « minoritaires » un pas difficile à franchir : passer pour des traîtres d’un côté sans garantie d’être chaleureusement accueillis de l’autre, passer par dessus bord des dizaines d’années de militantisme et d’engagement pour ce qui a tous les contours d’une aventure à laquelle ils sont assez mal préparés, bref un pari à haut risque. Le plus vraisemblable est que l’érosion que connaît ce parti depuis deux ou trois décennies se prolongera, les militants, les adhérents « votant avec leurs pieds », certains rejoignant discrètement et à titre individuel le mouvement de JLM tandis que les autres se résigneront à « profiter de la retraite »…

 

Pour ceux et celles que la vie sondagière intéresse, citons ce sondage Viavoice réalisé pour Libération qui voit JLM crédité de 21 % d’opinions favorables, en progression de 4 points en un mois, largement devant François Hollande à 12 % et talonnant Manuel Valls à 23 %. Comme chaque fois, on prendra tout ça avec de longues pincettes et on n’oubliera pas que « opinions favorables » et vote effectif dans l’urne ne sont pas exactement la même chose.

Bien évidemment, cette montée dans les sondages de JLM dans une période où la droite tient médiatiquement le haut du pavé et où JLM ne passe quasiment dans aucun medium est plutôt bon signe pour lui en ce que sa candidature risque d’apparaître pour nombre d’électeurs de gauche comme la seule « utile ». En d’autres termes, ce qui avait en 2012 joué en faveur de François Hollande au détriment de JLM peut demain jouer à l’envers, ce qui pourrait rendre possible le rêve de voir JLM contester la deuxième place aux deux candidats actuellement pressentis que sont Marine Le Pen et le candidat de la droite issu de la primaire. Il y a évidemment encore très loin de la coupe aux lèvres, mais on sait combien JLM peut être bon en campagne, sachant tout à la fois user de ses qualités tribunitiennes et élargir le « cercle naturel » des ses partisans. L’entreprise sera d’autant plus facile que le candidat qui sortira des primaires du PS sera déconsidéré. De ce point de vue, s’il devait être François Hollande, cela arrangerait considérablement les chances de succès de JLM… On imagine que par delà la posture et comment les en blâmer, ce genre de préoccupation n’est pas étranger aux responsables de la « France insoumise », JLM en tête…

À noter que le « journal officiel » du PS, Le Monde, livre, dans son édition datée du 6 novembre, un article analysant la montée de JLM dans les sondages et la perspective de le voir arriver en tête de la gauche. Le lecteur attentif ne manquera pas de noter l’article qui suit « Le PCF se dirige vers un soutien critique au tribun », article écrit sur la base de la position de Pierre Laurent avant que le CN se décide quelques heures plus tard à ne pas la suivre…

 

Le Monde 6 novembre.jpg

 

6. Primaires de la droite, ça continue…

Ce 3 novembre, ce sont donc presque trois millions de personnes qui ont suivi le deuxième débat des « primaires de la droite et du centre », deux fois moins que lors du premier débat, donc. On peut penser qu’une partie de ceux qui, par curiosité, avaient suivi le premier débat ont déclaré forfait, l’ennui prévalant largement et la droitisation des positions prises faisant le reste… Ceux qui ont consenti à regarder ce deuxième débat n’auront donc pas été déçus sur ce plan. Margareth Thatcher, si le diable qui la loge le lui a permis, a dû apprécier. Ce fut un florilège ! Les candidats étaient réputés parler éducation, sujet sensible et important s’il en est… quelques minutes furent consacrées à ce sujet. Rétablissement du concours d’entrée en 6ème, sorties anticipées du système éducatif réputé être en faillite, tout y est passé… mais vite, la sécurité et ce qui y est connexe occupant l’essentiel du débat au point que Le Figaro, organe quasi officiel de la droite, qui est à LR ce que Le Monde ou Libération sont au PS, dans son résumé de l’émission, n’en fait pas état. Pour le reste, la presse en a retenu les piques que les uns ont adressé aux autres, Nicolas Sarkozy focalisant celles de tous les autres. Juppé fut, comme il se doit, « en majesté », au-dessus de la mêlée… Sarkozy a, pour autant que le temps le lui permettait, répondu à chacune de ces attaques. Bref, à droite, rien de nouveau, que du vieux, du rance, du « réac » grand teint, du « libéral » échevelé… Puisse notre pays échapper à ce sort funeste de voir l’un quelconque des sept parvenir au pouvoir, les mesures économiques qu’ils comptent prendre faisant chez nous ce qu’elles font ailleurs, c’est-à-dire plonger le pays dans la récession et poussant ses citoyens à l’affrontement.

Instruits de ces préventions, ceux et celles qui ont un goût prononcé pour le masochisme pourront revivre ce « grand moment démocratique » ici.

 

7. « Nuit debout » des policiers, ça continue…

Nous nous interrogions la semaine dernière sur la fin possible du mouvement de protestation des policiers, suite à la tentative de réponse qu’a apporté le gouvernement en recevant les syndicats policiers et en débloquant 250 millions d’euros à cette fin. L’interrogation fut légitime puisqu’il apparaît que les manifestations se poursuivent, les policiers allant jusqu’à manifester ce 3 novembre sous les fenêtres de l’IGPN, la « police des polices », les « bœufs carottes » comme on les surnomme dans la profession. En cause, la convocation d’une des figures de proue du mouvement, Guillaume Lebeau, qui a eu le malheur de manifester à visage découvert. Il lui est reproché, selon ses dires, « un manquement à la déontologie, de m’être exprimé en public et d’avoir dénoncé les problèmes auxquels on est tous confrontés dans la police ». Suite à quoi, les manifestants sont allés salle Wagram pour interpeller les candidats de « la primaire de la droite et du centre ». On ne sera pas surpris d’apprendre que ceux-ci, en dépit de la responsabilité que certains d’entre eux portent dans le malaise de la police, ont abondé en faveur de l’alignement du droit à la légitime défense des policiers sur celui des gendarmes… autrement dit de permettre aux policiers de faire plus largement usage de leur arme de service. Sans doute est-ce là un point de fixation dont se plaignent les policiers, mais nul doute également qu’une telle mesure dont la démagogie n’échappe à personne ne réglera en rien les douloureux problèmes hiérarchiques auxquels nos policiers sont confrontés. Là-dessus, les candidats « de la droite et du centre » seraient bien en peine d’avancer la moindre proposition, favorables qu’ils sont aux primes au mérite, à la politique du chiffre, etc. qui sont à la racine du mal, c’est-à-dire la non reconnaissance du dur travail qu’ils ont à faire sans jamais voir leurs « mérites » être reconnus, financièrement, en particulier.

 

Guillaume Lebeau.jpg

 

On ne manquera pas d’être frappé par la jeunesse de ces policiers qui, tous, expliquent pourquoi ils ont embrassé cette profession et combien grande est leur déception. On ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec tant d’autres professions du secteur public qui sont rongées par le même mal, la faiblesse des rémunérations, l’inhumanité de la gestion qu’elles doivent subir et la grande désillusion qui ne manque jamais de les frapper. On songe aux enseignants que l’on sait être parmi les plus mal payés de l’OCDE, on songe aux infirmières dont la fuite des hôpitaux oblige à des recrutements sans cesse renouvelés, et tant d’autres comme ces juges ou ces greffiers qui doivent courir après le papier ou les stylos, qui croulent sous le nombre de dossiers, etc. La Fonction publique, qu’elle soit d’essence « régalienne » ou pas, souffre dans ce pays et ce n’est pas là la moindre des fautes du pouvoir socialiste que de n’avoir même pas commencé à y porter remède, de l’avoir ignoré voire d’avoir aggravé la situation. Imaginer que, la droite revenue au pouvoir, tous ces maux ne feront que croître est évidemment une bien triste perspective pour les agents eux-mêmes mais, plus largement, pour le pays lui-même…

 

@ suivre…

 



07/11/2016
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