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La trahison des clercs...

Dimanche 30 octobre 2016

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Sujets traités :

  1. Baisse du chômage en septembre ;
  2. Signature du CETA ;
  3. Nouveau gouvernement en Espagne ;
  4. Évolutions de la situation politique en France ;
  5. « Nuit debout » des policiers, suite et fin ?
  6. Élections américaines : le FBI décide d’enquêter…

 

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1. Baisse du chômage en septembre

Comme chaque fin de mois, sont tombés ce mardi les statistiques du chômage publiés par la DARES et Pôle Emploi. Et, là, surprise, après des mois de franche « morosité », il nous est affiché une baisse de 1,9 % du nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A, c’est-à-dire ceux des chômeurs qui n’ont exercé aucune activité, soit 66 300 chômeurs de moins dans cette catégorie qui n’en compterait donc que 3 490 500. Les commentateurs et le gouvernement seront plus timides sur les chiffres des autres catégories… Non pas tant qu’ils soient catastrophiques mais ils relativisent le résultat. En effet, si l’on agrège les catégories A, B et C, la baisse n’est que de 0,7 % avec 5 480 200 personnes relevant de cet agrégat. Et si l’on y ajoute les catégories D et E, c’est une baisse de 0,6 % avec 6 573 100 demandeurs d’emploi et une hausse de 2,1 % sur un an.

Deux graphiques résument la situation :

1. L’évolution du chômage en catégorie A selon l’âge ou le sexe :

 

Chiffres chômage septembre 2016 bis.jpg

 

Pour mémoire, petit rappel des catégories citées :

  • A : Personne sans emploi, tenue d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi, à la recherche d'un emploi quel que soit le type de contrat (CDI, CDD, à temps plein, à temps partiel, temporaire ou saisonnier) ;
  • B : Personne ayant exercé une activité réduite de 78 heures maximum par mois, tenue d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi ;
  • C : Personne ayant exercé une activité réduite de plus de 78 heures par mois, tenue d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi ;
  • D : Personne sans emploi, qui n'est pas immédiatement disponible, non tenue d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi (demandeur d'emploi en formation, en maladie, etc.) ;
  • E : Personne pourvue d'un emploi, non tenue d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi.

 

Nombre de commentateurs n’ont pas manqué de souligner que cette baisse de 1,9 % était le fruit de manipulations diverses, dont le plan mis en œuvre par Pôle Emploi de mettre les chômeurs en formation, coûte que coûte, c’est-à-dire jusques et y compris sur des formations sans rapport avec la formation ou les vœux de l’intéressé. Le but est évident : ils basculent alors de la catégorie A à la catégorie D, autrement dit ils disparaissent du seul chiffre que retiennent les media… Autre piste, largement utilisée, les radiations pour causes diverses et variées. Les employés de Pôle Emploi témoignent régulièrement des pressions qu’exerce sur eux leur hiérarchie en ce sens.

 

2. L’évolution du chômage au cours de la mandature de François Hollande :

 

Evolution Chiffres chômage depuis 2008.jpg

 

Ce graphique relativise singulièrement « l’inversion de la courbe du chômage » qu’avait promise François Hollande durant sa campagne de 2012 et si, du côté des Le Foll, Sapin, etc., autrement dit de ceux qui ont la tâche ingrate de défendre le bilan, on s’évertue à faire valoir que la promesse est tenue, tout indique que le message est inaudible et qu’il est trop tard. De ce point de vue, les derniers sondages mesurant la « cote de popularité » de F.H. sont assassins : 4 % d’opinions « favorables », ce qui, compte tenu de la marge d’erreur, pourrait signifier encore moins…

Dernière remarque concernant les « chiffres du chômage » : l’indicateur phare, le nombre de demandeurs d’emploi relevant de la catégorie A, est publié mensuellement. Il existe un autre indicateur, publié trimestriellement, c’est celui du nombre de chômeurs « au sens du BIT ». Ceux et celles qui veulent en savoir davantage se reporteront à cet excellent article du mensuel Alternatives Économiques ici. L’article date de 2013 mais clarifie ce point.

Au passage, cet indicateur a le mérite de mesurer un taux de chômage relatif à la population active d’un pays et permet donc des comparaisons internationales. Et si l’on veut bien évacuer toute la mousse propagandiste des zélotes de Barak Obama, il s’avère que le taux de chômage des USA avec cet indicateur est très loin des 5 % dont on nous abreuve : la réalité, c’est que des millions d’américains en âge de travailler ont renoncé totalement à faire les démarches qui feraient qu’ils soient comptabilisés dans les « demandeurs d’emploi ». C’est cette Amérique-là qui n’en peut plus et qui, pour une part, à tort, s’en va voter pour le milliardaire perruqué.

 

Et puisqu’on est hors de notre pays, et à propos de ces millions de pauvres que le système met au ban, comment ne pas souligner la sortie sur les écrans, cette semaine, de la palme d’Or 2016 à Cannes, « Moi, Daniel Blake » de Ken Loach. Une merveille d’humanité – et non d’humanisme, comme le mettent en avant les publicitaires – qui prend aux tripes et décrit bien l’enfer que vivent des millions de gens de nos pays soi disant développés. L’action se déroule dans une de ces villes du nord-est de l’Angleterre, Newcastle upon Tyne, qui a massivement voté pour le brexit. On y voit un brave homme plus tout jeune aux prises avec le « Pôle Emploi » britannique, tatillon, kafkaïen, chassant le « tire-au-flanc » coupable et faisant, dans cette chasse, preuve d’une inhumanité que l’on croyait réservée au XIXe siècle. Et, franchement, au sortir de la séance, on comprend trop bien la rage que ressentent des millions de citoyens de cette Europe ou de cette Amérique dominées par la finance et la guerre aux pauvres. On peut certes regretter que cette révolte se cristallise trop souvent dans des votes comme Trump aux USA, Marine Le Pen chez nous mais il faut pointer là la désertion de la gauche sur ce terrain, que ce soient le Partie démocrate aux USA, les travaillistes à la Tony Blair en Grande-Bretagne ou le PS chez nous. Et que la « gauche de gauche » à laquelle appartient Ken Loach, se montre dans l’ensemble incapable de parler à ces couches de la population n’est pas le moins grave.

 

Moi Daniel Blake.jpg

 

 

Profitons de cette incise cinématographique pour rappeler ce que Ken Loach a déclaré il y a peu, le 17 juin, à propos de l’immigration. C’était à l’occasion du dossier que l’hebdomadaire Marianne avait consacré au Brexit :

« La gauche a failli sur la question de l’immigration. C’est très troublant et déstabilisant pour les gens de voir la ville dans laquelle Ils ont toujours vécu changer de façon drastique en l’espace même de dix ans. Leur malaise devrait être reconnu et pris en compte. Je me suis rendu dans une exploitation agricole dans l’est de l’Angleterre. Une agence avait fait venir des dizaines et des dizaines de travailleurs agricoles des pays baltes. Il y avait notamment une trentaine de femmes qui touchaient le salaire minimum mais devaient également payer leurs dortoirs, leurs uniformes et le transport. Autant dire qu’il ne leur restait pas grand-chose à la fin de la semaine, mais elles réussissaient cependant à envoyer ce qui leur restait dans leur pays. Elles ne sortaient de leurs dortoirs qu’une fois par semaine, pour aller au supermarché. J’ai demandé à l’exploitant agricole pourquoi il n’engageait pas plutôt les gens du coin, dont bon nombre étaient au chômage. Il m’a répondu : « Je veux bien, s’ils sont prêts à vivre dans des dortoirs. » La réponse, c’est que, bien sûr, ils ne veulent pas. Pourquoi l’accepteraient-ils ?

C’est la loi du marché et de la compétition qui, sans garde-fou, nivelle tout par le bas. Les gens du coin ne peuvent s’empêcher de voir ces migrants économiques d’un mauvais œil, et c’est normal. La gauche ne peut pas continuer à dire que l’immigration est une bonne chose pour l’économie.

Elle ne se confronte pas au problème de l’Immigration car elle a peur de passer pour raciste. Cela doit cesser. »

Le propos, venant d’un réputé « gauchiste » comme l’est Ken Loach, détonne dans le concert des bienfaits de l’immigration dont nous abreuve la bien-pensance médiatique. Il a le mérite de faire réfléchir…

 

Ken Loach - La gauche et l'immigration.jpeg

 

2. Signature du CETA.

Nous faisions état la semaine dernière des difficultés que rencontrait l’Union Européenne à ratifier le CETA – accord de libre échange avec le Canada – au motif que le parlement wallon refusait d’autoriser le gouvernement belge à signer. On se doutait bien que l’UE trouverait le moyen de contourner le « grain de sable » wallon. Ainsi fut fait et c’est ce dimanche – au lieu de jeudi dernier comme initialement prévu – que l’UE signe ce merveilleux traité avec le premier ministre canadien Justin Trudeau venu à Bruxelles pour l’occasion.

 

Signature CETA.jpg

 

Alors que s’est-il passé ? On se souvient des mâles paroles du socialiste belge, Paul Magnette, expliquant à l’envi tous les méfaits de ce traité… Et, puis, on se souvient des pressions diverses qui se sont exercées sur lui, de l’irritation pour ne pas dire la colère, des hiérarques européens devant cette résistance hors de propos. Alors, selon une méthode désormais bien rôdée, on a trouvé des compromis qui, en réalité, ne cèdent rien au fond mais permettent à ceux qui le veulent de s’en sortir « tête haute ». En l’espèce, la « pierre d’achoppement » portait sur la mise en place de tribunaux arbitraux dont on sait, à travers quelques exemples, combien ils peuvent être dangereux (voir à ce sujet le conflit qui a opposé Philip Morris et l’État australien ou l’Allemagne à l’industrie du nucléaire ici. L’astuce consiste à mettre en place un tribunal arbitral permanent composé de 15 juges professionnels nommés par l’UE et le Canada, les audiences étant publiques… les dispositions concernant la protection des investissements n’entrant en vigueur qu’après la ratification du CETA par tous les États membres. En d’autres termes, tribunal arbitral il y aura et il aura son rôle habituel de sanction des législations non conformes au libre échange que d’ici un an ou deux… C’est ce qui s’appelle « lâcher la proie pour l’ombre » et, une fois encore, on voit ici la social-démocratie en acte, c’est-à-dire couchée, vautrée devant les multinationales et la finance.

Gageons que l’Europe sortira, une fois encore, grandie de cette affaire et, avec elle, tous ces élus et médiacrates qui n’ont de cesse de nous en vanter les immenses mérites. Le CETA devait passer inaperçu, grâce aux Wallons, il n’en fut rien. Reste donc, maintenant, à ce que ce traité soit validé par l’ensemble des 27 pays de l’UE. Ça prendra du temps et même si, dans notre pays, on n’a hélas rien à attendre du parlement dans le cadre de la Ve République, il n’est pas impossible que des résistances se fassent jour ici et là et, en tout cas, que le débat sur ces accords de libre-échange ne s’amplifie et avec lui une salutaire prise de conscience des peuples que ces traités foulent aux pieds.

 

3. Nouveau gouvernement en Espagne

L’épisode socialiste belge décrit ci-dessus nous amène à voir son alter-ego transpyrénéen, avec l’abstention des députés du PSOE lors du vote de confiance du parlement espagnol au très conservateur et libéral Mariano Rajoy. Ce vote intervient après 10 mois de blocage institutionnel et la certitude pour les “socialistes” du PSOE, faute de laisser se mettre en place ce gouvernement conservateur, de devoir retourner devant les électeurs et s’y voir sanctionnés et doublés par Podemos, le parti de la gauche radicale. C’est bien sûr au nom de la « responsabilité » que nos « socialistes en peau de lapin » agissent et ils seront rapidement confrontés à l’épreuve des votes de lois impopulaires que ne manquera pas de proposer Rajoy. Car il ne suffit pas de s’abstenir, il va leur falloir boire le calice jusqu’à la lie… L’argument essentiel étant la crainte de devoir retourner devant les électeurs, Rajoy ne manquera pas, à chaque occasion, de leur faire le chantage à la démission et ce qui vaut aujourd’hui a de fortes chances de valoir demain. Autrement dit, couchés un jour, couchés toujours… Où l’on voit que la social-démocratie est décidément en Europe en voie de marginalisation et de décomposition avancée. Réduite à n’être qu’une force d’appoint à la droite au pouvoir, elle subit le fruit de sa conversion au néolibéralisme, les classes dirigeantes ne leur laissant aucune marge de manœuvre comme ce fut le cas par le passé. Partout, ils s’affichent donc complices des pires gouvernements conservateurs et ne trouvent pour tout refuge que le « sociétal » qui et au « social » ce que la chicorée est au café, les œufs de lump au caviar... C’est là le prix à payer pour ne pas totalement disparaître et conserver, ici et là, quelques prébendes… Ce faisant, ils accréditent l’idée mortifère que gauche et droite, c’est du pareil au même et, faute d’alternative crédible, font monter dangereusement le niveau des votes populistes de la droite extrême.

 

Mariano Rajoy.jpg

 

4. Évolution de la situation politique en France

La transition avec ce qui précède est facile. Le PS doute… de son chef, François Hollande. Les media n’ont de cesse ces derniers jours de mettre en avant les doutes de la nomenklatura socialiste. Ainsi a-t-on eu droit à ces titres du Monde et du Parisien :

 

Le Monde.jpgLe Parisien - François Hollande Seul.jpg

 

Est-on là dans le registre maintes fois dénoncé du syndrome du mouton de panurge de la presse ou d’une réalité tangible qui est qu’après la publication du livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme dont nous faisions état la semaine passée, « Un Président ne devrait pas dire ça », les remous, les malaises sont nombreux et tous azimuts. Dernier en date, celui affiché par le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, qui a ostensiblement ce mercredi quitté la salle au moment où François Hollande prenait la parole devant l’aéropage venu célébrer le centenaire de la naissance de François Mitterrand. Que dire aussi de l’échange d’amabilités entre Manuel Valls et François Hollande, le Premier ministre exprimant sa colère et sa honte auprès de journalistes du Monde qui l’accompagnaient à Bordeaux, suite à quoi FH a crû bon de souligner que « chacun doit être à sa tâche, moi je suis à la mienne… ».

Il paraît en tout cas assez clair que le doute s’installe au PS sur les capacités de FH de rebondir sur la base d’un matelas de popularité proche de zéro. Et, dès lors, de s’en éloigner ostensiblement afin de se préserver du discrédit, ce que tente Manuel Valls un peu à la façon d’un Sarkozy avec Chirac en son temps. Rien ne dit que ça va marcher. Et, d’abord, si FH va, suite à toutes ces pressions « amicales », renoncer à se présenter aux primaires du PS. D’aucuns assurent qu’il va quand même y aller, arguant de l’isolement classique du chef de l’État à l’Élysée qui ne côtoie que gens de cour et flagorneurs… L’hypothèque est de taille car si, d’aventure, effectivement, il y allait, la porte se referme sur Manuel Valls. Difficile en effet pour lui de « franchir le Rubicon » sans paraître trahir celui qui lui a confié la direction du gouvernement en ayant à l’occasion sacrifié un « fidèle », Jean-Marc Ayrault, et au mépris des 5 % obtenus par Manuel Valls aux primaires de 2012. Et, donc, tout ceci se fait sur le mode pointilliste, affirmer sa différence, sa disponibilité pour « au cas où »… Bien évidemment, tout ceci ne concerne que le premier cercle, celui des affidés. Ceux qui, comme Arnaud Montebourg, ont quitté le gouvernement avec fracas ou n’y ont pas participé pouvant se prévaloir d’une opposition marquée et donc une prétention au « renouveau ». Pas sûr toutefois que, même avec l'un de ceux-là, cela suffira à redonner au PS des raisons d’espérer. Le discrédit est tellement important que quiconque a eu à voir et faire avec le gouvernement est quasi disqualifié.

Au passage, il n’est pas sans intérêt de voir Arnaud Montebourg faire des appels du pied à la direction du PCF. C’est ce qu’on retiendra de son interview accordée au JDD ce 30 octobre. À la question « Si vous gagnez la primaire, est-il possible que le PCF vous soutienne dès le premier tour ? Le souhaitez-vous », il répond : « François Mitterrand m’a beaucoup inspiré. Il a un rôle important dans ma psyché politique et dans mon karma personnel. Le PS est en train de de retourner au stade infantile du socialisme, d’avant Mitterrand, lorsque la SFIO était à 5 %. Qu’a fait François Mitterrand ? Il a choisi la stratégie de l’union. Je souhaite réaliser l’union des gauches ». « Dès le premier tour concernant l’union avec les communistes ? » interroge alors le journaliste. « Pourquoi pas, s’ils le souhaitent. Mon projet a été applaudi à la Fête de l’Humanité ». Tout ceci arrivant après avoir préalablement expliqué que « ce qui sépare Mélenchon du reste de la gauche, c’est sa radicalité et son isolement »… Il n’est pas indifférent de noter que ceci se passe au moment où l’on parle de la « tentation Montebourg » qui ferait des émules au PCF. Craignant de disparaître dans un mouvement qu’ils ne contrôlent pas – « la France Insoumise » – la direction du PCF cherche le moyen de préserver son groupe à l’Assemblée. À l’image de ce qui s’est fait lors des scrutins locaux – municipales et régionales – elle pense manifestement qu’elle n’a aucune chance d’y parvenir en affrontant le PS, ses députés risquant de ne pas arriver en tête de la gauche à l’issue du 1er tour des législatives. Ce calcul a déjà montré par le passé toute sa nocivité, faute de rupture franche avec le PS, le PCF n’étant dès lors vu que comme une « branche rapportée ». Faire un tel calcul à la veille d’un scrutin que tout dessine comme une catastrophe électorale pour le PS et ses alliés, est la pire des politiques possibles. Pire pour le parti lui-même qui sera entraîné avec le PS dans le discrédit, pire pour l’indispensable alternative que la « gauche de la gauche » se doit de présenter. Les deux mois qui viennent obligeront le PCF à se déterminer. La voie que semble privilégier la direction actuelle n’augure rien de bon…

 

À droite, la primaire LR continue à monopoliser les plateaux télé et radio. Le défilé continue et, avec lui, la course aux recettes libérales et sécuritaires. Dernier en date, le passage de François Fillon à « l’Émission politique » de France 2 qui la joue « plus libéral que moi, tu meurs », se revendique de Margaret Thatcher et affiche un programme de « sang et de larmes » au nom du nécessaire redressement du pays. L’itinéraire de cet homme-là étonne quelque peu. Comment cet enfant de Philippe Séguin, apôtre du gaullisme social, a-t-il pu virer ainsi, c’est un mystère à peu près aussi grand que la conversion d’un Henri Guaino au sarkozysme. En tout état de cause, l’homme est à la peine dans les enquêtes d’opinion. Même si celles-ci peuvent assez facilement être contestées en ce que les instituts de sondage sont dans l’incapacité de cerner le champ des électeurs des primaires « de la droite et du centre », la grande presse, pour sa part a déjà choisi : ce sera Juppé en tête suivi de Sarkozy. Et comme les primaires sont le lieu des prophéties auto-réalisatrices puisque nombre d’électeurs à cet exercice choisissent en fait celui ou celle qui a les meilleures chances de faire gagner son camp, les sondages font alors figure d’augure et renforcent le phénomène. C’est Alain Juppé qui est le grand vainqueur de cette embrouille, les commentateurs politiques ayant décrété qu’il avait gagné la primaire et, donc, l’élection présidentielle. Et, derrière, Sarkozy rame… et les autres peinent à survivre.

On attend donc avec impatience que la séquence primaire de la droite cesse pour que d’autres voix puissent se faire entendre. Vivement demain…

 

5. « Nuit debout » des policiers, suite et fin ?

Ayant pris conscience de l’ampleur et de la dangerosité des manifestations « spontanées » des policiers, le gouvernement s’est résolu à discuter avec eux ou, du moins et pour l’essentiel, avec leurs représentants syndicaux dont on a dit la défiance qu’ils avaient à subir de la « base » qui manifestait. Un plan de 230 millions d’euros a été annoncé portant, pour l’essentiel, sur des annonces de moyens matériels – nouvelles armes, gilets pare-balles, voitures – et promesse faite de conduire une réflexion sur la « légitime défense ». Rien sur ce qui constituait un axe majeur des revendications policières, à savoir l’encadrement et la gestion bien peu humaine à laquelle ils sont confrontés. Même si, dans un tel domaine, on sait la difficulté qu’il y a de faire des « annonces » tangibles, de là à faire silence radio complet sur cette problématique, il y a un pas que les policiers « de base » ont évidemment relevé. Le commissaire cassant, ne connaissant à peu près rien de la vie du policier de base, enfermé dans sa tour d’ivoire, ne voyant ses troupes que pour les morigéner, bref, la source d’un malaise que la police n’est hélas pas la seule à connaître, sur tout cela silence total. De sorte que, les mêmes causes produisant les mêmes effets, il est à craindre que toute cette agitation ne change, sur le terrain, rien et que l’aigreur et la rancœur ne prévalent, ne dominent et ne minent le « moral des troupes », aggravant le caractère ingrat de leur travail. Dans la série, on notera aussi l’absence de réponse à la contestation du mode d’attribution des « primes ». Comme chaque fois qu’un tel système se met en place au nom du « mérite », les fonctionnaires de base voient bien que ce sont toujours les mêmes qui en bénéficient, ceux qui ne sont pas « au front », les « planqués »… Là encore, l’effet sur le « moral des troupes » est délétère. Au passage, on notera une concession passée « comme une lettre à la poste », la réduction des « gardes statiques » et la privatisation de celles-ci. Après la multiplication des polices municipales, la privatisation de la police du stationnement à Paris, on a maintenant, faute de se donner les moyens, la privatisation de la force publique. Que le « policier de base » apprécie modérément les peu enthousiasmantes « gardes statiques », on le comprend mais que l’on argue de ce peu de goût pour privatiser davantage, voilà qui doit faire réfléchir et dit jusqu’à quel point souffle encore et toujours le vent libéral dans la tête de nos gouvernants de “gauche” comme de droite.

 

6. Élections américaines : le FBI décide d’enquêter…

La nouvelle en a surpris plus d’un : à moins de deux semaines d’un scrutin que tout le monde s’accorde à considérer comme « plié » en faveur d’Hillary Clinton, le directeur du FBI, James Comey, républicain « de consensus », a décidé de relancer l’enquête portant sur l’usage qu’a fait Hillary Clinton de sa messagerie privée lorsqu’elle était Secrétaire d’État (ministre des affaires étrangères). Ce faisant et alors qu’aucun fait tangible n’a été rendu publique, le directeur du FBI sait qu’il donne là un coup de main inespéré à Donald Trump qui n’a de cesse d’affirmer que la place d’Hillary est en prison et, ce, dans un contexte sondagier difficile puisqu’Hillary ne disposerait que de deux petits points d’avance (47 contre 45). Nul n’est en mesure de prédire l’effet de cette annonce sur l’élection du 8 novembre. 10 millions d’américains ont déjà voté par anticipation et le nombre d’indécis semble de plus en plus faible. Et, à supposer qu’elle l’emporte, elle n’est nullement à l’abri des suites de cette affaire, les Républicains pouvant parfaitement garder la majorité de la Chambre des représentants voire du Sénat à l’issue de ces mêmes élections. Rappelons qu’outre ce dernier rebondissement lié aux liens entre un élu démocrate de New York et le bras droit d’Hillary Clinton, Huma Abedin, il est reproché à la candidate et ex-Secrétaire d’État d’avoir soustrait à la justice pas moins de 33 000 méls après que le Congrès l’eut invitée à comparaître ce qui, en soi, est un crime fédéral pouvant conduire à une procédure d’impeachment. Autant dire que le feuilleton des méls d’Hillary n’est peut-être pas prêt de prendre fin le 8 novembre…

 

USA-élections 2016.jpg

 

@ suivre…

 

 



31/10/2016
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