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La droite, partout, tout le temps

Dimanche 9 octobre 2016

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Sujets abordés :

  1. L’école en France : publication du rapport du CNESCO
  2. Sauvetage du site de Belfort d’Alsthom
  3. Primaires de la droite (Juppé, Sarkozy…)
  4. Primaires du PS et des écologistes
  5. Élections américaines

 

1. Ce mardi 27 septembre, le  CNESCO (Conseil national d’évaluation du système scolaire) a rendu publiques les conclusions d’une vingtaine de rapports montrant que le système éducatif français aggrave les inégalités sociales. L’étude vient conforter ce que l’enquête PISA rappelle tous les trois ans avec une belle constance : le niveau des élèves défavorisés baisse tandis que celui des élites s’améliore, en d’autres termes les écarts se creusent. Le CNESCO égratigne au passage la politique menée dans l’éducation prioritaire (EP) – des ZEP aux REP en passant par les RAR ou les ÉCLAIR -  en ce qu’elle ne diminue en rien les écarts et consiste, pour l’essentiel, en un saupoudrage de moyens – écart de deux élèves/classe entre un collège de centre ville et un collège relevant de l’EP – et vise surtout à « remédier » au lieu d’anticiper et de prendre le problème à la base, par exemple en scolarisant très tôt les enfants dans ces quartiers.

François Dubet, membre du CNESCO, sociologue, spécialiste réputé et reconnu du système éducatif, invité sur France inter au « Téléphone sonne » souligne que l’agrégation d’élèves forts et, a contrario, des élèves faibles jouent dans les deux sens, en tirant les premiers vers le haut et les autres vers le bas. Il indique, par exemple, que le temps pris à faire de la discipline joue un rôle considérable puisque, in fine, on peut montrer que les seconds ont, au terme de leur scolarité, moitié moins de temps d’apprentissage que les autres. Et, donc, on comprend qu’une des racines du mal est la ségrégation spatiale que l’école ne sait pas contredire. La constitution de « ghettos » se retrouve à l’école et, au passage, la labellisation « éducation prioritaire » des établissements la renforce en ce que se mettent en place de très délétères stratégies d’évitement. En d’autres termes, loin de devoir incriminer les enseignants qui n’en peuvent mais et « se donnent corps et âme », François Dubet met en cause le « laisser faire » d’une « politique de la ville » de façade qui ne fait rien pour résorber l’absence de « mixité sociale ».

 

Rapport CNESCO.jpg

 

Le propos est à rapprocher du dernier ouvrage du géographe Christophe Guilluy paru en septembre, « Le Crépuscule de la France d’en haut » dans lequel il incrimine toutes les « belles âmes », bobos divers, volontiers donneurs de leçons, qui n’ont de cesse de pratiquer cette stratégie d’évitement et sont les champions de l’absence de diversité que par ailleurs ils clament adorer.

 

Christophe Guilluy - Le Crépuscule de la France d'en haut.jpg

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* Rapports du CNESCO :

   -  dossier de synthèse ;

   -  rapport scientifique.

Article du SNES-FSU

Article du Monde

* «  Le téléphone sonne », émission de France inter.

 

2. Suites de l’affaire de la fermeture du site de Belfort d’Alsthom : le gouvernement, par la voix de Christophe Sirugue, Secrétaire d’État à l’industrie, a annoncé ce lundi un « plan de sauvetage » consistant, pour l’essentiel, à commander à Alsthom 15 rames TGV, rames qui, dans un premier temps, devraient circuler sur des lignes intercités jusque-là dévolues aux trains Corail et, donc, faire que des trains qui peuvent circuler à 320 km/h ne le fassent qu’à 200. À cette critique, Sirugue explique que cela se passera sur des lignes ayant vocation à devenir des lignes TGV sous dix ans et que le plan initial était de commander des intercités pour 300 millions avant de commander, le moment venu, des TGV pour 450 millions. Il prétend ainsi sauter une étape et rappelle au passage qu’il existe déjà des TGV qui roulent sur des lignes normales (par exemple entre Aix et Nice ou au-delà de Rennes vers Nantes et Lorient). Il prétend donc ainsi faire des économies et assurer la charge de travail de différents sites d’Alsthom (Belfort ne fabrique que des motrices). Il a plus de mal à expliquer que l’État qui dispose de 20 % des droits de vote n’ait rien vu venir et ne se contente, présidentielle oblige, que d’un bricolage destiné, certes, à sauver momentanément le site mais dont aucun plan  long terme ne vient garantir la pérennité. Pendant que l’on promeut l’écologie côté jardin avec la conférence de Paris sur le climat, on ne fait rien sur le ferroutage et, pire, on promeut avec la loi Macron le remplacement de lignes de trains par des bus. Bref, Gribouille, là encore, semble être au pouvoir et c’est l’industrie ferroviaire du pays, pour ne pas dire l’industrie tout court, qui en paie les pots cassés.

À noter que dans les réactions négatives observées à droite, l’argument de fond consiste à dire que l’État n’a pas à s’occuper de politique industrielle et que, concernant les familles des salariés du site de Belfort, devoir déménager en Alsace n’est vraiment pas un problème…

 

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Interview de Christophe Sirugue par Jeff Wittemberg sur Télématin (France 2

 

3. S’agissant des primaires « de la droite et du centre », ainsi qu’ils aiment la nommer, des primaires de LR, donc, la semaine fut médiatiquement riche. On peut observer que cette affaire de primaires est d’un excellent rapport médiatique puisque l’ensemble des media radio-télé se croient obligés d’inviter à qui mieux mieux les candidats et, particulièrement les deux principaux. Mais, pour autant, les autres ne sont pas ignorés. Ainsi a-t-on pu entendre NKM une heure durant à l’émission politique de France inter du dimanche alors que la candidate écolo des beaux quartiers est généreusement créditée de 4 % des suffrages dans la primaire… De sorte que, si l’on fait le total du temps d’intervention de tous ces candidats, autrement dit de LR, c’est sans commune mesure avec le poids qu’occupe cette famille politique sur l’échiquier politique du pays…

La semaine commença avec un documentaire d’une heure trente signé Franz-Olivier Giesbert diffusé lundi soir par France 3 intitulé « Juppé, le ressuscité » dont on vit rapidement qu’on était dans l’entre-soi et la promotion. Rien d’étonnant, au demeurant, venant de ce “rebelle” de FOG, celui-là même qui traita les manifestants contre la loi El Khomri de terroristes… On retiendra seulement qu’à la question de FOG « qu’est-ce que vous dites aux gens qui disent qu’Alain Juppé est très conventionnel, qu’est-ce qu’on va se faire chier… », l’intéressé répondit assez crûment « Je les emmerde ! »… ce que l’on peut comprendre.

 

Juppé-FOG.jpg

 

On eut donc droit ensuite, en ce jeudi 6 au soir, à Alain Juppé dans ses œuvres dans « l’Émission politique » de France 2. Deux heures quinze d’émission dans laquelle la seule surprise fut… « l’invité surprise » en la personne de Jérôme Kerviel qui interrogea A.J. sur les dérives de la finance. En quoi, le chouchou des sondages montra que, pour lui, il n’y avait pas de sujet puisqu’on avait, de son temps déjà, lutté contre les paradis fiscaux... Pour le reste, on eut droit à un Juppé « droit dans ses bottes », ayant un programme néolibéral de bonne facture, redisant, pour qui en douterait, qu’il était de droite et que l’ensemble des mesures impopulaires qu’il proposait – et le catalogue est long – serait appliqué au plus vite au lendemain de l’élection, celle-ci étant réputée servir d’onction à ces mesures.

Son adversaire principal, Nicolas Sarkozy, « à la peine dans les sondages » dit-on, se devait de contre-attaquer. Il ne tarda pas puisqu’il fut l’invité politique du journal de France 2 le lendemain. On ne fut pas déçu… « Le Nain », comme le nommait Jacques Chirac, fut à son affaire. La tactique est simple : faire « le buzz » avec des propositions choc qui ont pour seul but de faire de lui le pivot de la campagne, celui par rapport auquel chacun des autres doit se déterminer. À cette fin, il n’hésita pas à proposer rien moins que deux referendums. Pas mal de la part de celui qui a fait passer par le Congrès le TCE auquel les français avaient dit non à 53 % en mai 2005 ! Il semble qu’il y ait quelques difficultés constitutionnelles s’agissant des questions posées puisque l’article 11 de la Constitution prévoit que « tout projet de loi portant sur l'organisation des pouvoirs publics, sur des réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale de la nation et aux services publics qui y concourent, ou tendant à autoriser la ratification d'un traité » et que les questions que N.S. entend poser sont relatives au regroupement familial des étrangers et à l’incarcération des fichés S, toutes questions qui ne relèvent manifestement pas de ce que prévoit l’article 11 Autrement dit, tout ceci n’a bien pour seul but que médiatique en clivant au maximum, en « chassant sur les terres du FN », en appliquant la « stratégie Buisson » pour refaire le coup de 2012 en asséchant le FN. On sait qu’Alain Juppé a la stratégie exactement opposée en chassant « au centre ». Tout ceci n’est évidemment que pur positionnement tactique et si l’on peut penser que la stratégie d’AJ a quelque chance de réussir via son positionnement « libéral » et ses accointances affichées avec François Bayrou, rien ne dit que l’entreprise de « tonte de la volaille FN » réussisse à nouveau. Les « déçus de Sarkozy » qui se situent dans cette mouvance ont déjà donné…

 

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* «  Juppé, le ressuscité », documentaire signé FOG diffusé sur France 3

* «  L’Émission politique » de France 2 avec Alain Juppé

 

4. Chez les écolos, on a appris que 17 000 personnes avaient crû bon de s’inscrire pour la primaire d’EELV. On sent là l’importance de l’enjeu… Mais cela n’empêcha nullement les media d’inviter les candidats à cette primaire… Qu’ils en profitent, ça ne va pas durer…

 

Quant au PS et à ses primaires, il est à peu près inaudible. Macron attire la lumière avec des sondages flatteurs, des media « aux anges », il réunit ses amis ici et là, recueille de l’argent et chacun pense en cette période qu’il va y aller.

Enfin, quant à la « gauche de la gauche », le PC continue de s’interroger… L’Humanité Dimanche, dans le cadre de son article « Présidentielles 2017 – Le big bazar » se contente de noter sobrement « Le PCF continue, pour sa part, à chercher une issue pour éviter le danger d’une victoire conjointe des forces de droite et d’extrême-droite en 2017, que le scénario actuel promet ». On sait qu’en interne, ça discute – et le mot est faible – et, qu’en fait « le » parti est profondément divisé. Du côté de Jean-Luc Mélenchon et de ses 130 000 « insoumis », on s’inquiète des 500 signatures d’élus nécessaires à sa candidature. On en serait à la moitié… Et il est évident que tant que l’hypothèque PCF n’est pas levée via un ralliement à sa candidature, la masse des élus de cette formation préfère ne pas s’engager pour le cas elle se déciderait finalement à présenter un candidat. Pour JLM, la conséquence immédiate est qu’en dépit de sondages flatteurs (entre 13 et 15 %) aucune banque n’accepte de prêter tant que la barre des 500 signatures n’est pas franchie, autrement dit tant qu’ils n’ont pas la certitude que JLM sera candidat et, donc, ses frais de campagne potentiellement remboursés. On sait, sur ce point, qu’à l’autre bout de l’échiquier politique, « la blonde » avait en 2012 eu à faire face aux mêmes difficultés qu’elle surmonta grâce à des prêts de banques russes… Les amitiés de Mélenchon avec Poutine ont beau être dénoncées par « les grandes âmes » de Libération ou du Monde, il ne semble pas que l’emprunt russe, si j’ose dire, soit dans le domaine des choses possibles…

 

5. Et puis, il y a le « feuilleton » des présidentielles américaines. Pas un jour ne passe sans que nos media ne s’en fassent l’écho. À croire que la France est le 52ème État, ce que Régis Debray avait, par provocation, proposé dans un réjouissant petit ouvrage publié en 2002 « L'Édit de Caracalla ou plaidoyer pour des États-Unis d'Occident »…

 

L'Edit de Caracalla ou plaidoyer pour des Etats-Unis d'Occident.jpg

Et donc, en ce dimanche 9 octobre, à la veille du deuxième débat Donald Trump-Hillary Clinton, l’actualité est focalisée autour des propos du premier, propos datant de 2005, fort opportunément  exhumés par le Washington Post, propos d’une grande finesse : « quand vous êtes une star », les femmes « vous laissent tout faire ». « Vous pouvez les attraper par la chatte ». Nombre d’élus républicains, déjà mal à l’aise avec cette candidature, en profitent pour le lâcher, soucieux qu’ils sont sans doute de leur réélection… puisque, comme on le sait, les élections américaines n’ont pas, comme chez nous, pour seul but, d’élire le Président des États-Unis (sur le mode indirect) mais aussi des sénateurs, des députés, des juges, des gouverneurs, des sheriffs, etc. il n’est pas certain que cette affaire ait quelque effet sur l’électorat de Trump. Il suffit d’en entendre certains pour être convaincu du contraire. Il reste qu’outre la raréfaction de ses soutiens politiques, il semble sérieusement handicapé dans un nombre important de catégories : les femmes, les afro-américains et plus généralement « les minorités ». Mais dans un scrutin indirect qui, pour l’essentiel, se joue dans un faible nombre d’États – les swing states –  et selon la règle « the winner takes all », la prévision n’est pas aisée. Une chose est sûre, si Hillary gagne, et en dépit de son impopularité, ce sera grâce à Donald. Un peu comme chez nous avec Sarkozy et Hollande en 2012, en quelque sorte…

 

Donald Trump - Hillary Clinton.jpg

 

@ suivre...

 

 



09/10/2016
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