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Le « discours de Wagram » et autres joyeusetés

Dimanche 11 septembre 2016

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Une semaine plutôt calme, marquée par le discours qu’a prononcé François Hollande lors du colloque « La Démocratie face au terrorisme » organisé par ses amis de Terra Nova, de la Fondation Jean-Jaurès et de la Fondation européenne d'Études progressistes (sic) le jeudi 8 septembre salle Wagram.

 

FH colloque 8 septembre.jpg

 

Tous les « observateurs politiques » s’accordent à trouver dans ce discours la marque d’un candidat à la présidentielle de 2017 et les grandes lignes que celui-ci entend défendre durant la campagne. Sur ce point, le fait de mettre en avant comme ligne directrice « la lutte contre le terrorisme » est évidemment un choix qui s’entend. On voit mal, en effet, comment F.H. pourrait mettre en avant son bilan social qui lui vaut le rejet quasi unanime de la population, ce dont témoigne chaque sondage de popularité… Le choix de cette ligne lui est dicté par le sentiment que c’est sur ce terrain qu’il pourra tout à la fois se concilier les suffrages des électeurs de gauche sans trop s’aliéner ceux du centre. Mais à y regarder de plus près, quand il ose avancer que face au terrorisme « il y a deux voies et deux voies seulement pour les démocraties. La première, c’est l’état d’exception. C’est de considérer que puisque nous sommes en guerre il faudrait suspendre l’État de droit aussi longtemps que la menace perdurera. », qui ne se souvient qu’il a placé le pays précisément dans un état d’exception « l’état d’urgence » depuis le 13 novembre 2015 et ce, après le vote du mois de juillet, jusqu’à la fin janvier 2017, autrement dit, a minima, durant 14 mois ? Pour ceux et celles qui l’auraient oublié, il faut remonter à 1955, la guerre d’Algérie, pour trouver une période à peine moins longue d’état d’exception dans notre pays. Autre passage du discours qui ne laisse pas de surprendre c’est lorsque F.H., dans un morceau de bravoure destiné à stipendier les propositions farfelues d’une partie de la droite, évoque, parmi elles, « l’insécurité juridique de milliers de jeunes nés en France »… pour embrayer par « Non, la Constitution n’est pas un texte flexible avec des points de suspension, avec des parenthèses ». On est tenté d’approuver mais, là, immédiatement, vient à l’esprit sa tentative ratée de modifier la Constitution pour y inclure la « déchéance de nationalité ». On se pince… Pense-t-il vraiment que les français aient la mémoire aussi courte ? Et, sans doute pour prévenir ces objections, F.H. nous rappelle qu’il a fait créer 9 000 postes de policiers quand d’autres – suivez mon regard – en avaient supprimé 13 000, fait voter trois lois anti-terroristes – on voit chaque jour leur utilité – et, sur l’état d’urgence « qui a été prolongé et même durci, (…) Cet état d’urgence, ces lois, cet arsenal, nous ont permis de déjouer plusieurs projets d’attentats, de démanteler des filières, d’engager des centaines de procédures judiciaires, d’empêcher de nouveaux départs, de fermer des mosquées qui délivraient des messages de haine, de frapper d’expulsion un certain nombre d’individus dangereux, de faire en sorte que nous puissions toujours être en mouvement et en action. Nous l’avons fait parfois, en pleine conformité avec notre Constitution, sous le contrôle effectif du conseil constitutionnel et des juridictions administratives et judiciaires. Mais nous l’avons fait aussi parfois en heurtant un certain nombre de consciences et d’amis, qui ne voulaient pas que l’on aille trop loin – mais nous n’allions pas trop loin, nous faisions en sorte à chaque fois d’adapter la réponse en fonction du droit pour être le plus efficace contre les terroristes. ». On se dit qu’il est gonflé « pépère »… puisque tout le monde sait que le seul intérêt de cet état d’exception est précisément de permettre aux forces de police de s’affranchir des règles de droit, du juge, et n’a de réel intérêt, comme l’a souligné en son temps le juge antiterroriste Marc Trévidic, peu suspect de complaisance, que de leur permettre d’aller vite avec une efficacité qui ne dépasse pas une quinzaine de jours. Le fait, en outre, que cet état d’exception n’ait en rien empêché les attentats de Nice ou de Rouen ou, dernière en date, la tentative menée par 4 jeunes femmes « radicalisées » ce vendredi 9 septembre, affaiblit singulièrement le propos. En fait, en portant le débat politique sur ce terrain, F.H. et ses aimables conseillers espèrent tirer bénéfice de l’opinion majoritaire dans le pays de voir prises des mesures d’exception à l’encontre des « barbares ». Mais c’est là également le calcul de cette droite décomplexée qui fait de la surenchère dont le premier d’entre eux, Nicolas Sarkozy, sans parler de « la blonde » qui peut même se permettre de se taire tant il est vrai que chacun sait ce qu’elle ferait ou propose de faire…

 

À propos de Nicolas Sarkozy, l’actualité de la semaine c’est le bras de fer que se sont livrés Élise Lucet et son patron, Michel Field, sur la diffusion d’une émission de « Envoyé Spécial » consacrée à l’affaire Bygmalion et, donc, aux dépassements de frais de campagne de Nicolas Sarkozy en 2012 – 50 millions d’euros au lieu des 22,5 autorisés par la loi – pour lequel il vient d’être mis en examen. Michel Field soutenait qu’il était impossible de diffuser une telle émission à la veille des primaires de la droite auxquelles N.S. est candidat. Devant la bronca que soulevait son oukase chez les journalistes, face aux rumeurs insistantes de pressions de N.S., Michel Field a préféré battre en retraite et l’émission sera diffusée le 29 septembre. On sourira en pensant que toute cette affaire a fait une publicité incroyable à l’émission et on peut penser que, parmi les concurrents de N.S., rares sont ceux qui le regrettent, Jean-François Copé en tête, Alain Juppé et tous les autres ensuite…

 

Elise Lucet.jpgMichel Field.jpg

 

On notera, à propos de ces primaires de la droite, que NKM a finalement trouvé des âmes charitables pour cautionner sa candidature – sans elle, il n’y aurait pas eu de femmes ce qui, en ces temps de parité, eut quelque peu fait tache… et qu’à l’inverse, celui qui fut la talentueuse « plume » de N.S., Henri Guaino, n’a pas eu cette chance… de sorte qu’il a annoncé qu’il allait se présenter quand même à la présidentielle. La tâche pour lui ne sera pas aisée. Homme de l’ombre, celui qui est un des rares à penser à droite, aura sans doute quelque peine à trouver les 500 signatures indispensables. Gageons que l’appareil de LR ne lui facilitera pas la tâche… il faudra, un jour, que quelqu’un explique comment celui qui fut commissaire au plan, compagnon de Philippe Séguin, partisan d’un État stratège et social, a pu se retrouver derrière N.S. C’est là un parcours politique dont on peine à comprendre les ressorts…

 

NKM.jpgHenri Guaino.jpg

 

Quant à la gauche, ou ce qu’il en reste, on s’interroge sur le devenir des candidatures des « frondeurs », ou classés comme tels, à la primaire du P.S. – Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Marie-Noëlle Lienemann, Gérard Filoche… – si, comme cela se dessine, F.H. est candidat. Il va pour eux être très difficile de « jouer le jeu » de la primaire si, comme on peu le prévoir et en accord avec l’histoire des élections internes du P.S., c’est F.H. qui en sort vainqueur. Le piège des primaires est là : si on y participe, c’est qu’on en accepte le résultat quel qu’il soit…

Quant à « la gauche de la gauche », pendant que JLM poursuit sa campagne, elle va se retrouver au grand complet ce week-end à la « Fête de l’Humanité ». Ce sera sans doute un moment important, en particulier pour la direction du PCF qui voit, en son sein, se cristalliser les soutiens à JLM. Après Marie-George Buffet en juin dernier, Gilles Poux, le maire de La Courneuve, Jacques Fath, ancien responsable aux relations internationales du PCF, qui a renvoyé en juin sa carte à Pierre Laurent après 42 ans de parti. Mais aussi des militants d’Ensemble ! et des personnalités non encartées, comme l’économiste Jean-Marie Harribey, l’écrivain Annie Ernaux, ou les sociologues Monique et Michel Pinçon-Charlot. Si, a contrario, il se trouve quelques « identitaires » au sein du PCF qui estiment qu’une candidature communiste, avec Pierre Laurent pour candidat, est nécessaire « Non pour ajouter une candidature de plus à gauche, mais parce qu’il y a des contributions que le PCF est le seul à pouvoir apporter pour permettre ce rassemblement de la gauche et le fonder autour d'une alternative radicale et crédible » (Frédéric Boccara, Christian Picquet et Marine Roussillon, trois membres de l’exécutif national, dans une tribune cosignée par l’ex-député européen Jacky Hénin, et Pierre Lacaze, secrétaire de la fédération de la Haute-Garonne) il va être très difficile de « vendre » une telle candidature dont chaque communiste sait qu’elle ne fera, au mieux, qu’un score anecdotique qui aura, en outre, l’immense désagrément de souligner la faiblesse du parti. Il conviendra donc d’être attentif à l’accueil que recevra JLM à cette fête et le débat qui ne manquera pas d’avoir lieu à cette occasion. Il ne sera pas inintéressant de voir également l’accueil réservé à Arnaud Montebourg qui verrait sans doute d’un bon œil le PCF se rallier à sa candidature…

 

À propos de la fête de l’Humanité, il n’est pas sans intérêt de noter qu’y sera présent Jean-Claude Mailly, le SG de Force Ouvrière, « CGT-FO » pour les intimes, qui, après avoir fait meeting commun à Nantes le 8 septembre, rencontrera à nouveau Philippe Martinez, le SG de la CGT. Nul doute qu’il s’agit là d’une initiative qui tranche avec le « splendide isolement » dans lequel FO s’est complu durant des lustres et que ce changement de pied a tout à voir avec la journée d’action contre la « loi travail » que ces deux confédérations organisent le 15 septembre. Il se dit qu’à l’intérieur de FO, dont l’anticommunisme n’est pas qu’une légende, la visite du chef à la « fête de l’Huma » passe moyennement bien…

 

Jean-Claude Mailly.jpgPhilippe Martinez.jpg

Et, pendant ce temps, l’actualité, outre les « radicalisées » qui mettent leur voiture piégée en mode warning (!), c’est Alsthom qui va fermer son site historique de Belfort et propose aux 500 employés de migrer vers son site alsacien et, ce, au moment où l’on apprend  que la SNCF vient de confirmer la commande du futur TGV à Alsthom qui vient, par ailleurs, de remporter le contrat de la ligne Boston-Washington (avec fabrication des TGV aux US). Bref, la descente aux enfers de l’industrie française se confirme. Dans la même veine, on ne sait trop que penser de la mise en vente de STX France, ex chantiers navals de St-Nazaire, alors que l’on sait que son carnet de commandes est plein pour les dix années qui viennent et après la mise à l’eau en mai dernier de ce monstre de la croisière qu’est le « Harmony of the Seas ». Même si STX France n’est déjà plus une entreprise française, ce genre d’incertitude sur l’avenir « des chantiers » pèse dans toutes les têtes. Et ce n’est pas l’attitude générale de nos « capitaines d’industrie » qui rassure, eux qui prétendent qu’on se les arrache à l’étranger pour justifier leurs émoluments indécents pendant que, dans le même temps, il se voient grassement payés à l’occasion de la vente de l’entreprise qu’il dirigent… Ces gens-là sont sans foi ni loi et la colère qui sourd dans le pays a tout à voir avec leur comportement de prédateur.

 

TGV nouveau.jpgHarmony of the Seas.jpg

Dans la série, et pour conclure, on a appris cette semaine que le petit Macron organisait des repas à « la City » à 7500 € le couvert. Le Monde, qui n’en rate pas une, a trouvé le moyen de pondre  un article sur le sujet avec, en exergue, cette forte pensée d’un certain Albin Serviant, directeur général du site Internet de colocation Appartager.com, organisateur de cette petite sauterie, et à propos d’Emmanuel Macron : « C’est bien d’avoir un jeune avec des idées progressistes ». Ça méritait d’être dit, et souligné, non ?

 

Et puisqu’on est avec le fringant banquier, il nous a été donné d’entendre un grand morceau de bravoure à l’émission « Question Politiques » de France Inter en ce dimanche matin. L’invité du jour, François Bayrou, est interrogé par les journalistes de l’émission, Nicolas Demorand, Carine Bécard, Nathalie Saint-Cricq et l’ineffable Arnaud Leparmentier. Des rebelles, donc… Et ceux-ci de constater la proximité idéologique d’Emmanuel Macron avec l’invité du jour et de demander à ce dernier son avis sur le jeune premier de chez Rothschild. Réponse de l’intéressé qui explique qu’organiser des repas à la City à 7 500 € la place lui semblait significatif du personnage et que c’est exactement ce genre de proximité avec les milieux d’affaires de la pire espèce qui lui faisait horreur. Saine réaction, donc. Mais émoi chez la camarilla de journalistes qui trouvent manifestement que Bayrou est un quasi gauchiste… Oui, vraiment, un grand moment qui en dit long sur les préférences idéologiques et sociales de ces journalistes et la ligne politique qu’ils défendent à longueur d’antenne… Ceux qui veulent entendre ça, c’est ici…  38ème minute.

Par ailleurs, la « Fête de l’Huma » nous a donné à voir un très intéressant échange entre Philippe Martinez et Régis Debray. C’est ici.

 

@ suivre…



11/09/2016
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