J-7
Dimanche 19 mai 2019
- Élections européennes : dans l’indifférence générale…
- Gilets jaunes, essoufflement ?
- Du côté du « mouvement social »…
- AdP : le référendum anti-Macron
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- Élections européennes : dans l’indifférence générale…
Le compte-à-rebours est déclenché, la « campagne officielle » a commencé avec son lot de clips insipides que personne ne regarde. Les sondeurs sondent, les français s’en tapent. Tout laisse à penser que le « record » de participation – autrement dit le rapport entre suffrages exprimés et électeurs inscrits – de 40,73 % de 2014 va être battu. C’est donc au sein de ces 40 % d’électeurs que se déroule la bataille des élections de dimanche prochain. Comme il est d’usage en pareille circonstance, les commentateurs politiques, après avoir constaté l’immense défection des citoyens de ce pays à l’endroit de ce scrutin des européennes, s’empresseront de l’ignorer. Ce sera là pourtant le seul fait politique tangible. Une liste obtenant, par exemple, 20 % des suffrages exprimés n’aura pourtant obtenu qu’un très maigre 8 % des inscrits ! Et que dire alors de ceux qui feront moins ?
Bref, tout ça n’empêche pas les candidats de mener campagne, de tenir meetings et réunions et, bien sûr, de souligner l’importance de ce scrutin. Le sort de l’UE, qualifiée pour la circonstance d’Europe, n’est-il pas en jeu ?
Cette faible participation va évidemment profiter aux listes qui draguent dans les couches âgées et « éduquées » de la population, ces couches de la population qui votent massivement. On songe, par exemple, à la liste LR dont les sondeurs nous affirment qu’elle ferait un score « honorable » au point que les réticences qui ont pu s’exprimer dans cette famille politique à l’endroit de leur tête de liste, François-Xavier Bellamy, jeune philosophe « réac » de bonne famille, sont abandonnées et que se taisent ceux qui avaient quelque prévention à l’endroit des positions de celui qui l’a placé là, Laurent Wauquiez. Là où ce dernier se montrait à tout le moins rugueux, sur l’immigration et les sujets « sociétaux », François-Xavier Bellamy sait arrondir le propos sans rien lâcher sur le fond. Bref, le triangle Auteuil-Neuilly-Passy et ses annexes des VIIIe et XVIe arrondissements se pâment. Il est si brillant et, fondamentalement, si délicieusement « réac »…
Meeting LR à Lecousse en Ille-et-Vilaine
À LREM et son allié MoDEM, on serre les fesses. La tête de liste, Nathalie Loiseau, se révèle être une catastrophe. Incapable de susciter le moindre enthousiasme, incapable même de lire un discours sans devoir se reprendre, elle annonce un résultat décevant au point qu’Emmanuel Macron se voit obligé d’aller au front et que les affiches de campagne sont maintenant à son effigie. Alors, bien sûr, reste la seule corde sur laquelle jouer, le conflit entre « progressistes » censé être incarnés par Jupiter et les méchants souverainistes du RN. La presse de connivence, évidemment, essaie de vendre cette affaire, elle qui se reconnaît si volontiers dans le « progressisme » macronien. De son côté, Marine Le Pen explique qu’effectivement ce scrutin va être un référendum anti-Macron et se place comme l’opposante n°1. Plus question de quitter l’UE, de sortir de l’euro, la ligne Philippot a été mise à la poubelle et le RN est revenu à ses fondamentaux : haro sur l’immigré source de tous les maux et menaçant nos « racines », chrétiennes, ça va sans dire, et la souveraineté nationale est alors réduite à son contrôle voire sa fin.
À gauche, ou ce qui en tient lieu, c’est l’inquiétude. Le PS, avec comme tête de liste Raphaël Glucksmann, se demande s’il passera la barre des 5 %, autrement dit s’il aura encore des élus au Parlement de Strasbourg. Même interrogation au PCF à ce détail près que, pour lui, c’est la barre des 3 % permettant de voir ses frais de campagne remboursés qui est en question. Et il en va de même pour Benoît Hamon qui réunit des cabines téléphoniques… Restent deux listes dans ce paysage éclaté : EELV avec Yannick Jadot et LFI avec Manon Aubry. S’agissant du premier, les 9 % obtenus en 2014 avec 6 élus à la clé semblent difficiles à atteindre et, ce, au moment où ,dans un certain nombre de pays européens, dont l’Allemagne, les « écolos » semblent avoir le vent en poupe et que, dans notre pays, la jeunesse manifeste bruyamment en faveur « du climat »… L’ennui, c’est que ces mêmes jeunes n’ont nulle intention d’aller voter dimanche prochain et que, s’ils le faisaient, il n’est pas certain qu’ils voteraient pour Jadot et ses colistiers qui n’ont rien trouvé de mieux que d’expliquer que la « transition écologique » peut se faire dans le cadre de l’économie de marché, autrement dit du capitalisme, toute chose sur laquelle cette jeunesse a manifestement un doute…
Quant aux Insoumis, ils ont été priés de réagir à la défection de l’un des leurs, Andréa Kotorac, un obscur conseiller régional, qui a choisi d’afficher son ralliement au RN en pleine campagne électorale. Une « boule puante » a tweeté Mélenchon… Cela a permis aux « chaînes info » de distiller le venin habituel sur « les extrêmes qui se rejoignent » mais, franchement, qui connaît ce Kotorac-là, en-dehors de sa famille et du conseil régional ? Bref, une tempête dans un verre d’eau… Sur le terrain, LFI enchaîne les meetings, les salles sont pleines d’insoumis enthousiastes – sans que le nombre de ceux qui s’y déplacent soit en rapport avec ceux de la présidentielle – Manon Aubry et quelques autres font la première partie de soirée et Jean-Luc Mélenchon déroule et conclut… Bien évidemment JLM, Manuel Bompart et ceux qui dirigent LFI savent que le résultat risque d’être décevant. Aussi tiennent-ils à expliquer qu’il sera à comparer non pas à la présidentielle de 2017 où ils avaient recueilli 19,6 % des voix avec plus de 7 millions de suffrages, mais avec ceux des législatives qui ont suivi où le score avait été nettement plus modeste (884 000 voix et 4,9 % des suffrages exprimés). C’est de bonne guerre et pas forcément faux sur le fond puisque, effectivement, là où JLM avait su concentrer sur son nom nombre de suffrages venus d’ailleurs – écolos, PCF, etc. – ses candidats aux législatives avaient dû faire face à une concurrence ressemblant à celle qui s’exprime lors de ce scrutin des européennes. Reste que cet argument a peu de chances d’être entendu et qu’au soir du 26 mai, on ne retiendra que la vraisemblable 4ème place avec très probablement moins de 10 % des suffrages exprimés, autrement dit loin des 19,6 % de la présidentielle, ce que les commentateurs politiques de cour ne manqueront pas souligner… Et, bien sûr, nombre de militants LFI vont très mal prendre la chose.
Andréa Kotarac et Jean-Luc Mélenchon en 2017
Nous aurons, bien sûr, l’occasion de commenter ici ces résultats mais, à ce jour, une chose est sure, avec 6 électeurs sur dix qui ne s’expriment pas, ce scrutin n’a aucune valeur politique réelle. Tout au plus sera-t-il le signe de la grave crise démocratique que traverse ce pays. Le « peuple », la masse des citoyens de ce pays, n’y croit plus. Le jeu démocratique apparaît de plus en plus crûment comme un « théâtre d’ombres » et ce n’est pas la désignation de députés sans pouvoir réel qui va venir contrarier ce désamour.
Dernier point, provisoire, sur le sujet : les Gilets Jaunes n’ont, comme prévu, pas pu se mettre d’accord pour faire une liste. Certains d’entre eux sont allés rejoindre telle ou telle liste – comme Benjamin Cauchy qui figure en bonne place sur la liste de Nicolas Dupont-Aignan – et la seule liste se revendiquant « Gilets Jaunes » est celle du trublion Francis Lalanne… Autant dire que, comme nous le prévoyions, si le mouvement des Gilets Jaunes est un vrai phénomène politique, ce n’est pas au sens du petit jeu des partis, des suffrages, des scrutins. On notera que Jérôme Rodrigues, l’une des figures du mouvement, appelle à « voter contre Macron selon sa conscience » (voir ici).
- Gilets jaunes, essoufflement ?
Les samedis se suivent et avec eux les « actes ». On en est au 26ème, six mois de défilés et actions diverses avec, selon les samedis, plus ou moins de violences, plus ou moins de participants. Le rebond espéré après les annonces de Macron et l’absence de réponses au mouvement qu’elles contenaient n’a pas eu lieu. En cet « acte XXVI », le « compteur jaune » affiche un maigre 37 500 manifestants (voir ici) qui témoigne d’une réalité : les Gilets jaunes de la première heure ne sont, pour la plupart, plus là. Que ce soit sous l’effet de la peur des violences policières ou de la simple lassitude après six mois de mouvement, il est difficile de croire qu’il va « rebondir ». La quasi-totalité des ronds-points a été évacuée et, avec ces évacuations, c’est le lien qui les unissait qui a été détruit. Chacun a dès lors retrouvé les difficultés quotidiennes qui n’ont évidemment pas disparu et la fraternité qui les unissait n’a plus de lieux pour s’exprimer. Pour autant, chaque samedi, se réunissent ceux qui veulent encore y croire, ceux qui se disent « pas fatigués ». Mais le doute s’est installé. Tout ça pour ça ! Des miettes ! Des milliers d’arrestations, des mois de prison distribués, des éborgnés, des amputés et tout ça pour à peu près rien. On songe à tous ceux que François Ruffin a fait parler dans « J’veux du soleil ! » et, en cette saison où le soleil repointe le bout de son nez, en ce printemps 2019, on imagine la rancœur de cette France jaune qui s’y est exprimée. Un crève-cœur !
Alors, bien sûr, comme le disent certains Gilets jaunes, « on est là, on est là… » mais pour quoi faire ? Comment faire céder le pouvoir ? En manifestant chaque samedi, « gentiment », ou en cassant des vitrines et en affrontant la police au risque de diviser un peu plus le mouvement, de réduire encore plus le nombre de manifestants et de voir décliner la popularité du mouvement ? C’est là le lot des questions habituelles d’un mouvement défait. On peut évidemment le regretter, faire comme si tout ceci n’était l’œuvre que de médias malveillants, mais la triste réalité c’est que ce mouvement sans tête et plein d’esprits n’a pas su s’organiser. Se voulant « horizontal », jusqu’à la caricature, il a théorisé cette absence d’organisation. Et, ce faisant, il s’est voué à s’enliser. Le pouvoir n’avait plus qu’à le contenir, gagner du temps, compter sur l’inévitable lassitude qui se ferait jour. Face à un pouvoir parfaitement organisé qu’est le pouvoir d’État, on ne peut gagner « gentiment » et « horizontalement ». Il faut le bousculer sévèrement, l’obliger à reculer pour finalement le défaire. L’ampleur des revendications, leur légitimité ne peut constituer un viatique de combat. Il faut une stratégie et des stratèges pour la mettre en œuvre. Toutes choses qui auront cruellement manqué à ce mouvement. Et on songe aux critiques que fit un son temps un Karl Marx à l’endroit de la Commune de Paris dans « La Guerre Civile en France »…
Manifestation Gilets jaunes à Lyon – Acte 26
Alors, bien sûr, le mouvement des Gilets Jaunes n’est pas mort. Il peut à l’occasion refaire surface. Nul ne sait ni comment, ni pourquoi et le pouvoir d’ailleurs le redoute. Une chose est sure, il laissera des traces et d’abord dans l’esprit de ceux qui s’y sont investis, ceux qui, autour des braseros et des ronds-points en ce froid hiver ont refait le monde, ont imaginé un monde meilleur, un monde dans lequel ils auraient leur juste place. Nombreux sont ceux qui, alors, et sans en avoir conscience, ont refait de la politique au sens le plus noble du terme, celui qui consiste à remettre en cause ce qu’on lui disait de penser, celui qui consiste à être à nouveau un citoyen, celui qui discute et interroge les affaires de la cité. Ces moments partagés, ces expériences vécues de fraternité, de redécouverte de l’autre si semblable quant aux difficultés qu’il rencontre, ces longues discussions sur la façon d’y remédier, tout ceci n’est pas rien, tout ceci laissera des traces profondes et « ceux d’en haut » auraient tort de se féliciter trop vite d’avoir gagné. Leur système est apparu crûment, injuste, répressif comme rarement. Et les auxiliaires de ce système que sont les médias mainstream ont montré à quel point de corruption et de complaisance avec le pouvoir ils en étaient. Ils ne regarderont plus jamais BFM, CNews, France 2, etc. avec le même œil. Ils savent maintenant qu’on leur ment avec méthode et, accessoirement, qu’on les méprise, eux qui, justement, ont retrouvé de la dignité avec ce mouvement. Non, décidément, par-delà les apparences, pour nombre de citoyens de ce pays, plus rien ne sera comme avant, et c’est sans doute là qu’il faut savoir trouver tout à la fois une victoire et des espoirs.
- Du côté du « mouvement social »…
Le fait marquant de la semaine écoulée est, bien sûr le 52ème congrès de la CGT qui s’est tenu à Dijon du 12 au 17 mai. Philippe Martinez a été réélu, certes, avec plus de 90 % des voix (il était seul candidat à sa succession) mais, bien sûr, là n’est pas l’intérêt et l’enjeu. Notons tout d’abord que son rapport d’activité n’a pas recueilli un tel engouement : 71 % des suffrages. Le constat, en effet, pour la CGT est amer. D’une part son implantation se réduit au fil des ans - « Nous rayonnons sur 43 % du monde du travail. Plus d’un salarié sur deux ne voit jamais la CGT. » a souligné Philippe Martinez – et le mouvement des Gilets Jaunes a été le fantôme du Congrès. Ne pas en parler, ou presque, mais y penser toujours… Car, bien évidemment, ce mouvement des Gilets Jaunes s’est fait sans la CGT, voir contre elle, parfois. Et il est évident que se sont couverts de jaune des travailleurs qui, précisément et pour beaucoup, font partie de ces salariés qui n’ont jamais vu la CGT ou même le moindre syndicat. Dans le monde de la précarité généralisée, se syndiquer est à la fois difficile voire dangereux. Dans le monde « uberisé », il ne fait pas bon revendiquer et s’organiser. La vie des adhérents de la CGT n’est déjà pas facile dans les grandes entreprises où elle est implantée – des enquêtes sérieuses montrent ce qu’il en coûte en termes de promotions, de carrière et donc de paye – mais dans le monde des autoentrepreneurs, des intérimaires, etc. le simple fait de revendiquer est le plus sûr moyen de pointer à Pôle Emploi.
Dès lors, comme dans toutes les organisations en déclin, la CGT doit faire face en interne à une contestation des plus radicaux. Du côté de la direction de la CGT, peu nombreux sont ceux qui envisagent de revenir à la ligne Thibault consistant, peu ou prou, à privilégier l’alliance avec la CFDT. Cette dernière affiche de telles positions de compromis – pour ne pas dire de compromission - avec le pouvoir que l’on voit mal comment cela pourrait avoir la moindre consistance. La direction de la CGT en est donc réduite à constater son impuissance et à chercher vainement les moyens d’y remédier. Il faudrait pour cela qu’elle fasse un travail de fond envers tous ces salariés précaires sans forcément avoir les moyens de leur donner la preuve qu’unis ils seront plus forts. En outre, les militants de la CGT ont déjà fort à faire dans les entreprises où ils sont présents. Et, de surcroît, ils vieillissent et se raréfient. Bref, c’est un peu la quadrature du cercle. En outre, tous ces travailleurs précaires ont les travers de leur génération. Payer une cotisation ? Vous n’y pensez pas, à l’heure de Facebook et de Twitter… Assister à des réunions, s’afficher pour in fine voir son contrat dénoncé et se retrouver à la rue… Bref, la CGT, comme d’ailleurs l’ensemble des organisations syndicales, est à la peine. Son déclin paraît irréversible et les incantations des uns et des autres n’y changeront probablement rien. Il n’y a là nul procès à faire. Le mouvement syndical a subi tant de défaites depuis trente ans que sa crédibilité est aujourd’hui réduite à peau de chagrin. On peut bien sûr le regretter et se dire, comme le patronat, que plus les syndicats sont faibles, plus les difficultés des salariés sont grandes et meilleurs sont les profits des actionnaires. Mais qui d’autre que les salariés eux-mêmes a le remède ? Qui peut penser sérieusement qu’il vaut mieux être seul qu’uni, que les réseaux sociaux sont un moyen de changer le rapport de forces avec les patrons ? D’une certaine façon, on se croirait revenu au milieu du XIXe siècle. Des patrons tout puissants et, en face, un salariat atomisé. Triste époque, décidément…
- AdP : le référendum anti-Macron
Dans le cadre du RIP – référendum d’initiative partagée – prévu par la réforme constitutionnelle de 2008 opérée par Nicolas Sarkozy, et suite au dépôt par 248 parlementaires d’un projet de loi référendaire interdisant la privatisation d’AdP – Aéroports de Paris – le Conseil Constitutionnel a validé le texte déposé, au grand dam d’Emmanuel Macron et ses suppôts qui y ont vu une atteinte à la démocratie parlementaire… et qui se préparaient à privatiser AdP, avec la FdJ et Engie dans le cadre de la loi PACTE. Suite à cette validation, le gouvernement doit mettre en place un site dédié afin que, dans une deuxième étape, durant les neuf mois qui suivent, 10 % du corps électoral de ce pays se déclare en soutien à la loi. Ce sont donc 4,7 millions d’électeurs qui vont devoir aller sur le site dédié et donner leur nom, prénom et numéro d’identité… 4,7 millions, c’est énorme et le pouvoir espère évidement qu’il n’en sera rien. Enfin, et à supposer que cette deuxième étape soit franchie, la suite est beaucoup plus floue puisque la constitution prévoit qu’alors le président de la République est tenu de convoquer le référendum à une condition : qu’aucun texte sur le même sujet n’ait été examiné par l’Assemblée nationale et le Sénat dans un délai de six mois. S’il va sans dire que la majorité LREM de l’Assemblée nationale se manquera pas de se saisir de ce texte (pour le rejeter), il en va tout autrement du Sénat dans lequel LREM et MoDEM n’ont pas la majorité et on imagine sans trop de mal que cette noble institution fera tout pour ne pas mettre ce texte à son agenda. En sorte que, si l’on compte bien, ce référendum ne pourra voir le jour au mieux que dans quinze mois… Reste à s’assurer que le gouvernement ne puisse pas obliger le Sénat à examiner le texte, ce qui n’est pas impossible, même si cela ferait scandale.
Bien évidemment, la bataille politique qui va s’ouvrir au lendemain du scrutin des européennes sera celle de ce référendum. L’ensemble des partis politiques d’opposition – de LFI au RN en passant par le PCF, le PS, EELV et LR – va tout faire pour arriver à collecter les 4 717 396 signatures nécessaires, avec sans doute des arguments très variables selon le public visé. Beaucoup croient la tâche impossible. La plus grosse pétition jamais signée dans ce pays, « l’affaire du siècle », n’a-t-elle pas en effet recueilli qu’un peu plus de 2 millions de signatures (2 182 539 à jour exactement, voir ici). Pour autant, il va de soi que cela va être l’occasion de discuter des politiques libérales qui sont à l’œuvre dans le pays depuis quelques décennies, en particulier de cette politique consistant à privatiser à tout va, autrement dit à vendre « les bijoux de famille » comme les autoroutes jadis ou les barrages hydrauliques et les aéroports aujourd’hui. Les français ont bien compris qu’ils s’étaient fait spolier avec la privatisation des autoroutes qui rapportent 1,5 milliard par an aux actionnaires de Vinci, Eiffage et Abertis. Comme, de surcroît, la privatisation d’AdP n’a strictement aucune raison économique puisque AdP se caractérise par une remarquable rentabilité dans un univers de croissance prévisible, on peut penser que nombreux seront ceux qui voudront se déclarer contre cette privatisation. En outre, il sera très difficile pour Emmanuel Macron d’expliquer que des millions de signatures sont quantité négligeable quand, par ailleurs, dans le cadre des conclusions du « grand débat national », il a proposé que le seuil soit ramené à un million de signatures. Bref, voilà une bataille politique de grande ampleur qui se profile et grand tort auraient ceux qui la néglige ou la méprise. Il n’est pas de « petites » victoires. Gagner celle-ci dépassera de très loin la seule affaire des aéroports. À défaut d’armes, à vos tablettes, à vos ordinateurs, à vos portables, citoyens !
@ suivre…
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