Mouvement social et unité nationale
Vendredi 30 mars 2018
Sujets abordés :
- Sur le front social après le 22 mars
- Vers la guerre en Europe ?
- Terrorisme, antisémitisme, quelles leçons ?
- Stephen Hawking s’en est allé.
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- Sur le front social après le 22 mars
Le 22 mars marque-t-il le début d’un « printemps chaud » à l’image de son aîné d’il y a 50 ans ou bien, une fois encore, le « mouvement social » va-t-il devoir s’avouer vaincu comme il le fit à l’automne 2017 avec les ordonnances travail ? Le pouvoir, comme tous les pouvoirs qui l’ont précédé, use de la « méthode Coué » faisant valoir qu’il ne comprenait même pas les raisons du mouvement des cheminots puisqu’il ouvrait des discussions. Une façon banale de botter en touche, de laisser venir, de faire comme si rien de sérieux ne se jouait, comme s’il était assuré de vaincre. Optimisme de façade, optimisme convenu destiné à montrer que, comme Alain Juppé en son temps, il restera « droit dans ses bottes ». On sait, s’agissant de ce dernier, ce qu’il en advint… On sait aussi que dans les cercles du pouvoir la mâle assurance affichée sur les plateaux n’est que pure façade. Le pouvoir sait que ses réformes sont majoritairement refusées par la population et qu’il peine à convaincre lorsqu’il affirme, par exemple, que la transformation de la SNCF en société anonyme n’a pas pour but de privatiser ou bien qu’il se prépare à « discuter », autrement dit à réunir poliment les organisations syndicales sans ne rien retenir de ce qu’elles demandent.
Le 22 mars fut donc un premier « galop d’essai » avec deux manifestations à Paris et de nombreuses manifestations en province. Des rangs serrés, certes, mais pas une déferlante. Ainsi put-on constater l’étrange absence dans les cortèges de drapeaux oranges, ceux de la CFDT qui, pourtant, officiellement, appelait à se joindre aux cortèges. De la même façon, si l’on vit ici et là quelques drapeaux FO, on comprit vite que le gros des troupes était ailleurs, préparant ici un congrès, occupé à d’autres tâches ailleurs… Un fait a retenu l’attention : la faible disparité du nombre de manifestants entre la police (320 000) et la CGT (400 000). Un écart faible si on le compare à celui obtenu il y a deux ans sur la loi travail où il pouvait aller de 1 à 7 ! La presse, pour la circonstance, avait décidé de se mouiller et de faire appel à un institut « indépendant » pour compter les troupes. Sur Paris, s’agissant des deux cortèges, l’institut Occurrence a dénombré 48 000 manifestants quand la police en a trouvé 49 000 et la CGT 65 000…
Départ de la manifestation à Marseille, sur le Vieux Port…
S’agissant des suites à donner au mouvement, on sait que les trois premières organisations de l’intersyndicale des cheminots – CGT, UNSA, CFDT – a décidé de mettre en place un dispositif de grève inédit puisqu’au lieu et place de jours de grève sans lendemain ou de la grève « reconductible », ils feront la grève « perlée », deux jours de grève suivis de trois jours de travail à partir du 2 avril et ce, théoriquement, jusqu’au 27 et 28 juin. SUD-Rail, 4ème organisation représentative du secteur, a décidé, pour sa part, de lancer une grève reconductible. Venant de SUD-Rail, on n’en attendait pas moins… La forme adoptée est originale puisqu’elle a le mérite de priver les grévistes de “seulement” 40 % de leur paye tout en assurant une désorganisation de la SNCF à peu près comparable à une grève ininterrompue via une grève du zèle qui se conjuguera avec un refus des cadres de se substituer aux grévistes. Guillaume Pepy, le patron de la SNCF, l’a bien compris et n’est rien moins que furieux tant il sait combien est difficile de remettre en route la machine SNCF après des arrêts de travail massifs tels qu’ils se dessinent. Parallèlement, des « intellectuels » ont pris l’initiative sur Mediapart de mettre en place une « cagnotte » de soutien aux grévistes (voir ici). Parmi ces intellectuels, on retiendra les noms des écrivains Laurent Binet, Patrick Raynal, Didier Daeninckx, Gérard Mordillat, Annie Ernaux, des philosophes Bernard Stiegler, Toni Negri et Étienne Balibar, de l'universitaire Philippe Corcuff et des réalisateurs Robert Guédiguian ou Christophe Honoré. Le geste n’est évidemment pas sans rappeler la tribune du regretté Pierre Bourdieu qui, en 1995, appelait à soutenir les cheminots (déjà) face « plan Juppé » qui avait l’accord de Nicole Notat pour la CFDT… L’Histoire bégaierait-elle ?
S’agissant des fonctionnaires, il faudra voir si la belle unanimité qui présidait au 22 mars se poursuivra et dans quelle mesure les personnels consentiront à se mobiliser. On croit poindre sur ce front une certaine incertitude suite à une journée du 22 mars « en demi-teinte », autrement dit qui n’a pas mobilisé outrageusement. Bien évidemment, dans ce secteur comme dans bien d’autres, le problème c’est que le « moral des troupes » n’est pas forcément au beau fixe. Instruits de décennies durant lesquelles les grèves n’ont rien donné, les fonctionnaires s’interrogent légitimement sur les chances de succès de celles-là. On peut être très mécontent des réformes de la Fonction publique qui se profilent et, pour autant, ne pas consentir à se voir amputé de précieux 1/30ème sur la paye dont on sait trop qu’elle est déjà faible. On peut donc penser – et c’est sans doute ce sur quoi compte le gouvernement – qu’une fois encore les salariés seront tentés de faire grève « par procuration », laissant les cheminots seuls face au pouvoir. C’est sans doute là un bien mauvais calcul puisque si le « printemps social » devait se dérouler sur ce mode, non seulement les cheminots perdraient mais, après eux, les fonctionnaires et, plus largement, l’ensemble des salariés de ce pays.
Bien sûr, l’Histoire n’est pas écrite. Bien sûr, la CFDT, l’UNSA et autres supplétifs du pouvoir, tourneront casaque sitôt obtenues quelques miettes. Même si tout le passé démontre que leur attitude aboutit à ce que les gouvernements successifs ne leur accordent même pas le « minimum syndical » qu’ils réclament (retraites, loi travail, etc.), s’affranchissent allègrement des « lignes rouges » qu’ils affichent, ils sont dans une logique de soumission que rien ne viendra contrecarrer. Même FO, pourtant si virulente par le passé sur les retraites et la loi El Khomri, a, avec Jean-Claude Mailly, montré de quelle brindille elle se chauffait… La seule question concernant Mailly, est de savoir comment le pouvoir entend le récompenser lorsqu’il aura rendu son tablier lors du prochain congrès de FO. On suivra cela avec intérêt…
S’agissant des universités et de la lutte contre la sélection qui l’agite en ce moment, il semble y avoir un frémissement. Une dizaine d’universités connaissent des mouvements. Paris-Tolbiac est bloquée et la fac de droit de Montpellier est fermée suite à l’ahurissante intervention de nervis soutenus voire organisée par son doyen et à laquelle auraient participé des professeurs en poste dans cette faculté. Du jamais vu, des professeurs faisant le coup de poing avec des nervis ! Une inspection a été diligentée et le doyen en question a démissionné… Les mises en examen et les suspensions tombent. Cela suffira-t-il à calmer les esprits ? Pas sûr…
Comme chacun peut le voir, bien malin celui qui peut affirmer qu’il sait comment tout cela va tourner. Va-t-on rejouer 68 avec des universités en ébullition, des mouvements sociaux d’abord sporadiques avant de devenir massifs ? Chacun sent en tout cas que ce printemps est soit un tournant du quinquennat si le « mouvement prend » ou, tout au contraire, un caillou dans la chaussure de Macron qui, sitôt enlevé, lui ouvrira un « boulevard » pour une série de réformes de grande ampleur, retraites en tête. On sait que l’on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, autrement dit que l’Histoire ne se répète pas. Nul ne songe aujourd’hui à penser que le pays est dans la même situation qu’en 1968. Le chômage, la pauvreté et, surtout, l’absence de projet collectif, de perspectives en particulier dans la jeunesse y sont autrement plus prégnants. Tout invite à la résignation et tout invite « en même temps » à la révolte. L’avenir sera décidé par celui qui prend le pas sur l’autre.
- Vers la guerre en Europe ?
La question est certes brutale. Une guerre de qui contre qui ? Dans quels buts ? En tout état de cause, la question mérite d’être posée au lendemain de cette affaire d’agent double russe assassiné à Londres. En effet, tant le fait lui-même que les moyens employés font sourire. Sur le fait d’abord : qui peut se déclarer surpris qu’un agent double soit assassiné après qu’il a livré une longue liste d’espions de son pays en activité sous divers cieux ? Sauf à croire que l’espionnage est une affaire de gentlemen, on sait bien que c’est là « la règle du jeu ». Tous les services de renseignements le font et nul ne s’en étonne ou ne s’en émeut… Quant au moyen employé, on peut certes penser qu’il serait plus « propre », plus conforme aux usages dans le milieu, de lui avoir tranché la gorge ou de lui avoir tiré une balle dans la tête plutôt que d’user d’un poison mis au point dans les années 70 dans feu l’Union soviétique. Soit… Mais, de là à crier à la « menace biologique », quelle blague ! Le sarin utilisé dans les couloirs du métro de Tokyo en 1995 était une vraie « menace biologique » en ce qu’elle pouvait potentiellement faire des milliers de victimes. Ici, rien de tel, le produit utilisé n’est nocif que pour les seules personnes visées. Pourquoi donc s’émouvoir ainsi de cette tentative d’assassinat – l’espion Sergueï Skripal et sa fille sont d’ailleurs encore en vie à cette heure – et faire une telle mayonnaise de cette affaire ? Des mauvaises langues voient dans les difficultés que rencontre Theresa May avec le brexit et les mauvais sondages qui sanctionnent son action une source possible à sa réaction. D’autres, ou parfois les mêmes, tentent de raisonner un peu : admettant que Vladimir Poutine est à l’origine de cette tentative d’assassinat – ce qui est loin d’être prouvé – il voient dans le fait que le produit utilisé soit manifestement d’origine russe la volonté du dirigeant de signer l’assassinat pour mieux jouer de la forteresse assiégée à la veille de son élection. Peut-être… D’autres suggèrent enfin que s’il est vrai que le Novitchok est un agent neurotoxique innervant conçu dans les laboratoires soviétiques dans les années 70, il n’est pas impossible que durant les années Eltsine, avec l’immense désorganisation que connut l’État durant toute cette période, ce produit chimique ait été vendu comme l’ont été de nombreuses armes, y compris nucléaires… Auquel cas, nul ne sait en quelles mains tout ça a pu tomber… Les plus parano ne manqueront pas de souligner que la Russie est loin d’être le seul pays à conserver des produits prohibés. Chacun sait que l’Oncle Sam cultive avec soin les souches des maladies les plus virulentes, à commencer par la variole dans un centre secret et hautement sécurisé. Mais c’est pour la bonne cause, non ?
Bref, dans le maquis des théories, restent quelques faits. Un agent double, ancien colonel du FSB, a vendu pour quelques dizaines de milliers de dollars une liste d’agents de son pays. Traître à son pays, il a ensuite été échangé discrètement contre d’autres agents et coulait des jours heureux avec sa fille à Londres. Il se font empoisonner et sont retrouvés mourants sur les quais d’un métro londonien. Nul autre que ces deux-là n’est touché et il n’est pas impossible qu’ils s’en sortent. Theresa May profite de l’occasion pour donner de la voix et appelle les « occidentaux » à réagir. Ce qu’ils font en traînant un peu les pieds, le temps que les médias fassent leur boulot de (dés)information. 123 « diplomates » sont expulsés et, bien évidemment, Vladimir Poutine, en réponse, expulsera 123 « diplomates » des pays concernés. Si l’on voit mal une guerre se déclencher sur de telles bases, on ne peut s’empêcher de noter le grand concert de propagande qui a sévit durant la période et ceci est à tout le moins très inquiétant. On se plaît aujourd’hui à se moquer de la propagande qui sévissait à l’aube de la 1ère guerre mondiale, « la guerre de 14 », mais comparée à celle qui sévit de nos jours, c’est une plaisanterie. Les journaux papier étaient certes, à l’époque, beaucoup plus lus qu’aujourd’hui mais, à l’inverse, pas de télé, pas de radio pour entonner comme aujourd’hui de mâles appels à la vengeance contre l’ennemi indigne, entendez Vladimir Poutine. Dans le même temps, les mêmes iront discuter avec le Sultan d’Ankara qui vient de bombarder et de prendre Afrin et feront tout leur possible pour vendre des armes aux pétromonarchies du Golfe, Arabie Saoudite en tête, pour bombarder le Yémen… Que Vladimir Poutine ne soit pas un grand démocrate, on ne le sait que trop, mais si cela avait une quelconque importance dans les relations diplomatiques qu’entretiennent la France et ses alliés de l’OTAN cela se saurait aussi. Nous sommes donc dans une phase de « préparation des esprits » qui a tout pour inquiéter. Ce ne serait pas la première fois dans l’Histoire qu’on nous vend des salades pour justifier « une bonne guerre ». Méfiance, méfiance… Ils sont vraiment capables de tout.
- Terrorisme, antisémitisme, quelles leçons ?
À l’aube de la grève de la SNCF, l’actualité est marquée par deux événements qui ont le mérite de rappeler que le pays est confronté à une menace terroriste intérieure et à des actes antisémites qui, sans être comparables à ce qui prévalait dans ce pays dans l’entre-deux guerres, n’en sont pas moins significatifs d’un antisémitisme qui a tout à voir avec l’interminable conflit du Moyen-Orient et la ghettoïsation d’une partie de la population d’origine immigrée.
Face, donc, à l’attentat de Carcassonne et le sacrifice fait par le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame et l’assassinat de Mireille Knoll, le pays a renoué un moment avec l’unité nationale qu’elle avait connu au lendemain des attentats de 2015. S’agissant du premier, il renvoie chacun à ce qu’il ferait en pareil cas. Et nombreux sont ceux qui se prennent à penser qu’ils auraient été se cacher ou, au mieux, et à sa place, eussent commandé l’assaut tout en restant à l’abri. L’époque n’est guère à l’héroïsme comme en témoigne fréquemment l’indifférence que montrent des foules de voyageurs face aux agressions dont ils sont témoins. Voilà en effet un major de St-Cyr, officier supérieur à 45 ans, promis aux plus hautes fonctions dans son corps d’armée, la gendarmerie, qui se transforme en héros national en faisant don de sa vie en se substituant à un otage. Qui aujourd’hui est capable de cela ? Bien peu, on le sait trop. Les héros du jour, ceux qu’encensent nos médias sont milliardaires, boursicotent à tout va, partent à l’assaut d’empires industriels via des fusion-acquisitions qui ne font jamais le moindre mort dans leurs rangs. Le sacrifice n’en prend dès lors que plus de relief tant il semble anachronique et le pays ne s’y est pas trompé, reconnaissant en Arnaud Beltrame un « héros national ». Disons-le, en regard, les « obsèques nationales » faites il y a peu à Johnny Hallyday n’en apparaissent rétrospectivement que plus déplacées.
Quant à Mireille Knoll, après avoir été victime de la « rafle du Vel d’Hiv’ » dont elle avait réussi à s’échapper en fuyant au Portugal avec son passeport brésilien, veuve d’un survivant d’Auschwitz, atteinte depuis quelques années de la maladie de Parkinson, elle semble avoir été victime de ce vieux préjugé selon lequel les juifs de ce pays, comme tous les juifs, sont forcément riches.
Le caractère antimite de l’assassinat tient, pour ce que l’on en sait aujourd’hui, à ce que l’un de ses deux agresseurs l’aurait assassinée aux cris de « Allah Akbar ». L’enquête est en cours mais, dans le contexte actuel, celui d’une « communauté juive » en butte à de nombreuses agressions, l’opinion a décidé d’y voir un crime antisémite.
En foi de quoi, le CRIF a décidé de réagir en appelant à une « marche blanche » destinée à dénoncer cet assassinat mais, plus largement, le climat antisémite qui prévaudrait dans notre pays. La classe politique ainsi convoquée a décidé de s’y rendre en une unanimité qui ne se rencontre que rarement. Unanimité que le CRIF a décidé de trouver suspecte puisqu’aux côtés de l’establishment traditionnel se proposaient de venir ceux que le CRIF a en horreur, « les extrêmes », autrement dit Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. De sorte que ce qui devait être une belle manifestation d’unité nationale s’est transformée en polémique politicienne au point que le fils de la victime lui-même a cru bon de souligner que, lui, touché au premier chef, ne voyait pas de problème à la venue de quiconque et que « Le Crif fait de la politique et moi, j’ouvre mon cœur, (…) Tous les gens sont concernés, c’est insupportable qu’en France, aujourd’hui, quelqu’un puisse mourir de façon si affreuse. » Si on imagine sans trop de peine que Marine Le Pen soit écartée en raison de l’histoire de l’extrême-droite dans notre pays et des propos tenus par son père, on comprend mal la réaction vis-à-vis du représentant d’un courant politique situé nettement à gauche dont toute l’histoire démontre une étanchéité sans faille avec l’antisémitisme. Mais ce serait là faire preuve d’une coupable ignorance quant à ce qu’est le CRIF ou, plutôt, ce qu’il est devenu : une officine sioniste tout entière consacrée à la défense d’Israël et de ses dirigeants actuels dont Benyamin Netanyahou est la figure emblématique, autrement dit une extrême-droite israélienne qui, sur le plan politique, n’a rien à envier au Front national chez nous. De ce point de vue, le fait qu’il se soit donné comme dirigeant un ancien du Betar est significatif. Ce que reproche en creux le CRIF à Jean-Luc Mélenchon et les siens c’est de critiquer la politique actuelle d’Israël et, ce faisant, de reprendre l’antienne sioniste selon laquelle quiconque critique Israël ne peut être qu’antisémite. On se prend dès lors à imaginer Francis Kalifat, l’actuel dirigeant du CRIF, confronté le 27 novembre 1967 au Général de Gaulle qui, lors d’une conférence de presse avait dit que beaucoup se demandaient si « les Juifs, jusqu'alors dispersés, mais qui étaient restés ce qu'ils avaient été de tout temps, c'est-à-dire un peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur, n'en viennent, une fois rassemblés dans le site de leur ancienne grandeur, à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu'ils formaient depuis dix-neuf siècles : l'an prochain à Jérusalem ». En sorte que l’on serait assez tenté de reprendre, une fois n’est pas coutume, le propos du député frontiste Gilbert Collard « Des antisémites, il y en a partout, chez Les Républicains, chez les En marche… Des cons, il y en a partout. Un espace humain n’est jamais à l’abri de la connerie. Mais cette connerie, il faut la chasser. » On ne saurait dire s’il y a des antisémites au CRIF mais, une chose est sure, cette séquence nous aura montré qu’il y a au moins placé un con à sa tête…
- Stephen Hawking s’en est allé.
Avec la mort de Stephen Hawking, on serait tenté de dire qu’un pur esprit s’en est allé tant le corps de ce grand physicien était à ce point réduit à si peu par une maladie de Charcot censée le tuer depuis 40 ans...
Né à Oxford en 1942, il a d’abord été professeur de Mathématiques à Cambridge entre 1980 et 2009 sur le poste occupé par Isaac Newton. C’est par ses contributions dans le domaine de la cosmologie et de la gravité quantique, en particulier les trous noirs, qu’il s’est fait connaître du petit monde des scientifiques tandis que le grand public, lui, le découvrira en 1998 avec son maintenant célèbre ouvrage de vulgarisation « Une brève histoire du temps » et, plus tard, avec le film de James Marsh, The Theory of Everything, qui retrace la jeunesse du physicien et, en particulier l’histoire d’amour avec celle qui deviendra sa femme. Le livre se vendit très bien – 10 millions d’exemplaires en 20 ans – mais quiconque a un tant soit peu tenté de le lire conviendra qu’il était d’un accès très difficile de sorte que l’on peut penser que bien peu nombreux furent ceux qui le comprirent. C’est que la Théorie du tout censée unifier la relativité générale d’Einstein et la mécanique quantique des Dirac et Heisenberg, pour ne citer qu’eux, ne se laisse pas approcher aisément. L’appareil mathématique qui sous-tend les deux théories est d’une telle complexité que toute tentative de vulgarisation confine souvent à l’imposture. Restent les images, les parallèles audacieux qui laissent à penser aux naïfs qu’ils comprennent de quoi il retourne vraiment. De ce point de vue, parmi les réactions enregistrées après la mort de Steven Hawking, on serait tenté de sourire à celle d’un Jean-Luc Mélenchon qui, sur son blog, s’est fendu d’un texte dans lequel il confesse un « enchantement et une excitation de l’esprit » lors de la lecture du best-seller. De formation littéraire, on se demande bien ce que lui, et tant d’autres avec lui, ont bien pu en saisir… quand des physiciens célèbres avouent, eux, n’y avoir rien compris… Mais, comme Jean-Luc Mélenchon, on se plaira à retenir cette phrase du physicien disparu : « Dieu n’a pas eu le temps de faire le big bang parce que le temps n’existait pas avant le big bang ». On rappellera aussi pour mémoire ce qu’il disait de son travail et de la célébrité qui l’entourait : « Je suis certain que mon handicap a un rapport avec ma célébrité. » Il ajoutait qu’il ne prêtait d’ailleurs guère d’attention à la façon dont les médias le décrivaient : « Ils ont besoin d’un personnage à la Einstein auquel se référer. Mais, pour les journalistes, me comparer à Einstein est ridicule. Ils ne comprennent ni le travail d’Einstein ni le mien. » Enfin, ceux et celles qui sont attachés aux dates ne manqueront pas de retenir que Stephen Hawking est né un 8 janvier comme Galilée et que le jour de sa mort, un 14 mars, coïncide avec celui de la naissance d’Albert Einstein… Il s’en trouvera sans doute pour y voir la main des astres, de Dieu, etc. Il en aurait souri, à défaut de ne pouvoir faire davantage, éclater de rire…
@ suivre…
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