BelcoBlogLM

BelcoBlogLM

Envers et contre tout

Dimanche 12 mars 2017

 

Sujets traités :

  1. Fillon candidat, envers et contre tout
  2. Et au centre ?
  3. Et à gauche ?
  4. Une voix s’est éteinte

=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=

  1. Fillon candidat, envers et contre tout

Nous étions nombreux à penser, vu les défections enregistrées, que le rassemblement du Trocadéro ne suffirait pas. Le nombre de personnes rassemblées en ce lieu dimanche dernier fut en effet très loin des 200 000 participants annoncés en tribune par le chauffeur de salle, Bruno Retailleau, puisqu’un calcul simple liant une surface au nombre de personnes susceptibles de l’occuper conduisait, au mieux et en comptant les abords de la place, à 45 000 personnes. Loin, donc, de l’importance numérique de cette manifestation, ce qui a manifestement pesé c’est la présence en tribune des « pointures » sarkozystes que sont, par exemple, Luc Châtel, Éric Ciotti mais surtout François Baroin. Leur présence en première ligne avait un but très clair à l’endroit d’Alain Juppé : « Vade retro, c’est sans nous, contre nous ! ». Il s’agissait là, en fait, du message subliminal qu’envoyait Sarkozy à Juppé : je soutiens François Fillon ! En foi de quoi, ce lundi matin, Alain Juppé, en sa mairie de Bordeaux, fit une déclaration solennelle. Après avoir mis en évidence qu’au vu du rassemblement du Trocadéro « le noyau des sympathisants LR s’est radicalisé », les mots qu’il employa à l’endroit de François Fillon furent d’une grande cruauté : « Quel gâchis ! Au lendemain de notre primaire, dont le résultat a été incontestable et incontesté, François Fillon, à qui j’avais immédiatement et loyalement apporté mon soutien, avait un boulevard devant lui ». Un boulevard devenu « impasse » : « Son système de défense fondé sur la dénonciation d’un prétendu complot et d’une volonté d’assassinat politique l’a conduit dans une impasse ». On connaît la conclusion, sans appel, Il renonce à être le « plan B ». En d’autres termes, « démerdez-vous, ce sera sans moi ! »

 

Le discours complet d’Alain Juppé est ici.

 

Le « Comité politique » réuni lundi soir n’avait plus dès lors, et quoi qu’en pensaient les uns et les autres, qu’à afficher une unanimité que l’on sait de façade autour de la candidature de François Fillon.

Il est clair que, quoi qu’il arrive désormais et à moins d’une semaine de la clôture du dépôt des parrainages des candidats, François Fillon sera le candidat « de la droite ». Quant au « centre », à l’UDI, c’est comme toujours, une marée d’opportunistes de la plus belle espèce. Après avoir montré des signes manifestes de quitter Fillon, il ne leur a pas fallu plus de quelques heures pour affirmer le contraire. En cause, bien sûr, leur sort aux législatives. Ils savent trop bien ce que leur coûterait tout autre choix, c’est-à-dire une candidature LR dans leurs circonscriptions… François Bayrou, en son temps, en a fait la cruelle expérience. Mais, ce qui apparaît maintenant clairement, c’est que le candidat du « centre » ne sera pas François Fillon mais Emmanuel Macron. La « radicalisation » qu’Alain Juppé a rappelée en préambule n’est en effet pas un mirage. En témoigne cette délicieuse caricature d’Emmanuel Macron mise en ligne par les responsables de la communication de LR sur Twitter :

 

Si le réseau Macron qui y apparaît n’est, en fait, que parfaitement conforme à la réalité, c’est bien sûr la caricature du candidat qui rappelle les années trente, le juif au nez proéminent, ami des banquiers, etc. Alors, bien sûr, devant l’émoi créé, François Fillon fit rapidement retirer l’infâme graphique, promettant des sanctions, etc. Mais, en tout état de cause, que des responsables de la communication de LR puissent aller vers de telles extrémités confirme, s’il en était besoin, que la « radicalisation » observée au Trocadéro ne concerne pas que les seuls vieillards aigris de la « Manif’ pour tous », que le mal est plus profond et que la perméabilité de cette mouvance avec l’extrême-droite est tangible et, pas si accessoirement que cela, si d’aventure et comme nous le promettent les sondages, le pays devait se retrouver au soir du 23 avril avec un duel de seconde tour Macron-Le Pen, la victoire annoncée d’Emmanuel Macron pourrait bien ressembler à celle d’une Hilary Clinton face à Donald Trump…

 

Notons, pour finir, que « les affaires » continuent à l’endroit du même : le JDD publié ce jour en témoigne :

 

Pour quelqu’un qui doit sa victoire à la primaire à son image de probité, voilà qui ne va pas arranger les choses. Nombre d’électeurs de droite s’interrogent. Certes, la purge libérale qu’il promet ne les offusque pas mais sera-t-il en capacité de la mener à terme avec de telles casseroles ? Ne conviendrait-il pas de la jouer plus fine avec un candidat beaucoup moins attaquable moralement, avec un Emmanuel Macron, par exemple ?

Retour Sommaire

  1. Et au centre ?

Tout confirme que « les affaires » qui entachent la candidature Fillon font celles d’Emmanuel Macron. Loin de se focaliser sur le programme du candidat, une seule question semble émerger à cette heure : qui sera le meilleur pour affronter Marine Le Pen au second tour ? De sorte que les ralliements se multiplient. Pour l’essentiel, ceux observés cette semaine viennent de la gauche ou ce qui en tient lieu au yeux des media. Par exemple, Patrick Braouezec, ex-député-maire PCF de Saint-Denis, soutien de José Bové contre la candidate de son parti, Marie-George Buffet, ayant rejoint les écologistes dès lors qu’à sa candidature au titre du Front de Gauche aux régionales de 2010 lui fut préférée celle de Pierre Laurent. Bref, un homme « de gauche » dont la fidélité ne semble pas le trait dominant, ce qu’il confirme avec son ralliement à Emmanuel Macron. Autre exemple, Bertrand Delanoë, l’ancien maire de Paris qui explique, sur les ondes de la matinale de France inter, que le programme du candidat de son parti, le PS, est trop radical et que, dans ces conditions, il se rallie à Emmanuel Macron seul à même de gagner face à Marine Le Pen. Il se dit que la liste va s’allonger : Ségolène Royal en fait partie mais aussi l’actuel ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. De sorte que, quelle que soit l’édulcoration du programme à laquelle consentira le vainqueur de la primaire du PS, Benoît Hamon, l’héritier de François Hollande sera à l’évidence Emmanuel Macron. Ce qui, au fond, n’est que justice, lui qui a été dans le « premier cercle » comme secrétaire-adjoint de l’Élysée d’abord, ministre de l’Économie et des finances ensuite, celui qui aura marqué le quinquennat de sa marque de fabrique néo-libérale dont la loi El Khomri est l’emblème.

 

Des ralliements à “gauche”, certes, mais aussi à droite comme en témoigne le ralliement de celui qui fut le héraut français du néo-libéralisme le plus pur, Alain Madelin. Avocat, fondateur avec Gérard Longuet et Patrick Devedjan du mouvement d’extrême-droite Occident, il fera, comme beaucoup, après 1968, son aggiornamento en rejoignant les Républicains indépendants de Valéry Giscard d’Estaing pour se mitonner une carrière politique et c’est Jacques Chirac qui le nommera ministre de l’industrie en 1986 et ministre de l’Économie et des finances en 1995. Libéral grand teint, celui qui se voulut dans la mouvance des Reagan et Thatcher, se retrouve donc aujourd’hui aux côtés d’Emmanuel Macron, en toute cohérence politique, finalement...

 

Retour Sommaire

  1. Et à gauche ?

Si l’on accepte de mettre sous ce label le candidat vainqueur de la primaire de la BAP, la « Belle Alliance Populaire » (sic), force est de constater que ça patine sec. C’est que, s’il est vrai qu’il peut se targuer de sa victoire à cette primaire, d’avoir écarté celui qui était le représentant manifeste du quinquennat de François Hollande, à savoir Manuel Valls, il a contre lui tout ce qui reste de l’appareil du PS, à commencer par les députés qui ont voté toutes les lois, dont l’emblématique « loi Travail » d’El Khomri. Outre que nombre d’entre eux ont déjà franchi le Rubicon en rejoignant Emmanuel Macron, ceux qui restent font le forcing pour que Benoît Hamon mette son programme à la poubelle ou, en tout cas, l’édulcore suffisamment pour le rendre compatible avec la politique qu’ils ont menée cinq années durant. C’est dire combien le malheureux Benoît Hamon se retrouve pris entre deux feux sans savoir comment en sortir autrement qu’en lâchant l’affaire. Ce qu’il ne fera bien sûr pas. Les sondages le mettent à 13 % d’intentions de vote, dans les mêmes eaux que son rival de la France insoumise avec qui il a passé un accord de non agression. Mais, sur le terrain, ses meetings sont des flops monumentaux. Ainsi en fut-il au Havre en ce 11 mars où l’on dénombra à peine 1 500 personnes ! En d’autres termes, et de façon encore plus marquée que lors de la candidature de Ségolène Royal, l’appareil du PS, ce qui reste des militants du PS au terme d’un calamiteux quinquennat, boudent, savonnent la planche de celui qui est officiellement leur candidat. Le malheureux a beau donner des gages, « recentrer » son programme, faire des déclaration enamourées à l’endroit de l’Europe, réduire le « revenu universel » à peau de chagrin, rien n’y fait. Et il va de soi que ce ne sont pas les ralliements qu’enregistre Emmanuel Macron tels que décrits plus haut qui inverseront la tendance. Le « cycle de 1972 », autrement dit, peu ou prou, celui de l’union des gauches, est manifestement refermé. Au lieu et place, ce qui se joue dans cette partie de la gauche, la branche « social-démocrate », c’est ce qu’on a bien connu auparavant, l’alliance avec le centre et, à l’époque, la mise à l’écart, la lutte contre la « gauche de la gauche » alors représentée pour l’essentiel par le PCF. La différence, c’est qu’à l’époque, dans un contexte de guerre froide, selon le mot célèbre d’un syndicaliste accommodant, André Bergeron, il y avait « du grain à moudre ». Autrement dit qu’à l’époque, même la droite conduite par un De Gaule, faisait une politique sociale ou, en tout cas, y consentait dès lors que la lutte des travailleurs l’y poussait comme en témoignent les accords de Grenelle qui ont suivi les « événements de Mai 68 ». De ce point de vue, aujourd’hui, avec la « mondialisation », la « globalisation », la financiarisation de l’économie, l’absence de contrepoids tel que pouvait le constituer l’Union soviétique, la concurrence organisée des travailleurs entre eux tant au sein de l’Europe que dans le monde entier, le rapport de forces a changé. Les luttes sont depuis des décennies, pour l’essentiel, des luttes défensives ne visant, au mieux, qu’à empêcher des fermetures d’usines. Ce n’est pas tant que cette fraction de la population ait vu ses rangs se réduire – ouvriers et employés forment encore plus de la moitié du salariat – c’est qu’elle est de plus en plus inorganisée comme en témoigne la faiblesse de l’implantation syndicale, c’est que s’exerce sur elle tout le poids de la concurrence tant à l’intérieur du territoire national avec un chômage élevé et le recours à des emplois précaires toujours plus nombreux qu’à l’extérieur avec un ensemble de pays dans lesquels les conditions salariales et la couverture sociale sont sans commune mesure. On songe à l’occasion à la Pologne ou la Roumanie pour ce qui est de l’Europe, ou à la Chine, à l’Inde et à un certain nombre d’autres pays dont le Maroc, le Brésil, etc. à l’extérieur. Que toute cette population ou, du moins, une fraction significative d’entre elle se tourne alors vers celle qui leur garantit un retour à des frontières nationales aussi étanches que protectrices, qui leur désigne comme source de leurs maux la concurrence interne des immigrés ou de leurs enfants, voilà qui pose un évident problème tant il est vrai que l’extrême-droite n’a jamais, de toute son histoire, été de son côté. Mais là est probablement le coût des trahisons de la gauche sociale-démocrate à leur endroit, elle qui a historiquement pour rôle essentiel de les défendre lorsqu’elle parvient au pouvoir n’a eu de cesse de mener la politique de ses adversaires. En dehors de réformes « sociétales » telle le « mariage pour tous » dont cette population se fiche comme de sa première chemise, elle n’aura eu comme seule marque de fabrique que d’aller vers toujours plus de remise en cause du « modèle social », faisant de leur vie un tunnel sans espoir, se faisant sans cesse l’avocat de ceux qui tiennent les rênes, de ceux qui les oppressent, de ceux qui tirent bénéfice du nouveau paradigme qu’institue la globalisation. Le risque est donc grand que, comme aux États-Unis, comme en Grande-Bretagne, cette population se tourne massivement vers le pire, avec comme seule ambition de « renverser la table », de faire la nique aux puissants. Rude époque, vraiment !

Retour Sommaire

  1. Une voix s’est éteinte

Comme nombre d’entre nous, les moins jeunes sans doute, il fut celui qui nous ouvrit des horizons durant la tranche 9 h - 10 h de la radio nationale (voir ici) et berça certaines de nos soirées avec son immense culture et sa façon toute personnelle de persifler. À l’époque où la radio qui l’employait se donnait comme slogan « France inter, écoutez la différence », l’impertinent traduisait par « France inter, écoutez l’indifférence » voir « France inter, écoutez la déférence ». Sur ce formidable concours qu’est l’Eurovision, et alors qu’il venait d’être nommé directeur des variétés de TF1, encore publique, il fut celui qui décida d’en refuser la diffusion estimant que le concours « n'est plus qu'un monument à la bêtise » dont l'intérêt est « dissipé par l'absence de talent et la médiocrité des chansons ». Par la suite, il se félicitera d'avoir « supprimé une émission de merde, tout un lobby de producteurs, attachés de presse, chanteurs et éditeurs ». Bref, une « belle personne » s’en est allée au terme d’un parcours aussi long qu’estimable au service d’un public qu’il ne méprisait pas, avec qui il usait d’une ironie aussi cruelle que rafraîchissante. « Je ne crois pas être méchant », disait-il, « mais j’ai un refus de m’en laisser conter… je ne veux pas être dupe de toutes les entreprises de matraquage, de manipulation et, sur toutes les choses dont je suis amené à perler dans l’émission, je porte un regard, disons, critique, un peu distancié ». Sans aucun doute, à l’heure où les émissions qui nous sont servies sont le plus souvent réduites à de la simple promotion, disons-le, cette distance, cette critique qui était la marque de fabrique de Pierre Bouteiller nous manque cruellement.

 

Retour Sommaire

@ suivre…

 

 



12/03/2017
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 61 autres membres