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Jusqu’où ira-t-il ?

Dimanche 9 avril 2017

 

Sujets traités :

  1. Missiles US en Syrie : jusqu’où ira-t-on ?
  2. Présidentielle 2017 : où en est-on ?
    1. Le grand débat à 11 sur BFM-TV
    2. Mélenchon progresse encore, Hamon décroche…
    3. Le programme de Macron : « Opération Walt Disney » ?

 

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  1. Missiles US en Syrie : jusqu’où ira-t-on ?

Les faits sont connus : l’aviation syrienne a frappé ce 4 avril près de Khan Cheikhoun, dans une zone tenue par ce qui reste de l’armée djihadistes en Syrie, faisant plus de 80 morts, dont des femmes et des enfants présentant, pour ce qui nous a été donné à voir, des signes conduisant à penser qu’ils ont été victimes de gaz, d’une « attaque chimique ». Dès lors, deux thèses s’opposent : la première, volontiers reprise par l’ensemble de nos médias, sur la base de témoignages locaux, d’ONG travaillant sur place, qui attribue la responsabilité de l’attaque chimique à l’aviation syrienne, autrement dit au dictateur syrien en place, Bachar el-Hassad, et la seconde, qui affirme que l’aviation syrienne a frappé une base des djihadistes sur laquelle se trouvaient des armes chimiques.

Avant même que la clarté ne soit faite sur les faits eux-mêmes, l’ensemble des médias a entonné l’hymne de la diabolisation du régime syrien. Pas l’ombre d’un doute : Bachar el-Hassad étant un affreux, un méchant, un « bad guy », il ne pouvait être que responsable de cette attaque chimique. Que le régime syrien n’ait aucun intérêt à la chose importe peu : un dictateur est nécessairement fou et ne peut raisonner rationnellement.

En foi de quoi, Donald Trump – dont la rationalité est pourtant régulièrement interrogée par ces mêmes médias – a décidé de frapper la base aérienne syrienne d’Al-Chaayrate à partir de laquelle auraient décollé les coupables avions syriens, dans la province centrale de Homs, par 59 missiles Tomahawk tirés par l’USS Porter et l’USS Ross qui croisaient en Méditerranée orientale.

 

Que cette opération militaire soit conduite sans aucun mandat international, que l’enquête demandée à l’ONU par la Russie, alliée du régime syrien, n’ait encore produit le moindre fruit, autrement dit que nul ne soit en mesure de dire qui est responsable de la mort de tous ces gens, que les témoignages fournis viennent de soi-disant ONG dont l’indépendance aux djihadistes est plus que douteuse, rien de tout cela ne transpire dans nos médias. On se croirait revenu au plus beau temps de George Bush et Tony Blair nous expliquant, rapports de la CIA truqués à l’appui, que Saddam Hussein disposait d’armes de destructions massives (ADM), mensonge qui a aboutit au désastre que l’on sait. Nul ne s’interroge sur ce qui semble être une volte-face de Donald Trump, hier volontiers présenté comme un grand ami de Vladimir Poutine et acceptant de discuter avec Bachar el-Hassad, aujourd’hui commandant le bombardement d’une base aérienne syrienne au risque d’aboutir à une confrontation sérieuse avec la Russie de son prétendu ami Poutine, lequel dispose en Syrie de bases anti-missiles capables de protéger l’armée syrienne de telles attaques.

En peine période électorale dans notre pays, l’affaire fait évidemment grand bruit. Que feraient les uns et les autres candidats en de telles circonstances ? Quand on prend la peine de les écouter, à part Benoît Hamon qui, sans surprise, se montre le plus proche de la position adoptée par François Hollande et Angela Merkel, autrement dit l’alignement sur les USA, demandant même que les frappes ne cessent pas, voire même qu’on intervienne militairement en Syrie, les autres candidats se montrent beaucoup plus prudents. Emmanuel Macron, comme d’habitude, se fait anguille. En déplacement en Corse, il a « pris note » des frappes américaines et demande une « action coordonnée sur le plan international en représailles au régime ». Autrement dit, une fois encore et dès lors que l’on sait lire entre les lignes, pas le moindre doute sur la culpabilité du régime Syrien, pas de référence à l’ONU et, finalement, blanc-seing donné aux frappes américaines... Quant à François Fillon, il souligne l’unilatéralité de la décision US, dit comprendre ce qui a pu la motiver mais met en garde quant à une confrontation directe avec la Russie et l’Iran, demande que la France exige une enquête de l’ONU et que les mesures soient prises pour faire respecter l’interdiction des armes chimiques (voir ici).

Une position pas très éloignée d’autres candidats tels Nicolas Dupont-Aignan ou Jean-Luc Mélenchon pour qui applaudir à ces frappes revient à donner l’autorisation à Donald Trump de frapper où il veut, quand il veut en dehors de tout mandat des Nations Unies (voir ici). À signaler que du côté de Marine Le Pen, on affiche une certaine gêne quant à ce revirement à 180° de Donald Trump…

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  1. Présidentielle 2017 : où en est-on ?

2.1 Le grand débat à 11 sur BFM-TV

 

L’événement du début de semaine fut sans conteste le débat réunissant les onze candidats sur le plateau de BFM-TV. Plus de cinq millions et demi de téléspectateurs sur une chaîne du câble, du jamais vu ! Que retenir ? D’abord que, quoique long, plus de quatre heures, loin d’être ennuyeux en affichant une suite de courts monologues, on eut bien un débat au cours duquel les « petits candidats », autrement dit tous ceux que TF1 avait crû bon d’écarter lors du débat qu’elle organisa le 20 mars, se firent entendre et permirent de sortir des sentiers battus.

 

Le « grand moment », celui qui fit le « buzz », fut sans conteste la saillie de Philippe Poutou sur les affaires qui collent aux basques de François Fillon et Marine Le Pen. Celui qui refusa de figurer sur la « photo de famille » (voir ci-dessus), depuis sa position d’outsider, l’ouvrier de chez Ford, sans cravate, sans costume, n’y alla pas avec le dos de la cuiller, ne fit pas dans la « pudeur de gazelle », dans la demi-mesure. Prié d’intervenir pour dire ce qu’était pour lui un « président exemplaire », il expliqua que « Depuis janvier, c’est le régal, Fillon, il est en face de moi, plus on fouille, plus on sent la corruption, la triche. En plus c’est des bonhommes qui nous expliquent qu’il faut la rigueur, et ils piquent dans les caisses » pour poursuivre par « Le Pen aussi, on pique dans les caisses publiques. Là, c’est pas ici, c’est l'Europe. Alors pour quelqu’un qui est anti-européen, ça pose pas de problème de piquer l’argent de l'Europe (…) Et le pire, c’est que le FN qui se dit anti-système, ne s’emmerde pas du tout, se protège avec les lois du système, l’immunité parlementaire, pour ne pas se rendre aux convocations policières ». À la « blonde » qui lui lançait « ce coup là, vous êtes pour la police... », il eut cette réponse qui restera dans les annales : « Nous, quand on est convoqué par la police, on n’a pas d'immunité ouvrière, désolé, on y va ! ».

 

La vidéo est ici.

 

Pour le reste, chacun eut le loisir de découvrir la singularité de candidats aussi peu connus que Jacques Cheminade dénonçant sans relâche la finance internationale, source de tous les maux, François Asselineau citant à l’envi tel ou tel ou tel article des traités européens, l’Europe source de tous les maux qu’il conviendrait de quitter pour recouvrer son indépendance, Jean Lassalle dont le discours à tout le moins confus laissait entendre un accent béarnais plein de sincérité et d’humanité non feinte, Nathalie Artaud s’en prenant aux « exploiteurs français » dans la plus pure tradition d’une Arlette Laguiller à qui elle succède ou Nicolas Dupont-Aignan, souverainiste assumé, disposant d’une « bonne droite » et souvent pertinent et pugnace.

 

Les autres, les « grands » candidats, durent faire avec, disposant d’un temps de parole identique, en gros une vingtaine de minutes chacun, ils jouèrent leur partition sans trop s’aventurer sur le terrain de la contradiction avec les « petits ». Emmanuel Macron fit du Macron, d’accord avec tel ou tel, souvent confus, s’affichant européiste, prétendant apporter du neuf quand en réalité il ne propose rien moins que de poursuivre la politique de François Hollande en l’aggravant sur le terrain social. François Fillon, obligé de subir l’affront, tenta de justifier son programme austéritaire au nom de la dette à rembourser, expliquant une fois encore que le pays était en faillite… Marine Le Pen faisant de l’immigration la source du terrorisme et de la laïcité un outil clivant, propose rien moins que de changer la Constitution afin de permettre que les maires installent des crèches de Noël dans leurs mairies puisque « les crèches font partie de notre patrimoine historique et culturel ». À cette incise fort peu laïque qui montre que la laïcité, façon MLP, s’applique essentiellement à l’islam, Jean-Luc Mélenchon se fit remarquer en lui rétorquant « les traditions ne me dérangent pas. Peut-être que j’ai une crèche chez moi, qu’est-ce que vous en savez ? Mais c’est chez moi, j’embête pas tout le monde avec ! » et de compléter par « Mais non, Madame, 60 % des Français n’ont pas de religion. Fichez-nous la paix avec la religion ! Nous ne sommes pas obligés de subir vos foucades, vos trouvailles, votre manière de nous imposer à tous une manière de vivre qui n’est pas la nôtre ! » (voir ici). Quant au candidat du PS, si tant est qu’on puisse le qualifier ainsi, Benoît Hamon, il apparut une fois encore faible, peu intelligible quoique « teigneux ». Manifestement, ce n’était pas avec ce débat et cette prestation qu’il remonterait la pente…

 

Comme chaque fois, les commentateurs, les journalistes se demandèrent qui avait bien pu gagner le match… Et, cette fois encore, autrement dit comme au lendemain du débat de TF1, il apparut que Jean-Luc Mélenchon était le grand bénéficiaire de ce débat comme en témoigne cette analyse de Jean-Daniel Lévy, directeur du département politique & opinion d’Harris Interactive : « Jean-Luc Mélenchon apparaît comme le candidat ayant le plus convaincu les Français ayant au moins entendu parler du débat (39%), devant Emmanuel Macron (32%) et Marine Le Pen (29%). François Fillon et Benoît Hamon quant à eux ont convaincu un peu plus d’un cinquième de ces Français (respectivement 21% et 21%), soit un niveau de conviction proche ou identique à celui attribué à Nicolas Dupont-Aignan (22%). Les autres candidats, absents du premier débat, ont moins convaincu les Français exposés au débat : 17% pour Philippe Poutou, 15% pour Nathalie Arthaud, 13% pour Jean Lassalle, 12% pour François Asselineau et 8% pour Jacques Cheminade. » Les sondages commandés au lendemain du débat ne firent que confirmer cette analyse :

 

 

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2.2 Mélenchon progresse encore, Hamon décroche…

 

La situation à gauche semble s’éclaircir : manifestement, Benoît Hamon est en train de s’effondrer et la perspective de le voir faire le score d’un Gaston Deferre en son temps (5 % en 1969) est maintenant un horizon possible. Lâché par le PS et son appareil, il se voit soutenu, dans la meilleur des cas, par un Michel Sapin qui explique qu’il votera Hamon « par loyauté envers son parti ». On a connu soutien plus franc et plus enthousiaste… Au demeurant, il est bien normal que ce ministre qui a été l’un des plus fervents maîtres d’œuvre de la politique économique social-libérale de François Hollande, celui qui tout fait pour que les règles bancaires, suite à la crise de 2008, soient minimales, celui qui a torpillé la « taxe Tobin », voit d’un mauvais œil le programme d’un « frondeur ». Bref, Benoît Hamon est « dans les choux » et on voit mal ce qui arrêterait sa descente. Dans le même temps, Jean-Luc Mélenchon « performe », comme disent les communicants. Le dernier sondage en date du 7 avril montre une progression significative, un François Fillon stable et les deux « favoris » en baisse :

 

Tous ces sondages, on le sait, prétendent n’être que des « photographies de l’opinion à l’instant t » mais chacun a l’œil rivé sur eux et leur caractère « auto-réalisateur » n’est pas le moindre des soucis qu’ils posent. Car, dès lors qu’apparaît clairement, par exemple, que Benoît Hamon n’est plus dans la course, que vont faire ceux qui, jusqu’à présent, pensaient lui apporter leurs suffrages ? Le « vote utile » est dans tous les esprits. Pourquoi aller gâcher son vote sur un candidat qui n’a manifestement pas le moindre espoir de gagner et, ce, au risque de faire battre son camp, de le faire disparaître du 2nd tour ? Jean-Luc Mélenchon est évidemment, même s’il s’en défend, celui qui entend profiter à plein de ces interrogations. Et chacun de faire les comptes : 19 + 8,5 : 27,5, autrement dit la qualification pour le second tour et la possibilité, face à une Marine Le Pen, de gagner ! Et c’est maintenant sur les épaules de Benoît Hamon que pèse la question : qui va faire perdre la gauche ? Qui doit se retirer ? Le pas n’est certes pas franchi et il est probable qu’il ne le sera jamais, autrement dit que Benoît Hamon restera en lice jusqu’au 23 avril. Mais, d’ores et déjà, il s’est crû obligé de déclarer lors d’On n’est pas couché, l’émission tardive de Laurent Ruquier de ce samedi 8 avril qu'il « se sentait proche de Jean-Luc Mélenchon et qu'il préférerait appeler à voter pour lui que pour un autre de ses rivaux au second tour si lui-même n'était pas qualifié ». Ce qui, bien sûr, ne l’empêchera pas de marquer sa différence sur la question de la Syrie et de ses alliés… Au passage, c’est en raison de ses positions néo-conservatrices sur la Syrie qu’un Axel Kahn lui retire son soutien… « Parmi les candidats à l'élection prochaine, il existe une gradation des positions. Benoît Hamon est sur la ligne ultra-atlantiste de Hollande - #Fabius. Emmanuel Macron est en retrait et en appelle à une décision et action internationale. Jean-Luc Mélenchon regrette que Hollande et Merkel confortent l'unilatéralisme aventuriste de Trump et aimerait que la France se tiennent à distance des guerres de l' #OTAN. François Fillon doit avoir une position intermédiaire entre celle de #Macron et de #Mélenchon. De toutes ces positions, celle dont je suis le plus éloigné est celle de Benoît #Hamon. Il est question de guerre et de paix, les choses sont trop graves pour qu'on parle ici de simple divergence d'appréciation. La mort dans l'âme, je cesse de faire campagne en faveur de Benoît Hamon. »

 

S’agissant de François Fillon, stable dans les sondages, autrement dit a priori éliminé au terme du 1er tour, ses soutiens et lui-même se répandent dans les médias sur le « vote caché » dont il pourrait bénéficier. L’argument peut s’entendre : ses casseroles étant ce qu’elles sont, un certain nombre de ceux qui veulent voter pour lui ne le disent pas aux sondeurs, un peu comme, en son temps, le « vote caché » en faveur de Jean-Marie Le Pen. Verdict le 23 avril. Mais il est clair qu’il s’agit là, d’abord, d’une opération visant à laisser croire que, par delà ces mauvais sondages, il peut quand même gagner puisqu’il suffit pour cela d’être qualifié pour le 2nd tour face à Marine Le Pen. Cela tient un peu de la « méthode Coué »… Pas sûr que cela suffise et nombre de soutiens de François Fillon se sont déjà fait une raison et préparent le « coup d’après », les législatives avec l’espoir d’une cohabitation avec Emmanuel Macron. Pari de nécessité aussi pour eux, certes, car avec l’inversion du calendrier, autrement dit de législatives qui suivent la présidentielle, la probabilité que les Français se déjugent entre mai et juin est très faible, quel que soit le vainqueur de la présidentielle…

Enfin, et pour conclure sur ce chapitre, comment ne pas remarquer l’impressionnant succès de Jean-Luc Mélenchon ce dimanche à Marseille devant 70 000 personnes réunies sur le Vieux-Port et prononçant un discours d’une heure sur la paix, sujet que l’actualité imposait.

 

 

Comme à son habitude, Jean-Luc Mélenchon a conclu son intervention avec un poème, celui de Yannis Ritsos, « La Paix » que voici :

 

Le rêve de l’enfant, c’est la Paix,

Le rêve de la mère, c’est la Paix,

Des mots d’amour sous les arbres…

C’est la Paix…

Le père qui rentre le soir un long sourire dans les yeux

Dans ses mains un panier rempli de fruits

Et sur son front des gouttes de sueur qui ressemblent

Aux gouttes d’eau gelées de la cruche posée sur la fenêtre…

C’est la Paix….

 

Quand se referment les cicatrices sur le visage blessé du monde

Et que dans les cratères creusés, on plante des arbres;

Quand, dans les cœurs carbonisés par la fournaise,

L’espoir fait ressurgir les premiers bourgeons

Et que les morts peuvent enfin se coucher sur le côté

Et dormir sans aucune plainte, assurés que leur sang

N’a pas coulé en vain…

C’est la Paix….

 

La Paix, c’est la bonne odeur des repas,

Le soir quand l’arrêt d’une voiture sur la route

Ne provoque aucune peur,

Et que celui qui frappe à la porte, ne peut être qu’un ami

Et qu’à n’importe quelle heure, la fenêtre ne peut s’ouvrir

Que sur le ciel et laissant nos yeux refléter comme une fête

Des cloches lointaines de ses couleurs…

C’est la Paix….

 

Quand les prisons deviennent des bibliothèques

Et que de porte en porte, une chanson s’en va dans la nuit…

Quand la lune du printemps sort des nuages semblables

A l’ouvrier qui le samedi soir sort fraîchement rasé

De chez le coiffeur du quartier…

C’est la Paix…

 

La Paix, ce sont des meules rayonnantes dans les champs de l’été

C’est l’alphabet de la beauté sur les genoux de l’aube.

Quand tu dis, mon frère, demain, nous construirons,

Quand nous construisons et que nous chantons…

C’est la Paix…

 

Quand la nuit ne prend que peu de place dans le cœur

Et que les cheminées nous montrent du doigt le chemin du bonheur,

Quand le poète et le prolétaire peuvent à égalité

Respirer le parfum du grand œillet du crépuscule…

C’est la Paix…

 

Mes frères, c’est dans la Paix que nous respirons à pleins poumons

L’univers entier avec tous ses rêves…

Mes frères, mes sœurs, donnez-vous  la main…

C’est cela la Paix.

 

Yannis Ritsos (1909 - 1990)

Texte traduit du grec par l'auteur.

 

Pour ceux qui veulent voir et entendre l’intégralité du discours de Marseille, c’est ici.

 

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2.3 Le programme de Macron : « Opération Walt Disney » ?

 

Emmanuel Macron a eu droit, ce mardi, à son « grand oral », autrement dit d’être l’invité de l’Émission politique de France 2. Bonne audience – plus de six millions de téléspectateurs – mais, comme toujours avec Emmanuel Macron, pas grand chose à retenir de ses propositions, rien qui marque, du flou, de la langue de bois jusqu’à plus soif, des phrases aussi longues qu’alambiquées et creuses mais toujours prononcées péremptoirement.

Que retenir : qu’une de ses interlocutrices censée représenter « les vrais gens », une certaine Barbara Lefebvre, professeur d’histoire-géographie dans les Hauts-de-Seine, s’est présentée comme libre de toute attache politique alors que Lefebvre Barbara a été annoncée ce 7 avril à Angers pour animer un débat sur les thèmes de la famille et de l'éducation où elle est présentée comme « enseignante, membre du comité national France Solidaire avec Fillon ». Que les organisateurs de l’émission – David Pujadas, Léa Salamé et Karim Rissouli – n’aient pas pris la peine de creuser un peu, n’aient pas eu connaissance de son engagement est, à tout le moins étrange, peu professionnel. Qui y croira ? Mais que, le sachant, ils n’aient pas eu le cran de dénier cette dame, voilà qui témoigne de leur grand courage ou, plus vraisemblablement, de leur grande duplicité.

 

Mais le grand moment de l’émission fut sans conteste la confrontation avec « l’invité surprise », à savoir François Ruffin, fondateur de Fakir, auteur du réjouissant documentaire « Merci Patron ». Point commun avec Emmanuel Macron, tous deux sont amiénois et ont fait leurs études dans le lycée de la ville tenu par les jésuites, ce que souligna Emmanuel Macron en disant « comme quoi, ça mène à tout ». Le « trublion » de « Nuit Debout » commença à offrir à son interlocuteur une carte d’Amiens afin que ce dernier trouve le chemin de l’usine Whirpool, cette usine que ses propriétaires, après avoir encaissé moult subventions publiques, délocalisent aujourd’hui en Pologne, alors qu’ils ont engrangé presqu’un milliard de profits et qui, dès lors que l’on compte les salariés de l’usine, les intérimaires et le sous-traitant Prima, vont plonger 500 familles dans la grande difficulté. Pourtant, côté « flexibilité », les salariés de Whirpool s’étaient montrés accommodants, peu revendicatifs, acceptant, via un accord d’entreprise, gel des salaires, perte de jours de RTT, etc. François Ruffin reprocha à EM de n’être jamais venu sur le site, de n’en avoir jamais parlé, de n’avoir rien fait, de ne rien dire ni de la finance ni du patron de Whirpool qui s’adjuge 13,5 millions d’euros de revenus, c’est-à-dire autant que l’ensemble de ceux qui vont perdre aujourd’hui leur travail dans une région déjà largement sinistrée. Il lui fut alors facile de faire le lien avec la significative absence dans le programme des mots « actionnaires », « dividendes », « finance », « PDG », « patron », « banque » (qui n’est utilisé qu’une fois dans l’expression « banque de données » !), « paradis fiscaux », etc. Une fois encore, avec le sourire, le « blondinet » botta en touche. Pour ceux qui veulent revoir cet intéressant et savoureux échange, c’est ici.

 

N.B. : C’est François Langlet qui, lors de cette émission, qualifia le programme de Macron « d’opération Walt Disney ». Pour ceux qui veulent voir l’intégralité de l’émission, c’est ici.

 

À noter que, dans le concert de louanges médiatiques qui accompagnent le candidat Macron, une émission s’est distinguée en ce que les journalistes présents, commentant le meeting tenu par le candidat à Marseille, y soulignaient le vide, la « bulle Macron ». Il s’agit de La Médiasphère diffusée par LCI le 3 avril. Bizarrement, le « replay » a rapidement disparu de LCI. On se demande bien pourquoi... Des internautes facétieux n’ont toutefois pas manqué de pallier cette censure. Vous pouvez la retrouver ici.

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@ suivre…

 



09/04/2017
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