La propagande bat son plein
Dimanche 28 mai 2017
Sujets traités :
- Législatives, une formalité pour Emmanuel Macron ?
- Loi travail et loi de « moralisation politique »
- Trump, l’axe du mal et l’écologie
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- Législatives, une formalité pour Emmanuel Macron ?
Les médias l’ont décidé, les sondeurs le leur assurent, la loi d’airain engendrée par l’inversion du calendrier s’appliquera une fois de plus, Emmanuel Macron aura sa majorité, la seule question en suspens étant de savoir s’il disposera d’une majorité absolue au parlement ou s’il lui faudra passer quelque alliance de circonstance auquel cas, tout le monde l’aura compris, il se trouvera des NKM et consorts pour la lui donner sans trop barguigner.
Pourquoi une telle assurance ? D’abord parce que le régime électoral est ainsi fait qu’avec une minorité de voix on obtient, pour peu qu’elle fût autour de 30 %, à peu près à coup sûr une majorité voire une majorité absolue à la Chambre. Ainsi, dans l’Assemblée qui a siégé durant les cinq années passées, un député PS représentait 31 000 voix, un député de « droite républicaine » 39 000 voix, un député FN 176 000 voix et un député Front de Gauche 179 000 voix ! Et tout ceci sans compter le fait que 43 % des électeurs ne s’étaient pas déplacés pour aller voter, sans parler des dix millions de citoyens qui ne sont pas inscrits sur les listes électorales. On sait ce qu’il en advient : les citoyens se détournent massivement d’un scrutin qui exagère à ce point les différences, une très large fraction ne se sent pas représentée et les lois votées, telle la loi El Khomri, sont, pour beaucoup d’entre elles, soutenues en fait par une minorité de la population.
Il y a peu de chances que la prochaine assemblée échappe à ce phénomène qui mine la démocratie représentative plus sûrement que toute entreprise révolutionnaire et les promesses faites par Emmanuel Macron, à l’occasion de l’accord passé avec François Bayrou, d’instiller une « dose de proportionnelle » pour le scrutin suivant relèveront de la « médecine douce » et ne régleront rien au fond, la « dose » n’étant vraisemblablement que purement symbolique.
Pour autant, l’affaire n’est pas encore jouée et le pays est réputé être en campagne électorale pour ces législatives dont les deux tours se dérouleront les 11 et 18 juin. Après la fièvre médiatique qui a présidé à la présidentielle suit une période qui, par contraste, peut être décrite comme fort calme. Aucun débat télévisé, peu d’émissions au cours desquelles les « ténors » des différents courants politiques pourraient s’exprimer. Chacun est prié de se focaliser sur sa circonscription comme si cette élection nationale était en fait locale. L’extrême-droite est dans le doute et la division, la droite LR-UDI idem, La République en Marche fait à peine campagne et la France Insoumise tente, de son côté, de faire en sorte que le 7 millions de voix qui se sont portées sur Jean-Luc Mélenchon se retrouvent dans les urnes le 11 juin. Pendant ce temps, le président Macron vaque à ses affaires internationales, les commentaires sont toujours dithyrambiques, la propagande marche à fond rendant inaudible toute opposition. Gattaz est aux anges et trouve qu’Emmanuel Macron « fait un sans faute ». On comprend à l’occasion pourquoi sept milliardaires ont consenti à investir à perte dans les médias qu’ils possèdent et on ne s’étonne plus guère de voir notre pays si mal classé par RSF au registre de la liberté de la presse…
- Loi travail et loi de « moralisation politique »
Emmanuel Macron est tellement sûr de son coup électoral qu’il ne prend même pas la peine de faire la moindre concession quant à la loi travail qu’il entend promulguer via le régime des ordonnances. Il lui suffit de faire de la pseudo-concertation, de recevoir les dirigeants des principales centrales syndicales, les assurant d’à peu près rien, distribuant à l’envi des propos ambigus comme l’ENA apprend à ses élèves à les tenir. C’est ainsi qu’on a pu l’entendre échanger dans la rue avec Jean-Yves le Drian sur ces rencontres qui « se sont bien passées » puisque « c’est normal, je ne leur ai rien dit » (voir ici).
Le calendrier est évidemment dans toutes les têtes. Les syndicats de salariés savent bien qu’il leur est impossible de mobiliser pendant les vacances d’été et, donc, de s’opposer dans la rue aux pernicieuses mesures que le gouvernement entend prendre sur le sujet. Ils entendent donc obtenir que le gouvernement ne se précipite pas, prenne « le temps de la concertation ». Si la CGT fait mine de participer, c’est là de pure forme tant elle sait bien que rien n’est à attendre de cette nouvelle réforme. Du côte de FO, son leader, Jean-Claude Mailly, tente de la jouer plus soft, aimant à faire croire qu’il y aurait moins de blocages qu’on ne le pense. À noter, à son propos, qu’un de ses secrétaires confédéraux, Stéphane Lardy, un temps pressenti pour lui succéder, après avoir été gentiment nommé Inspecteur général des Affaires sociales par le pouvoir socialiste, vient opportunément de rejoindre le cabinet de Muriel Pénicaud comme directeur-adjoint. Où l’on voit que les mâles déclarations d’indépendance politique de FO, via la magnification par cette organisation de la Charte d’Amiens, peuvent aisément être remisées pour des soucis de carrière… Enfin, du côte de la CFDT, devenue 1er syndicat des salariés du privé à l’occasion des dernières élections professionnelles, il va être compliqué de « faire passer la pilule » sur la seule concession que le gouvernement Hollande-Valls avait consenti lors de l’examen de la loi El Khomri, à savoir la barèmisation des indemnités de licenciements pour faute lourde de l’employeur (qui concerne environ 1 % des licenciements actuellement). Si l’on peut s’attendre à ce que le nouveau pouvoir fasse quelques concessions sur le côté « sécurité » via quelques améliorations à la marge des actions de formation des chômeurs, le souci, c’est que dans ce pays, et contrairement à ce qui se fait dans les pays du nord de l’Europe, la formation des chômeurs est une « usine à gaz » dont, au demeurant, profite largement le MEDEF. Mais, bon, on sait bien que du côté de ce syndicat dont l’étendard orange vire si souvent au jaune, il se trouvera bien quelque ressource dialectique pour justifier l’injustifiable… À noter enfin que si, comme il fallait s’y attendre, la CFTC se dit prête à tout, comme d’habitude, la CFE-CGC, le syndicat des cadres, avait crû bon en juin 2016 de donner son congé à son dirigeant « réformiste » accommodant pour le remplacer par quelqu’un, François Hommeril, qui l’est beaucoup moins. Il faut dire que, dans cette partie du salariat, historiquement alliée fidèle du patronat, la « base » a bien compris, et depuis un moment, que les intérêts des « entrepreneurs », du MEDEF pour faire simple, et les leurs n’étaient pas si convergents qu’on voulait bien leur faire croire. La volonté, par exemple, de remettre en cause les 35 h et, corrélativement pour eux, les RTT auxquelles elles ont donné lieu et dont bénéficient ses membres, ne leur sied guère. L’explosion des dividendes versés aux actionnaires a également le mauvais goût de limiter leurs progressions salariales pendant que, dans le même temps, s’est mis en place un management dont ils ont souvent tout à craindre. Bref, il y aurait comme un vent de fronde chez les cadres…
En face, tant le MEDEF que le gouvernement savent bien qu’il n’y a aucune raison que l’impopularité de la loi El Khomri épargne les ordonnances Macron qui lui font suite et l’aggravent. Ils font savoir qu’en ayant élu Emmanuel Macron les électeurs lui auraient donné accord sur ce point. Nul n’est dupe en fait : les 24 % de voix obtenues au premier tour de la présidentielle, soit 18 % des inscrits dont une bonne part dans le seul souci de voter « utile » dès le premier tour face au FN, ne constituent en rien un blanc seing donné à la loi travail. Il s’agit donc de passer en force, de faire vite, de « concerter », autrement dit de faire semblant de négocier pour arriver le plus rapidement possible à satisfaire le MEDEF et l’Europe, c’est-à-dire, en fait l’Allemagne d’Angela Merkel et Wolfgang Schaüble. Le pari n’est pas nouveau, il s’agit de donner des garanties à l’Allemagne, de « réformer » comme ce pays l’a fait avec la « réforme Hartz » afin d’obtenir en échange un éventuel « gouvernement de la zone euro ». Cette politique de « compétitivité interne » déjà menée en son temps par François Hollande connaîtra le même sort que celle qu’ont menée les Italiens avec Matteo Renzi ou les Espagnols de Marcelo Rajoy, sans parler des Grecs avec Aléxis Tsípras. En fait, l’ordolibéralisme, variante teutonne du néolibéralisme, n’en a jamais assez. On trouvera ici une très bonne analyse qui montre combien une telle politique est une impasse et combien lourd est le prix à payer par les populations des pays qui y consentent.
Ajoutons à ce triste constat qui aboutit à rendre la vie des simples gens toujours plus difficile qu’aucune enquête internationale n’est jamais arrivée à prouver la corrélation entre souplesse de la réglementation du travail et productivité du pays. La politique menée relève donc largement de la médecine que dénonçait jadis Molière. On se réjouira à la lecture de cet échange issu de « L’amour médecin » :
- BAHYS.- Après, nous en viendrons à la purgation et à la saignée, que nous réitérerons s’il en est besoin.
- MACROTON.- Ce n’est pas qu’avec tout cela votre fille ne puisse mourir mais au moins vous aurez fait quelque chose et vous aurez la consolation qu’elle sera morte dans les formes.
- BAHYS.- Il vaut mieux mourir selon les règles, que de réchapper contre les règles.
S’agissant de l’autre dossier, la « moralisation de la vie politique », il s’agit, on l’a bien compris de gommer quelques aspérités que l’opinion ne souffre plus suite aux différentes affaires qui ont émaillé la vie politique du pays depuis des décennies et dont l’affaire Fillon est la dernière en date. François Bayrou est à la manœuvre et prié de faire en sorte qu’une proposition de loi voie le jour avant le premier tour des législatives. But de la manœuvre : ouvrir un contre-feu à la controversée loi travail et engager le pays dans des débats sans grands enjeux réels. L’Indemnité représentative de frais de mandat (IRFM) doit-elle être soumise à justificatifs ? On s’étonne qu’elle ne le soit pas mais c’est ainsi : jusqu’à présent, un sénateur ou un député dispose comme bon lui semble des 5 770 €/mois qui lui sont alloués à ce titre, pour entretenir se permanence électorale par exemple mais aussi, rien ne l’en empêche, faire ses courses ou entretenir une petite amie… Aucun contrôle ! Et, cerise sur le gâteau, c’est non imposable ! Elle est pas belle la vie ?.. Autre question qui ne manquera pas d’être soulevée : la « réserve parlementaire ». C’est-à-dire environ 90 millions d’euros dont les parlementaires usent selon leur bon vouloir pour peu qu’ils consentent à divulguer qui en bénéficie. C’est évidemment là le lieu de toutes les petites magouilles visant à se faire des obligés dans sa circonscription, un des outils du clientélisme…
Et puis, enfin, on interdira les « emplois familiaux », autrement dit le fait qu’un parlementaire puisse embaucher un membre de sa famille. Nul ne nous dit comment on empêchera X d’embaucher le conjoint de Y et réciproquement, sans parler des couples non officiels tel Marine Le Pen et Louis Aliot. En outre, c’est faire là un bien mauvais procès à des conjoints qui partagent la vie d’un élu, qui l’ont accompagné tout au long de sa carrière politique et qui travaillent pour lui « pour de bon ». Le vrai souci, c’est quand, comme avec François Fillon, il s’agit d’un emploi fictif, autrement dit qu’il y a détournement d’argent public. Autrement dit, au lieu de faire la chasse aux conjoints ou aux fistons, chasse dont on a vu plus haut qu’elle peut souffrir des exceptions et des contournements, il faut permettre de contrôler l’effectivité du travail. Et, s’agissant des attachés parlementaires, on ferait mieux de leur donner un statut, des droits sociaux au lieu de les laisser comme aujourd’hui livrés à tous les excès des élus qui les emploient. Mais, bien sûr, dans toute cette affaire, seule compte l’affichage. Gageons que cette loi de « moralisation » ne sera pas la dernière. Tout au plus gommera-t-elle la partie visible de l’iceberg et permettra-t-elle au nouveau pouvoir de « se faire la cerise » à bon compte.
Pendant, donc, que François Bayrou occupe la galerie côté jardin avec cette affaire de « moralisation de la vie politique », côté cour, les affaires continuent… Et, cette fois, c’est l’un des piliers du « macronisme » qui est visé en la personne de Richard Ferrand, ex député PS du Finistère, ci-devant ministre « de la cohésion des territoires » dont le périmètre ministériel échappe au commun des mortels mais dont la place dans le dispositif présidentiel est de tout premier ordre. Que lui est-il reproché ? Rien d’illégal, semble-t-il et si l’on en croit le parquet financier. Rien d’illégal, peut-être, mais quid de la morale dont par ailleurs on se prévaut si volontiers à la tête de l’État ? C’est Le Canard Enchaîné, une fois encore, qui lève le lièvre dans sa livraison hebdomadaire. Alors que Richard Ferrand dirigeait les Mutuelles de Bretagne de 1993 à 2012, sa société s’est mise en quête de nouveaux locaux. Appel d’offre et, miracle, la meilleure, la « mieux-disant » est celle que propose la SACA, une SCI dirigée par une avocate brestoise, Sandrine Doucen à la ville, Mme Ferrand dans le privé. Un coup de chance, sans doute… Mais il se trouve que cette merveilleuse SCI qu’elle préside si opportunément n’a aucune existence légale lors de l’attribution du marché. Mieux, le Crédit agricole du Finistère accepte de prêter 100 % du prix d’achat et la totalité des frais de notaire, soit un peu plus de 402 000 € remboursables sur 15 ans. En foi de quoi, l’affaire fut juteuse puisque six ans plus tard la valeur des parts de la SCI a été multipliée par trois !
Et que répond le pouvoir ? Rien ou si peu. Le Premier ministre concède tout au plus que les électeurs seront juges de cette affaire. En d’autres termes, c’est aux électeurs de la 6ème circonscription du Finistère (Crozon, Carhaix, Châteaulin) de voir s’il y a un souci et, le cas échéant, de ne pas renouveler son mandat à Richard Ferrand en juin prochain. On sait que dans les Hauts-de-Seine, par exemple, une telle procédure permet à des gens aussi recommandables que les époux Balkany, en dépit de casseroles bien pires, de se voir exonérés par leurs électeurs depuis des lustres. Le pouvoir est donc embarrassé mais il sait trop bien que peu d’élections, dans notre pays, se perdent à cause des affaires. On songe bien sûr à l’occasion au Penelopegate et à François Fillon mais c’est là un contre-exemple, François Fillon ayant au demeurant de fort peu manqué la qualification le 27 avril (de 465 497 voix exactement). Gageons donc, qu’une fois encore, Richard Ferrand, à la suite de tant d’autres, pourra couler des jours heureux. On a quand même bien le droit de faire des affaires dans ce beau pays, non ?
- Trump, l’axe du mal et l’écologie
Semaine internationale bien remplie pour Donald Trump : après Ryad et Jérusalem en fin de semaine dernière, rencontre avec le Pape au Vatican, sommet de l’OTAN à Bruxelles, et G7 à Taormina…
Sur sa visite à Jérusalem, outre son passage au mur des lamentations, la presse aura retenu cette merveilleuse épigraphe laissée sur le livre d’or du musée de la Shoah : « C'est un grand honneur d'être ici avec tous mes amis. Tellement incroyable, je n'oublierai jamais ! ». C’est fin, de circonstance, un peu comme une visite à Disneyland… Mais, bien sûr, l’essentiel est ailleurs. L’essentiel, c’est l’alignement sur la position d’Israël quant à l’Iran, autrement dit la remise en cause de la politique menée sous Barak Obama qui a conduit à une levée partielle des sanctions visant l’Iran depuis plus de trente ans. Israël, gouvernée par l’extrême-droite, voit en effet dans l’Iran son ennemi principal et craint par dessus tout que cet État dispose comme elle de l’arme nucléaire, autrement dit que prévale dans la région un « équilibre de la terreur » que nous avons bien connu en Europe durant la guerre froide. En foi de quoi, si l’on ose dire, l’Iran doit à tout prix être contenu et il ne peut être question que ce pays dispose de nucléaire civil puisque ce dernier est susceptible de servir, moyennant quelques aménagements, au nucléaire militaire via la production de matières fissibles telles que le Plutonium ou l’enrichissement de l’Uranium. Qu’importe que l’autorité de sûreté nucléaire fasse son travail, atteste que l’Iran respecte les accords passés, Israël, tout à sa paranoïa, a décidé que tout ceci n’est que poudre aux yeux. Moyennant quoi, et sans qu’on s’en émeuve ici dans les médias qui font l’opinion, Donald Trump peut, en Arabie Saoudite, déclarer tout de go que l’Iran est le foyer du terrorisme international ! On aurait pu espérer que tous les factcheckers, si prompts à dégainer contre les « vérités alternatives » trumpiennes, se mobilisassent devant une telle assertion. On aurait pu espérer… La réalité, c’est que nos gouvernants, nos éditocrates, sont prêts à passer pour pertes et profits de telles contre-vérités dès lors qu’elles les arrangent. Autrement dit qu’après les « armes de destruction massives » irakiennes de Georges W. Bush, ils sont prêts à refaire le coup avec l’Iran. Autant dire qu’il n’y a rien à espérer d’une telle information qui a tous les traits de la propagande la plus grossière.
S’agissant de l’OTAN (NATO pour les anglophones), autrement dit de cette alliance militaire constituée durant la guerre froide pour faire bénéficier les pays capitalistes européens du « parapluie » militaire des USA, avec la chute du mur et l’effondrement du « camp socialiste », sa raison d’être, son objet n’est plus très clair. Pour mémoire, rappelons qu’entre le budget militaire des USA (50 % - 600 milliards de $) et le budget de l’OTAN, c’est 80 % de l’ensemble des dépenses militaires mondiales qui sont à la main de l’Oncle Sam tandis que la Russie, ce grand méchant loup devant lequel nous sommes censés trembler, c’est 60 milliard de $ (5 %), moins que la seule Arabie Saoudite… Participant pour la première fois à un sommet de l’OTAN au nouveau siège de l’organisation à Bruxelles (qui a coûté plus de 1 milliard d’euros !) devant 26 chefs d’États, dont notre freluquet national, venus écouter la voix de son maître, Donald Trump a redit la volonté de voir les pays de la coalition prendre en charge financièrement cette défense. C’est, comme par hasard, l’objectif des 2 % qu’Emmanuel Macron a mis dans son programme. Il s’agit là, bien sûr de sommes considérables dont l’Oncle Sam, par la voix du perruqué, entend bien qu’elles se traduisent par des commandes sonnantes et trébuchantes pour l’industrie militaire de son pays. Bien évidemment, et quoi qu’ils en pensent, la promesse ayant déjà été maintes fois faite, l’ensemble des chefs d’État a affiché y consentir… Mais le trouble vient manifestement de ce que Donald Trump n’ait pas publiquement réaffirmé la primauté de l’article 5, celui qui fait que tout membre de l’alliance est tenu de se porter au secours de n’importe quel autre membre qui serait agressé, autrement dit celui qui fait que notre pays, par sa réintégration dans le commandement intégré en 2007, et contrairement à la position tenue par le Général de Gaulle, serait tenu, par exemple, de se porter au secours de l’un quelconque des pays baltes qui se dirait agressé par la Russie ou bien encore de la Turquie à l’endroit de tel ou tel de ses voisins… Que nos dirigeants s’émeuvent que Donald Trump, dont par ailleurs ils aiment à souligner le caractère imprévisible et la politique étrangère peu lisible, se plaignent de ne pas voir réaffirmé l’usage, dont tout est à craindre, de l’article 5 n’est pas la moindre preuve de leur inconséquence. Quant au serpent de mer de la « défense européenne » qui serait le contrepoint de cette incertitude, là aussi, comment entendent-ils articuler défense européenne et OTAN sans devoir se plier aux exigences du maître qui les oblige à lui acheter du matériel « compatible », autrement dit dont il a la maîtrise technologique ? De quelle indépendance peuvent-ils espérer nous convaincre ou nous faire espérer ? Mystère et boule de gomme en dehors du fait que tout ceci convergerait vers une augmentation significative des budgets de défense au prix de coupes sombres dans les budgets sociaux de pays qui, sur ce plan, vont déjà très mal. Ajoutons pour la défense de ces aimables dirigeants, que beaucoup d’entre eux ont été formés par les USA et sont le fruit de réseaux d’influence US dont la Conférence de Bilderberg (voir ici ce qu’en dit Natacha Polony) est un exemple emblématique.
Le nouveau siège de l’OTAN à Bruxelles – plus de 1 milliard d’euros !
Quant au G7 qui s’est tenu à Toarmina en Sicile, bis repetita, le maître n’entend en rien souscrire aux engagements écologiques pris à la conférence de Paris par Barak Obama. America first ! La lutte contre réchauffement climatique de la planète, auquel il ne croit pas, attendra des jours meilleurs. Dépendant des lobbies divers, dont celui des énergies fossiles, pétrole et gaz de schiste en particulier, il n’entend rien céder sur un accord qui, de toute façon, a le mérite de n’obliger en rien puisqu’aucune sanction n’est prévue en cas de transgression. À l’inverse, Donald Trump affirme haut et fort que les accords économiques auxquels il veut bien consentir ne se concrétiseront que dans la mesure où son pays en serait gagnant. C’est bien ainsi qu’il faut comprendre les propos tenus par son conseiller économique, Gary Cohn : « Nous aurons une discussion très vigoureuse sur le commerce, et nous allons discuter ce que signifie “libre et ouvert” ». Bien évidemment, cette ligne politique à coloration « protectionniste » sera à géométrie variable et tous nos « libre échangistes » en responsabilité dans les confettis de l’Empire devront faire avec. Trump n’est pas Reagan. Les temps changent…
De gauche à droite : Justin Trudeau (Canada), Donald Trump (USA), Donald Tusk (UE), Emmanuel Macron (France), Angela Merkel (Allemagne), Jean-Claude Junker (Président de la CE), Shinzo Abe (Japon), Paolo Gentiloni (Italie) et Theresa May (Grande-Bretagne)
Le « communiqué » final qui, normalement, est déjà écrit avant la réunion, n’a cette fois pu être autre chose qu’un constat de désaccord entre Donald Trump et les autres participants. Tout juste ce dernier a-t-il consenti à se donner le temps de la réflexion quant aux suites à donner à la signature US de l’accord de Paris sur le climat. À noter, au passage que, s’agissant du second pollueur mondial, « l’usine du monde », la Chine, on ne reste pas inactif en ce qui concerne les énergies renouvelables comme en témoigne cette image :
Usine photovoltaïque chinoise de Huainan (40 MW) mise en service le 23 mai 2017
@ suivre…
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