BelcoBlogLM

BelcoBlogLM

Richesse et cynisme au menu

Dimanche 28 janvier 2018

 

Sujets abordés :

  1. Versailles, Davos : les puissants se réunissent
  2. Les Kurdes, éternels cocus de l’Histoire
  3. Réforme du Bac et sélection à l’entrée de l’université : les deux faces d’une même médaille
  4. Sans importance…

 

=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=

 

  1. Versailles, Davos : les puissants se réunissent et s’affichent

Le bon peuple a été prié d’admirer la séquence : notre monarque républicain, après avoir reçu des PDG de multinationales à Versailles, s’en est allé ensuite retrouver les mêmes à Davos. Emmanuel Macron semble aimer Versailles, ce symbole de la monarchie où Louis XIV avait décidé de tenir en laisse la noblesse de France, cette classe aussi inutile que dispendieuse que la révolution de 1989, la « grande révolution », a précisément tout fait pour mettre à bas. Pourquoi, aujourd’hui, choisir de réunir tous ces puissants, les PDG de Toyota, SAP, Google, Facebook, etc. en ce lieu hautement symbolique ? Sans doute faut-il y voir l’affichage de la « geste jupitérienne », celle qui fait suite logiquement à ce qui nous fut donné de voir aux Tuileries au soir de sa victoire : Macron « en majesté ». Sans doute, mais pas seulement. Celui qui s’affiche si volontiers « business friendly » montre à tous ces « premiers de cordée » que, loin de l’image qui colle à notre pays d’être rétif à la mondialisation, la France, avec lui à sa tête, est désormais le pays dans lequel ils peuvent avoir confiance. Que les investissements annoncés à cette occasion par tous ces chefs d’entreprises aient été déjà programmés bien en amont et soient mis en scène relève de la cuisine médiatique convenue. Plus sérieusement, il s’agit d’afficher qu’avec les lois antisociales et fiscales déjà votées, notre pays rejoint la cohorte de ceux qui sont à genoux devant « le grand capital » depuis tant d’années, tous ces pays qui n’ont de cesse de leur offrir une main d’œuvre docile, bien formée et, finalement, peu chère, autrement dit capable de leur permettre de substantiels profits. Nul n’aura la cruauté de mettre en parallèle que, pendant que ces investissements affichés à Versailles généraient moins de 2 000 emplois, Carrefour, ce fleuron français de la grande distribution, annonçait la même semaine la suppression de 2 300 emplois…

 

Emmanuel Macron et Bill McDermott, le PDG de SAP,

leader dans le business des software à Versailles ce lundi

 

Deux jours plus tard, les mêmes, rejoints par d’autres, souscrivaient à ce « marronnier de janvier » qu’est le « forum économique mondial » de Davos. Pélerinage désormais obligé de tous les puissants de ce monde, Davos est le symbole de la collusion entre « représentants des peuples » ou supposés tels et « business », plus précisément ces 0,1 % qui voient leurs revenus augmenter depuis quarante ans. C’est le moment qu’a choisi Oxfam, cette ONG qui regroupe une vingtaine d’organisations se donnant pour but de lutter contre la pauvreté dans le monde, pour publier son rapport annuel. Le moment choisi n’est évidemment pas innocent et le rapport produit cette année met en évidence l’indécence de Davos et de ceux qui y participent : « 82 % de la richesse créée en 2017 a terminé entre les mains du 1 % le plus riche de la population. 42 personnes détiennent à elles seules autant de richesse que les 3,7 milliards de personnes les plus pauvres. » « Le nombre de milliardaires a connu l’année dernière sa plus forte hausse de l’histoire (…) leur richesse gonfle aussi de manière exponentielle : + 12 % en un an, soit 762 milliards de dollars. Alors que les salariés voyaient, en moyenne, leurs revenus s’apprécier de 2 % l’année dernière. »

 

 

C’est donc devant ces gens-là que l’ensemble des hommes politiques sont priés de venir s’agenouiller chaque année à Davos. Ils s’y pressent et y consentent volontiers. Les réunions qui s’y tiennent, les discours qui y sont prononcés n’ont aucune espèce d’importance puisqu’on se contente d’y parler gentiment, entre gens de bonne compagnie, qu’aucune motion n’y est jamais votée et que, bien sûr, rien de positif qui a pu y être dit ne voit jamais le moindre début de concrétisation. Davos n’est donc rien d’autre qu’un symbole de la domination de ceux que précisément dénonce le rapport d’Oxfam.

 

Les médias « de cour » se sont bien sûr bien gardés de faire le parallèle entre l’accroissement de la richesse des uns et l’augmentation de la pauvreté des autres. Ils ont préféré se focaliser sur la venue de Donal Trump réputé être le « vilain canard », celui qui ne souscrirait pas à la « mondialisation heureuse », celui qui est soupçonné de vouloir faire dans le protectionnisme honni. Comme il fallait s’y attendre, Donald Trump, milliardaire parmi les milliardaires donc, a fait ce qu’on attendait de lui, il les a rassurés sur le sens qu’il fallait donner à son « America first », autrement dit les a assurés que les USA étaient toujours là et bien là, qu’ils pouvaient toujours venir y faire du business et, accessoirement, que vu les mesures fiscales prises par son administration récemment, ce business leur rapporterait encore plus qu’avant… Il est peu probable que le propos ait en quoi que ce soit surpris ou déçu les présents. Ils ont pu repartir en jet aussi assurés qu’ils l’étaient en venant que rien ne change pour eux.

 

  1. Les Kurdes, éternels cocus de l’Histoire

Nombreux sont ceux qui ont suivi avec passion la troisième saison du Bureau des Légendes. On y voit, en particulier, cette magnifique combattante kurde, Esrin, dont la DGSE va se servir et qu’elle abandonnera ensuite à son funeste sort… Nombreux furent ceux qui ne manquèrent pas de mettre en regard cette fière et courageuse combattante de l’armée kurde avec toutes celles qui s’en sont allées faire le djihad en Syrie et qui supplient aujourd’hui leur pays de bien vouloir les faire rentrer…

 

Par-delà cette question sur le sort fait aux femmes chez les uns et les autres, se joue une question autrement plus grave : Erdogan, le « sultan d’Istanbul », après quelques bombardements sur lesquels peu de nos gouvernants et médias ont trouvé à redire, vient de lancer son armée à l’assaut d’Afrin, ville moyenne tenue par l’armée kurde, la même armée qui est officiellement et depuis plusieurs années notre alliée dans la lutte contre l’État islamique (autrement nommé Daesh). Tout le monde sait que sans les kurdes, rien n’eut été possible. Tout le monde sait aussi que dans cette guerre, la Turquie d’Erdogan servait de base arrière à l’EI, en particulier en ce qui concerne le commerce de pétrole qui permettait à l’EI de financer ses troupes. Au passage, également, on se souviendra que ce furent les russes et eux seuls qui décidèrent de bombarder ces convois, privant ainsi l’EI de cette indispensable source de financement. Bref, chacun sait ce que nous devons aux kurdes dans ce combat qui, sans eux, eut pu perdurer longtemps. Les kurdes, bien sûr, de leur côté, ont sans aucun doute pensé profiter de la situation pour qu’enfin se concrétise leur revendication de se voir enfin dotés d’un État.

 

Melisa Sözen dans le rôle d’Esrin, combattante kurde, dans la saison 3 du Bureau des Légendes

 

L’EI vaincue et nul ne s’en plaindra, Recep Tayyip Erdogan, instruit de l’histoire du siècle dernier, a compris que le moment était venu de mettre fin à ce qui, pour lui et de nombreux nationalistes turcs, est un danger évident : celui de voir s’installer au sud du pays un État kurde au nord de la Syrie actuelle qui ne manquerait pas de renforcer la revendication d’indépendance ou, à tout le moins, de « large autonomie » de sa minorité kurde. Il a donc, en ce début de semaine, lancé son armée à l’assaut d’Afrin et chacun sait qu’il ne s’arrêtera pas là, autrement dit qu’il entend bien « nettoyer » l’ensemble du Kurdistan syrien et, bien sûr, nul ne doute qu’il le fait avec l’accord de Vladimir Poutine dont l’aviation pourrait parfaitement et rapidement arrêter ses colonnes de chars.

 

 

Résumons : les forces kurdes sous la direction du PYD (Parti de l’Union Démocratique) participent à ce que l’on convient d’appeler la « coalition arabo-occidentale » à laquelle participent les USA et la France. Ces deux pays sont membres de l’OTAN, tout comme la Turquie qui, elle, déclenche une offensive armée en Syrie avec la complicité de la Russie. Vous suivez… Et que disent les USA et la France de « Rameau d’Olivier », nom donné par Erdogan à son opération de nettoyage : faites, faites « mais avec retenue ». On se pince… La « retenue d’Erdogan » est bien connue et tous les démocrates turcs emprisonnés en font les frais. Bref, les « intérêts supérieurs » conduisent à ce qu’une fois de plus les kurdes et leur cause fassent les frais de l’opération. Ils auront été les « idiots utiles ». On les aura armés le temps qu’ils fassent le sale boulot et, aujourd’hui, alors qu’Erdogan, aidés d’islamistes se réclamant d’Al-Qaïda, entreprend de leur faire la peau, on va les laisser tomber, une fois de plus dirait-on. L’Histoire se répète pour eux décidément.

 

À noter, au passage, que les magnifiques chars de l’armée turque que l’on voit ci-dessus, des Leopard 2A4, sont de fabrication allemande. Le contrat de livraison signé par Gerhard Schröder portant sur 354 de ces chars ne prévoyait aucune restriction quant à leur utilisation. Angela Merkel avec une partie de la classe politique allemande s’en est émue… Ça ne coûte pas cher et, manifestement, ça rapporte. Nous voilà rassurés, au bal des faux-culs, la France n’est pas seule…

 

Dans la série « bal des faux-culs », on ne manquera pas de souligner la position de notre ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian qui, interrogé à l’Assemblée sur l’offensive turque et la position de notre pays, n’a rien trouvé de mieux à dire que de reprendre l’accusation de terrorisme visant les organisations kurdes que se plaît à répandre le « Sultan d’Istanbul » pour justifier son offensive. En d’autres termes, on veut bien de l’aide de ces « terroristes » lorsqu’ils combattent l’EI mais on ne fera rien pour les empêcher de se faire massacrer par le dictateur turc et ses supplétifs islamistes. C’est là sans doute une variation sur le thème du « en même temps » macronien…

 

3. Réforme du Bac et sélection à l’entrée de l’université : les deux faces d’une même médaille

 

Loin de ces affaires de politique étrangère qui intéressent si peu de monde, on a eu droit tout au long de la semaine à un débat comme aime à en mener notre pays, à savoir la réforme du baccalauréat que prévoit le rapport remis par Pierre Mathiot, ex-directeur de Science-Po Lille, à Jean-Michel Blanquer, l’actuel ministre de l’Éducation nationale. 

 

 

Le baccalauréat, ce « monument national » dans lequel beaucoup voient le dernier « rite de passage », subit à intervalles réguliers des réformes. Une de plus, donc. Rappelons en préambule aux non-initiés que c’est là le « premier grade universitaire », autrement dit un diplôme universitaire permettant à tout individu en disposant de s’inscrire à l’université. Les mêmes non-initiés s’étonneront sans doute de ce qu’un diplôme universitaire soit attribué par des jurys dans lesquels siègent pour l’essentiel des enseignants du secondaire. C’est sans compter sur le fait que chaque jury est présidé par un universitaire. Il n’y fait certes que de la figuration mais sa présence est indispensable précisément pour justifier que le caractère universitaire du diplôme.

 

Ensuite, et toujours dans l’ordre des rappels utiles à la compréhension du sujet, il est bon de savoir que le taux de réussite à cet examen est, à la dernière session 2017, de 88 % toutes séries confondues (90,7 % en séries générales (L, S et ES), 90,5 % en séries technologiques et 81,5 % pour les séries professionnelles), la part des bacheliers au sein d’une classe d’âge est actuellement de 79 %.

 

Source : http://cache.media.education.gouv.fr/file/2017/96/3/depp-enc-2017_801963.pdf

 

 

Nombreux sont ceux qui pensent que le baccalauréat actuel, avec son grand nombre d’épreuves qui mobilisent chaque année des milliers d’enseignants, qui obligent nombre d’établissements devenus centres d’examen à fermer leurs portes dès la mi-mai, est un système inutilement coûteux, surtout si on prend la peine de le mettre en regard des taux de réussite désormais enregistrés. Sauf à ne pas se présenter à l’examen, sauf à avoir été absent pour diverses raisons durant l’année de Terminale, il est en effet bien difficile de ne pas s’en voir gratifier. Il faut dire que l’institution se donne tous les moyens pour cela : choix des sujets, évaluation des copies, pressions diverses sur les examinateurs manquant de souplesse, mise à l’écart de ceux qui notent trop bas, barèmes complaisants, etc., tout est mis en œuvre pour que, tel le Gosplan en ex-Union soviétique, les résultats soient au rendez-vous. On se souvient, pour certains d’entre nous, de l’éclat de rire général qui avait parcouru le pays au lendemain de l’affichage des résultats de cet examen en 1968 (voir graphique ci-dessus). Un tel résultat, 81,3 %, faisait suite à celui d’une année « normale », avec un taux de réussite de 62 %... Aujourd’hui, 81 % de réussite serait considéré comme un drame national majeur…

 

L’ex-directeur de Science-Po Lille est parfaitement instruit des enjeux de ce qu’on lui a demandé de produire. Même si, à titre personnel, il serait favorable à la disparition pure et simple de cet examen, il sait trop bien que la brutalité de cette mesure ne passerait pas. Il a bien compris également que ne pouvait être remis en cause frontalement le passeport pour l’université que constitue cet examen. Autrement dit qu’il convenait de mettre ses propositions dans ce qui se dessine s’agissant de l’entrée à l’université, c’est-à-dire la remise en cause du fait qu’un bachelier, quel que soit son parcours, puisse poursuivre ses études selon ses choix. En d’autres termes que, comme il est hors de question, pour des raisons budgétaires évidentes, d’ajuster les places offertes à l’université à la demande de ceux qui veulent y entrer, il s’agit de légitimer la sélection que met en œuvre le gouvernement avec la nouvelle procédure d’admission à l’université sur la base d’attendus qui permettront aux universités de choisir leurs étudiants. On devine sans peine que ceux qui ont un baccalauréat technologique ou professionnel seront alors « naturellement » écartés. À cette fin, donc, il propose de supprimer les séries L, ES et S au profit d’un choix de deux « dominantes » évaluées à l’écrit dès avril et qui seront la voie obligée des postulants à l’université. Les universitaires n’ayant ni le temps ni les moyens humains d’examiner les dossiers des postulants, il leur suffira de trier sur la base de ces deux « dominantes » et, accessoirement, des notes obtenues dans ces disciplines.

 

Dans le détail, le futur Baccalauréat se décomposerait donc, d’une part, en une série d’épreuves écrites – deux en fin de 1ère dont l’épreuve anticipée de Français, l’épreuve de Philosophie et 4 autres épreuves choisies par le candidat dont deux « dominantes » qui se dérouleraient en avril – et, d’autre part, toutes les autres disciplines non évaluées à l’écrit qui seraient évaluées en contrôle continu pour 40 % de la note finale. De sorte qu’en première approximation, on se dit que ce Baccalauréat ressemble à s’y méprendre à l’actuel Brevet des Collèges dont, disons-le, tout le monde se fiche comme de sa première chemise…

 

Sur la sélection à l’entrée de l’université via des « attendus » qui seront directement connectés aux « dominantes », beaucoup se diront qu’après tout il n’était sans doute pas bien raisonnable d’entreprendre des études scientifiques, par exemple, sur la base d’un cursus technologique, a fortiori professionnel ou après avoir suivi des études en série Littéraire… Sans doute. Et l’on sait bien qu’une part de l’échec enregistré en fin de première année à l’université tient à ce que ces étudiants n’ont manifestement pas les « prérequis » nécessaires pour espérer réussir. Sans doute… Et de récriminer sur une soi-disant orientation mal faite pendant que, depuis une dizaine d’années, on supprime avec méthode et constance les personnels en charge de cette tâche au sein de l’institution, à savoir les Conseillers d’Éducation Psychologues (devenus depuis peu Psychologues de l’Éducation nationale). Mais c’est là tout à la fois un mauvais procès fait à ces personnels et, surtout, une part bien marginale des échecs enregistrés en L1. La réalité, la triste réalité, réside d’abord dans le fait que l’enseignement secondaire a cessé depuis fort longtemps de transmettre et de former des esprits susceptibles de répondre sans trop de difficulté ce qu’on attend d’étudiants dignes de ce nom. L’autre réalité, sur laquelle on jette un voile pudique, c’est que nombre de ces étudiants ne le sont en fait pas, obligés qu’ils sont de devoir travailler pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires. Tous ces enfants des classes populaires dont les parents peinent à assumer la charge qu’ils représentent à cet âge sont en effet obligés d’enchaîner avec plus ou moins de bonheur des « petits boulots » souvent mal payés leur permettant tout au plus de survivre dans des conditions de logement souvent indignes. Si, donc, un effort de la nation devait être fait, ce n’est pas dans une réforme du baccalauréat permettant de les écarter qu’il faudrait miser mais dans un système de bourses, de logements pour étudiants, bref dans un système qui leur permettent de faire de vraies études. Que, par ailleurs, on renforce le niveau des exigences de l’enseignement secondaire ne serait sans doute pas faire œuvre inutile…

 

Au lieu de cela, au lieu de débattre des vrais enjeux qui engagent rien moins que l’avenir de ce pays qui, comme chacun le sait, n’a pas de matières premières, n’a plus d’usines, etc. et dont la seule vraie ressource est la « matière grise » de sa jeunesse, la presse s’est focalisée sur ce sur quoi les réformateurs ont décidé de mettre les projecteurs, à savoir le « grand oral ». L’expression n’a évidemment pas été choisie au hasard puisque, comme chacun le sait, c’est là le nom que porte l’épreuve reine du concours d’entrée à l’IEP (« Science Po »). S’agissant du Baccalauréat, outre les épreuves écrites (voir ci-dessus), le rapport propose en effet que chaque candidat soit interrogé une demi-heure durant sur un projet interdisciplinaire qu’il aurait conduit durant l’année, seul ou en groupe, et dont la note compterait pour 15 % dans la note globale ; ce qui donnerait donc 40 % en contrôle continu, 45 % à l’écrit et 15 % pour le « grand oral. Des esprits chagrins ne manqueront pas de noter que si 45 % de la note est répartie sur les épreuves écrites, autrement dit sur 7 disciplines (deux anticipées en fin de 1ère dont le Français, la Philosophie, deux « dominantes » et deux autres), même les « dominantes » ne pèseront pas aussi lourd que le « grand oral » dans la note finale… Aussitôt, les bonnes âmes se sont émues en voyant là le retour de l’élitisme honni puisqu’il faudrait voir dans ce « grand oral » une épreuve favorisant les candidats « bien nés », socialement et culturellement favorisés – ce qu’est objectivement le « grand oral » de Sciences Po. Las, redescendons sur Terre, cette épreuve existe déjà dans le Baccalauréat actuel et cela s’appelle un TPE (Travail Personnel Encadré) dont la note est comptée au même titre que les autres options (Latin, Grec, etc.), autrement dit dont seuls les points supérieurs à 10 sont ajoutés au total général. Au passage, c’est avec ce genre d’épreuves qu’il se trouve des candidats obtenant plus de 20/20… Et que l’on rassure toutes ces âmes apparemment soucieuses d’égalité, les consignes données aux jurys s’agissant de ces TPE sont telles que, sauf à ne rien produire, le candidat est généreusement noté et que très rares sont ceux qui ont moins de 14 à cette épreuve. La session 2021, censée être la première du Bac new-look, nous montrera qu’il n’y avait rien à craindre de ce côté, que les jurys continueront à être « généreux » et « bienveillants »… Le but de cette réforme n’est en effet pas de faire baisser le taux de réussite au Baccalauréat, il est de valider la sélection à l’entrée de l’université. Qu’importe que des illettrés aient le précieux sésame, on continuera à le leur donner « généreusement ». On peut même penser que le « système » se fera un malin plaisir de tout faire pour que grimpe encore le taux de réussite. C’est ce qui s’est produit lors de l’institution du Bac Pro en trois ans au lieu de quatre en 2009. C’est ce qui se passera avec le Bac nouvelle version. L’essentiel est ailleurs. Il s’agit de minimiser les coûts de l’enseignement secondaire et de l’enseignement supérieur, c’est-à-dire de ce que les spécialistes appellent le Bac-3 / Bac+3. Et ce but-là, soyons-en surs, sera atteint, hélas, quoi qu’il en coutera pour l’avenir de notre pays. Ici comme ailleurs, la France met ses pas dans la réduction des dépenses de formation que poursuivent nombre de pays, USA en tête. C’est évidemment une erreur majeure puisque, dans le cadre de la compétition internationale, de la « guerre économique » qui se déroule, notre pays n’a pour seule chance de s’en sortir qu’en investissant massivement dans les dépenses d’éducation pour parvenir à ce qu’une fraction toujours plus importante des citoyens soit titulaire d’une Licence voire d’un Master.

 

 

4. Sans importance…

 

Disons-le, au regard de ce qui précède, c’est un euphémisme de dire que, dans le champ politique, de la petite politique dite « politicienne », ne comptent pour à peu près rien la validation de quatre candidatures pour la compétition interne visant à prendre la tête du PS et le passage de Laurent Wauquiez à l’Émission politique de France 2.

 

Dans le premier cas, il s’agit de désigner celui qui sera chargé de la liquidation de ce parti failli qu’est aujourd’hui le PS, contraint de licencier la majorité de ses permanents, ayant vendu son siège de la rue de Solferino et dont la plupart des adhérents sont partis. Qui que soit le vainqueur parmi les quatre candidatures retenues par le Conseil national du PS ce vendredi – Stéphane Le Foll, Olivier Faure, Luc Carvounas et Emmanuel Maurel – chacun sait que c’est aujourd’hui sans importance. Le PS est en état de décomposition avancée et les chances de le voir se remettre du quinquennat Hollande sont quasi nulles. Alors, bien sûr, il restera une boutique portant officiellement ce nom qui, comme le parti Radical en d’autres temps, survivra symboliquement. L’avenir de la gauche est ailleurs, les équilibres ne sont pas encore figés mais une chose est sure ce « PS maintenu » ne pourra désormais que servir de force supplétive à la « gauche maintenue » qui tourne autour de la France insoumise d’une part, et à LREM, nouveau parti de la droite libérale d’autre part. Il n’est pas impossible que de ce tiraillement naisse une scission identique à celle qu’a connu le Parti radical avec ses « radicaux de gauche » et ses « radicaux valoisiens »…

 

Quant à la droite, comme on le sait, elle est désormais « multiple ». Outre LREM qui occupe l’espace de centre droit et le FN qui se concentre sur ses « fondamentaux » (identité, immigration, etc.) il y a LR avec à sa tête et depuis peu Laurent Wauquiez. Son passage à l’émission politique phare de France 2 était donc attendue comme une sorte d’intronisation publique. Seul souci pour lui et les siens, le public ne fut pas au rendez-vous puisque l’émission a enregistré ce soir-là son plus faible score jamais fait : moins d’un million et demi de téléspectateurs, moins que Benoît Hamon en décembre 2016 ! Partant, que Laurent Wauquiez ait « convaincu » ce marginal public n’a dès lors et évidemment aucune importance et nul ne sait aujourd’hui dans le pays ce que Laurent Wauquiez a bien pu dire au cours de l’émission. On croit comprendre à la lecture des comptes-rendus que la presse a bien voulu faire qu’il a, comme il fallait s’y attendre, joué de la corde identitaire et affiché un relatif scepticisme sur l’avenir de l’Europe. Rien de bien surprenant, chacun a compris que Laurent Wauquiez fait le pari de chasser sur les terres du FN et, qu’à cette fin, il entreprend de refaire ce que Nicolas Sarkozy avait fait en son temps avec la « ligne Buisson ». Sauf que les temps ont changé et que même si l’on pense que Marine Le Pen est en partie affaiblie – mais pas tant qu’aiment à le penser certains – il lui sera bien difficile de convaincre cette partie de l’électorat qui s’est portée sur le FN, ce « peuple de droite » du Nord de la France par exemple, lui qui est l’archétype du fils de bonne famille hyper diplômé (Sciences Po Paris, major de l’ENA promotion Mandela). Bref, on peut penser que sous les coups de boutoir de LREM, LR a lui aussi de fortes chances de sombrer avec Laurent Wauquiez à sa tête. Des départs importants se sont déjà fait jour tel ceux qui sont partis gouverner, bien sûr, ou celui de Xavier Bertrand mais tout laisse à penser que l’hémorragie est loin d’être finie. Le maire de Bordeaux, Alain Juppé, a déjà dit qu’il se mettait en congé du Parti et ne payait plus sa cotisation. Il est clair que la « ligne Wauquiez » ne pourra que poser problème à toute cette partie de la droite qui voit en LREM et Emmanuel Macron la concrétisation de son projet politique. Les prochaines élections européennes seront donc un test majeur pour Laurent Wauquiez. Qu’il échoue à cette occasion et sera alors affichée clairement la déroute que chacun pressent.

 

 

 

@ suivre…

 

 



28/01/2018
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 61 autres membres