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Alstom, Cahuzac, EDF, Loi travail, Sarkozy... Que du bonheur !

Dimanche 18 septembre 2016

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L’affaire de la fermeture du site d’Alstom de Belfort a occupé une partie de la vie politique du pays cette semaine. La droite, sur le sujet, s’est faite discrète même si Damien Beslot, député-maire LR de Belfort, « fait le job » et organise une journée « ville morte le 24 septembre… D’aucuns soulignent la responsabilité de l’équipe en place, Emmanuel Macron en tête qui, en dépit des alertes diverses, n’a rien fait. La cause de ce beau gâchis réside dans le fait que la demande intérieure ne porte plus, pour l’essentiel, sur des TGV, créneau principal et essentiel de cette usine d'assemblage, mais sur d’autres types de transport ferroviaire (TER, intercités, etc.) sur lesquels s’appliquent la clause de concurrence « libre et non faussée » ; en foi de quoi le canadien Bombardier s’est fait une place remarquable dans tout ce qui relève des TER. Au passage, on observera que Bombardier emploie 2 000 personnes dans son usine de Crépin dans le Valenciennois d'où sortent tous ces TER que l’on voit circuler dans de très nombreuses régions.

 

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Si chacun a pu se féliciter de voir le contrat de la ligne Boston-Washington remporté par Alstom, peu ont souligné qu’en vertu du « Buy American Act » voté en 1933 et toujours en vigueur, les TGV allaient devoir être construits aux USA… Sur ce terrain, on notera que l’Europe reste coite et « réfléchit » depuis… 2012. Il va sans dire, également, que notre appartenance à l’Europe nous interdit de voter une loi similaire à vocation hexagonale. Cela nuirait à l’évidence à la concurrence « libre et non faussée » dont l’Europe s’est fait le chantre et, avec elle, nos gouvernants qui ont signé tous les traités.

De sorte que l’affaire prend un tour « exemplaire ». De fortes paroles sont prononcées, le Président lui-même « prend le dossier en main » nous dit-on. Le PDG d’Alstom, Henri Poupart-Lafarge, puis les syndicats de l’entreprise sont invités à une réunion à l’Élysée… Il y a le feu à la maison ! Beaucoup sentent que cette affaire Alstom risque de ressembler à d’autres… Citons le désastreux « L’État ne peut pas tout » de Lionel Jospin en 1999 à propos de Michelin ou encore l’affaire de la fermeture de l’usine sidérurgique ArcelorMittal de Gandrange qui a collé aux basques de Nicolas Sarkozy.

Mediapart vient de publier, un intéressant article signé Martine Orange « Alstom ou l’histoire d’une faillite industrielle à la française » qui rappelle, entre autre, l’histoire de la CGE avec Ambroise Roux à sa tête, sa privatisation « sans noyau dur », la présidence Tchuruk, l’homme qui rêvait d’un groupe « sans usines », le rachat de Lucent qui fut un fiasco, etc. Une bien intéressante histoire d’où il ressort que ces « grands capitaines d’industrie » n’ont de cesse de faire de mauvais choix, de tendre la sébile et, à chaque occasion, de s’en mettre plein les poches. Vous trouverez cet article ici.

 

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François Hollande entend reconquérir « son » électorat de gauche… Après le « discours de Wagram », il nous est donné de lire cette semaine une interview menée par Pierre Nora et Marcel Gauchet dans la revue Le Débat dans laquelle F.H. se revendique du « social-libéralisme » dont il dit que « c’est le libéralisme sans la brutalité » et tacle la gauche de la gauche accusée de « paralyser l’État et de le défier jusque sur le terrain du maintien de l’ordre » ajoutant, suivez mon regard, que « le camp des progressistes latino-américains n’est plus aussi glorieux qu’il a pu l’être il y a seulement vingt ans, sans remonter plus loin. » La fin de l’interview laisse augurer le slogan de la future campagne du candidat François Hollande : « La France fraternelle ». Pas sûr que ceux et celles qui ont la fraternité dans le sang se contentent du slogan qui ne manquera pas de se voir répondre, en écho, « Mon ennemi, c’est la finance » avec ce que l’on a vu de son application durant le quinquennat… L’article du Monde qui rend compte de cette interview est ici.

 

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Et, parlant finances, la semaine a été marquée par le compte-rendu jour après jour du procès des Cahuzac, monsieur et madame. Le sinistre personnage, ex rocardien, ex Strauss-Kahnien, ex président de la Commission des finances de l’Assemblée nationale, ex ministre du Budget dans le gouvernement Ayrault, médecin, chirurgien cardiaque passé dans le capillaire et le conseil aux industries pharmaceutiques qui ont le mérite de rapporter davantage, déjà condamné en 2007 pour « travail dissimulé » mais dispensé de peine au motif qu’il avait remboursé l’URSSAF et aidé sa femme de ménage philippine à régulariser sa situation, volontiers décrit comme « sûr de lui », « tranchant », « arrogant », se retrouve donc au tribunal avec sa femme, complice de ses turpitudes fiscales, comptes en Suisse et aux Bahamas à la clé. Eliane Houlette, procureure national du pôle financier, l’accuse d’avoir « flétri l’honneur de ce pays », d’« avoir sacrifié tous les principes pour l’appât du gain ». C’est peu dire !... Trois ans de prison ont été réclamés à son encontre et deux à celui de sa femme. Il en est pour trouver que c’est « sévère »… Il n’est que de comparer avec les peines prononcées dans les tribunaux à l’encontre de certains petits délinquants pour se convaincre que la sévérité ici dénoncée est toute relative…

 

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À ceux et celles qui auraient oublié l'arrogance du personnage, il est conseillé de revoir le débat entre Jean-Luc Mélenchon et Jérôme Cahuzac lors de l'émission "Mots Croisés" de France 2 du 7 janvier 2013 ici.

Quant à ceux et celles qui voudraient revoir la "bio" de Jérôme Cahuzac, c'est  ici.

 

Ce jeudi 15 septembre était jour de mobilisation contre la « loi travail » promulguée durant l’été (9 août), à l’initiative de la CGT, FO, FSU, Solidaires, l’UNEF, l’UNL et la FIDL. Une fois encore, des échauffourées ont émaillé la manifestation parisienne, échauffourées qui, comme d’habitude, seront les seules images diffusées au 20 h…

 

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Pourtant, dans de nombreuses villes, les rangs étaient loin d’être clairsemés… Mais, bien sûr, le leitmotiv des media sera qu’il s’agit là d’un « dernier baroud d’honneur ». À voir… Peut-être… mais, en tout état de cause, les mobilisations enregistrées ce jour témoignent que, décidément, ça ne passe pas ! S’il est à prévoir que le front syndical contre la loi travail va s’effriter pour ce qui est de l’action dans la rue, il est fort à parier qu’il va passer sur le terrain judiciaire. Une  note interne de la CGT publiée le 7 juillet indique, par exemple, que des articles de la loi semblent contrevenir aux conventions de l’OIT (Organisation Internationale du Travail). Il faut donc s’attendre à ce que la CGT et FO fassent feu de tout bois sur ce terrain… C’est ainsi qu’avait été obtenu que le « contrat première embauche » voté en 2006 soit abrogé en 2008. Il n’est donc pas étonnant d’entendre Fabrice Angeï, secrétaire confédéral responsable du suivi de la loi travail à la CGT, prévenir : « Nous sommes encore en phase préparatoire pour savoir exactement de quels recours nous disposons et auprès de quelle juridiction nous allons les porter. Nous savons que ce sera un long processus. » Tandis que, chez FO, Didier Porte, secrétaire confédéral chargé des questions juridiques, assure qu’« Il va falloir porter le combat sur tous les fronts possibles. Quelques fois, il vaut mieux utiliser le Conseil constitutionnel et, d’autres fois, plutôt l’Organisation internationale du travail (OIT) ou même la Cour de justice européenne ». Car, s’il est vrai que le Conseil Constitutionnel a validé pour l’essentiel la loi travail, n’invalidant que des dispositions secondaires en juillet dernier, il ne s’était pas exprimé sur deux des questions qui ont le plus cristallisé l’opposition au texte : l’inversion de la hiérarchie des normes en matière de temps de travail et le licenciement économique, laissant donc la porte grande ouverte aux QPC. Mais, pour pouvoir ester en cette matière de QPC, encore leur faut-il attendre que la loi soit en vigueur et qu’une de ces dispositions s’applique. Nul doute, en tout cas, que cet aspect judiciaire de la lutte contre la loi travail émaillera l’actualité dans les mois qui viennent…

 

On a appris ce 15 septembre que l’Angleterre donnait son feu vert aux deux réacteurs EPR (European Pressurized Reactor) d’Hinkley Point à travers la signature du contrat liant le pays à EDF et au chinois CGN pour un montant global de 21,5 milliard d’euros (2/3 EDF et 1/3 CGN). On se souvient dans cette affaire que Thomas Piquemal, le directeur financier d’EDF, avait bruyamment claqué la porte en juillet au motif que, « Fin 2015, EDF avait déjà investi 58 % de son patrimoine dans la technologie EPR. Avec Hinkley Point, cette part allait monter à 70 % ». Et d’ajouter : « Mais qui investirait 70 % de son patrimoine sur une technologie dont nous ne savons toujours pas si elle fonctionne ? ». Le gouvernement par la voix du nouveau secrétaire d’État à l’industrie, Christophe Sirugue (qui était le rapporteur de la loi travail à l’Assemblée nationale) met en avant que ce contrat représente 4 500 emplois en France. Outre le scepticisme des commentateurs financiers, on a pu enregistrer l’hostilité des syndicats d’EDF, syndicats qui ont déposé des recours judiciaires et dont on peut penser qu’ils ne sont suspects ni d’hostilité au nucléaire ni à la création de 4 500 emplois. L’hostilité et le scepticisme tiennent au fait qu’EDF est déjà fortement endettée (40 milliards d’euros), que cet endettement s’est vu augmenter dès lors que lui a été imposé le rachat de la branche réacteurs d’AREVA et que nul n’est à ce jour capable de chiffrer le coût de la fermeture des vieilles centrales nucléaires, telle l’emblématique centrale de Fessenheim. Qu’en outre, et à ce jour, pas une seule centrale EPR n’est encore en état de fonctionner, ni celle d’Olkiluoto en Finlande qui devait entrer en fonction en 2009 et dont on espère l’ouverture en 2018, ni celle de Flamanville dont les coûts explosent puisque on est passé de 3 milliards d’euros initialement prévus à plus de 10 milliards aujourd’hui.

 

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Il faut noter qu’EDF, dans les deux cas, hérite de l’impéritie d’AREVA et qu’il y a aussi en héritage un projet de construction de 6 EPR en Inde pour une centrale située à Jaitapur, près de Bombay, pour une puissance totale de 900 MW. S’ajoutent à cela de fortes interrogations sur la qualité des matériaux fournis à AREVA, EDF maintenant. Que l’on soit partisan ou pas du nucléaire, que l’on ait confiance ou pas dans la technologie EPR, il  reste que ce dossier ressemble étrangement à d’autres catastrophes industrielles et que l’on peut craindre que tous ces crânes d’œufs qui sont en charge, type Lauvergeon, réussissent à couler ce qui a été un des rares succès industriels de ce pays. Si l’on peut penser que, suite à l’élection présidentielle de 2017 et l’arrivée au pouvoir de LR et ses alliés, la fermeture des centrales nucléaires vieillissantes sera remise à des jours meilleurs, il reste que pèsent sur ce dossier de très fortes incertitudes quant à la capacité d’EDF à viabiliser la filière EPR. Il faut donc craindre qu’une fois encore on nous explique que, comme pour la Société Générale, c’est là la faute de l’État et que le contribuable soit, in fine, convoqué pour essuyer la facture…

 

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Et puisqu’on parle de LR, difficile de passer sous silence la prestation télévisuelle de Nicolas Sarkozy ce jeudi 15 à l’Émission politique de France 2 animée par Léa Salamé et David Pujadas. 2 700 000 personnes auraient regardé l’émission. C’est beaucoup et c’est peu au regard des audiences habituelles d’émissions comparables. Au menu : les casseroles de Paul Bismuth, alias N.S., dans l’affaire Bygmalion, le terrorisme et la façon d’y faire face (incarcération des fichés S., réorganisation de la justice antiterroriste, etc.), l’identité, l’islam, l’accueil des réfugiés syriens, le mariage gay, le changement de pied sur l’environnement où l’on découvre que N.S. fait de la surpopulation mondiale l’enjeu n°1 devant le changement climatique ; mais on se demande bien comment N.S. entend lutter contre le phénomène en dehors de créer un « observatoire de la population mondiale » aussi utile qu’un cautère sur une jambe de bois et, pour finir, l’intervention française en Lybie et les autres interventions militaires qui ont suivi sous la présidence Hollande, dont celle au Mali pour laquelle N.S. s’interroge quant à ses buts dès lors « qu’on y envoie 3 500 militaires sur un territoire grand comme trois fois la France ». Sur le ton général, Léa Salamé s’est montrée sous son jour habituel d’intervieweuse pugnace qui coupe la parole en permanence au point que N.S. a eu beau jeu de lui demander si elle comptait le laisser répondre et, ainsi, passer du camp de l’accusé à celui de victime… Et, ça, on sait qu’il sait faire… Enfin, même si on peut douter de la fiabilité des sondages, le préposé à la chose, Karim Rissouli, en fin d’émission sur la base d’un sondage Harris Interactive, a montré que si N.S. ne convainquait le sondé qu’à 35 %, le score montait à 80 % chez ceux identifiés comme « sympathisants L.R. », autrement dit parmi les éventuels votants de la primaire de la droite. De quoi inquiéter fortement les concurrents, Alain Juppé en tête…

 

Nicolas Sarkozy -jeudi 15 septembre 2016 sur France 2 lors de l'Emission politique.jpg

 

Pour revoir l’émission, c’est ici.

 

Sur le terrain international, comment ne pas noter tout à la fois le succès de la politique étrangère de la Russie qui est devenue un interlocuteur central de la question syrienne, la quasi disparition de l’Europe sur le dossier et, au passage, l’intervention militaire turque dont il est difficile de ne pas croire qu’elle a essentiellement pour but d’empêcher les kurdes d’unifier les zones qu’ils contrôlent en Syrie (et en Irak ?), les américains acceptant au passage de lâcher leur alliés kurdes… pendant que, dans le même temps, à l’intérieur, se poursuit une répression de grande ampleur dont les « démocrates » de tout poil font les frais avec, parmi eux, les partisans du HDP (Parti démocratique des peuples) supposé être la vitrine politique du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan). L’Europe, après l’accord passé par Angela Merkel avec Recep Tayyip Erdogan, est priée de regarder ailleurs. Ce qu’elle fait sans barguigner alors que la Turquie n’a, suite à cet accord, admis la réintroduction que de 440 réfugiés (pour trois milliards d’euros). Le cynisme a manifestement de beaux jours devant lui et on mesure, au passage, en quelle considération il faut tenir les mâles déclarations sur la démocratie comme guide d’une politique étrangère… Les naïfs en seront une fois de plus pour leurs frais, selon la formule célèbre du Général de Gaule, « Les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts ».

 

@ suivre…

 

 

 



18/09/2016
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