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Deutsche Bank, vous connaissez ?

Dimanche 2 octobre 2016

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Petit retour arrière tout d’abord avec le jugement rendu ce vendredi 23 septembre par la cour d’appel du tribunal de Versailles dans l’affaire opposant Jérôme Kerviel à la Société Générale. Inutile ici de rappeler que Jérôme Kerviel est ce trader qui aurait fait perdre 5 milliards d’euros à la SG « à l’insu de son plein gré », la SG expliquant que toute l’activité de son trader lui était inconnue, qu’elle avait été trompée. Jérôme Kerviel fut donc bien condamné au pénal à 5 ans de prison (dont deux avec sursis) pour « abus de confiance, faux et fraude » et dans le cadre civil à rembourser les 4,9 milliards d’euros perdus par la SG dans cette affaire. L’affaire fit grand bruit à l’époque et nombreux furent ceux qui doutèrent qu’une banque telle la SG ne sache pas ce que faisaient ses boursicoteurs et que ceux-ci puissent engager de telles sommes sur « les marchés » à son insu. Mais la justice, en tout état de cause avala cette vérité-là et, ce faisant, officialisa la chose… On se souvient que peu de politiques, en particulier à gauche, acceptèrent de « se mouiller » quoi qu’ils aient pu en penser par ailleurs. Sans doute au nom de leurs intérêts bien compris, craignant de devoir subir le poids de ces intouchables que sont dans notre pays les banques, SG en tête. On se souvient peut-être aussi qu’un seul ne fit pas la fine bouche, Jean-Luc Mélenchon, allant même jusqu’à accompagner « l’ange déchu » à la fête de l’Humanité. Que n’a-t-on lu et entendu alors dans les media bien pensants sur cet étrange compagnonnage… Ils se font aujourd’hui  plus discrets, une « timidité de violette »… Pourquoi ? C’est que l’arrêt de la cour d’appel de Versailles ne se contente pas de revoir à la baisse la somme due par Jérôme Kerviel à la SG – 1 million d’euros au lieu des 4,9 milliards – mais aussi que, dans ses attendus, elle conclu que « Dès lors, si les fautes pénales commises par Jérôme Kerviel ont directement concouru à la production du dommage subi par la Société générale, les fautes multiples commises par la banque ont eu un rôle majeur et déterminant dans le processus causal du très important préjudice qui en a découlé pour elle. »

Outre donc que Jérôme Kerviel peut maintenant envisager de revivre en remboursant les 0,02 % de la somme initialement réclamée – d’autant qu’il a obtenu d’un tribunal prud’hommal la condamnation à 450 000 € pour « licenciement sans cause réelle ni sérieuse », somme qui regroupe le bonus dû pour l’année 2007 et des indemnités dont une pour « conditions vexatoires » du licenciement, des congés payés et des dommages et intérêts… Mais l’affaire ne s’arrête pas là car, suite à l’arrêt rendu ce vendredi, se pose alors la délicate question du merveilleux cadeau fait par Bercy à la SG au lendemain de l’affaire : 2,2 milliards d’euros dans le cadre de ce que la loi prévoit pour les entreprises qui sont victimes de fraudes impossibles à parer… Sauf que le jugement rendu dit très précisément le contraire. La logique voudrait que la SG remboursât mais gageons qu’on appliquera la célèbre maxime « donner c’est donner, reprendre c’est voler » et gageons aussi que ce n’est pas le directeur de cabinet de Michel Sapin qui s’en plaindra, Thierry Aulagnon, lui qui, jusqu’à sa prise de fonction à Bercy en août 2016, exerçait ses talents… à la Société Générale !

 

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Ce début de semaine fut marqué par la traditionnelle publication des « chiffres du chômage ». À la clef, on le sait, « l’inversion de la courbe » chère à François Hollande… Et, là, pas de chance ! La timide inversion que les augures avaient crû déceler dans les mois précédents se retrouve cruellement démentie en ce mois d’août puisque ce ne sont pas moins de 50 200 chômeurs supplémentaires que compte la catégorie A, c’est-à-dire la seule catégorie que les media consentent à commenter, à savoir ceux qui n’ont pas du tout travaillé. Et pourtant, à Pôle Emploi, on fait ce qu’on peut puisqu’en ce même mois d’août on y a radié pas moins de 309 700 chômeurs ! Alors, nos hiérarques du PS en charge tentent une explication… Ces chiffres qu’ils consentent à qualifier de mauvais seraient le résultat des attentats et de la baisse conséquente de l’activité liée au tourisme… Ça ne convainc pas grand monde, probablement même pas eux-mêmes mais il faut bien trouver une excuse… De toute façon, il y a beau temps que la préposée à l’annonce de ces chiffres, Myriam El Khomri, n’est écoutée de personne. Et tout ça n’empêche pas le Président de faire comme si de rien n’était, comme si cette affaire d’inversion de la courbe n’avait jamais existé. Ses suppôts, Le Foll en tête, viennent même de mettre en ligne un site internet destiné à vanter les mérites du quinquennat. Ça s’appelle « Notre idée de la France » et c’est  ici. Y’a des djeun’s en page d’accueil, ils sont beaux, ils sont résolument optimistes et on sent bien que ça va faire un tabac !

 

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À propos de « djeun’s », notre gauche de gouvernement vient de trouver une bonne mesure pour eux et ceux, qui comme eux, bénéficient de l’APL (Aide Personnalisée au Logement) : si d’aventure ils disposent d’un très considérable patrimoine de 30 000 € (y compris sous forme de livret A), plus d’APL ! Alors, certes, nombreux sont les jeunes ne disposant pas d’un tel patrimoine mais il en va de cette affaire d’APL comme des allocations familiales : ce qui est remis en cause, c’est l’universalité des allocations et leur délivrance aux seuls « nécessiteux », le seuil permettant de distinguer ceux qui le sont étant à géométrie variable. Et, ce faisant, la gauche « morale » se tire une balle dans le pied car, comme pour l’école publique dans laquelle une large fraction de la bourgeoisie ne met déjà plus ses enfants, les allocations sont alors regardées comme des mesures d’assistance ; de même qu’il n’est pas sain de voir se restreindre le nombre d’assujettis à l’impôt sur le revenu (IRPP), de même il n’est pas sain de remettre en cause l’universalité des allocations pour ne cibler comme bénéficiaires que les plus « modestes », les classes bourgeoises et petites-bourgeoises en viennant alors à remettre en cause tout ce qui fait que l’on fait société. S’agissant du décret qui met en musique la loi de finance 2016 en ce domaine, les chiffres varient quant à l’étendue des dégâts : Le Monde du 12 août dans son article «  La réforme des APL a du mal à passer » parle de 80 000 familles, quand le «  collectif logement de la CGT » met en évidence le fait que la mesure revient à fiscaliser le livret A, le LDD (livret développement durable) ou le LEP (livret d’épargne populaire) et concernerait alors, à terme, quelque 650 000 foyers.

 

Autre sujet marquant, le procès de ces « voyous » et de ces « casseurs » d’Air France qui s’est tenu deux jours durant à Bobigny ces mardi 27 et mercredi 28 septembre… Enfin, de ces employés, syndicalistes ou pas, qui se sont vu accusés d’avoir porté atteinte à la dignité du DRH d’Air France, Xavier Broseta, et du responsable de l’activité long courrier, Pierre Plissonnier, en leur arrachant leur chemise suite à des échauffourées survenues lors de la réunion du CCE d’Air France le 5 octobre 2015 ; CCE au cours duquel la compagnie annonçait un plan de licenciements de 2 900 personnes (300 pilotes, 900 stewards et hôtesses et 1 700 personnels au sol). On se souvient des cris d’orfraie de la presse bien pensante, journaux télévisés en tête, des images, telle celle qui suit, images qui auraient fait le tout du monde (1,7 millions de vues sur Youtube), pas moins, et de l’intervention de Manuel Valls et de François Hollande dénonçant des « violences inacceptables » et traitant de voyous les responsables de l’affaire. En ligne de mire, déjà, la CGT et, bien sûr, de façon plus générale, l’ensemble des salariés qui osent de temps à autre manifester leur colère lorsque, le plus pacifiquement du monde, on ferme leur entreprise ou qu’on met en œuvre un plan de licenciement. On sait que, suite à ces événements, Air France avait licencié cinq employés, dont le délégué CGT présent lors du CCE, que l’inspection du travail, saisie de la validité de ces licenciement, avait émis un avis défavorable et que la ministre du travail, Myriam El Khomri, toute honte bue, était passée outre durant le mois d’août en confirmant les licenciements. Ce qui ressort du procès, c’est que rien n’est clair. Les images qui y ont été visionnées ne permettent pas d’incriminer l’un quelconque des cinq principaux prévenus, tous membres de la CGT. A été rappelé à l’occasion que l’un des prévenus censé avoir tiré la chemise du directeur par l’arrière est vu devant lui, lui frayant un chemin afin de l’exfiltrer. Le procès ne consistant pas à prouver qu’il y a eu des chemises arrachées et des coups portés, il s’agit de prouver que les accusés sont les auteurs de ces actes délictueux. Et, manifestement, on est loin du compte sur ce terrain. Ça n’empêchera nullement le procureur de réclamer de 2 à 4 mois de prison avec sursis pour « violence en réunion » à l’encontre des cinq prévenus évoqués ci-dessus et 1 000 € d’amende à l’encontre de onze autres pour « dégradations ». Comme souvent, le jugement a été mis en délibéré… et on devrait reparler de cette affaire suite à la plainte qu’a déposée la CGT pour « complicité d’immixtion dans un conflit et entrave » à l’encontre d’Air France qui devrait être jugée le 9 décembre prochain.

 

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S’agissant de la campagne présidentielle, et tout d’abord de celle « de la droite et du centre », autrement dit de LR, la semaine a été marquée par différents sondages qui font état, en début de semaine, d’une remontée de Sarkozy et d’une baisse de Juppé tandis que d’autres, en fin de semaine, pointent le résultat inverse… En clair, nul ne sait trop où l’on va et, là encore, les commentateurs de métier usent d’arguments relevant plus de la divination que de la science politique… Médiatiquement, même Le Figaro, peu suspect de sarkophobie, ne peut faire l’impasse sur les affaires qui collent aux basques de Sarkozy. Et elles s’accumulent ! Qu’on en juge :

  • Les suites de l’affaire Bygmalion ;
  • Les carnets de Choukri Ghanem, ex-ministre du pétrole de Khadafi ;
  • La mise en examen de Bernard Squarcini, dit « le squale », flic de haut rang et homme des basses œuvres de Sarkozy ;
  • La publication du livre de Patrick Buisson, l’homme qui fut cinq années le conseiller politique de Sarkozy.

 

Sur le premier point, on eut droit ce jeudi soir à la diffusion de la nouvelle formule d’Envoyé spécial confiée à la pugnace Élise Lucet, émission au cours de laquelle on a eu l’heur d’entendre le responsable de l’organisation des meetings de Sarkoy durant la campagne de 2012, Franck Attal, dans le cadre de son activité chez Bygmalion. Les journalistes de l’émission ont beaucoup travaillé, ils ne se sont pas contentés d’enregistrer la version de Franck Attal, ils ont pris la peine de plonger dans les factures, vraies et fausses et de les confronter à celles des fournisseurs. Et c’est édifiant ! On voit clairement se mettre en place une double comptabilité dont le seul but est de faire en sorte que le budget officiel, celui qui sera remis au Conseil constitutionnel, reste inférieur au plafond ; le reste, qui n’est pas mince, étant imputé à l’UMP. On sait que même avec ces embrouilles, le Conseil constitutionnel a invalidé les comptes de campagne de N.S. au motif d’un dépassement de 466 118 € pour un plafond fixé à 21,5 millions. C’est cette décision qui avait conduit à l’organisation du « Sarkoton »… Mais, là, on ne parle pas d’un dépassement de ce niveau (2 %) : si l’on agrège les factures imputées à l’UMP par Bygmalion et quelques autres qui ne passaient pas par ce canal, on est sur un dépassement de l’ordre de 30 millions d’euros, autrement dit de 132 % ! Excusez du peu… Pour ceux qui voudraient revoir cette partie de l'émission, c'est ici.

 

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S’agissant du carnet « intime » de Choukri Ghanem, ex-ministre du pétrole de Khadafi, il laisse à voir que la campagne de N.S. en 2007 a été en partie financée par Khadafi à hauteur de 6,5 millions d’euros. On devine sans peine que cette aide n’a pas été déclarée dans les comptes de campagne... Rappelons au passage que Claude Guéant, proche parmi les proches de N.S. a été mis en examen sur cette affaire de pots-de-vin, que dans la boucle, il y a le sulfureux Ziad Takieddine, l’homme qui a dénoncé l’affaire, et que Choukri Ghanem a été retrouvé noyé dans le Danube… Sans doute ne savait-il pas bien nager en eaux froides…

 

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Si la mise en examen de Bernard Squarcini, ex-directeur de la DCRI sous le mandat de N.S., n’a pas de lien avec « les affaires », il reste que cela fait quelque peu désordre. Car, après Claude Guéant, c’est un autre de ses hommes de confiance que N.S. voit ici être inquiété et rares sont ceux qui peuvent se vanter d’y échapper, en dehors de Guaino qu’on voit mal en « homme des basses œuvres »…

 

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Enfin, « last but not least », arrive la publication de « La Cause du Peuple », petit opus signé Patrick Buisson, ex-conseiller spécial de N.S. de 2007 à 2012. On savait que l’ancien directeur de Minute, l’hebdomadaire d’extrême-droite bien connu, et patron de la chaîne Histoire, avait pris la fâcheuse habitude d’enregistrer ses conversations à l’insu de ses interlocuteurs. Il nous revient avec la publication d’un « brûlot » à charge contre N.S. et, semble-t-il, il n’y aurait pas que du « light » et de la bile… Ainsi, nous apprend-il que, dans l’affaire du CPE (Contrat Première Embauche) et de la manifestation qu’il avait suscitée aux Invalides le 23 mars 2006, N.S., alors ministre de l’intérieur de Dominique de Villepin, avait sciemment laissé « des bandes de blacks et de beurs » agresser des « jeunes Blancs » dans le but évident de fragiliser le premier ministre qui était à l’initiative de cette loi. L’affaire avait fait grand bruit, tous ces petits jeunes agressés et dépouillés de leurs téléphones portables. À défaut d’avoir été enregistrés, Patrick Buisson explique que N.S. s’en vantait largement en public. Tout ceci est par ailleurs déclaré plausible par Emmanuel Leclère, commissaire de police, ancien chef de section des CRS engagé sur la manifestation anti-CPE du 23 mars 2006, qui se souvient d’avoir clairement vu et identifié les “casseurs” venus de l’extérieur du cortège pour s’en prendre aux manifestants et qui affirme « J’étais présent, en mesure d’interpeller des casseurs, je les avais identifiés, et on ne m’a jamais donné l’ordre, avec ma section, d’intervenir. C’est ça que j’ai vécu. »

 

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Pas sûr cependant que toutes ces affaires aient quelque influence sur le vote des primaires « de la droite et du centre ». Quand on entend les supporters de Sarkozy, nul doute que tout ceci glisse telle la pluie sur les plumes du canard. La « théorie du complot » leur sert de boussole et même s’ils subodorent que leur « héros » n’est pas « blanc blanc », ça n’a probablement guère d’importance à leurs yeux. La fin justifie les moyens et qu’importent les moyens… En ces temps de « tous pourris », N.S. ne fait finalement, à leurs yeux, qu’être « normal »…

Du côté de Juppé, manifestement, on ne se fait aucune illusion sur l’impact de tout cela. En foi de quoi, la stratégie est clairement de faire en sorte que la participation à ces primaires soit la plus forte possible, y compris en y convoquant les « déçus du Hollandisme », autrement dit les électeurs de gauche qui ont pour seule boussole le TSS, « Tout sauf Sarko ». Côté programme, en effet, rien qui puisse les réjouir : Alain Juppé la joue très libéral – réduction des charges des entreprises dont la baisse de l’impôt sur les sociétés de 35 % à 30 % et passage de l’horaire légal de la semaine de travail de 35 h à 39 h, retraite à 65 ans, plafonnement des aides sociales, suppression de l’ISF, baisse des dépenses publiques de 100 milliards d’euros, baisse du nombre des fonctionnaires de 250 000 à 300 000, etc. – et tout ceci ne fait à peu près aucune différence avec les autres candidats de la primaire qui la jouent tous à « plus libéral que moi, tu meurs ». Et, donc, si différence il y a, ce sera sur le terrain des « valeurs »… Celui où il a quelque chance d’agréger les suffrages des centristes et des TSS réputés « de gauche ». Ainsi, dans son interview donnée au Monde le 23 septembre, à la question « Êtes-vous inquiet du sentiment de rejet que provoque la question des migrants ? » répond-il « Il faut absolument apaiser le climat qui règne aujourd’hui en France. Le simple mot de « musulman » suscite une hystérie disproportionnée ! Bien sûr, je mesure la gravité de la situation. La dernière enquête de l’Institut Montaigne montre que plus des deux tiers des musulmans de France acceptent les lois de la République. Mais un quart d’entre eux ne le font pas. Il y a là une action majeure de déradicalisation à entreprendre, avec les responsables de la communauté musulmane. Mais lorsque de l’autre côté, certains commentateurs expliquent qu’il faut interdire les prénoms qui n’ont pas une consonance gauloise, ça devient absurde. Aux Invalides, lundi, ont été cités les prénoms des victimes des attentats : j’ai aussi entendu des Myriam, Fatima, Mohamed… Il faut calmer le jeu. Si nous continuons comme ça, nous allons vers la guerre civile. Moi, je veux la paix civile. ». En creux, bien évidemment et sans avoir besoin de le préciser, c’est Sarkozy et ses boutefeux qui sont visés et, bien évidemment, en ligne de mire les centristes, les électeurs « raisonnables » mais aussi les tenants du « TSS » « de la droite et du centre » mais aussi de gauche…

 

À gauche, rien de très remarquable cette semaine. Le « discours de Wagram » de François Hollande n’a eu aucun impact (voir article 18 septembre 2016), la cote de popularité est au plus bas et le chômage repart à la hausse (voir plus haut). Jean-Luc Mélenchon tient des réunions publiques ici et là, telle celle de  Boulogne-sur-Mer le 27 septembre et le programme du candidat « L’avenir en commun » est en cours de consultation. Il se décline en 7 points, chacun d’eux étant développé sur un document de 4 à 10 pages. Il vient d’être diffusé parmi les « insoumis » à charge pour eux de faire remonter leurs avis sur chacun des dix points (Pour, Contre, Abstention) avant le 12 octobre. À l’issue de cette consultation, se tiendra une convention à Lille, les 15 et 16 octobre, au cours de laquelle la version définitive du projet sera présentée et soumise au vote des présents parmi lesquels 600 personnes (70 % des effectifs) auront été tirées au sort parmi les 130 000 « insoumis ». L’étape d’après, c’est le chiffrage du programme avec, à la manœuvre, Jacques Généreux, l’économiste, et ses amis… Et, pendant ce temps, au PCF, c’est le brouillard tandis que du côté de cette autre fraction du Front de Gauche nommée Ensemble, on se déchire joyeusement. Clémentine Hautain, sa figure de proue, soutient la candidature de JLM mais ce n’est pas du goût de tout le monde… (voir ici). Tempête dans un dé à coudre ! Tout ceci ne servira, dans le meilleur des cas, que les caciques du PS et leurs plumitifs du Monde et de Libé

 

Un peu de distance, un peu d’Europe… On en parle assez peu, mais l’inquiétude se fait grande chez nos gouvernants de voir l’un des principaux établissements financiers européens être en passe de faire faillite, à savoir la Deutsche Bank, suite à la menace que fait peser sur elle la justice américaine d’une amende de 14 milliards de dollars et le refus du gouvernement fédéral de se porter garant « en dernier ressort» de la banque dans cette affaire. Les « milieux financiers », habitués qu’ils sont de voir les États, autrement dit les contribuables, éponger les frasques des banquiers, ont très mal pris la chose. Le cours de l’action qui avait déjà chuté de 56 % en un an a « dévissé » de 6,9 % lundi dernier et encore de 2 % le lendemain… et ce ne sont pas les 42 000 milliards de dollars de produits dérivés figurant dans le portefeuille de la banque qui vont les rassurer. On est donc, en quelque sorte, devant un « Lehman Brother’s » bis… sans parachute, du moins jusque-là…

 

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On comprend bien et assez facilement que cette position d’Angela Merkel a pour but de répondre à une opinion publique allemande devant laquelle elle est déjà en grande difficulté, comme en témoignent les derniers scrutins, et qui ne supporterait pas de voir, une fois encore, le contribuable être prié de venir à la rescousse de la finance. Il s’agit aussi, incidemment, de délivrer un message aux autorités étatsuniennes sur le risque systémique qu’il y aurait à poursuivre dans la voie qu’ils ont choisie à l’égard de la plus grande banque allemande…

 

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Accessoirement, il s’agit aussi de délivrer un message au reste de l’Europe sur le mode « on ne plaisante pas avec les règles »…

Pour ceux et celles qui veulent s’informer plus avant sur ce qui risque d’être un « 2008 bis », je ne saurais trop conseiller de lire  l’excellent article qu’à écrit Martine Orange pour Mediapart. Ils pourront à cette occasion méditer sur la valeur à accorder à tous ceux qui nous expliquent que la crise de 2008 est derrière nous, que les banques sont solides, qu’on leur fait passer des « crash test » avec succès, etc. Tous ces enfumeurs qui n’ont pour toute règle d’expression que la méthode Coué – rebaptisée prophéties autoréalisatrices – et pour seule politique de se prosterner devant la puissance financière…

 

Enfin, s’agissant de la Syrie, comment ne pas souligner que, suite au bombardement des troupes d’Afez El Assad par l’aviation américaine – 80 soldats tués le 17 septembre « par erreur » – , l’accord américano-russe a volé en éclats et que les troupes au sol du dictateur syrien, soutenues par l’aviation russe, ont entrepris la reconquête de la 2ème ville du pays, Alep, « la ville martyre », la perle dont il ne restait déjà plus grand chose et dont, vraisemblablement, il ne restera à peu près rien à l’issue de ces violents combats. L’Occident – puisque c’est ainsi qu’il est convenu de nommer la coalition réunie autour des américains – reste coi, proteste, tempête, explique à l’envi que l’ennemi visé par cette offensive syro-russe est le camp des « démocrates » et non Daesh, comme l’affirme la partie adverse. La réalité est probablement plus complexe sur le terrain, les soi disant « démocrates regroupant des milices armées telle le Front El Nosra dont le caractère intégriste islamiste est notoire et qui se soucie de la démocratie comme d’une guigne. Les USA, la France et, plus généralement, la coalition n’ont, en fait, ni l’envie ni les moyens d’aller combattre au sol en sorte que la seule action qu’ils puissent envisager se limite à des bombardements aussi hasardeux qu’inutiles et des gesticulations à l’ONU. La presse occidentale en est donc réduite à jouer de la corde sensible sur la violence des bombardements russes, sur l’hôpital d’Alep régulièrement bombardé en dépit « des femmes et des enfants » qu’il abrite. Que n’eussent-ils dit ou écrit des bombardements alliés durant la deuxième guerre mondiale ? Eussent-ils alors déplorés dans les mêmes termes la destruction des hôpitaux ? Les villes rasées telles Le Havre, Caen, etc. sans parler de Dresde témoignent que, dans la guerre, et c’en est une, une vraie, ce genre de considérations pèsent peu voire pas. Il s’agit donc, une fois encore, d’alimenter la vindicte anti-russe qui est devenue la ligne suivie par les États-Unis depuis quelques temps, comme si la guerre froide leur manquait, comme si « la guerre contre le terrorisme » ne suffisait plus. Que la France, dans ce domaine, par la voix de François Hollande et de ses supplétifs, se montre « plus royaliste que le roi » est le signe flagrant d’un alignement sur la ligne néo-conservatrice qui domine dans les milieux militaires américains, ligne dont Hillary Clinton est le plus sûr soutien. Tout ceci est assez inquiétant pour le devenir du Moyen-Orient qui aurait besoin que la région se stabilisât afin de tarir les flots de réfugiés qui échouent sur les côtes de l’Europe et posent des problèmes politiques dont nul pays d’Europe ne peut aujourd’hui se sentir à l’abri. Cette inquiétude se double pour l’avenir en Europe si, comme on le sent venir, cette ligne politique ne trouvait rien de mieux comme exutoire à ses difficultés qu’une « bonne guerre » avec la Russie… On a connu ça en d’autres temps et on sait trop bien qu’une fois le conflit ouvert, la propagande à l’œuvre dispose de tous les moyens pour faire croire au « bon peuple » que l’ennemi est ignoble, forcément ignoble et la guerre juste, forcément juste…

 

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@ suivre...



03/10/2016
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