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Malheur aux vaincus !

Dimanche 15 janvier 2017

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Sujets traités :

  1. Obama s’en va, Trump s'apprête à emménager
  2. Primaires du PS : le doute s’installe
  3. Législatives à gauche
  4. Et pendant ce temps, à droite…

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1. Obama s’en va, Trump s'apprête à emménager

Dernier tour de piste au terme de huit années passées à la Maison Blanche, Barak Obama fait ses adieux à la vie politique en renouant avec ses débuts de campagne en tenant meeting à Chicago ce 10 janvier. Après le célèbre « Yes, we can », le « premier président noir » des États-Unis nous sert un « Yes, we did » censé montrer que beaucoup de promesses faites en 2008 ont été tenues, un plaidoyer pro domo, en quelque sorte. L’ennui, c’est qu’en dehors de l’Obama Care sur lequel il y aurait bien des choses à dire, le bilan de Barak Obama est inexistant. La situation des noirs dans le pays ne s’est en rien améliorée, les flics n’ont de cesse, ici et là, de tirer, d’assassiner, les prisons sont pleines et la pauvreté et l’inégalité se sont accrues durant son mandat. Alors, certes, il eut à faire face à la crise de 2008 et, sur ce terrain, disons-le et contrairement à ce qu’a fait l’Europe, il a procédé à une relance massive de l’ordre de 2000 milliards de dollars. Mais tout cet argent n’est nullement allé garnir les poches des nécessiteux, de ceux qu’on a mis à la rue suite à la crise des subprimes, tous ceux que les banques coupables ont jetés à la rue et obligés à se mettre sur les routes, quittant le logement qu’on leur avait imprudemment permis d’acquérir. Tout cet argent est allé dans le renflouement des banques. Son seul succès, en fait, fut de passer la « patate chaude » à l’Europe qui n’a pas su manœuvrer, incapable de prendre des décisions stratégiques, acceptant de fait son impuissance. Sur le terrain de la politique internationale, on rappellera que, contrairement aux promesses faites, Guatanamo existe toujours. Au pays qui se targue d’être le pays du droit, après avoir externalisé la torture, on accepte qu’il puisse exister une terre de non droit située sur un morceau de l’île de Cuba. Incapable de juger ceux qu’il y a enfermés, le pays du droit consent à regarder ailleurs et Obama s'y résoudra, huit années durant. Au Moyen-Orient, Israël continue la colonisation, continue à bénéficier de l’aide militaire des USA, aide sans laquelle le pays se serait depuis longtemps écroulé et sans laquelle il devrait faire des concessions, à commencer par la reconnaissance à ses portes d’un État palestinien, conformément aux résolutions de l’ONU. Tout au plus, et à la veille de quitter le pouvoir, Obama aura-t-il consenti à ne pas opposer son véto à la résolution 2334 du Conseil de sécurité en ce 23 décembre 2016, résolution qui « exige de nouveau d’Israël qu’il arrête immédiatement et complètement toutes ses activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est ». Tout le monde a compris que c’était là le « coup de pied de l’âne » d’Obama à l’endroit de Benyamin Netanyahou qui, sitôt la résolution votée, a affirmé qu’il ne l’appliquerait pas. Qu’Israël n’applique pas les résolutions de l’ONU ne surprendra que les naïfs puisqu’en fait, c’est la norme. Israël sait qu’il peut se le permettre puisque, in fine, il est assuré du soutien sans faille des USA et ce n’est pas l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche qui a quelque raison de l’inquiéter, bien au contraire.

À l’image d’Obama à Chicago, la « gauche morale », comme on dit chez nous, pleure le départ d’Obama. Essentialiste, en fait, cette gauche-là croit que parce qu’on est noir ou réputé tel on ne peut faire de politique que favorable aux noirs, parce qu’on est femme on ne peut faire que de bonne politique, la femme étant ontologiquement bonne puisque c’est elle qui met les enfants au monde tandis que les hommes font la guerre... Les exemples abondent pourtant en sens contraire et, s’agissant de Barak Obama, plutôt que de se focaliser sur sa couleur de peau, elle eut mieux fait de regarder son cursus. Quoi de commun entre cet intellectuel formé dans les meilleures universités américaines, fils de diplomate, et cet « africain-américain » du Bronx ? Rien, simplement rien ! Le comble, c’est que cette idéologie essentialiste est aussi partagée par les afro-américains. Au pays du communautarisme érigé en principe, on raisonne ainsi, partout, toujours. On est africain-américain, latino, italien, juif… Que cet état d’esprit, avec comme de coutume, quelques décennies de retard, vienne à nous frapper, que se développe chez nous le même type de réflexes est une évidence. La « diversité » est depuis quelques temps déjà regardée à travers ce prisme. On comptabilise les femmes, les noirs, les arabes et on oublie soigneusement de regarder l’origine sociale, de compter les ouvriers, les employés. Que parmi nos députés ne siègent que 2 ou 3 % d’entre eux ne choque personne. On passe… C’est normal ! Au point que ceux qui se désespèrent de cette situation et de ce qu’elle entraîne, ce que l’on nomme pudiquement « la crise de la représentation », en viennent à proposer un système qui ferait que nos élus seraient tout simplement tirés au sort. Au moins un tel système qui a, disons-le une forte légitimité démocratique, permettrait-il d’avoir des élus en phase avec le pays. Sans doute seraient-ils moins au fait de la technique liée à l’exercice du pouvoir mais, vu les échecs enregistrés avec le système actuel, on ne voit pas bien en quoi ça pourrait être pire.

 

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Barak s’en va et le « perruqué » arrive. Il arrive tout auréolé de sa victoire avec un lot de casseroles considérable. Dernière en date, les rapports des agences de renseignement qui tendent à montrer que les services secrets russes seraient à l’origine de la défaite d’Hillary Clinton en ayant piraté sa boîte mél. Wikileaks, qui a mis sur la place publique les méls fautifs a beau démentir, les media mainstream l'ignorent. Ils devraient pourtant se souvenir que ces mêmes agences avaient en leur temps affirmé détenir les preuves que Saddam Hussein était en possession d’ADM. On a vu par la suite ce qu’il fallait en penser… L’important pour eux n’est pas tant que ces méls montraient la connivence entre Hillary et Wall-Street, l’important pour cette intelligentsia est d’ignorer les raisons profondes qui ont conduit à la défaite d’Hillary, d’ignorer pourquoi tant d’États démocrates ont pu basculer du côté obscur… Autre prétendue casserole, à la veille de son entrée à la Maison Blanche, se répand l’idée que Donald Trump est, en fait, dans la main de Vladimir Poutine, ce dernier disposant de vidéos sur lesquelles on verrait notre Donald avec des putes dans des positions et se livrant à des activités peu conformes à l’idée que l’Amérique se fait de la sexualité. Là encore, que ce genre de nouvelles soient délivrées via une officine trash, BuzzFeed, n’empêche nullement ces mêmes media, CNN en tête, de retransmettre la soi-disant information (voir, par exemple ici). C’est un peu comme si, chez nous, Le Monde se faisant le relai de nouvelles parues dans Voici. Que le document de 35 pages mis en ligne par BuzzFeed comporte un nombre considérable d’informations non vérifiées et invérifiables, qu’importe. L’essentiel est de faire le buzz. Et, Donald Trump étant ce qu’il est, la possibilité qu’il ait un jour de débauche décidé d’uriner sur des prostituées fait partie du domaine des choses possibles. On sait que le « perruqué » n’a jamais été un gosse de riche très sage. On sait qu’il affectionne et cultive la vulgarité et il est à prévoir que, même si les faits étaient avérés, cela ne touche en rien ses électeurs, autrement dit que le risque supposé qu’il soit, de ce fait, dans la main de Vladimir Poutine soit une hypothèse absurde. Il reste qu’à la veille de son arrivée à la Maison Blanche s’installe l’idée que certains tentent avec ce coup médiatique de jouer un troisième tour ayant pour but de parvenir à ce qu’il soit un jour prochain confronté à une procédure d’empeachment. Ceci conforte ses électeurs dans l’idée que le système ne veut pas de lui, et donc pas d’eux. Le paradoxe, c’est que lorsqu’on regarde l’équipe qui l’accompagne, c’est une caricature : des milliardaires comme lui flanqués d’hommes qui ont tout à voir avec ce que la finance produit de pire.

S’agissant des premières mesures qui symboliseraient son arrivée au pouvoir, sont mises en avant les relocalisations auxquelles il contraindrait certaines firmes de l’industrie automobile, Ford en tête, menacées de se voir appliquer des droits de douane à hauteur de 40 % dès lors que les automobiles auraient été fabriquées en dehors du pays. La menace de Donald Trump semble avoir eu quelque effet et son « patriotisme économique » semble fonctionner de sorte que ses électeurs, spécialement ceux de la « rust belt » qui ont assuré son succès, peuvent se voir confortés dans leur choix.

Deux remarques à ce propos :

1. Toutes ces relocalisations se font certes sous la menace mais également avec la promesse de voir l’impôt fédéral sur les bénéfices des sociétés passer de 35 % à 15 %, autrement dit au niveau, par exemple, de ce qui se fait aujourd’hui en Irlande. En d’autres termes, ce que fait Trump, c’est de faire entrer les États-Unis dans la compétition fiscale, ce qu’ils avaient toujours refusé de faire jusqu’alors. Le risque dès lors est de voir cette compétition relancée et, en conséquence et afin d’attirer les investisseurs, de voir un nombre croissant d’États s’aligner sur le plus faible taux d’imposition avant, le cas échéant, d’arriver purement et simplement à une absence d’impôt assortie de subventions. Les conséquences seraient alors dramatiques pour les citoyens, les classes moyennes sur lesquelles pèsent déjà de forts prélèvements puisque, comme chacun sait, les 1 % se sont déjà donné les moyens d’échapper à l’impôt…

 

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2. Plutôt que de mettre en avant ce risque, les media ont fait le choix d’expliquer que ce que faisait Trump était à condamner en ce que cela priverait le Mexique d’emplois, conduisant alors un nombre croissant de mexicains à tenter l’aventure aux USA, autrement dit à augmenter la pression migratoire. Ce choix des media revient à expliquer aux « prolos », aux « sans dents » que c’est normal si leurs emplois vont dans des pays à faible coût de main d’œuvre, autrement dit et s’agissant des nôtres que, si leurs emplois disparaissent en Roumanie, en Slovénie, au Maroc, c’est en quelque sorte leur faute, c’est qu’ils coûtent trop cher, eux qui n’arrivent déjà pas à boucler les fins de mois... Le message est désastreux à plus d’un titre car, vu d’ici, cela revient à magnifier les délocalisations et le chantage au moins disant social qui le motive et qu’organise l’Europe. Que cette question percute de plein fouet le racisme ordinaire qui se développe et les raisons qui le motivent, à savoir cette concurrence exacerbée des pauvres entre eux, est extrêmement inquiétant en ce qu’il risque de faire du FN le réceptacle naturel de cet électorat dont la « gauche » a manifestement fait le deuil, ainsi que l’a théorisé Terra Nova et, à sa suite, toute la Hollandie.

 

2. Primaires du PS : le doute s’installe…

La primaire éclair du PS mobilise les media sans qu’il aille de soi que cela dépasse le cadre réduit de ceux que le petit jeu des primaires amuse. Le « favori des sondages », entendez Manuel Valls, ne semble pas au mieux de sa forme. Ses réunions publiques rassemblent un nombre confidentiel de supporters et ses plus chauds partisans ne comprennent pas qu’il fasse campagne sur le mode de la critique de son action de 1er ministre. Le « instruit de l’expérience, j’ai changé » ne convainc pas. François Peillon, lui aussi, est à la peine. Son seul soutien « de poids » semble se limiter à celui de la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui tire à boulets roses sur Hollande, Valls et Macron.

Le débat, dans l’immédiat, se focalise sur la question du travail, sa raréfaction annoncée et la mise en place éventuelle d’un « revenu de base ». Sur ce sujet, Manuel Valls a déjà limité l’affaire à ce qu’il appelle le « revenu universel » qui, en fait, ne le serait pas et ne serait rien d’autre qu’un « revenu minimum d’existence » délivré sous conditions, peu ou prou la fusion d’allocations existantes tel le RSA. En d’autres termes et le concernant, sur ce sujet, on est dans le registre des propositions qu’une Christine Boutin, un Frédéric Lefèvre ou NKM font à droite. Il faut donc se tourner vers le seul qui propose vraiment un « revenu de base » universel, de 800 €/mois délivré à tout citoyen, à savoir Benoît Hamon. La mesure coûterait, en plein exercice, la modique somme de 450 milliards d’euros qui seraient financés via une réforme et une simplification de l’IR renforcé dans sa progressivité et sa base avec une augmentation du nombre de tranches, la création d’un impôt unique sur le patrimoine des français, la création d’une fiscalité sur les robots et les machines et, enfin, la lutte contre l’évasion fiscale et contre la fraude aux cotisations sociales et le rabotage des niches fiscales. Cette mesure censée être motivée par la lutte contre la pauvreté conduirait néanmoins les bénéficiaires à se voir servi un « revenu » inférieur au seuil de pauvreté… Comprenne qui pourra !

Nul ne sera surpris de voir Manuel Valls s’opposer à une telle mesure mais le motif qu’il avance mérite le détour : ce serait une idée « qui pousserait la société à l’assistanat et au farniente ». On se croirait dans les rangs de LR… Arnaud Montebourg, quant à lui et s’agissant de cette proposition de Benoît Hamon, la « dégomme » : « Le revenu universel est dans le champ stratosphérique de l'irréalisme. Ce serait d'abord un superprélèvement sur les Français avant d'être un revenu. Cela reviendrait à augmenter de 50% les impôts de tous les Français (…) le revenu universel coûterait entre 300 et 600 milliards d'euros par an. 300 milliards d’euros, c'est déjà le budget de l'État ! ».

On notera qu’en dehors de cette primaire, la proposition de Benoît Hamon ne convient en rien à toute une partie de la gauche tel le NPA d’Olivier Besancenot, le PCF ou des associations telles qu’ATD Quart Monde, le Secours Populaire ou le Secours Catholique pour lesquels, ce qui compte, c’est que les gens aient un emploi et qui pensent qu’une telle mesure aboutirait à une baisse des salaires. La CGT, pour sa part, affirme que cette mesure « n’intervient pas par hasard » et vise à « mettre à mal la protection sociale ». Quant à Guillaume Etievant, responsable des questions du travail pour le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, La France insoumise, il explique que « ça risque de devenir un enjeu central de la présidentielle, c’est vraiment un risque parce que ça va détourner le débat de la campagne des véritables questions que sont la répartition des richesses, la lutte contre le chômage et le niveau des salaires. »

En fait, comme le rappelle JLM, le seul à proposer un vrai « revenu universel », digne de ce nom et depuis longtemps, est l’économiste Bernard Friot (voir ici ses explications à l’émission de Frédéric Taddeï le 6 juillet 2013) ou, plus intéressant encore, le débat qu'il eut avec Frédéric Lordon (voir ici). Pour peu qu’on le suivre dans ses raisonnements, on comprend que l’affaire est autrement plus sérieuse que ce que proposent les politiques lors de cette présidentielle. On peut, comme le dit Jean-Luc Mélenchon, penser que la question mérite d’être débattue mais estimer que, s’agissant de l’échéance politique à venir, il vaut mieux tenir que courir… et faire des propositions « réalistes » susceptibles de ne pas apparaître comme purement utopiques.

S’agissant de la primaire du PS, et du 1er débat télévisé de ce jeudi 12, il aura été suivi par moins de 4 millions de personnes sur TF1, autrement dit assez peu de monde. En tout état de cause, quelle que soit l’issue de cette primaire, se fait jour l’idée qu’elle n’a pour seul but que de désigner celui qui, au PS, perdra l’élection présidentielle au premier tour. C’est peu dire que ce débat fut profondément ennuyeux. Passons sur les « figurants », De Ruggie, Pinel et Benhamias, qui ont montré chaque fois que possible à quel point ils étaient inféodés à la Hollandie. Rien à leurs yeux dans le quinquennat ne mérite la moindre critique. La déchéance de nationalité, très bien. La loi El Khomri, parfait, etc. Comme prévu, on aura compris qu’ils ne sont que faire-valoir et en recherche de places à garder. Mention spéciale à Jean-Luc Benhamias qui a réussi le tour de force de se placer en contradiction avec ce qu’il affiche sur son site de campagne ! Mais, pour le reste, autrement dit s’agissant des seuls vrais candidats de cette primaire du PS, c’est peu dire que le débat se fit à fleuret moucheté. Tout juste vit-on Manuel Valls se lancer dans un plaidoyer aussi grandiloquent que vain de la déchéance de nationalité et ses trois opposants dire que l’usage du 49-3 fut un coup de force, Arnaud Montebourg étant le seul à expliquer que la loi El Khomri devait être abolie au motif qu’elle introduisait la concurrence des entreprises au sein d’une même branche par « l’inversion de la hiérarchie des normes » autrement appelé « le principe de faveur ».

 

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L’ensemble des sondages qui paraissent en ce moment indiquent que, quel que soit le candidat qui du PS qui en sortira, il sera relégué à la 5ème place derrière la blonde, Fillon, Macron et Mélenchon.

S’agissant de ces deux derniers, il est assez frappant de voir que partout où ils passent se pressent des foules. Les media, dont le préféré est évidemment Emmanuel Macron, n’ont de cesse de mettre en avant le succès de ses meetings mais, pour peu que l’on suive un peu la campagne de Jean-Luc Mélenchon, on ne peut être que saisi du nombre de personnes qui s’y rassemblent. Ainsi, « au débotté », autrement dit en l’ayant décidé la veille, a-t-on vu le 8 janvier à Tourcoing JLM remplir une salle et devoir faire la moitié de son discours sur le travail dehors devant des centaines de personnes frigorifiées venues l’écouter et n’ayant pu entrer faute de places. Ou encore, le 11 janvier au Mans, le palais des congrès plein à craquer pendant que des centaines de personnes devaient de contenter de suivre son discours sur la santé dans des salles annexes sur un écran (voir ici). Le Figarovox publie ainsi un article de Thomas Guénolé ce 9 janvier :

 

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Alors, bien sûr, nous ne sommes pas encore le 23 avril et bien des choses vont se passer d’ici là. Qu’il survienne un attentat terroriste, par exemple, et le débat sur le travail et tout ce que l’on englobe sous le terme de « social » risque de passer à la trappe sous l’effet de l’émotion qu’un tel événement ne manquerait pas de susciter. On se souvient par exemple comment, en 2002, l’agression d’un papy de 71 ans, pédophile à ses heures perdues comme on l’apprendra plus tard, Paul Voise, trois jours avant le 1er tour de l’élection présidentielle, avait retourné l’opinion, remis l’insécurité au premier plan et conduit à l’élection de Jacques Chirac et l’élimination de Lionel Jospin.

 

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3. Législatives à gauche

Après la « gauche » qui n’est à gauche que dans l’opposition, passons à gauche… On se souvient combien le PCF a renâclé à soutenir Jean-Luc Mélenchon, le Conseil national votant dans un premier temps en faveur d’une candidature autonome, le vote des militants se tournant, de peu, ensuite vers la soutien à JLM. Mais, faute d’avoir un candidat à la présidentielle, pour n’importe quel parti dûment constitué, le nerf de la guerre, l’argent, tient non à son résultat à la présidentielle – les candidats ne sont pas en effet liés à un parti – mais à celui des législatives. Dans la dernière législature, le PCF avait déjà dû négocier avec des députés « ultra-marins » la constitution d’un groupe à l’Assemblée. Il sait que lors des prochaines législatives, les moyens dont il dispose encore risque de disparaître. Dans un parti dont les cadres et les militants sont à la fois peu nombreux et vieillissants – et s’agissant du PCF, c’est un euphémisme – la question est décisive. Il a donc pris la décision de présenter des candidats dans un maximum de circonscriptions… tout comme, en parallèle, vient de le faire La France insoumise, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon. On risque donc de voir, le moment venu, dans nombre de circonscriptions, s’affronter un candidat PCF et un candidat FI au risque, bien sûr, de se faire une ombre mortifère pour chacun d’eux.

Évidemment, on peut penser que si d’aventure JLM l’emporte à la présidentielle, tout ceci viendrait à être renégocié au lendemain de la victoire… FI sera en position de force et il est fort à parier qu’ils sauront passer les compromis nécessaires pour garantir à André Chassaigne, Marie-George Buffet et quelques autres l’absence de candidat FI dans la circonscription où ils se présentent. Mais si on suppose – et comment l’écarter… – que JLM ne fasse qu’un score « honorable », la dynamique créée lors de la présidentielle risque fort de marquer le pas et les divisions réapparaîtront de plus belle. On sait trop qu’avec ce que l’on appelle « l’inversion du calendrier », autrement dit le choix fait en 2001 de placer les législatives après la présidentielle, on aboutit à une chambre massivement en faveur du vainqueur de la présidentielle et que, pour les autres, c’est « malheur aux vaincus ! »

Le Monde, dans son édition du 13 janvier, n’a évidemment pas manqué de jubiler et de souligner cette affaire (voir ici).

La dernière déclaration de Pierre Laurent semble toutefois porteuses de quelque espoir de réalisme puisqu'il déclare « Le parti communiste a la capacité de présenter  des candidats dans l’ensemble des circonscriptions (...) Mais évidemment partout où c’est possible, nous voulons qu’elles convergent avec les forces, notamment de Jean-Luc Mélenchon, mais d’autres forces qui travaillent avec nous ». L’échéance approchant, nous aurons largement l’occasion d’y revenir…

 

4. Et pendant ce temps, à droite…

François Fillon laisse passer l’orage, autrement dit attend que l’attention des media focalisée en ce moment sur la primaire du PS ne retombe. Quelques réunions publiques ici et là, quelques difficultés à « rassembler », les sarkozystes tel le « motodidacte » maire de Nice et Président de la région PACA, Christian Estrosi, s’est ainsi permis d’expliquer  à la tribune « Si je suis un ami de François Fillon, je ne suis pas filloniste » en se présentant comme « gaulliste social », sous-entendu contrairement à François Fillon… Il semble en effet que les sarkozystes ralliés soient quelque peu maltraités par François Fillon, contrairement aux petits camarades d’Alain Juppé qui se sont placés dans l’équipe de campagne du candidat de la droite. Rien de bien inquiétant, cependant, puisqu’on aura compris que François Fillon doit avant tout parvenir à se débarrasser de l’encombrant débat sur l’avenir de la Sécurité sociale qui risque, pour lui, d’être l’équivalent du scotch du Capitaine Haddock. Il prétend, sur ce sujet, avoir été mal compris. Erreur ! Il l’a trop bien été et l’actuelle hécatombe (plus de 16 000 morts) que fait actuellement la grippe souligne à l’envi combien il peut être absurde de décréter que l’on peut pertinemment distinguer les maladies graves de celles qui ne le seraient pas. Une grippe, c’est grave ou pas ? Le candidat se trouve, en tout cas, pris en étau entre ce qui est manifestement contraire à ce que les français demandent et ses promesses de campagne faites à l’aile la plus réactionnaire de son électorat qui voit dans son programme une revanche sur l’Histoire depuis la Libération. Les contorsions lexicales ne vont sans doute pas suffire et s’il devait maintenir la ligne « droit dans ses bottes », « du sang et des larmes », nul doute que cela offrirait un boulevard à ceux qui se font fort d’apparaître comme « raisonnables », Macron en tête, Bayrou ensuite et éventuellement…

Pour l’heure, en tout cas, les porte-paroles s’essaient, sans grand succès, au déminage sur cette question et le candidat persiste à la jouer « raide » et se concentre sur les législatives et l’attribution des circonscriptions. Instruit de l’expérience vécue par le PS qui avait laissé inchangés les arbitrages rendus par Martine Aubry, François Fillon entend s’assurer une chambre aux ordres, une chambre dans laquelle nulle « fronde » ne verra le jour, une chambre qui n’aura pas d’états d’âme. Il est clair, dès lors, qu’en dehors de quelques figures du sarkozysme indélogeables, tel le « motodidacte » à Nice, les autres ont du souci à se faire. Une page se tourne à LR et, ici comme ailleurs, « malheur aux vaincus ! ».

 

@ suivre…



14/01/2017
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