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Un goût de défaite

Lundi 23 janvier 2017

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Sujets traités :

  1. Trump s’installe à la Maison Blanche
  2. Primaires du PS : le voile se lève… et l’avenir s’assombrit
  3. Salissez, salissez, il en restera toujours quelque chose

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1. Trump s’installe à la Maison Blanche

Peu nombreux sont ceux qui auront échappé cette semaine à l’investiture de Donald Trump, autrement dit ce délicieux moment, vu d’ici, où l’on voit un président réputé être celui de la plus grande puissance du monde, prêter serment à la Constitution de son pays sur deux bibles, la sienne héritée, nous dit-on, de sa grand-mère et celle de Thomas Jefferson, l’un des pères fondateurs.

On mesure là, à l’occasion, les limites de la laïcité à l’anglo-saxonne. Est-il besoin de rappeler que de l’autre côté de la Manche, The Queen est le chef de l’Église anglicane… Bien évidemment, dans les commentaires que l’on a pu entendre sur cet événement, une pudeur de violette a saisi les commentateurs…

 

Investiture Trump.jpg

 

Cette inauguration aura été l’occasion de comparer les foules venues se presser sur l’esplanade du Capitole pour l’investiture de Trump et celles de 2009 pour Obama. La vérité est cruelle pour Trump si l’on en croit ce que le New York Times publie, autrement la photo de chacun des deux événements prise au même moment, 45 minutes avant le discours d’investiture de chacun des deux. Comme on dit chez les sportifs : « y’a pas photo ! ».

Trump pourrait choisir de ne pas nier l’évidence et y trouver des explications. Par exemple, que la ville de Washington a voté à 85 % pour Hillary et que ses supporters, eux, ont dû faire des centaines de km… Mais, non, Trump n’est pas homme à expliquer. Il assène, il tweete et si le réel n’est pas conforme, il suffit de le contourner. C’est donc sur ce mode qu’a réagi le responsable de la communication de la Maison Blanche suite à la publication de cette photo : « This was the largest audience ever to witness an inauguration, period, both in person and around the globe »

 

Inauguration Obama vs Trump.jpg

 

L’enjeu, il faut le dire aussi, est bien ailleurs. L’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche est perçue comme inquiétante de ce côté de l’Atlantique en ce que ce personnage étrange, venu d’ailleurs – entendez, contrairement à Hillary Clinton, hors de la sphère politique traditionnelle des WASP de la côte Est – entend remettre au goût du jour un certain protectionnisme – « America first » a-t-il répété – et se diriger vers un changement d’alliance dans lequel l’OTAN – autrement dit le « parapluie américain sur l’Europe – est déclarée obsolète, l’ennemi principal étant la Chine et non plus la Russie. Pour des européens, fidèles jusque-là à l’alliance avec Washington, autrement dit couchés devant les USA depuis des lustres, qui n’ont eu de cesse de décrire la Russie de Poutine comme le danger principal et un enfer sur Terre, il s’agit là d’un contrepied total. Cette nouvelle stratégie se conjugue avec une forte déclaration sur les bienfaits du brexit et, accessoirement, sur le début de la fin de l’Europe qu’il constituerait et sur la nécessité pour les pays européens de mettre la main à la poche pour continuer à bénéficier du parapluie américain.

L’Allemagne, dans le discours de Trump, est donc doublement visée puisqu’outre la participation financière aux efforts de défense il lui est demandé de relocaliser ses usines BMW aux USA et non au Mexique comme elle entend le faire, sachant qu’à défaut, les voitures allemandes se verraient fortement taxées à l’entrée…

 

Dans un tel contexte, les européistes de tout poil en sont à faire de nécessité vertu en plaidant que cette menace US serait finalement un bienfait en ce qu’elle obligerait l’Europe à bouger… Mais, si mouvement il doit y avoir, encore faudrait-il que les intérêts des États européens fussent convergents, ce que dément toute l’expérience européenne passée dans laquelle seule l’Allemagne et son premier cercle y trouvent intérêt. Du côté US, il ne va pas de soi que la politique esquissée par Trump soit partagée dans son camp. C’est en tout cas ce dont témoignent les auditions par le Congrès des pressentis ministres. Et il est fort à parier que l’on risque d’assister, dans un certain nombre de domaines, à une cohabitation larvée dans les années qui viennent.

Une chose est sûre, l’élection de Trump passe mal dans le pays. Même si personne ne remet en cause le mode de scrutin qui l’a permis, il reste que les 2,5 millions de voix d’écart en faveur d’Hillary Clinton sont dans toutes les têtes. Et c’est sans doute ce qui explique les manifestations massives qui se déroulent, dont la dernière en date, woman’s march, a été massive. C’est que les menaces que font peser sur le droit des femmes Trump et ses amis ne sont pas minces. On sait qu’il va nommer à la Cour suprême le « 9ème homme », celui que Barak Obama n’a pas pu nommer faute d’accord avec le Congrès et que ce juge-là fera basculer la plus haute juridiction du « côté obscur », autrement dit en faveur de ceux qui veulent voir réduits les droits des femmes, dont le droit à l’avortement est évidemment le premier en cause. On sait que du côté républicain, du côté des culs bénits de tout poil, du Tea Party, cette question est décisive. Les femmes qui ont manifesté ce 21 janvier, en très grand nombre, ont donc fait le choix d’anticiper et de se mobiliser. Pour autant, il serait erroné de penser, ainsi que l’ont fait les commentateurs « avisés », qu’au motif que Trump est vulgaire et sexiste, il n’aurait pas le vote des femmes. L’élection a montré, certes, qu’Hillary était majoritaire chez les femmes mais pas autant que ce que la presse le laissait à penser… En d’autres termes, il peut se trouver un grand nombre de femmes qui consentent à leur aliénation et pour qui l’avortement n’est pas un droit, mais un crime !

 

Manif femmes USA.jpg

 

Trump, évidemment, affiche son mépris pour ces mouvements et pour la presse réputée « libérale » et dont on sait qu’elle s’était massivement engagée pour Hillary. La Californie et la côte Est sont à la pointe de ce combat, à l’image des résultats électoraux enregistrés. Il n’est pour autant pas sûr qu’elles conduisent ceux et celles que Trump a séduits à se renier. Plus sûrement, ce sera d’abord la politique anti-sociale qu’il mènera qui le fera. De ce point de vue, l’entrée au gouvernement des milliardaires que l’on sait est le plus sûr signe des dégâts sociaux qui se profilent. Et tous ceux qui misent sur un éventuel empeachment de Trump font fausse route. Ils feraient mieux de se demander pourquoi il a gagné et comment réduire la fracture dont cette élection est la concrétisation. Comment des couches sociales défavorisées ont-elles pu choisir de voter pour un tel démagogue et comment faire pour les reconquérir ? Il va de soi que de telles questions ne se posent pas qu’aux USA…

Enfin, comment ne pas noter que le premier acte présidentiel a été de promulguer un décret visant à « soulager le poids » de l’Affordable Care Act, couramment appelé Obamacare, en ordonnant à son administration d’utiliser toutes les marges de manœuvres possibles pour ne pas appliquer la loi via des dérogations, des exemptions et des reports. La presse française a voulu y voir l’abrogation de la loi, c’est évidemment excessif mais il est clair que, plus que les conséquences réelles de ce décret, c’est le symbole qui compte. Trump a voulu montrer en quel sens il entendait aller, montrer qu’il agirait conformément à ses promesses de campagne. S’agissant de l’Obamacare, on verra qu’il ne sera pas si simple d’abroger purement et simplement la loi et que ceux qui pensent qu’il en ira ainsi se verront déçus…

 

2. Primaires du PS : le voile se lève… et l’avenir s’assombrit

On l’a senti venir, la primaire de la BAP – « belle alliance populaire » (sic) – que certains ont cherché contre toute évidence à faire passer pour « la primaire de la gauche » n’a pas séduit beaucoup de monde puisqu’on est très loin de ce que nous a servi l’organisateur de la primaire durant la soirée électorale de ce dimanche soir « entre 1,5 et 2 millions, plus proche de 2 millions ». En fait, ce sont environ 1,3 million de personnes qui auraient participé à la primaire de la BAP, autrement dit, en gros, moitié moins qu’en 2011 ! On n’aura pas la cruauté de comparer avec la primaire de la droite… Et, donc, ce que dit d’abord cette primaire, c’est que, en gros, tout le monde s’en fiche et d’abord et avant tout le « peuple de gauche »… autrement dit que, quel que soit le vainqueur de cette primaire, il sera faible, miné par cette faible participation. La « légitimité » recherchée à travers cette opération des primaires ne vaut que si la participation est forte. Et ce n’est manifestement pas le cas. En d’autres termes, non seulement l’enjeu semble bien réduit à désigner le 5ème larron de la présidentielle mais, et ce n’est pas peu, de désigner celui qui éteindra les lumières de la rue de Solferino.

Participation primaire PS.jpg

 

 

Chacun connaît le résultat de ce premier tour : Benoît Hamon arrive en tête (36,3 %) suivi de Manuel Valls (31,1 %), d’Arnaud Montebourg (17,5 %), Vincent Peillon (6,8 %). Quant aux trois autres, les figurants, ils font merveille : François Henri Goullet de Rugy (3,9 %), Sylvia Pinel (2 %) et Jean-Luc Bennahmias (1 %).

Arnaud Montebourg s’est empressé, dès le résultat connu à 20 h, d’appeler à voter pour Benoît Hamon tandis que Vincent Peillon choisissait… de ne pas choisir. De sorte qu’en ce lundi, chacun pressent que Benoît Hamon va sans coup férir sortir vainqueur dimanche prochain. Que Sylvia Pinel ait appelé, fort logiquement d’ailleurs, à voter Valls est évidemment une aimable plaisanterie et ce ne sont pas les coups de menton du catalan qui peuvent raisonnablement inverser la tendance. Son discours tenu ce dimanche sonnait creux et on imagine la déception de ses partisans devant ce qui se profile. La « gauche de gouvernement » sort éreintée du quinquennat et les commentateurs ne se privent plus de voir dans cette affaire et son issue dimanche prochain la fin du PS, la fin du « cycle d’Épinay »…

 

On comprend dès lors avec cette victoire annoncée de Benoît Hamon que la situation à gauche se complique singulièrement. D’une part, il est assez improbable que les électeurs de Valls aillent voter Hamon au premier tour de la présidentielle. D’autre part, chacun comprend que le chantage « au vote utile » sur lequel le PS a tant misé depuis 2002 prend ici fin et se retourne contre lui. Le « vote utile », c’est maintenant clairement soit Mélenchon à gauche, soit Macron au centre et la perspective d’un candidat PS faisant une score defferrien se profile avec force, nombre d’électeurs potentiels de Hamon pouvant préférer miser Mélenchon, quelles que soient les réserves qu’ils peuvent avoir sur lui et son programme, en particulier sur la politique étrangère qu’il affiche vouloir mener. Du côté de Macron, on jubile doucement. Que le PS se donne à son aile gauche est pour eux le plus sûr moyen de gagner sur leur gauche et il est à prévoir que les ralliements vont se multiplier à mesure que l’échéance va approcher. Macron a déjà affiché la couleur : il n’y aura pas de négociations. Ceux qui veulent le rejoindre sont certes les bienvenus mais c’est lui et son équipe qui seront maîtres des investitures pour les législatives...

 

Du côté de Mélenchon, il est clair que, tactiquement, la victoire de Valls eut été préférable au point qu’ont circulé sur les listes de diffusion des insoumis des appels à un tel vote tactique. D’autre part, et quitte à ce que ce soit la gauche du PS qui l’emporte, il eut été évidemment préférable que cela fut Montebourg qui a affiché son opposition au « revenu universel » et sa faveur au « redressement productif » tout en confessant une sensibilité écolo nouvelle chez lui. En d’autres termes, on eut peut-être pu s’entendre avec Montebourg. Avec Hamon, ça paraît plus que difficile et on peut penser que Hamon va rester en lice avec pour objectif non de gagner la présidentielle – nul, à commencer par lui, n’y croit maintenant – mais de prendre le PS, ou ce qui en restera, à l’issue et « prendre date », autrement dit attendre l’échéance suivante, 2022.

 

À droite, évidemment, la victoire annoncée de Hamon fait plaisir. Un candidat du PS qui promet de dépenser 300 à 400 milliards d’euros pour son revenu universel quand on fait campagne sur la dette, c’est un bonheur ! Si, de surcroît, il promet de légaliser le cannabis, c’est double dose ! Si inquiétude il y a, à droite, elle est évidemment ailleurs, c’est-à-dire du côté de Macron qui risque de faire main basse sur les voix « libérales », autrement dit centristes. Le « jeune loup » de l’inspection des finances, banquier à sa sortie de l’ENA, s’installe dans le paysage. Comme en d’autres temps, le coup du « troisième » homme propulsé par les media semble vouloir se rejouer. On aura l’occasion d’y revenir… Mais, du côté de chez Fillon, pendant que l’on affiche une volonté de n’en rien rabattre sur le programme libéral, on imagine sans peine que l’on réfléchit aux contre-mesures. Et l’une d’entre elles, déjà évoquée ici, est évidemment en débat : faut-il aider François Bayrou à se déclarer en lui promettant, par exemple, ses signatures pour peu, bien sûr, qu’il s’engage à se rallier à Fillon pour le second tour et quitte à lui promettre le « perchoir », autrement dit la présidence de l’Assemblée nationale. Le pari est risqué car il est à peu près clair qu’une partie des voix de Bayrou seraient autant de voix en moins pour Fillon au premier tour. Mais, une autre partie serait prise sur Macron et, ce faisant, pourrait libérer la seconde place, autrement dit faire en sorte que Fillon s’installe confortablement à la seconde place avec une Marine Le Pen arrivée en tête, certes, mais sans réserve de voix, autrement dit un « boulevard » pour le second tour de la présidentielle identique à celui dont Jacques Chirac bénéficia en 2002.

On connaîtra prochainement ce qu’il adviendra de cette affaire puisque François Bayrou a annoncé qu’il ferait connaître sa décision début février. En attendant, il publie « Résolution française » dont on imagine qu’il pourrait être un « livre programme » pour la présidentielle. En tout état de cause, on voit mal Bayrou se rallier à Macron même si leurs programme sont en gros les mêmes. Fin du suspense, début février…

 

Résolution française.jpg

 

3. Salissez, salissez, il en restera toujours quelque chose

Quoi d’autre cette semaine ? Beaucoup de choses sans doute. Le choix a été fait ici, pour conclure, de mettre l’accent sur cet épisode significatif de ce que la presse « aux ordres » peut faire, tout honte bue…

 

La blogosphère a vu circuler une vidéo d’une interne, Sabrina Ali Benali, vidéo « virale », selon l’expression consacrée, autrement dit largement partagée (plus de 11 millions de vues sur Facebook (voir ici), dans laquelle on voit une jeune interne de l’AP-HP interpeller MST, Marie-Sol Touraine, sur les dégâts que sa politique a fait à l’hôpital public, le désespoir des personnels qui n’en peuvent plus de la rentabilité érigée en loi d’airain au détriment des malades, etc. Et le fait que l’hôpital public ne tient, en fait, que par le dévouement des personnels de l’hôpital au risque de les voir s’écrouler, tomber à leur tour…

 

France inter avait donc choisi ce mardi 18 janvier d’en faire l’invitée de Léa Salamé (voir ici). D’aucuns se disent alors que le « service public » est dans son rôle… Mais c’était sans compter avec ce qui fait la force de l’establishment. Le médiateur de France inter, Bruno Denaes, se dit alors « révolté par les mensonges et les contre-vérités » proférées selon lui par notre jeune interne et Patrick Cohen, l’animateur de la matinale, enchaîne le lendemain dans son « billet d’humeur » et croit alors bon de se faire le relai de Martin Hirsch, directeur de l’AP-HP, en ce que cette interne officierait dans un hôpital privé qui ne disposerait pas de service d’urgences. CQFD. C’était aller un peu vite en besogne, la jeune interne s’empressant de diffuser, toujours sur Facebook, une vidéo (voir ici) dans laquelle elle affiche sa feuille de paye  prouvant qu’elle est bien payée par l’AP-HP, qu’elle fait actuellement un stage dans un hôpital privé, comme cela se pratique très couramment dans cette institution, l’hôpital privé en question étant conventionné avec l’AP-HP. Elle reçoit en cela le soutien de Patrick Peloux, ancien de Charlie et urgentiste bien connu. Le Monde a quand même essayé de faire la lumière sur cette affaire. Voici sa conclusion « Mme Ali Benali travaille dans un hôpital privé géré par un établissement de santé privé d’intérêt public (Espic), autrement dit un groupe privé chargé de plusieurs établissements. Ce groupe possède bien un hôpital sans service d’urgence. Mais l’interne est affectée dans un autre hôpital du groupe, qui, lui, dispose bien d’un service d’urgences. C’est d’ailleurs en contactant le service des urgences de cet établissement que nous avons réussi à entrer en relation avec Mme Ali Benali. » On retrouvera avec profit sur le site d’Arrêt sur images un très bon papier sur toute cette affaire (voir ici)

L’affaire se comprend mieux quand on sait que cette malheureuse interne a le mauvais goût d’être animatrice de la commission santé du PG (parti de gauche) et s’affiche logiquement comme soutien à Jean-Luc Mélenchon ce qui, aux yeux de la direction de France inter et de son animateur fétiche est manifestement un crime. Bien évidemment, Patrick Cohen ne donnera pas suite, ne fera aucun mea culpa. Dans la hollandie, voire la macronie, on est au-dessus de ça…

Quant à MST, silence radio. On la vit ce dimanche aux côtés de François Hollande au beau milieu d’un désert chilien sans que l’on comprenne ce qu’elle pouvait bien faire là, en dehors du fait que, vu les échéances, autant en profiter. Un voyage gratuit au Chili, ça ne se refuse pas…

 

Hollande-MST Chili.jpg

 

 

@ suivre…



23/01/2017
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