Jusqu’où, jusqu’à quand ?
Jeudi 2 mai 2019
- L’acte 2 du quinquennat, vraiment ?
- Européennes : RAS ou si peu…
- Thomas Guénolé claque la porte de LFI, un de plus…
- À l’étranger…
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- L’acte 2 du quinquennat, vraiment ?
Incendie de N-D de Paris oblige, Emmanuel Macron se vit obligé de temporiser les conclusions qu’il entendait tirer du GDN. Jouant de l’émotion créée par l’événement, le « bon peuple » fut invité à passer à la caisse et, au passage, à applaudir à la générosité des milliardaires du pays émus par ce qu’il convenait de prendre pour une « catastrophe nationale ». Seulement voilà, l’opération à peine lancée, il se trouva des êtres de peu de foi pour s’étonner de tout cet argent miraculeusement trouvé à cette occasion – plus d’un milliard d’euros, quand même – quand, par ailleurs, il en manquait partout ailleurs. D’autres monuments, par exemple, mais aussi les hôpitaux, les pauvres, etc. Bref, après l’émotion, la colère aussi. Et puis surgit cette polémique sur l’annonce faite par Emmanuel Macron de reconstruire N-D de Paris en cinq ans alors que tous les spécialistes s’accordaient sur l’impossibilité de tenir un tel délai. Et, enfin, le projet de loi « Restauration et conservation de la cathédrale Notre-Dame de Paris et institution d'une souscription nationale » qui, outre les conditions fiscales avantageuses à l’endroit des donateurs, envisage de permettre au gouvernement de déroger aux lois qui président à la restauration des monuments historiques, autrement dit de lui permettre de s’affranchir du droit qu’a N-D de Paris d’être reconstruite à l’identique ou, à défaut, de respecter le plan local d’urbanisme, bref, de permettre au gouvernement de faire tout et peut-être même n’importe quoi… Gageons que nous entendrons parler pendant très longtemps de cette affaire et que se feront jour, à l’occasion, quelques scandales dont le pays a depuis fort longtemps l’habitude…
Le texte de son intervention prévue avant que N-D ne brûle ayant été largement éventé, Emmanuel Macron devait innover. Tout en modestie, comme il lui sied si couramment, le « monarque républicain » entreprit donc de revêtir les habits du fondateur de la Ve république en convoquant une conférence de presse ce 25 avril dans « le grand salon de l’Élysée » avec l’ensemble des ministres priés d’y assister et d’approuver. Mais n’est pas Charles de Gaule qui veut… Il ne suffit pas de reprendre la mise en scène, il faut aussi jouer la pièce. Et, là, que dire ? Ce fut long, grandiloquent, emprunté et, pour tout dire, peu convaincant. Jacques Chirac eut volontiers qualifié la prestation de « pschitt ». Les sondages qui parurent les jours suivant s’accordèrent sur ce point : le « bon peuple » ne fut pas convaincu. Il faut dire que venir expliquer que chacune des revendications des Gilets jaunes, après examen du monarque, n’avaient vocation qu’à être rejetées n’était sans doute pas la meilleure façon de convaincre. La reconnaissance du vote blanc ? Non ! Le RIC ? Pas davantage. Tout au plus serait-il possible de réduire le nombre de signatures nécessaires au RIP. La baisse des taxes ? Encore non. Au lieu et place, on procéderait à une baisse de l’impôt, autrement dit de l’IRPP, l’impôt sur le revenu, seul impôt progressif dont sont d’ores et déjà exclus près de 60 % des foyers fiscaux. Par contre, et même si nul ne le revendiquait vraiment, il conviendrait de supprimer l’ENA et les « grands corps » sans que l’on parvienne très bien à saisir comment seraient recrutés et formés les hauts fonctionnaires et sans que la question des pantouflages et autres « rétro-pantouflages » dont Emmanuel Macron est l’emblématique exemple ne soit évidemment abordée. Enfin, s’agissant de la réforme des retraites, le monarque nous fit savoir qu’il n’entendait pas remettre en cause l’âge de départ à la retraite de 62 ans mais, dans le cadre de la réforme à venir, de faire en sorte que les « français travaillent plus longtemps » en allongeant la durée de cotisation pour une retraite à taux plein avec un système de décote que connaissent d’ores et déjà les bénéficiaires des retraites complémentaires. Et de nous expliquer, contre toute évidence, que les français travaillent moins que les allemands et l’ensemble des citoyens des pays comparables. Et, dans la foulée, de nous présenter comme une généreuse concession l’abandon de la désindexation des retraites, celles de moins de 2 000 € dans un premier temps, et toutes les retraites à partir de 2022 ainsi que la réactivation d’un dispositif qui existe déjà, à savoir la lutte contre les impayés de pensions alimentaires par la CAF. Bref, en contravention avec l’ensemble des revendications qui se sont exprimées durant les cinq mois qui se sont écoulés et y compris ce qui a pu se dire à l’occasion des débats organisés dans le cadre du GDN, Emmanuel Macron disait aux français qu’il allait continuer la même politique et même l’aggraver. Rien d’étonnant dès lors que d’apprendre que deux-tiers de ces mêmes français aient dit aux sondeurs qui les interrogeaient qu’Emmanuel Macron ne les avait pas convaincus, seuls 7 % d’entre eux se déclarant « très satisfaits » (on imagine lesquels…)
L’effet « waouh » espéré avec cette conférence de presse censée marquer un « acte 2 du quinquennat » se transforma donc en un énorme « pschitt » de sorte que nul ne fut surpris de voir les rues se remplir à nouveau de Gilets jaunes pour l’acte 24 et que tout laissait à penser que le 1er mai qui arrivait serait rude…
Selon une méthode désormais bien rôdée, les jours qui précédèrent furent l’occasion pour le pouvoir et ses médias d’expliquer que le pays allait être envahi par des hordes de « blacks blocs » venant de l’Europe entière et même du Canada ! Après que l’on a appris que les forces de l’ordre connaissaient une vague de suicides sans précédent, on monta en épingle les invites faites par quelques manifestants de l’acte 24, Place de la République, les invitant à se suicider (voir ici) et on tut pudiquement tous ceux qui les invitaient non à se suicider mais à les rejoindre… (voir ici)
Durant les jours qui précédèrent, pendant que le pouvoir jouait sur la peur, le chaos, la chienlit, etc., en face, si l’on ose dire, certains expliquaient que ce 1er mai ne serait rien moins que le 1er jour de la révolution... Ainsi entendit-on Juan Branco, désormais largement connu grâce à son pamphlet « Crépuscule » qui caracole au top des ventes en librairies, expliquer à ceux qui le suivent que l’on allait probablement se trouver dans une situation révolutionnaire, que la conférence de presse du 25 avril était peut-être la dernière fois où nous verrions Emmanuel Macron, que, le pouvoir ayant été mis en déroute, s’ouvrirait alors une période au cours de laquelle il conviendrait de prendre un certain nombre de mesures, juger un certain nombre de personnes et que lui, d’ailleurs, se verrait bien dans le rôle du procureur… (voir ici)
Bref, des deux côtés, on faisait monter les enchères… Et, bien sûr, comme souvent, rien de tout cela n’arriva. Oh, certes, le défilé parisien du 1er mai – que les présentateurs incultes et/ou malveillants des médias mainstream persistent à qualifier de « fête du travail » comme le fit le Maréchal Pétain au lieu de ce qu’elle est, à savoir la « journée internationale des travailleurs » depuis 1886 (voir ici) – commença à Montparnasse par des affrontements entre quelques dizaines de « Black blocs » et les forces de l’ordre, obligeant à l’occasion Philippe Martinez, le dirigeant de la CGT, à se replier sous une pluie de grenades lacrymogènes tombées « par hasard » sur la carré de la CGT dans lequel il se trouvait. Çà et là, on vit quelques vitrines tomber, des forces de l’ordre foncer dans le tas, distribuant d’abondants coups de matraques, lancer des grenades de désencerclement sans être encerclées, empêcher la manifestation de progresser ou, au contraire, l’empêcher de se disperser dans le calme à l’arrivée, Place d’Italie. La routine… un 1er mai parisien comme le pays les connaît désormais, des images d’émeutes, d’affrontements, qui passent en boucle tandis que l’on ignore les flots de manifestants pacifiques qui défilent dans le calme, chantant le désormais célèbre « Emmanuel Macron, oh tête de con, on vient te chercher chez toi… » ou la non moins célèbre « On est là, on est là, même si Macron ne veut pas, on est là, pour l’honneur des travailleurs et pour un monde meilleur, nous on est là… » (voir ici) avec des Gilets jaunes, des gilets rouges, côte à côte, des jeunes, des vieux chantant et scandant de concert leur volonté de voir changer le monde… C’est ce que l’on vit à Paris dès lors que l’on consentait à préférer RT France à BFM, CNews, LCI ou France 2 et TF1… et c’est ce que connurent toutes les grandes villes du pays dans lesquelles nulle violence ne se produisit et que, bien sûr, ces mêmes chaines d’info turent pudiquement… Pour se faire une bonne idée de cette journée du 1er mai 2019, le lecteur est invité à voir l’émission spéciale que lui consacra Le Media (voir ici). Il aura ainsi une idée plus conforme à la réalité de ce qui se passa en cette journée dans le pays où le pouvoir se vit obligé de concéder une participation supérieure à l’an dernier sans que, bien sûr, les chiffres qu’il annonçait n’aient le moindre rapport avec la réalité comme en témoigne la comparaison faite par le cabinet Occurrence qui a dénombré 40 000 manifestants à Paris quand le ministère de l’intérieur n’en comptait que 16 000)…
En ce lendemain de 1er mai, outre les affrontements parisiens, c’est sans surprise que l’on a vu la presse se focaliser sur la tentative d’effraction qu’auraient tenté de commettre des manifestants à l’endroit du service de réanimation de La Pitié-Salpêtrière. Ah, les salauds ! Heureusement, le dévoué personnel et sa direction s’y sont courageusement opposés et la police était venue y mettre bon ordre… Martin Hirsch, le directeur de l’AP-HP, Philippe Castaner, le ministre de l’intérieur, la directrice de l’hôpital et, bien sûr, les médias de cour y sont allés de leur concert de lamentations et d’accusations. L’hôpital avait été « attaqué » ! La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, elle, après avoir rencontré des infirmiers de l’hôpital, sut se montrer plus prudente en parlant d’intrusion... C’est que la réalité est, une fois encore, travestie et utilisée à des fins de propagande comme le fut en son temps la soi-disant attaque menée contre l’hôpital Necker en juin 2016 dans le cadre des manifestations contre la loi travail. Tout laisse à penser que, cette fois, chassés par la police du Boulevard de l’Hôpital à coups de grenades lacrymogènes et de charges violentes, des manifestants ont tenté de se protéger en se réfugiant à l’intérieur de l’hôpital et ont, comme en des temps anciens, demandé « hospitalité » et protection. Que certains d’entre eux, dans la panique, aient tenté de rentrer dans le service de réanimation sans prendre conscience de l’impossibilité qu’il y avait à le leur permettre est le plus probable. Mais, qu’importe ! Comme en 2016, on va expliquer que ces gens sont des sauvages, qu’ils ont volontairement cherché à menacer la vie de personnes innocentes et que, bien sûr, la police a fait ce qu’il fallait. Selon une maxime bien connue, « Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose ». Quelques jours de propagande qui permettront de passer sous silence le succès de la participation aux manifestations du 1er mai, autrement dit, après sa conférence de presse, l’échec d’Emmanuel Macron à faire cesser la contestation dans le pays. Mais la messe n’est pas dite et circulent déjà sur les réseaux d’abondantes vidéos montrant la duplicité de Christophe Castaner et ses suppôts… et toutes montrent que tout ceci n’est que pure manœuvre politique, qu’aucun manifestant n’était masqué, que pas un n’a menacé quiconque et que tous, finalement, n’étaient là que dans le seul but de se protéger des violences policières qui sévissaient sur le boulevard… L’affaire prend de l’ampleur, la manip’ éclate au grand jour, toutes les personnes arrêtées à cette occasion ont été remise en liberté et le pouvoir va devoir ramer très fort. De là à ce que Castaner serve de fusible…
Alors, bien sûr, après cette semaine « agitée », côté mouvement de contestation se pose la sempiternelle question des suites… Emmanuel Macron n’a convaincu que son camp – qui saura lui en administrer la preuve lors des élections européennes – et, en face, le doute s’installe. Comment le faire céder ? Comment aller plus loin ? Et jusqu’où ? Quelle stratégie adopter ? Côté syndical, du moins du côté des syndicats « revendicatifs », si le 1er mai est certes encourageant et si en de nombreux endroits on a pu voir la méfiance Gilets jaunes/ Gilets rouges s’estomper, il reste qu’en dehors de la poursuite des manifestations du samedi, peu nombreuses sont les propositions qui ont quelque chance de se voir concrétiser. Des appels « incendiaires » ont certes été lancés pour bloquer les ports et, ainsi, bloquer l’économie du pays. Mais ce fut, à ce jour, sans lendemain. Et s’il est vrai que les « actes » perdurent au fil des samedis, il est une réalité avec laquelle il faut compter : les occupations de ronds-points et, donc, le lien charnel qu’ils constituaient, ont à peu près tous disparu. Nombre de Gilets jaunes sont rentrés chez eux, retrouvant les vicissitudes de leur vie d’avant, les fins de mois toujours aussi difficiles et très probablement le sentiment que, décidément, rien de bon n’est à attendre du pouvoir politique. Pas de soleil en vue comme l’espéraient les Gilets jaunes que montre si bien le film de François Ruffin. Nombreux étaient ceux qui espéraient qu’avec la sortie du « Grand débat » et son inévitable caractère « déceptif », une envie d’en découdre se ferait jour, qu’ils se remobiliseraient et qu’avec eux le mouvement parviendrait à entraîner au-delà du périmètre des premiers actes des mois de novembre et décembre. S’il est vrai que ce mouvement ne consent pas à mourir, il reste qu’objectivement il n’est plus un danger pour le pouvoir. Tout juste une très méchante épine. Quant au salariat organisé, quelle que soit le caractère timoré que d’aucuns prêtent si volontiers aux directions syndicales, la réalité, on l’a déjà dit ici, c’est qu’il est dans l’incapacité d’organiser quoi que ce soit de sérieux alors que son intérêt bien compris serait précisément qu’il y parvienne. Le salariat est désormais tellement atomisé que son influence est plus proche de son état du XIXe siècle que de la moitié du XXe. Quelles qu’aient été les bonnes intentions affichées ici et là, le « monde des Gilets jaunes » n’a pas rejoint celui « des banlieues » de sorte que, quoique d’essence matérialiste, on trouve davantage d’explications à la lecture d’un Christophe Guilluy qu’à celle des Marx ou Lénine, fussent-ils revisités et actualisés. Tant que ces deux mondes continueront à vivre séparés, à s’ignorer quand ils ne se méprisent pas, tant que, de surcroît, les couches « éduquées », quoique précarisées, continueront, de leur côté, à mépriser les uns tout en ne fréquentant pas les autres, le pouvoir, la classe qu’il représente, le « 1 % », peut dormir à peu près tranquille. Les risques qu’ils encourent sont infiniment plus grands venant de la folie du système financier qu’ils se refusent à contrôler et qu’ils continuent de faire prospérer que de la part des « couches laborieuses » de leurs pays respectifs. On serait évidemment ravi d’être démenti, et le plus tôt serait le mieux, mais il semble bien que « c’est ainsi que le monde va »…
- Européennes : RAS ou si peu…
On est censé voter ce 26 mai, autrement dit dans un peu plus de trois semaines. Si ces élections avaient quelque importance – et on songe en contrepoint à l’élection présidentielle de 2017 – le débat devrait être intense, le suspense haletant, les débats télévisés rencontrer une large audience. Tout montre qu’il n’en est rien. Comme d’habitude pour cette élection, « le peuple s’en fout » ! Et comment lui donner tort ? Une élection sans réel enjeu pour envoyer une poignée de députés dans un parlement sans pouvoir, la belle affaire ! Alors, bien sûr, les partis et mouvements qui y participent essaient d’intéresser les électeurs, de leur faire croire qu’il y a un réel enjeu, que leur vote peut changer l’Europe. Et chacun, dans la foulée, de décliner l’Europe dont ils rêvent sans jamais prendre la peine de nous expliquer comment ce rêve aurait la moindre chance de se réaliser. Tel nous la dépeindra « sociale », « unie », voire « conquérante », une quasi « nation ». Tous ou presque nous la décrivent comme « protectrice » et constituant, contre toute évidence, un « rempart » face au monde hostile qui nous entoure. Et, bien sûr, la plupart s’accordent pour nous la présenter comme incontournable, constituant un « progrès » de sorte que tout constat de décès ou toute volonté d’en sortir ne serait que « réactionnaire ». Bref, l’UE n’est pas parfaite mais est censée être perfectible. Il ne faut simplement pas être trop pressés. 29 pays, pensez donc, c’est « complexe », forcément complexe…
Alors, le « bon peuple » regarde ailleurs… Une majorité n’ira pas voter, ça ne sert à rien. Et parmi la minorité qui consentira à se déplacer, rares sont ceux qui pensent que cela aura la moindre incidence sur la politique que l’UE mènera. Le seul enjeu est national. Point barre ! Et ceci concerne tous les pays. Chaque pays organise un scrutin national avec ses propres enjeux politiques. Chez nous, le seul résultat qui sera regardé sera de voir si la liste d’Emmanuel Macron sera devant ou derrière celle du RN. Nathalie Loiseau a démissionné du gouvernement et conduit la liste « Renaissance », autrement dit « En Marche ! », tient des réunions ici et là : 200 personnes à Rouen ! Un vrai succès… Mediapart vient de nous apprendre que celle qui se présente si volontiers comme l’adversaire résolue de l’extrême-droite avait été candidate sur une liste d’extrême-droite à Assas lorsqu’elle était étudiante à Sciences-Po. Après avoir cherché à nier, et devant l’évidence, elle a prétendu ne pas savoir… Tout à fait plausible : une étudiante en Sciences politiques qui est candidate sur une liste dont elle ignore l’orientation politique… Dans la foulée, elle s’est aussi fait remarquer en déclarant que lorsqu’elle avait été nommée à la direction de l’ENA, elle avait été reçue « comme une romanichelle » ! Très fin, très très fin ! Quant au programme de sa liste, mystère ! Il sera publié dans quelques temps… Comme si cela avait la moindre importance… Et, en effet, cela n’en a absolument aucune puisque, qui que soient les candidats sur cette liste, quel que soit l’ordre dans lequel ils ont été placés, et quoi qu’il soit écrit dans ce « programme », l’électeur ne votera pour elle qu’en soutien à Emmanuel Macron et sa politique. C’est la seule question qui compte et Nathalie Loiseau et ses bourdes et insuffisances en témoignent. « En face » ou ce qui en tient lieu, ce qui se discute c’est de savoir qui sera le « principal opposant » à Emmanuel Macron. Si les sondage actuels se vérifient dans les urnes, on devrait retrouver peu ou prou le classement de la présidentielle. La liste du RN menée par Jordan Bardella tient la corde avec « Renaissance », François-Xavier Bellamy, le « philosophe réac », arrive derrière, ce qui rassure Laurent Wauquiez et ses amis qui se sont lancés dans un concours avec le RN sur celui qui sera le plus à droite et, « à gauche » ou ce qui en tient lieu, la liste EELV de Yannick Jadot sont au coude-à-coude avec la liste de La France insoumise menée par Manon Aubry tandis que la liste du PS conduite par Raphaël Glucksmann est autour du seuil fatidique de 5 %, les autres listes PCF, Génération.s, LO, etc. étant en deçà… autrement dit courent le risque de n’avoir aucun élu voire, pour certaines, de ne même pas être remboursées de leurs frais de campagne. Il va de soi que, pour ces listes, se posera pour leurs électeurs potentiels la question de maintenir leur vote en leur faveur…
Enquête IFOP réalisée le 2 mai 2019 pour Paris Match et CNews.
Par ailleurs, sous réserve que les « redressements » opérés par les sondeurs ne soient pas trop fantaisistes, la présence d’une liste « Gilets jaunes » n’aurait que peu d’incidence sur le résultat. On est « dans l’épaisseur du trait », un sondage Harris-Interactive donne 3 % à une éventuelle liste « Gilets jaunes », résultat se faisant pour moitié sur le dos de la liste de l’UPR conduite par François Asselineau…
Bien évidemment, les rapports de forces peuvent encore évoluer. La campagne électorale peut faire bouger ici et là quelques lignes mais sauf à ce que les couches populaires décident de se saisir de ce vote – ce que rien n’indique pour le moment – on peut tabler sur des résultats peu éloignés de ceux qui sont ici affichés puisque l’électeur standard des européennes – « éduqué », plutôt âgé et bien intégré socialement – a des convictions politiques assez solides et d’autant plus affirmées que nul chantage sur l’utilité de son vote ne peut lui être opposé.
Le lecteur voudra bien noter que si les sondeurs publient toujours des « marges d’erreurs » qui sont en fait des histoires d’intervalles de confiance bien connus en statistiques, les commentateurs politiques se gardent bien d’en faire usage. Ainsi, s’agissant du sondage Harris-Interactive dont il est fait mention ci-dessus, apprend-on en page 2 de l’enquête que pour une liste affichant un résultat de 10 % d’intentions de votes, l’intervalle de confiance est de ±1,4, autrement dit que, par exemple, lorsque l’on affiche une liste Manon Aubry à 9,5 %, il faut comprendre qu’il y a 95 % de chances que son résultat soit compris entre 8,1 % et 10,9 %. C’est un peu technique, certes, mais cela permet d’espérer mieux ou, au contraire, de craindre pire…
À noter également que même si au soir du 26 mai les commentateurs n’auront de cesse de lire les résultats qu’à l’aune de la confiance ou de la défiance à l’égard d’Emmanuel Macron, cette seule grille de lecture n’est pas tout à fait conforme aux motivations des sondés pour près de la moitié d’entre eux (42 %) …
Dans le détail, et sans grande surprise, ce sont les électeurs d’EELV et de LR qui sont les moins sensibles à cet aspect des choses tandis qu’a contrario, c’est autour de LFI, RN et… En Marche ! que c’est le plus prégnant…
Plus problématique, enfin, dans tous les sondages, sont ce que les sondeurs affichent comme des « redressements » dont, en général, ils gardent la « recette de fabrication »… C’est évidemment dommage car derrière ces « redressements » se cachent bien souvent ce qui ressemble étrangement à des préjugés que le vote se charge ensuite de « redresser »…
- Thomas Guénolé claque la porte de LFI, un de plus…
Passé quasi inaperçu de la « population générale » mais très remarqué au sein de tous ceux et celles qui s’intéressent à la vie de la gauche dans ce pays, à commencer par les Insoumis, on a appris la semaine dernière que Thomas Guénolé, jusqu’alors en 14ème position sur la liste conduite par Manon Aubry et en charge de la formation de militants de la FI s’en allait et, via un communiqué vengeur publié le 18 avril, expliquait que La France Insoumise n’était rien moins qu’une dictature avec un autocrate à sa tête, Jean-Luc Mélenchon ! (cf. le communique en annexe du présent post).
Dans nombre d’organisation ayant la « culture du chef » tel le RN, LR ou En Marche ! de telles accusations passent pour d’aimables plaisanteries. Il y a beau temps que dans ces partis la notion de démocratie interne n’a aucun sens voire, pour En Marche ! n’en a jamais eu... Mais, à gauche, on a toujours pris soin de soigner les apparences. On se veut volontiers « démocrate » même si, s’agissant du PCF cette « démocratie » était volontiers « populaire » au sens où on l’entendait de l’autre côté du « rideau de fer »… S’agissant du PS, héritier de la SFIO, c’était plus subtil mais tout le monde sait que les élections internes étaient une vaste blague avec des sections socialistes constituées majoritairement comme à Lille ou Marseille d’adhérents employés de mairie d’une très très grande docilité… de sorte que l’on discutait des parts de chaque tendance aux congrès sur un coin de table entre responsables…
Seulement voilà, la France Insoumise prétend ne pas manger de ces pains-là… Elle préconise une démocratie rénovée pour le pays via une Assemblée constituante destinée à fonder une VIe République dans laquelle le président de la République disparaîtrait, dans laquelle on instituerait le RIC à côté d’une chambre des députés aurait un rôle réel de contrôle du gouvernement avec une proportionnelle qui la rendrait conforme à l’état du pays… Bref, faisant de notre pays un pays « démocratique ». Quand on a de telles ambitions pour le pays, il est difficile d’afficher que l’organisation qui les porte n’obéissent pas à des règles démocratiques transparentes. Le programme, l’AEC, « l’Avenir en Commun » est certes à la base de ce qui rassemble les « insoumis » mais chacun sent bien que ce magnifique programme ne règle pas tout, et en particulier les aspects tactiques et stratégiques de l’action politique.
Au lendemain de l’élection présidentielle de 2017 et fort des 19,6 % des voix obtenues à l’issue du premier tour, nombre d’insoumis pensaient qu’il fallait s’engager dans la construction d’un parti, avec une structure et des instances de décision. Grande fut leur surprise lorsqu’ils apprirent durant l’été qui suivit que de parti il ne serait pas question. Le « mouvement » des insoumis serait « gazeux ». « Gazeux », qu’est-ce à dire ? On ne le sut trop mais il fut alors expliqué que l’on devait faire du neuf, que les structures partidaires avaient trop d’inconvénients dont celui « de déplacer des virgules » dans des textes abscons, que la modernité était ailleurs. N’était-on pas dans le monde 2.0 avec des réseaux, etc. On avait donc des « groupes d’action » qui, comme leur nom l’indique, n’ont pour vocation qu’à se focaliser sur l’action du mouvement, qui jouissent d’une totale autonomie, peuvent faire ce que bon leur semble dès lors que leur action s’inscrit dans le cadre de l’AEC. Les militants de la présidentielle ou du moins ceux qui, passées la présidentielle et les plutôt désastreuses élections législatives qui suivirent, sont restés consentirent bon gré mal gré selon leur humeur et leur background à entrer dans ce cadre « flou » d’un « mouvement gazeux »…
Seulement voilà, la suite ne fut pas qu’un chemin de roses pour LFI et nombre de questions n’ont pas manqué de se poser, à commencer par les raisons et les procédures qui ont conduit à l’éloignement ou le bannissement de quelques têtes aussi dures que pensantes dans le « mouvement ». Ainsi en juillet 2018 de Liêm Hoang-Ngoc, économiste de renom en charge, par exemple, du chiffrage du programme de la présidentielle, ou encore en novembre 2018 des compagnons de la première heure tels Djorje Kosmanovic, conseiller aux affaires internationales, et François Cocq à qui il fut donné d’apprendre son « bannissement » du mouvement par un tweet de Jean-Luc Mélenchon tandis qu’il représentait LFI dans une émission de radio. Aussi lorsque paraît le communiqué de Thomas Guénolé, lorsque l’on apprend que lui est fait procès d’avoir eu des relations douteuses avec une ancienne élève de Sciences Po qui n’a pas même porté plainte et dont on sait maintenant qu’elle a eu à subir des compliments sur son rouge-à-lèvres et d’avoir obtenu de bonnes notes à ses yeux suspectes, on s’interroge, on se dit un de plus, et un qui depuis des années a défendu bec et ongles et avec pertinence et efficacité le programme de LFI sur les plateaux télé… Et puis on entend Denis Robert, ce journaliste célèbre connu pour son travail sur les lanceurs d’alerte et qui vient de prendre la tête du Média expliquer qu’il avait été en discussions avec LFI pour être sur la liste des européennes mais que « ça s’est mal passé parce qu’il n’y a pas de débat possible chez eux » (voir ici). Il confesse d’ailleurs que lui, Denis Robert, n’est pas du tout « souverainiste » mais qu’au sein de LFI il n’y a pas de débat sur ce plan, que cohabitent au sein du mouvement « des souverainistes et des anti-souverainistes, des gens qui veulent sortir de l’UE quand d’autres veulent y rester, que c’est pas clair du tout ». Et il pointe que faute de structuration du mouvement, le message est inaudible dans l’opinion…
Quels que soient les choix que chacun fait sur ce sujet, il est bien vrai que le message de LFI, y compris et en particulier lors de cette campagne des européennes, est tout sauf clair. Au demeurant, quand on a expliqué que les élections européennes devaient être « un référendum anti-Macron », quel besoin, en effet ? Et sans doute, sur cette question comme sur d’autres n’y a-t-il rien de plus urgent que de ne pas trancher puisque, chacun le sait, « on ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens », n’est-il pas vrai ?
Sans doute conscient du trouble crée par le départ de François Guénolé que nombre de militants du mouvement ont appris à apprécier dans les stages de formation, Jean-Luc Mélenchon a fait le choix de dire qu’il n’en comprenait pas les raisons et, à l’occasion et comme souvent, de se faire passer pour une victime. On lui en veut, c’est très net. Non seulement dans les médias affidés du pouvoir qui diffusent à l’envi son « pétage de plombs » lors des perquisitions du mois d’octobre mais aussi au sein du mouvement… En contrefeu, il a choisi de relancer une sombre histoire de « fédération populaire » (voir ici). Nous laisserons aux exégètes de la pensée mélenchonnienne le soin de se torturer sur l’interprétation qu’il faut donner à ce concept et nous préférerons renvoyer à une analyse publiée sur le site Le Vent se lève par Lenny Barbara (voir ici) qui nous paraît infiniment plus claire et pertinente. Et puis, bien sûr, et on a envie de dire comme de coutume, on a eu le triste spectacle de ces militants qui prennent toute critique du mouvement pour un affront et toute critique publique comme une trahison. Et, disons-le, cela nous a quelque peu rappelé des jours sombres. Voir des « têtes dures », censées penser, se refuser à tout examen critique dès lors qu’était remis en cause le chef, ses paroles, ses actes, eh bien oui, on pensait cela enfoui dans les décombres du stalinisme. Alors, bien sûr, choisir de faire connaître ses désaccords en pleine période électorale n’est sans doute pas le meilleur moment pour un « mouvement » qui tente de « sauver les meubles », de s’en tirer le moins mal possible. Mais on comprend vite qu’ici comme en d’autres temps, jamais ne vient le temps de la critique dès lors qu’aucun moyen organisationnel ne lui est donné de s’exprimer. Qui décide quoi ? Gageons que passées ses élections européennes, il sera expliqué aux insoumis que viennent les municipales… et qu’il convient donc de patienter d’autant que vu le résultat « déceptif » enregistré le 26 mai, il faut serrer les dents et les rangs… Vieille rengaine qui n’aboutit, on le sait bien, qu’à voir s’éloigner sans bruit des masses de déçus d’autant plus aigris qu’ils auront beaucoup donné. On a beau se dire que c’est là le lot commun des militants, on comprend qu’il peineront à s’en satisfaire…
- À l’étranger…
Deux événements marquants, parmi bien d’autres, émergent : la victoire du PSOE en Espagne lors des élections générales destinées à renouveler le Sénat et les Cortes Generales, autrement dit l’Assemblée nationale et, au Venezuela, l’échec de la tentative de putsch du président auto-proclamé Juan Guaidó.
S’agissant de l’Espagne, c’est sans grande surprise que l’on a appris que le PSOE mené par Pedro Sánchez était arrivé en tête des élections qui se sont déroulées le 28 avril dernier dans un scrutin qui a recueilli une participation de 76 % qui laisse rêveur chez nous... Il est bon de préciser à ce propos que c’est cette élection qui est déterminante de l’autre côté des Pyrénées quand, du nôtre, c’est l’élection présidentielle tandis que les législatives sont rangées au rayon des accessoires décoratifs… Le PSOE gagne donc 6 points tandis qu’Unidas Podemos en perd 7. Difficile de ne pas voir là un transfert de voix qui signe l’affaiblissement significatif de Podemos, la FI locale, et la sanction probable de ses divisions, de ses guerres intestines tandis le PSOE, équivalent du PS chez nous, a engrangé les résultats de la politique sociale qu’il a menée durant le bref magistère de Pedro Sánchez suite au vote de censure contre Mariano Rajoy du PP fin mai 2018, politique marquée, par exemple, par une hausse de 22 % du salaire minimum. À droite, phénomène classique s’il en est, les électeurs instruits de la corruption qui règne au PP ont préféré l’original à la copie et c’est Vox qui a récupéré la course à l’extrême-droite que le PP lui livrait (10 points), cette même course le privant au passage d’électeurs « centristes » qui lui ont préféré Cuidadanos, l’équivalent local de En Marche ! (3 pts)
Ces petits jeux de « vases communicants » ne permettent pas plus qu’auparavant de dégager une majorité pour gouverner de sorte qu’à supposer que le PSOE et Podemos consentent à s’allier, cela ne fait que 169 sièges aux Cortes quand la majorité requise est de 176. Pedro Sánchez va donc devoir trouver des alliés supplémentaires et, sauf imprévu, c’est vers des élus basques ou Catalans qu’il va devoir se tourner ce qui, dans le contexte que l’on sait, tant au Pays basque qu’en Catalogne, risque de devoir lui coûter cher et sera d’autant plus compliqué qu’il n’a pas craint de faire campagne sur l’« unité de l’Espagne »…
Il a été fait mention ci-dessus des déboires de Podemos, ce « mouvement » qui a connu il y a peu une guerre ouverte entre deux de ses dirigeants emblématiques, Íñigo Errejón et Pablo Iglesias et avant qu’un troisième, Pablo Bustinduy, ne quitte la formation politique. Disons-le, il n’est pas très facile de comprendre les ressorts de ces luttes. Luttes de personnes, différents politiques majeurs sur la stratégie du « mouvement », sans doute tout cela à la fois tant il est vrai que la politique s’incarne dans des êtres humains et qu’on n’a jamais vu des conflits politiques ne pas prendre la forme de luttes de pouvoir dans lesquels les affects ont toute leur place. En outre son positionnement par trop « extrême-gauche » conjugué à son choix de soutenir l’indépendantisme catalan au détriment, dit-on, des « questions sociales », l’a coupé d’un certain nombre d’électeurs pendant que, dans le même temps, des alliances passées avec des mouvement locaux, tels En Marea, en Galice, ou la Coalition Compromis, à Valence l’ont également affaibli. Divisions internes, absence de clarté voire mauvais choix politiques semblent s’être conjugués pendant le PSOE a su habilement prendre un positionnement social affirmé et ne pas céder sur la question catalane.
Le graphique ci-dessous montre l’évolution de l’influence des principaux partis politiques espagnols de juin 2016 à aujourd’hui, Podemos y figure en violet et le PSOE en rouge…
S’il est vrai que la situation de l’Espagne n’est pas identique à la nôtre, le lecteur ne manquera pas toutefois de faire des parallèles avec la situation de la FI chez nous. Si les échecs des uns pouvaient servir aux autres, il pourrait être intéressant d’y regarder de plus près…
S’agissant du Venezuela, on sait que Juan Guaidó, ex-président de l’Assemblée nationale dissoute s’est proclamé président sous les applaudissements de Donald Trump aussitôt suivi de ses alliés européens dont le Royaume-Uni, l’Allemagne et… la France. Depuis cette auto-proclamation et dans un contexte de guerre économique qui ne se dément pas, le pays connaît le chaos des coupures d’électricité et de la désorganisation que celles-ci ne manquent pas de générer. Si l’on y ajoute le blocus US qui interdit au Venezuela de profiter de sa seule ressource, le pétrole, la contrebande et le reste, l’inflation est galopante et la misère grandissante. L’Oncle Trump a décidé de mettre le Venezuela à genoux et Juan Guaidó est son pantin. Seul problème pour tous ces braves gens : les liens avec Washington sont par trop voyants et l’armée du Venezuela reste fidèle à Nicolás Maduro, le successeur d’Hugo Chávez. En outre, tant la Chine que la Russie le soutiennent, y compris militairement s’agissant de cette dernière. Vladimir Poutine a en effet bien compris l’avantage qu’il y a à soutenir l’ennemi de son ennemi. Il fait de même avec l’Iran, la Syrie et, disons-le, celui lui réussit plutôt bien comme en témoigne l’éradication de Daesh dans ce pays, le maintien au pouvoir d’Afez El-Assad et, par ce biais, la conservation de l’une des seules bases militaires russes en dehors de ses frontières.
Juan Guaidó fait tout pour provoquer une intervention militaire US dans son pays. Mais l’armée vénézuélienne n’est pas squelettique et il y a de gros risques à ce qu’une telle intervention ne se transforme en déroute. C’est que les peuples sud-américains ont toujours à l’endroit de l’Oncle Sam des sentiments pour le moins hostiles et, en particulier, les couches populaires qui constituent la grande majorité de ces populations. Si, donc, l’armée du Venezuela reste fidèle à Nicolás Maduro, nul doute qu’une intervention US n’aurait d’autre résultat que de ressouder une population qui, du fait des difficultés qu’elle connaît, a pu se détourner pour partie de lui.
Manifestation de soutien à Nicolás Maduro le 23 janvier 2019
@ suivre…
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