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Primaires : c’est reparti…

Dimanche 18 décembre 2016

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Sujets traités :

  1. Primaires du PS : ils seront sept ;
  2. Valls est de gauche, si, si…
  3. Alep est tombée, la propagande fait rage ;
  4. Affaire Tapie : Christine Lagarde va-t-elle s’en sortir ?

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1. Primaires du PS : ils seront sept

Les actes de candidatures à la primaire du PS ont été reçus ce mardi, rue de Solferino, et la commission ad hoc a donné le nom de ceux qui pourront concourir. Ils seront sept : quatre du PS – Benoît Hamon, Arnaud Montebourg, Vincent Peillon et Manuel Valls – deux “écolos” – Jean-Luc Bennahmias (ex-MODEM) et François de Rugy – et une PRG, Sylvia Pinel.

Deux recalés : Gérard Filoche et Fabien Verdier au motif, selon Thomas Clay, responsable de la « Haute autorité » en charge d’organiser le scrutin, qu’ils n’auraient pas eu les parrainages nécessaires. On notera, au passage, que les candidats hors-PS n’étaient pas tenus de respecter cette règle de la même façon que, pour la primaire LR, Jean-Frédéric Poisson n’était astreint à aucune des règles communes aux six autres. Par ailleurs, et au motif que leur volonté d’adhésion à la Belle Alliance Populaire était quelque peu tardive, le PS a décidé de ne pas retenir la candidature de Bastien Faudot, représentant du MRC (fondé par Jean-Pierre Chevènement), du fondateur de Nouvelle Donne, Pierre Larrouturou et de Sébastien Nadot, représentant du Mouvement des Progressistes (fondé par Robert Hue alias « Bob »). On notera que, dans le même temps, comprenne qui pourra, de vibrants appels étaient lancés par le 1er secrétaire du PS en direction de Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron pour qu’ils participent à la primaire. On suppose que, dans leur cas, leur adhésion tardive à la BAP n’eût posé aucun souci… Quel blagueur ce Cambadélis…

Comme pour la primaire LR, il y aura donc sept candidats – quel heureux hasard ! – et seront organisés trois débats télévisés avant le 1er tour du 22 janvier et un débat durant la semaine de l’entre-deux tours. Autrement dit, et une fois encore, on ne va parler que de ça et, bien évidemment, nul ne comptabilisera ces heures d’antenne dans le temps de parole alloué au PS durant la campagne présidentielle. C’est cadeau ! Sans parler d’égalité, il n’est dès lors même plus question d’équité. Faudra-t-il ensuite s’étonner le discours de « la blonde » sur l’UMPS, révisé LRPS, prenne chaque jour davantage de crédit ?

Dans la foulée, les media ont décidé, sans barguigner, de déclarer qu’il s’agissait de « la primaire de la gauche ». Aimable blague qui ne trompe que fort peu de monde ayant quelque intérêt pour la chose politique en ce pays mais petite ficelle dont, néanmoins, ils vont user sans vergogne…

Après la primaire LR qui a réuni presque 4,5 millions d’électeurs au 2nd tour, « la » question tourne autour de la participation à cette primaire du PS. Nul ne pense sérieusement qu’elle égalera en nombre de participants celle de LR et « Camba » et ses amis se satisferont de moins de la moitié. Évidemment, un tel résultat sera quelque peu contradictoire avec l’affirmation qu’il s’agirait de « la Primaire de la gauche » mais, qu’importe, l’enjeu est ailleurs : il faut impérativement que le PS apparaisse toujours comme le centre de gravité du « peuple de gauche », c’est-à-dire le parti incontournable, celui sans qui rien ne peut se faire, sans lequel nul, à gauche, ne peut être élu. Il s’agit de conjurer les augures qui voient dans cette élection présidentielle et son probable funeste résultat la fin de la période ouverte en 1972 avec le congrès d’Épinay. Se dessine en effet pour le PS une fuite de ses électeurs, qui à gauche vers Jean-Luc Mélenchon, qui à droite vers Emmanuel Macron. Le risque de se voir siphonner ses voix sur ces deux flancs est réel. C’est ce qui était advenu à Gaston Deferre, candidat de la SFIO en 1969 qui, avec 5 % des voix, avait amené la gauche non communiste de l’époque à changer de stratégie pour, d’une part, s’unifier au Congrès d’Épinay en mettant François Mitterrand à sa tête et, d’autre part, s’engager dans la voie de l’alliance avec le PCF via le « Programme Commun ». Ce cycle 1972-2017 d’une gauche diverse mais unie in fine face à la droite a été profondément mis en danger par une politique « de l’offre », marquée à droite, piétinant tout allié potentiel y compris écologiste, brusquant le corps social, les syndicats, la base de cette gauche, réduisant au fil des ans le socle politique à un courant minoritaire, héritier de Michel Rocard, dont Manuel Valls est le représentant et qui fit, rappelons-le, 5 % des voix à la primaire de 2012. Un tel enfermement politique a été mortifère d’autant qu’en dehors de quelques mesures « sociétales » type « mariage pour tous », le bilan social est calamiteux. L’inversion de la courbe du chômage, si tant est qu’elle soit arrivée, se traduit quand même par 500 000 chômeurs supplémentaires durant le mandat. Les cadeaux au patronat, la « politique de l’offre », ont été faits inconsidérément tels le CICE ou le Pacte pour l’Emploi et n’auront servi qu’à rémunérer grassement les actionnaires tandis que se poursuivaient les fermetures d’usines, que s’étendaient les friches industrielles et qu’explosait la précarité. S’ajoute à ce désastre la situation de la jeunesse qui, en dépit de qualifications chèrement acquises, se voit vivre sans emploi pour une part importante, dans la précarité et la pauvreté pour le plus grand nombre dès lors qu’elle n’est pas héritière. Jeunesse qui a la claire conscience d’un avenir bouché, qu’elle vit plus mal que ses aînés au même âge et, tout ceci, alors que François Hollande avait proclamé faire de la jeunesse sa priorité ! Celui qui sortira de la primaire du PS, quel qu’il soit, se verra affublé de ce triste bilan. Autant dire que, quelles que soient ses distances prises avec le quinquennat de François Hollande, ses chances de faire un score de type Deferre sont grandes…

 

2. Valls est de gauche, si, si…

Grand exercice de « recentrage » de Manuel Valls qui, conscient sans doute de l’inconfort qu’il y a à se présenter après avoir été 1er ministre sur la ligne de la loi Travail et du CICE, autrement dit à droite, déclare tout de go qu’il proposera la fin du 49-3 en dehors de la loi budgétaire. Que dire ? Tout le monde en rigole ! Venant de celui qui en a usé six fois – trois pour la loi Macron et trois pour la loi Travail – l’exercice est périlleux et la crédibilité nulle. Une idée de « communiquant » sans doute… Ses adversaires à la primaire – Montebourg et Hamon, par exemple – ne se sont pas privés de railler l’exercice d’enfumage du catalan. Cette proposition a à peu près autant de chance de convaincre que les ralliements des ministres qui lui apportent leur soutien (Michel Sapin, Jean-Maris Le Guen, Laurence Rossignol, Jean-Yves Le Drian, Nadjat Vallaud-Belkacem, etc.) La fin du 49-3, ça rappelle un peu Nicolas Sarkozy qui, lui aussi, lors de la Primaire LR, avait mis en avant de consulter les français par referendum, le même qui avait fait passer par la voie du Congrès le TCE que les français avaient refusé par referendum en 2005 (avec la complicité d’une partie du PS). Bref, il va falloir que Manuel Valls trouve autre chose et la tentation qui se fait jour pour lui de faire porter le chapeau à François Hollande risque de pas davantage convaincre. En outre, elle n’est pas sans risque car la Hollandie a de la ressource. Vincent Peillon a le profil pour récupérer tout à la fois leur désamour de Valls et le soutien à peine caché des amis de la maire de Lille. La partie va être serrée, très serrée et beaucoup pensent que Valls va être à la primaire du PS ce que fut Sarkozy à celle de LR…

 

Valls et le 49-3.jpg

3. Alep est tombée, la propagande fait rage

Comme il fallait s’y attendre, Alep-Est est tombée. Bachar El-Assad triomphe avec l’aide de l’aviation Russe et des milices chiites iraniennes. Impuissants à y pouvoir changer quoi que ce soit, le gouvernement français et ses media de connivence en sont donc réduits à pleurer sur le terrible spectacle d’une ville quasi rasée et, politiquement, à gesticuler avec des trémolos dans la voix sur le mode « on a laissé faire ça, c’est impardonnable ». Bien évidemment, tout ceci est conçu pour venir en résonance avec le célèbre « plus jamais ça » consécutif à la IIe guerre mondiale. En d’autres termes, et conformément à ce qu’Hillary Clinton avait déjà dit, Poutine = Hitler. Bien évidemment, et dans le même temps, timidité de violette sur les bombardements et la reconquête de Mossoul et silence total sur la guerre que mène l’Arabie Saoudite au Yémen avec le soutien militaire des mêmes, la France entre autres… Sans doute les enfants d’ici ne sont-ils pas de même valeur que ceux d’ailleurs, sans doute, au fond, y a-t-il des « guerres justes » qui méritent toute la finesse de la propagande la plus éculée. Au passage, nul ne s’étonne que soit acceptée l’évacuation d’« insurgés » conservant leurs armes… Pas un mot, bien sûr, sur le fait que ces « rebelles » sont, pour une bonne part, des troupes du Front El Nosra, succursale d’Al Qaïda, responsable des attentats de Paris. Mais, par contre, après la chute d’Alep-Est, nos journalistes « humanistes » s’inquiètent de ce que le régime syrien et ses alliés puissent maintenant envisager de prolonger son offensive sur la ville d’Idlib, dernier réduit connu comme étant encore tenu par Al Qaïda. Tant de myopie, de parti-pris grossiers, de propagande insane entretiennent la méfiance du public à l’endroit de ces media. La jeunesse leur tourne le dos et confie, non sans risque, aux réseaux sociaux le soin de l’informer. Qu’importent, pensent-ils, le fact checking n’est-il pas le remède, la panacée...

 

Par ailleurs, si l’on admet que la chute d’Alep-Est est une immense défaite, pourquoi ces gens, soi-disant bien informés, ne posent-ils pas la question des raisons qui ont présidé à cette « catastrophe » ? Car, enfin, le budget militaire de la Russie est inférieur à celui de l’Arabie Saoudite et à peine supérieur à celui du Royaume-Uni, 9 fois moins que les USA (voir ici).

 

Budgets militaires 2015.jpg

 

On pourrait aussi parler du nombre de bases militaires qu’ont tous ces pays en dehors de leurs frontières, à commencer par les USA qui en totalisent à eux seuls 95 % ! (voir ici)

 

Bases militaires USA hors USA.jpg

 

Par comparaison, la Russie dispose de dix bases hors de son territoire national, dont 9 dans son voisinage immédiat et une… en Syrie, la France dix et le Royaume-Uni neuf. Alors, quoi, comment Vladimir Poutine, ce nouvel Hitler, fait-il pour gagner ? Son seul machiavélisme serait-il l’explication ? La réponse est évidemment ridicule mais c’est pourtant typiquement celle que nous donnent les media. Le ridicule ne tue pas, certes, mais la presse devrait quand même s’interroger sur les raisons qui président à la disparition de son lectorat et à la baisse de son influence…

 

N.B. : France 2 a consacré sa soirée de jeudi à Vladimir Poutine. Le docu de deuxième partie de soirée, « Poutine, le nouvel Empire » mérite attention et vous pouvez le télécharger ici.

 

4. Affaire Tapie : Christine Lagarde va-t-elle s’en sortir ?

Toute la semaine a siégé la Cour de Justice de la République (CJR), tribunal d’exception seul à même de juger les ministres pour des faits commis durant l’exercice de leur charge. Rappelons que cette cour est composée de trois juges et de douze parlementaires réunis ici pour juger Christine Lagarde, ex ministre de l’Économie sous Nicolas Sarkozy et actuellement directrice générale du FMI. En cause, sa gestion de « l’Affaire Tapie », c’est-à-dire de la procédure d’arbitrage à l’issue de laquelle Bernard Tapie s’était vu accorder en 2008 la modique somme de 403 millions d’euros, dont 45 pour « préjudice moral ».

On sait depuis que les trois membres du tribunal arbitral – Pierre Mazaud, Pierre Estoup et Jean-Denis Bredin –qui avaient rendu cet étonnant arbitrage n’étaient pas « blancs-blancs » et que la Cour de Cassation, la plus haute instance judiciaire du pays, a annulé cet arrêt en juin 2016. Pour plus de détail, voir ici.

 

La question était donc de savoir pourquoi l’État, en la personne de Christine Lagarde en charge du dossier, avait consenti à la procédure d’arbitrage dans un premier temps et renoncé à en contester le résultat à l’issue autrement dit de savoir si Christine Lagarde avait fait preuve de négligence dans le traitement de cette affaire.

Comme le relève Mediapart, « D’une exceptionnelle sévérité, cet arrêt de renvoi taille en pièces la défense de l’actuelle directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), allant jusqu’à dire que certaines de ses explications sont « affligeantes ». Mais surtout, elle dresse un réquisitoire en règle de la gestion de ce dossier par Christine Lagarde, pointant tour à tour « une décision mal préparée » puis « mal encadrée ». Les magistrats font en particulier ce constat ravageur : « Les négligences multiples commises, à cette occasion, par un ministre ayant par ailleurs l’expérience, tout à la fois, des contentieux financiers et de la procédure d’arbitrage, sont difficilement explicables, si ce n’est par la volonté d’imposer des choix déterminés à l’avance ; (…) en toute hypothèse, le comportement de Mme Lagarde ne procède pas seulement d’une incurie et d’une précipitation critiquables, mais aussi d’une conjonction de fautes qui, par leur nature, leur nombre et leur gravité, dépassent le niveau d’une simple négligence. »

On sait, par ailleurs, que Bernard Tapie était reçu à l’Élysée par Nicolas Sarkozy et que le directeur de cabinet de Christine Lagarde, Stéphane Richard, ancien et funeste PDG d’Orange, est mis en examen dans cette affaire, situation qui explique qu’il ait pu décliner l’offre qui lui était faite de venir témoigner devant la CJR. Une question ne sera pas posée : Christine Lagarde a-t-elle agi sur ordre ? Elle le nie, certes, plaide le manque de vigilance mais ce ne serait pas la première fois que l’on voit un subordonné assumer les fautes du boss… Souvenons-nous de l’affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris dans laquelle Alain Juppé fut condamné au lieu tandis que son patron, Jacques Chirac, s’en est tiré sans une égratignure… Accessoirement : quel intérêt avait Nicolas Sarkozy à soutenir Bernard Tapie ? On voit mal en effet à quoi « Nanard » pouvait lui être utile… Autrement dit, Tapie avait-il sur Sarkozy quelque dossier gênant ? Bien évidemment, nul ne répondra jamais à ces questions. On se limitera à s’interroger sur les négligences éventuelles d’une subalterne dont chacun sait qu’elle doit sa carrière et sa promotion à sa soumission au maître d’alors… ainsi qu’en témoigne la lettre d’allégeance découverte au domicile de Christine Lagarde lors d’une perquisition faite le 20 mars 2013 :

« Cher Nicolas, très brièvement et respectueusement,
1) Je suis à tes côtés pour te servir et servir tes projets pour la France.
2) J’ai fait de mon mieux et j’ai pu échouer périodiquement. Je t’en demande pardon.
3) Je n’ai pas d’ambitions politiques personnelles et je n’ai pas le désir de devenir une ambitieuse servile comme nombre de ceux qui t’entourent dont la loyauté est parfois récente et parfois peu durable.
4) Utilise-moi pendant le temps qui te convient et convient à ton action et à ton casting.
5) Si tu m’utilises, j’ai besoin de toi comme guide et comme soutien : sans guide, je risque d’être inefficace, sans soutien je risque d’être peu crédible. Avec mon immense admiration. Christine L. »

 

Christine Lagarde à la CJR.jpg

 

Quoi qu’il en soit, en dépit de la charge que représente l’arrêt de renvoi, en dépit de la semaine difficile qu’a passée Christine Lagarde devant le feu des questions dérangeantes de la présidente, des témoignages à charge dont celui de Bruno Bézard, actuel directeur général du Trésor, de la faiblesse de sa défense consistant à expliquer qu’elle devait signer des flots de textes et n’avait pas le temps de lire les notes de son administration, en d’autres termes, qu’elle n’a pas été vigilante – c’est vrai, ça, plus de 400 millions d’euros, une paille ! – qu’elle a été négligente. Ça tombe bien, c’est ce qui lui est reproché mais, qu’on se rassure, Christine Lagarde a trouvé en la personne de Jean-Claude Marin un procureur compatissant qui estime, au fond, que l’on ne peut incriminer un ministre de négligence et que la seule sanction que celui-ci ait à craindre est d’ordre politique, autrement dit dans les urnes. De sorte qu’à l’issue de son réquisitoire-plaidoirie, l’avocat de la défense qui prit la suite eut bien du mal à se singulariser et à apporter des arguments que n’aurait pas déjà présentés le procureur Marin.

 

Même s’il est arrivé que la CJR n’ait pas suivi les réquisitions du Procureur, il est à craindre que ce ne soit pas le cas ici et que Christine Lagarde sorte blanchie, reprenne l’avion et ses fonctions au FMI. Elle y est à sa place : dure avec les faibles, faible avec les forts. Verdict lundi…

 

@ suivre…



19/12/2016
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